Tung Chee-hwa

Tung Chee-hwa (chinois : 董建華 ; pinyin : Dǒng Jiànhuá ; cantonais Jyutping : Dung² Gin³waa⁴), né le à Shanghai (Chine), est le premier chef exécutif de la région administrative spéciale de Hong Kong en république populaire de Chine.

Dans ce nom, le nom de famille, Tung, précède le nom personnel.

Tung Chee-hwa
Fonctions
Chef de l'exécutif de Hong Kong

(7 ans, 8 mois et 9 jours)
Élection
Réélection
Prédécesseur Poste créé (Transfert de souveraineté à Hong Kong)
Successeur Donald Tsang
Vice-président de la CCPPC
En fonction depuis le
(16 ans, 6 mois et 2 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Shanghaï (Chine)
Nationalité Chinoise
Conjoint Betty Tung
Diplômé de Université de Liverpool
Profession fonctionnaire
Résidence Pékin, Hong Kong

Chefs de l'exécutif de Hong Kong

Ancien homme d'affaires, Tung exerce les fonctions de chef exécutif depuis le , quand Hong Kong fut rendu par le Royaume-Uni à la Chine.

Le , Tung démissionne en prétextant des problèmes de santé ; plusieurs commentateurs ont évoqué plutôt son incompétence pendant la crise économique de 1997-1998 et l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003. Les Hong-Kongais lui ont reproché sa loyauté au gouvernement de Pékin et son manque de charisme, et lui ont accordé le surnom le « vieux gâteux Tung » (sinogramme : 老懵董), un jeu de mots cantonais sur son nom de famille.

Biographie

Né à Shanghaï (ou Zhoushan), la famille Tung déménage à Hong Kong quand il avait 10 ans. Son père, Tung Chao Yung (en), un entrepreneur, y a réussi dans le secteur des transports maritimes.

Chee-hwa, fils aîné, assure la succession après la mort de son père. Cependant, les affaires sont mauvaises et cela nécessite un large prêt de la HSBC. Selon des comptes, le gouvernement de la Chine à l'époque, à travers son ami Henry Fok (en), lui aurait accordé des contrats pour le transport des armes. Cela pourrait expliquer la préférence forte manifestée par la Chine pour que Tung soit nommé Chef de l'exécutif malgré son manque d'expérience politique.

Élection du premier Chef de l'exécutif

Au début de 1997, Tung remporte l'élection facilement[1] face à quatre autres candidats. Il fut élu le premier Chef de l'exécutif par le collège électoral de 400 électeurs de Hong Kong. Il convient de noter que Hong Kong n'a jamais eu un chef élu par le suffrage universel — les précédents gouverneurs de Hong Kong, sont tous des Britanniques, nommés par la couronne britannique.

Avant la rétrocession, Tung occupe le poste Chef de l'exécutif désigné, avec l'aide d'un cabinet nouvellement constitué (Conseil exécutif de Hong Kong) et quelques hauts fonctionnaires secondés du gouvernement de Hong Kong pour aider la transition vers la souveraineté chinoise.

Le gouvernement désigné s'est mis au travail sur trois chantiers politiques : le logement, les personnes âgées et l'éducation[2]. La construction de 85 000 appartements neufs tous les ans fut prévue afin de rendre le prix des logements plus abordable. La crise économique asiatique qui a bouleversé Hong Kong dans les mois suivant l'élection rend cet objectif immédiatement obsolète. En effet, l'effondrement dans les prix d'immobilier est devenu un problème bien plus urgent entre 1998 et 2002.

Premier mandat

Tung prend le pouvoir formellement le , avec une approbation public favorable. Néanmoins, quelques mois plus tard, la conjoncture économique provoquée par la crise asiatique fait monter le taux de chômage et fait effondrer des valeurs boursières et immobilières, et ainsi la perte de confiance dans Tung et le gouvernement de HKSAR. Le marché d'immobilier n'était pas aidé par son grand projet de construction des logements.

Pendant le premier mandat de Tung, un certain nombre de propositions de réforme, et une abondance des grands projets d'infrastructure ont été avancées, notamment le Cyberport (un parc technologique), un centre de médecine chinois et le parc de Disneyland Hong Kong. Le Président Jiang Zemin lui a reproché certaines décisions prises sans consultation suffisantes au préalable[3], notamment le manque de transparence du projet Cyberport, mis directement dans la main de Richard Li, fils du milliardaire Li Ka-shing, sans aucune consultation ni mise en concurrence des développeurs, et l'interférence avec le marché signalé par le financement public d'une grande partie du projet du parc Disneyland. Trop souvent son administration a été perçue comme incompétente.

