Un sac de billes (roman)

Un sac de billes est un récit autobiographique de style libre écrit par Joseph Joffo, avec l'aide de Claude Klotz (Patrick Cauvin), publié en 1973. Traduit en 18 langues[2], le livre a connu un vif succès en librairie (20 millions de livres vendus dans 22 pays).

Pour les articles homonymes, voir Un sac de billes.

Un sac de billes
Auteur Joseph Joffo
Pays France
Genre Roman autobiographique
Éditeur Éditions Jean-Claude Lattès
Collection Édition spéciale
Date de parution 1973
Illustrateur Claude Lapointe
Couverture Photographie de son frère[réf. nécessaire]
Nombre de pages 253[1]

L'histoire se déroule entre 1941 et 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, où deux jeunes frères juifs doivent fuir à travers la France occupée par l'armée allemande[3].

Résumé

L'action se situe dans la France de 1941. Joseph, le narrateur, est âgé de 10 ans au début du récit. C'est un petit parisien assez heureux vivant dans le 18e arrondissement de Paris, dernier d'une famille de sept enfants (dans l'ordre : Madeleine, Henri, Albert, Rosette, Esther, Maurice et Joseph). Il est très proche de son grand frère Maurice, deux ans plus âgé que lui. Ils fréquentent l'école Ferdinand-Flocon. Mais les Allemands occupent Paris et en viennent à imposer le port de l'étoile jaune[4]. Pressentant le pire, les parents de Joseph organisent la fuite de la famille en zone libre.

Maurice et Joseph partent ainsi seuls un jour (début 1942) pour rejoindre Albert et Henri à Menton. Leur traversée de la ligne de démarcation à Hagetmau[5] se passe sans problème, Maurice allant jusqu'à faire passer dans la nuit la ligne à un groupe et gagner ainsi 20 000 francs. Après une longue route semée de dangers et un passage par Marseille[6], ils retrouvent leurs grands frères à Menton.

Quatre mois plus tard, leurs parents sont arrêtés à Pau, internés au stade de la ville (qui était rattaché au camp de Gurs[7]) puis libérés grâce à l'intervention d'Henri.

Les quatre frères rejoignent ensuite leurs parents arrivés à Nice. Ils rentrent à l'école de la ville en où ils passent toute une année scolaire (ils suivent l'avancée des alliés qui débarquent en Afrique du Nord en novembre 1942 puis en Sicile en juillet 1943).

Dès leur arrivée à Nice, Maurice et Joseph sympathisent avec des soldats italiens[4] et réalisent avec eux quelques trafics. Les Italiens mènent alors une « politique » différente des Allemands et des Français : pas d'arrestation de Juifs en zone occupée. Mais le répit ne dure qu'un temps pour la famille Joffo. Le , le maréchal Pietro Badoglio signe la capitulation italienne tandis que l'Italie du sud poursuit la guerre du côté des Alliés. La zone d'occupation italienne est envahie par les Allemands (déjà présents en zone libre depuis ).

La famille Joffo doit à nouveau se disperser. Maurice et Joseph sont envoyés se cacher dans un camp pour la jeunesse (Moisson Nouvelle) à Golfe-Juan. Mais de passage à Nice, ils sont arrêtés et conduits à la Gestapo installée à l'hôtel Excelsior. Les deux frères nient être juifs et la Gestapo finit par libérer Maurice afin qu'il ramène des certificats de baptême catholique. Le curé de la Buffa (Église Saint-Pierre d’Arène[8], rue de la Buffa à Nice) les lui fournit et intervient pour obtenir la libération des deux garçons, soutenu par Monseigneur Paul Rémond, archevêque de Nice. Libres, ils retournent à Moisson Nouvelle mais doivent vite fuir à nouveau.

Leurs parents sont restés cachés à Nice ; quand le père est arrêté (fin septembre ou début octobre 1943) et amené à l'hôtel Excelsior, Maurice et Joseph, qui viennent d'échapper de justesse à la Gestapo, risquent d'être arrêtés de nouveau.

Au début du mois d'octobre[9], ils passent chez leur sœur se trouvant à Ainay-le-Vieil (dans le Cher), puis chez Albert, Henri et leur mère[10] à Aix-les-Bains en Savoie[11]. De là, Maurice et Joseph vont se cacher dans un village, R (allusion à la ville de Rumilly où J. Joffo a séjourné pendant la guerre)[12]. Maurice y travaille à l'hôtel de Commerce et Joseph est engagé comme coursier et hébergé jusqu'à la libération par un libraire pétainiste qui ignore que Joseph est juif.

Le [4], l'heure des comptes a sonné dans le village. Joseph sauve le libraire en déclarant qu'il savait qu'il était juif mais ne peut empêcher son arrestation. Mais lorsque Paris est libéré en , il l'abandonne pour retrouver sa famille qui a fini par regagner la capitale. Joseph prend le train pour Paris tandis que son frère Maurice, plus malin, se sert de la traction de son patron.

Le récit se termine par le retour de Joseph dans son quartier parisien. Là, il y retrouve sa mère et ses frères mais pas son père, qui ne reviendra pas de sa déportation au camp d'Auschwitz.

Concordance historique

Port de l'étoile jaune

La loi sur l'étoile jaune date de , la première campagne d'installation de la loi se fait en , le port obligatoire s'est réalisé seulement le [13] ; dans Agates et calots, Joseph Joffo se rapproche de cette dernière date : « Un jour de , Maman a cousu côté cœur, sur nos tabliers noirs, cette étoile jaune » (chapitre 16).

