Australoïde

Le terme australoïde désigne un ensemble de populations humaines dispersées et diverses d'Asie et d'Océanie dans les classifications anthropologique du XIXe et XXe siècle et ethnologiques. Ils sont caractérisés par un mode de vie souvent demeuré ancestral et une couleur de peau sombre entre autres caractères morphologiques, qui les distinguent nettement des populations alentour. Il s'agit de populations très variées et différenciées, autant physiquement que culturellement, mais dont il est supposé des origines communes très anciennes issus des premières vagues de peuplement de l'Asie du sud et de l'Océanie.

Homme australoïde du Mid North, en Australie-Méridionale

Historique du terme

Les classifications anthropologiques des XIXe et XXe siècles distinguaient quatre races humaines sur la bases des traits phénotypiques : caucasoïde, négroïde, mongoloïde, et australoïde[1]. Le type "veddoïde" (d'après les Veddas du Sri Lanka) désigne quant à lui de manière plus précise les populations d'Asie du sud ayant une affinité australoïde. Cette classification est aujourd'hui considérée comme partiellement erronée, les caractéristiques humaines étant plus diverses et complexes. De nos jours les populations australoïdes ont fait l'objet de nombreuses recherches génétiques pour mieux comprendre l'histoire des migrations humaines.

Les populations désignées comme "australoïdes"

Dans le sous continent indien

Des Vedda du Sri Lanka

Les populations proto-australoïdes d'Inde, ayant plus tard adopté des langues dravidiennes, sont présentes dans tout le sous-continent indien mais sont plus prépondérantes et caractéristiques dans le Sud de l'Inde. Elles sont considérées comme les populations autochtones les plus anciennes de ce sous-continent et auraient été autrefois plus répandues vers le Nord. Ces populations sont aujourd'hui en grande partie partiellement mélangées avec des populations d'autres types physiques arrivées plus tardivement et ce de façon de plus en plus prégnante en remontant vers le Nord. Aujourd'hui minoritaires, elles constitueraient le fond le plus ancien de toute la population actuelle du sous-continent indien avant acculturation par d'autres cultures et métissage. Ces tribus ont des modes de vie, des cultures et des langues variés. Leurs caractéristiques physiques varient régionalement en fonction des ethnies et comportent notamment une peau sombre. Les derniers chasseurs-cueilleurs proto-australoïdes jusqu'à il y a peu, les Vedda du Sri Lanka, sont considérés comme les plus typiquement australoïdes, et ont donné leur nom au type "veddoïde" dans les anciennes classifications anthropologiques pour caractériser plus précisément le type proto-australoïde et celui d'autres populations d'Asie du sud comme les Négritos.

Les populations Négritos d'Asie du Sud Est

Jeune femme ati des Philippines


Les "Négritos" désignent un ensemble de petites populations dispersées et variées qui se caractérisent par une petite stature, une peau sombre et des cheveux crépus, et un mode de vie généralement ancestral, ces populations sont très différentes des autres populations asiatiques démographiquement bien plus nombreuses qui les entourent, et ces populations étant très anciennement séparées elles ne semblent pas non plus avoir une origine culturelle commune récente entre elles. Ces populations sont notamment les Négritos des îles Andaman, les Négritos de la péninsule Malaise appelés Orang Asli, et les Négritos des Philippines tels les Aetas (île de Luçon), Ati (île de Panay), Batak, Agta, Sambal, Mamanwa... soit au moins 25 groupes des Philippines..

Les populations aborigènes d'Océanie.

Il s'agit notamment des Aborigènes d'Australie, des Papous de Nouvelle-Guinée et des Mélanésiens habitants des iles du Pacifique regroupées sous le nom de Mélanésie, c'est-à-dire habitées par des populations à peau sombre.

Génétique

Les populations australoïdes semblent être issues des premières vagues de peuplement de l'Asie du sud et de l’Océanie, ils étaient autrefois plus répandus dans toute l'Asie du sud avant que d'autres populations asiatiques plus tardives ne les remplacent en majeure partie ou se sont mélangées avec eux, hormis dans quelques zones refuges et en Océanie.

Un des modèles de migrations humaines reposant sur l'ADN mitochondrial, montrant une branche australe très ancienne parmi les routes de migrations.

Ces populations descendent des premiers humains modernes arrivés dans la région voilà plus de 50 000 à 70 000 ans. Les analyses génétiques montrent qu'au-delà de leur ressemblance physique très partielles, les différents groupes ne sont apparentés que de façon très vague et ancienne, indice probable de vagues de migrations distinctes[2] et de différenciations allopatriques locales avec le temps. Cependant presque chaque groupe possède un ensemble génétique très homogène d'ADN mitochondrial (mtDNA) qui le caractérise, indice d'un isolement de longue date. Leur ADN mitochondrial sert donc de base pour l'étude des dérives génétiques[3].