Le public le culpabilise, entre autres, pour la confusion des premiers jours du nouvel aéroport, la mauvaise gestion de l'épidémie de grippe aviaire, les réformes d'éducation gâchées, la débâcle sur le droit de résidence pour les enfants issus des Hongkongais[4], et les désaccords de ses vues politiques avec le secrétaire en chef, Anson Chan[5].

Deuxième mandat

Selon les textes, un candidat doit accumuler un minimum de 100 nominations avant de pouvoir contester l'élection du Chef de l'exécutif. En obtenant 714 voix parmi les 800 voix disponible au collège électoral, Tung Chee-Hwa assure sa victoire sans devoir contester une élection[6].

La popularité de Tung, en chute libre, atteint 47 % en fin [7].

Gouvernance

Le nouveau système de gouvernance instauré par Tung au début de son deuxième mandat en 2002 transforme la responsabilité du ministre en chef, ministre des Finances, du ministre de la Justice et tous les autres responsables ministériels. Afin d'avoir une meilleure cohérence politique, ils ne seraient plus fonctionnaires politiquement neutres, mais auraient désormais des affiliations politiques et seraient nommés par le Chef de l'exécutif, avec un rapport direct[8]. Ils feraient aussi automatiquement parti du « cabinet » (le Conseil exécutif de Hong Kong).

Les chefs du parti libéral et DAB ont été invités à participer au Conseil exécutif et à la coalition gouvernante, mais il n'y avait aucune représentation des démocrates[9].

Crises de gouvernance

La première proposition de loi majeure de la 2e administration Tung était de mettre en application l'article 23 de la loi fondamentale de Hong Kong en . L'initiative a entraîné une réponse hostile des avocats, journalistes et de certaines personnalités politiques[10]. Le gouvernement n'arrivait pas à rassurer le public, qui craignait l'érosion systématique des libertés dont il jouissait auparavant.

En même temps, la mise en garde à la suite de l'éclatement de l'épidémie de SRAS au début de 2003, a été critiquée pour sa lenteur. L'insuffisance des services de santé face à l’épidémie et le nombre inattendu de morts qui en a été la conséquence furent jugés inadmissibles. Ces deux débâcles ont entraîné la plus grosse manifestation jamais connue sur le territoire : environ 500 000 personnes (sur une population de 6 800 000) ont défilé le [11], réclamant la démission de Tung.

En réaction à ces protestations, les démissions se succèdent. D'abord, le chef du parti libéral, James Tien (en), démissionne du Conseil exécutif le , signifiant le retrait du soutien de la proposition mettant en application l'article 23. En conséquence, le gouvernement doit la retirer de l'ordre du jour législatif[12]. Le , deux membres de son cabinet annoncent leurs départs le même jour[13] : Regina Ip (en), la secrétaire pour la sécurité, chargée de l'application de la proposition, quitte son poste pour « des raisons personnelles » ; le secrétaire des Finances Antony Leung (en) démissionne. Leung avait précédemment survécu à un scandale, surnommé « Lexusgate », concernant l'achat d’une voiture de luxe quelques semaines avant qu'il n'impose une taxe d’immatriculation véhiculaire.

À la suite de la pire crise politique jamais connue par l'administration, et secoué également par la conscience civile accrue du public et la popularité du camp pro-démocratique, le gouvernement devint paralysé, la mise en application de plusieurs de ses politiques rencontrant des difficultés face à l'opposition du camp pro-démocratique. La population, qui avait une grande méfiance de la RPC, réclamait davantage de démocratisation, et reprochait à Tung de ne pas l'avoir mis à l'ordre du jour avec le gouvernement central[14].

Fin , l'administration autorise la Harbour Fest (en) afin de marquer la fin du chapitre du SRAS. Cet évènement, qui aurait dû aider la revitalisation l'économie, fut paradoxalement un échec monumental, avec une perte de 100 M HK$ (10 M €) financé par le contribuable[15].

L'administration a été de nouveau ébranlée par une démission le . Yeoh Eng-kiong (en), secrétaire pour la santé, prend ses responsabilités pour les insuffisances des services de santé pendant la crise du SRAS[16] révélées dans un rapport d'investigation de Legco.

L'introduction en bourse du Link REIT (fond investissement immobilier) dont les actifs sous-jacents furent les bâtiments des HLM, fut retirée au dernier moment à cause d’un procès. Des résidents des HLM touchés contestaient la vente des biens sociaux par crainte de l’augmentation de coût de la vie au sein du quartier[17]. Le lancement de ce qui aurait été le plus grand fonds d'investissement immobilier au monde fut un échec, avec une visibilité internationale. Le gouvernement fut critiqué pour son manque de prévoyance des risques légaux, et cela confirme pour la population l'incompétence de l'administration.

