Tugdual Derville

Tugdual Derville, né le à Saint-Maixent-l'École (Deux-Sèvres), est une personnalité française du monde associatif connue pour sa lutte contre l'euthanasie, contre l'avortement et contre le mariage et l'adoption par les couples de même sexe.

Dès les années 1980, il s'implique dans l'accueil d'enfants en situation de handicap et fonde en 1986 l'association À bras ouverts. Dans les années 1990, il devient le délégué général de l'association pro-vie Alliance VITA. En 2013, il est un des porte-parole de La Manif pour tous, puis cofonde à sa suite le « Courant pour une Écologie Humaine ».

Biographie

Jeunesse

Fils de militaire[1]catholique[réf. souhaitée], Tugdual Derville est né le [2] .

Il souffre de dyslexie et connaît une scolarité difficile. Il redouble sa première, puis passe deux fois son baccalauréat[1]avant de réussir une licence de droit et de rejoindre l'Institut d'études politiques de Paris, puis l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC)[3],[4].En 1984, il est champion de France des universités du relais 4 x 100 mètres[5].

Son frère, Guillaume Derville, devient directeur de conscience de l'Opus Dei, institution de l'Église catholique, choix que respecte Tugdual, sans le suivre[6],[7],[8]. En 1989, il épouse Raphaëlle, une peintre ; ils sont les parents de six enfants[9],[5].

Premiers engagements associatifs dans les années 1980

Tugdual Derville travaille pour une association d’aide aux personnes âgées, les Petits frères des pauvres, avant de devenir consultant dans le domaine médico-social.

En 1986, il fonde à l'âge de 24 ans l'association À bras ouverts pour organiser l’accueil en week-ends ou séjours de vacances d’enfants, adolescents et jeunes adultes porteurs d’un handicap mental[10].

Le mouvement pro-vie

En 1994, il rejoint l’Alliance pour les droits de la vie, association fondée par Christine Boutin. Cette association devient Alliance VITA, un des principaux mouvements pro-vie qui présente ses objectifs comme « le respect de la dignité humaine, particulièrement des plus vulnérables ». Il en est délégué général et, à ce titre, il intervient régulièrement dans les médias[11],[12],[13],[14],[15] sur les questions bio-éthiques, rappelant « l'éminente dignité de tout être humain et son droit à ce que sa vie soit reconnue et protégée »[16].

Après la canicule de l'été 2003, il fonde le service d’écoute SOS Fin de Vie en 2004[17].

Opposition à la reconnaissance des couples homosexuels

Au cours de sa vie, Tugdual Derville s'oppose à plusieurs reprises à l'officialisation des unions de personnes homosexuelles. En 1999, est examinée la question de la reconnaissance légale de la cohabitation entre personnes non mariées, notamment pour permettre aux personnes homosexuelles de disposer d'une certaine protection juridique, mesure baptisée pacte civil de solidarité et abrégée Pacs. Tugdual Derville organise alors des manifestations contre cette mesure[18], estimant cette union civile non constitutionnelle. Sa position reste toujours ferme sur toute reconnaissance du couple homosexuel, même s'il concède qu'il puisse exister un « contrat patrimonial non sexuel » pour ce qu'il désigne « les petites communautés de vie » et qui n'aurait aucune mention de l'homosexualité ou même de couple dans le contrat (pouvant se destiner à des fratries, des groupes, etc.)[19].

Dans les années 2010, la question de l'ouverture du mariage aux couples homosexuels est examinée par le législateur français. Une vive opposition à cette loi est mise en place sous le nom de La Manif pour Tous, dont Tugudal devient l'un des porte-paroles[20].

Le , lors d'une manifestation à La Défense, il déclare s'opposer au mariage des couples de même sexe, invoquant le bien-être de l'enfant : « Tous les enfants doivent avoir la chance d’avoir un père et une mère, si c’est possible. ». Il évoque ainsi la nécessité de « centrer le discours sur la question du bien-être de l’enfant. »[21].

Le , participant à l'émission télévisée Hondelatte-Dimanche, il insiste, concernant la demande de mariage pour les couples de même sexe, sur la nécessité pour les enfants d'être élevés par leur père et leur mère. Il préconise d'ailleurs l'interdiction de l'adoption par les célibataires[22], alors que ce droit existe dans le Code civil français depuis 1804.

Le , lors d'une convention UMP, il fait un parallèle entre les désirs d'engendrement et de mariage des personnes ayant un handicap mental et ceux des personnes homosexuelles. Malgré sa récusation de l'amalgame, il provoque l'indignation des partisans du mariage pour tous [23].

Le , lors d'une entretien avec Alliance Vita et repris par plusieurs sites locaux de la manif pour tous, il affirme sa proximité idéologique avec Philippe Ariño et remet en doute l'amour homosexuel et que ce dernier n'est pas comparable à l'amour conjugal hétérosexuel. Il se questionne moralement aussi dans cet entretien, sur un certain fascicule destiné aux adolescents qui affirmait, d'après lui, que « l'amour homosexuel c'est bien »[24].