Occupation de la zone libre

Les 10 et , les Allemands et les Italiens envahissent la zone libre. Ce fait n'est pas mentionné dans le récit, alors que le débarquement des Alliés dans les territoires français d'Afrique du Nord le est cité. Le narrateur raconte se trouver avec ses parents et ses frères à Nice depuis l'été 1942 dans une ville occupée par les Italiens dès leur arrivée (chapitre VII). Si depuis 1940, la ville de Menton est annexée par les Italiens[14] (comme le note l'auteur : « Les grands palaces, le sanatorium étaient occupés par l'état-major italien et un minimum de troupes qui menaient là une vie de farniente », chapitre VII) , Nice n'est occupée par les Italiens seulement à partir du [15].

Conséquences sur le récit

Les deux frères ne seraient donc pas partis de Paris en hiver mais en mai ou . À leur arrivée à Menton quelques jours plus tard, ils se baignent d'ailleurs dans la mer mais ce n'est pas encore les vacances pour les écoliers (chapitre VI). Ils restent « quatre mois à Menton ». Il en découle un décalage dans le récit : le narrateur et ses frères passant tout l'été 1942 à Menton et non à Nice comme dit dans le récit ; l'arrivée à Nice aurait donc eu lieu ensuite (en novembre ?).

Les souvenirs de Menton et de Nice auraient donc été mélangés comme on le remarque avec l'évocation des faits historiques dans le chapitre VII (Nice), dans cet ordre :

La libération

La date de la libération de Rumilly où se trouve le narrateur n'est pas le mais le [16] après l'opération Dragoon. Cela ne change pas l'ordre du récit car Joseph attend la libération de Paris effective le pour quitter Rumilly.

Commentaires sur le livre

Le livre, dans sa première version, a été proposé à plusieurs maisons d'édition réputées qui l'ont refusé. Jean-Claude Lattès, éditeur débutant à l'époque, accepte le livre et conseille à Joffo de se faire aider pour améliorer la qualité littéraire. Le succès est alors fulgurant et le livre devient un best-seller en France pour l'année 1973.

Joseph Joffo, avec l'aide de Claude Klotz (Patrick Cauvin), raconte avec truculence ces années de guerre dans une grande partie du livre. Le livre pointe avec un regard d'enfant l'absurdité d'une situation où deux enfants innocents doivent fuir et se cacher pour survivre. D'absurdité, il est aussi question lorsque la famille Joffo se retrouve en 1943 en sécurité à Nice occupée par les Italiens, alliés des nazis mais ne réalisant pas la persécution des Juifs dans leur zone d'occupation.

Le comble de la folie nazie est atteint lorsque la Gestapo niçoise s'acharne à déterminer si les deux garçons sont juifs pendant des semaines alors que l'armée allemande enchaîne les défaites.

Joseph Joffo a écrit en 1977 la suite de son histoire dans Baby-foot et le prologue d’Un sac de billes en 1997 sous le titre Agates et calots.

Au-delà du livre

En 1985, Maurice Joffo, pourtant devenu très riche avec ses nombreux salons de coiffure, est arrêté : c'est un des plus grands receleurs de bijoux volés de Paris. L'instruction est confiée à Jean-Louis Debré. Pour disculper son frère, Joseph Joffo déclare : « C'est la faute à notre enfance juive et traquée durant l'occupation. Mon frère avait besoin d'entasser, de garder. Cela le sécurisait, probablement. »[17].

Éditions

Adaptation

Notes et références

  1. notice BnF no FRBNF35440395
  2. « Un sac de billes », sur Fnac.com
  3. « Présentation du roman », sur Histoiredenlire.com (consulté le ).
  4. L'auteur prend des libertés par rapport à la chronologie historique au cours du livre. Voir section concordance historique.
  5. « Sur les traces d’un célèbre sac de billes », Jean-Denis Renard, Sud-Ouest.fr, 5 août 2010.
  6. Ils vont au cinéma lors de leur passage à Marseille et y voient Les Aventures fantastiques du baron Munchhausen, un film qui, historiquement, n'aura sa première française qu'en février 1944, alors que l'action est censée se dérouler durant l'hiver 1942.
  7. « Les camps dans les Pyrénées-Atlantiques », sur cheminsdememoire.gouv.fr.
  8. Liste des édifices religieux de Nice.
  9. « Nous étions au début d'octobre mais jamais un hiver ne fut aussi précoce que celui de cette année 1943 », chapitre X.
  10. « Albert, Henri, maman qui les avait rejoints, avaient été ravis de nous voir », Un sac de billes, chapitre XI.
  11. « Fin d'année 1943 ».
  12. Ce « village » est révélé comme Rumilly dans la postface du livre, édition de poche 1998 ; Joseph Joffo a été fait citoyen d'honneur de cette ville.
  13. « Lexique : les mots de la France sous l’occupation », sur cercleshoah.org.
  14. Histoire de Menton.
  15. Histoire de Nice.
  16. « Naissance du comté de Savoie », sur mairie-rumilly74.fr.
  17. Paris Match no 1868, 15 mars 1985, pages 82 et 83, article de Jean Cau : « Monsieur Joffo trahi par Le Grand Maurice. Un trésor de 50 millions de francs exposé au quai des Orfèvres. C'est le magot du plus grand receleur du siècle ».

Liens externes

  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de la littérature française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.