Malgré l'amélioration de la situation économique en 2004, avec une baisse du taux de chômage et une déflation[18], la diminution des nombres de participants aux manifestations en 2005 et l'approbation plus favorable du gouvernement, la popularité de Tung reste toujours très basse[19], comparé à Donald Tsang et Henry Tang, qui remontent dans les sondages.

Démission

La réputation de Tung est encore ternie quand Hu Jintao lui adresse publiquement des reproches en . Malgré cela, Tung insistait sur le fait qu'on lui avait simplement demandé de réfléchir aux erreurs commises et qu'il avait toujours le soutien du Président[20]. Lors de son discours sur ses politiques en , il a néanmoins auto-critiqué sa propre performance.

Le fait que Tung n'a pas su gérer la spéculation depuis le début de l'année jusqu'à son départ réel a confirmé sa faiblesse et confusion[21]. Mi-février, l'homme d'affaires Stanley Ho qui déclara son soutien à Donald Tsang aux prochaines élections du chef de l'exécutif, lance une rumeur selon laquelle Tung pourrait céder son poste en échange d'un poste de vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Neuf nouveaux candidats de la CCPPC, y compris Tung, furent nommés le .

Quelques jours plus tard, le Financial Times publie des rumeurs de sa démission imminente, et le bulletin des infos sur la chaîne CableTV le soir cite « une source fiable » qui confirmerait officieusement son départ. Le bureau de Tung gardait le silence sur cette « rumeur ».

Le lendemain matin, le , tous les journaux locaux, sauf ceux contrôlés par ou fidèles au gouvernement chinois, annoncent la démission attendue en première page[22]. Tung restait bouche-cousue.

Le , une conférence de presse fut tenue pour mettre la fin aux rumeurs. La démission de Tung « pour des raisons de santé » fut annoncée[23]. Convoqué pour la conférence (CCPPC) à Pékin le , il y fut élu vice-président. Sa démission a été acceptée et ratifiée lors de la conférence. Comme le poste de vice-président est symbolique et sans pouvoir réel, la presse locale a commenté que ce poste lui aurait été confié pour qu'il ne perde pas la face.

Références

  1. (en) « Decision day brings a 10-minute replay of Tung's landslide » « Copie archivée » (version du 30 avril 2008 sur l'Internet Archive), Hong Kong Standard, 24 janvier 1997.
  2. (en) « Maiden policy address »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Hong Kong Standard, 9 octobre 1997.
  3. Political Editor, « Tung pushed to explain high-handed decisions » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  4. Andy Ho, « Trouble on the menu for the chief » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  5. Nury Vittachi, « Making of a modern-day adventurer » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  6. Staff reporter, « Zhu ratifies second Tung term » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  7. Paris Lord, « Tung popularity plunge », Hong Kong Standard, (consulté le ).
  8. Cannix Yau, « Legco green light for accountability system » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  9. Michael DeGolyer, « Stating the obvious » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  10. Staff reporter, « Bill will limit freedoms say majority of Catholics » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  11. Paris Lord, Cannix Lau, « 500,000 show anger at 'stubborn' rulers » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  12. Dennis Ng, « Uncertain future for Article 23 », Hong Kong Standard, (consulté le ).
  13. Fanny Fung, « Leung, Ip quit » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  14. Staff reporter, « Academics call for universal suffrage », Hong Kong Standard, (consulté le ).
  15. Eddie Luk, « $100m mistake » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  16. Matthew Lee, Teddy Ng and Dennis Ng, « Yeoh Resigns » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  17. Cannix Yau, « REIT woman set to launch appeal », Hong Kong Standard, (consulté le ).
  18. Staff reporter, « Prices plunge 3.6pc as job worries bite » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  19. Michael Ng, « Tung's poll numbers take a dive » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  20. « HK leader denies Chinese scolding », BBC News Online, (consulté le ).
  21. Sylvia Hui, Zhu Sun, « Media takes the measure of departed leader Tung » [archive du ], Sing Tao News Corp, (consulté le ).
  22. Carrie Chan, « Tung resigns » [archive du ], Hong Kong Standard, (consulté le ).
  23. (en) « Tung's gone. What next? » « Copie archivée » (version du 22 mai 2011 sur l'Internet Archive), Hong Kong Standard, 11 mars 2005.

Liens externes

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