L'haplogroupe mitochondrial M et ses déclinaisons, est considéré comme un des principaux marqueurs de ces vagues de migrations anciennes, il est de nos jours fortement présent depuis le Sud de l'Arabie jusqu'à l'Océanie, avec de fortes concentrations dans le sous-continent indien.

Les Andamanais semblent être la population humaine, résiduelle, la plus isolée génétiquement de toutes les autres vivant actuellement et possiblement issue d'une vague de migration antérieure à celle des autres négritos. Néanmoins, des études récentes de l'ADN mitochondrial donnent à penser que les Andamanais sont un peu plus liés à d'autres populations asiatiques qu'aux Africains modernes[4].

À la suite de la découverte de l'Hominidé de Denisova, une ancienne espèce d'homme contemporaine des premiers Homo sapiens et de l'homme de Neandertal, à partir du séquençage du génome d'une phalange d'enfant retrouvée dans une grotte sibérienne datant du Paléolithique supérieur, il a été possible de prouver que les populations aborigènes d'Océanie, les Aborigènes australiens mais surtout les Papous de Nouvelle-Guinée et les Mélanésiens, ont reçu par hybridation lors de leur migration depuis l'Asie vers l'Océanie une part du génome de l’hominidé de Denisova qui monte jusqu'à 6 % de leur génome (moyenne de 4,8 % chez les mélanésiens), les distinguant des autres populations de l'humanité[5],[6],[7].

Selon une étude publiée en 2015[8], la population actuelle du l'Inde pourrait être en grande partie issue d'un mélange assez récent, datant de quelques millénaires seulement, entre une ancienne population autochtone de l'Inde qui était relativement proche génétiquement des Onges des îles Andaman, et d'une population eurasienne de l'ouest originaire des environs du Caucase arrivée plus tardivement par le nord-ouest de l'Inde. Dans le mélange les populations du sud de l'Inde sont restées un peu plus proches des Andamanais tandis que les populations du nord de l'Inde sont plus proches des Eurasiens de l'ouest.

Une autre étude publiée en 2015[9] a montré que le peuplement de l'Amérique dans la Préhistoire s'est produit en au moins deux grandes étapes, avec une première vague d'une population assez apparentée aux Australo-Mélanésiens (les Onge des îles Andaman, les papous de Nouvelle-Guinée, les Negrito Mamanwa des Philippines et les aborigènes d'Australie), ces premières populations américaines ont ensuite été remplacées dans toute l'Amérique par de nouvelles populations issues du nord de l'Eurasie qui ont engendré les Amérindiens actuels. Certaines tribus amérindiennes actuelles conservent cependant une part non négligeable d'affinité génétique australo-mélanésienne, en particulier les Indiens d'Amazonie, mais aussi dans une moindre mesure les populations des îles Aléoutiennes signifiant que cette première vague de peuplement américain est passée par la région du détroit de Béring tout comme la seconde vague. Cette première vague de peuplement d'affinité australo-mélanésienne avait déjà été supposée depuis longtemps par l'analyse morphologique d'anciens squelettes de type australoïde en Amérique.

Voir aussi

Notes

  1. T. Huxley, On the Geographical Distribution of the Chief Modifications of Mankind, 1870.
  2. « Phylogeography and Ethnogenesis of Aboriginal Southeast Asians », article publié en 2006 dans Molecular Biology and Evolution, par Catherine Hill, Pedro Soares, Maru Mormina, Vincent Macaulay, William Meehan, James Blackburn, Douglas Clarke, Joseph Maripa Raja, Patimah Ismail, David Bulbeck, Stephen Oppenheimer, Martin Richards.
  3. "DNA Study Yields Clues on Early Human's First Migration" New York Times, 13 mai 2005 p. A7
  4. « Molecular Relatedness of The Aboriginal Groups of Andaman and Nicobar Islands with Similar Ethnic Populations », International journal of human genetics, mars 2003, volume 3, par V. K. Kashyap, T. Sitalaximi, B. N. Sarkar et R. Trivedi.
  5. « Le génome de l'Homme de Denisova livre ses secrets », sur maxisciences.com, (consulté le ).
  6. Reportage avec Svante Paabo de l'Institut Max Planck, à l'origine de la découverte https://www.youtube.com/watch?v=kK5-YVG6h6A
  7. (en) Svante Pääbo, « Genetic history of an archaic hominin group from Denisova Cave in Siberia », Nature, Nature Publishing Group, vol. 468, no 7327, , p. 1053–1060 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/nature09710, lire en ligne, consulté le ).
  8. Jones et al., Upper Palaeolithic genomes reveal deep roots of modern Eurasians, 2015, http://www.nature.com/ncomms/2015/151116/ncomms9912/abs/ncomms9912.html
  9. Raghavan et al., Genomic evidence for the Pleistocene and recent population history of Native Americans, 2015, http://www.sciencemag.org/content/349/6250/aab3884.abstract

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Miller E. M., « The evolution of Australoid and Amerindian intelligence » (L'évolution de l'intelligence australoïde et amérindienne), University of New Orleans, États-Unis, 1996.
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