En , il critique une campagne d'affichage ciblée de lutte contre le VIH à destination des homosexuels[25].

Opposition à la PMA et la GPA

Le , dans le contexte des « états généraux de la bioéthique », il organise à Paris, un « showroom clandestin » qui suscite la polémique où il mit en scène des poupons et des mannequins avec des codes barres et des prix pour dénoncer la marchandisation du corps humain[26],[27].

La question de l'euthanasie

Disposant d'un accès aux médias, Tugdual Derville donne des avis sur des thèmes de société comme l'euthanasie. Opposé à cette mesure, il pose que « la peur de l'acharnement thérapeutique pousse certaines personnes à croire que l'euthanasie est la seule solution » et souhaite mettre en avant les soins palliatifs, constituant selon lui une « troisième voie »[28]. La question des soins palliatifs sera alors traitée par son association SOS Fin de Vie[29]

Le , il co-rédige une tribune dans le journal La Croix appelant à résister aux « promoteurs de l'euthanasie » à travers l'initiative « Solidaires en fin de vie »[30].

Tugdual Derville publie en 2010 un ouvrage Animaux dans l'Évangile, présenté comme bestiaire illustré et « guide spirituel ». L'ouvrage effectue un parallèle entre la tendance de l'humanité à traiter les animaux comme des êtres humains, à reconnaître la dignité animale d'une part, et légitimer l'euthanasie d'autre part.

Cet ouvrage présente une position sur les animaux, décrite comme découlant d'une proposition catéchisme de l'Église catholique en déclarant que « leur utilisation est légitime, sans cruauté gratuite mais avec bienveillance, à cause de la dignité… humaine (et non pas animale) ! […] Attention d'ailleurs ! En traitant l'animal comme une personne, nous légitimons l'euthanasie. »[31].

Création de « Courant pour une Écologie humaine »

À la suite des manifestations de l'année 2013, il lance le courant « pour une Écologie humaine », avec Pierre-Yves Gomez et Gilles Hériard-Dubreuil[32]. Il présente ce mouvement comme « [u]n mouvement d’écologie humaine en train de se lever »[33], s'interrogeant sur « les repères que notre société va laisser aux générations futures »[34].

Le , il publie avec l'économiste Pierre-Yves Gomez et Gilles Hériard Dubreuil (spécialiste de la gouvernance des risques technologiques) une tribune « L’écologie humaine : un projet de société » où il développe le point de vue qu'il avait émis en janvier : « […] que sommes-nous en train de faire de l’humanité ? […] Ce qui s’exprime désormais dans ce mouvement dépasse l’opposition à une loi ; il s’agit d’une revendication plus profonde, radicale. Elle concerne le sort de l’être humain dans la société contemporaine. Est-il un simple matériau, objet d’expérimentations techniques, sociales, économiques ou médicales ? Ou bien est-il la mesure de toute chose à laquelle s’ordonne et pour laquelle doit s’organiser la société ? […] Le temps est venu de construire tous ensemble un grand courant d’écologie humaine. Nous sommes devant une responsabilité historique vis-à-vis de nos contemporains comme des générations futures. […] Nous appelons aujourd’hui à la tenue des Assises de l’écologie humaine. Elles seront ouvertes à tous les citoyens qui affirment que le progrès de la technique, de l'économie, de la bioéthique ou des politiques environnementales doivent avoir pour seule justification le service de tout l’homme et de tous les hommes. »[35].

Proches des positions de l'écologie intégrale de Gaultier Bès et Eugénie Bastié, des écologistes de gauche ont reproché à l'écologie humaine d'être « une opération d'écoblanchiment ». Ils affirment que l'Homme est d'ores et déjà au centre des questions écologiques. L'écologie humaine défendrait une vision d'un « ordre naturel » sans rapport avec les enjeux environnementaux[36].

Publications

  • Le Bonheur blessé, avortement, eugénisme et euthanasie en question, Paris, CLD, 2005 (ISBN 978-2854434613)
  • Animaux dans l’Évangile, Paris, Ecclésia / SPFC, 2010 (ISBN 978-2953607819)
  • La Bataille de l’euthanasie, enquête sur les 7 affaires qui ont bouleversé la France, avec Xavier Mirabel (préface), coll. Carte blanche, éditions Salvator, (ISBN 978-2706708923)
  • Le Temps de l’Homme, Paris, Plon, 2016 (ISBN 978-2259249461)
  • 67 recettes de bonheur. L’écologie humaine en actions, Éditions de l'Emmanuel, 2018, 152 p. (ISBN 978-2-3538-9701-8)

Distinctions

En 2008, Tugdual Derville est nommé chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, sur proposition de Christine Boutin, alors ministre du Logement et de la Ville[37].

Notes et références

Références

  1. Pèlerin, « Portrait de Tugdual Derville, l'un des porte-parole de « la Manif pour tous » », Pèlerin n° 6792, (lire en ligne, consulté le )
  2. La-Croix.com, « Tugdual Derville, un non-violent dans la bataille », sur La Croix, (consulté le )
  3. « Quelques livres sur la spiritualité, écrits ou réalisés récemment par des ESSEC », sur le site des anciens élèves de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (consulté le )
  4. Notice d'autorité de Tugdual Derville sur le site de la Bibliothèque nationale de France, (notice BnF no FRBNF14045394).
  5. Guyonne de Montjou, « Tugdual Derville, la vie des autres », Le Figaro Magazine, semaine du 10 août 2018, p. 56-59.
  6. Céline Hoyeau, « Tugdual Derville, un non-violent dans la bataille », La Croix, no inconnu, (lire en ligne)
  7. Stéphanie Le Bars et Benoît Hopquin, « Frigide Barjot - Tugdual Derville : une alliance contre nature », sur Le Monde, (consulté le ).
  8. Véronique Grousset, « Voyauge au sein de l'opus dei », sur Le Figaro.
  9. 1er février 2013, « Tugdual Derville : « Une porte ouverte à la vie intérieure » », sur le site de La Croix (consulté le ).
  10. Stéphane Kovacs, « Tugdual Derville, l'homme qui croit que rien n'est impossible », sur Le Figaro, (consulté le )
  11. « BFM TV – le débat sur le mariage pour tous dans les écoles catholiques (7 janvier 2013) », sur le site d'Alliance VITA, (consulté le ).
  12. « Manif Pour Tous : une initiative citoyenne », sur le site d'Alliance VITA, (consulté le ).
  13. « Tugdual Derville interviewé sur RTL Matin (3 janvier 2013) », sur le site d'Alliance VITA, (consulté le ).
  14. Agnès Leclair, « Questions à... Tugdual Derville », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le ).
  15. Agnès Leclair, « Tugdual Derville et Najat Vallaud-Belkacem sur Radio Notre-Dame, le 15 décembre 2010 », sur le site d'Alliance VITA, (consulté le ).
  16. Tugdual Derville, « Dignitas Personae : l'Église précise son enseignement bioéthique », sur le site de la Fondation de service politique, (consulté le ).
  17. « Alliance VITA et SOS fin de vie », sur le site de l'hebdomadaire France catholique, (consulté le )
  18. « Le PACS, un an après, entretien avec Tugdual Derville », sur le site Liberté politique, (en ligne).
  19. Entretien pour son association, (en ligne sur alliancevita.org).
  20. [Liste des porte-parole de la Manif Pour Tous https://web.archive.org/web/20130420174121/http://www.lamanifpourtous.fr/fr/qui-sommes-nous/les-porte-parole], La Manif Pour Tous, , via Internet Archive.
  21. Charlie Dupiot, « A La Défense, une manif en noir et blanc contre le mariage gay », sur le site du quotidien Libération, (consulté le ).
  22. Tugdual Derville interviewé par Christophe Hondelatte, émission Hondelatte-Dimanche (HD), sur la chaîne télévisée Numéro 23, .
  23. « Tugdual Derville compare les couples homos aux couples d'handicapés mentaux - Yagg », Yagg, (lire en ligne, consulté le ).
  24. « L'amour en question - Entretien avec Tugdual DERVILLE - Alliance Vita », Alliance Vita, (lire en ligne, consulté le ).
  25. « Une campagne de prévention anti-VIH visée par des anti-mariage gay », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  26. Rédaction Europe 1, « Une boutique éphémère à Paris contre la PMA et la GPA fait polémique », Europe 1, (lire en ligne, consulté le ).
  27. StopHomophobie, « Un show-room anti-PMA et GPA à Paris pour alerter sur les « tendances » en matière de « conception industrielle des enfants » », Quotidien, (lire en ligne, consulté le ).
  28. Amélie Gautier, « Euthanasie : le gouvernement refuse le débat aux socialistes », sur le site de la chaîne TF1, (consulté le )
  29. « Soins palliatifs », sur Sos Fin de Vie (consulté le ).
  30. (collectif), « Solidaires en fin de vie  », sur La Croix, (consulté le ).
  31. Tugdual Derville, « Tugdual Derville : La biodiversité est une preuve de l'existence de Dieu », sur le site de la Fondation de service politique, (consulté le ).
  32. « L’écologie humaine : un projet de société », sur Le site du quotidien La Croix, (consulté le ).
  33. « Un mouvement d'écologie humaine est en train de se lever », quotidien La Croix, édition du , p. 10, [lire en ligne].
  34. Interview de Tugdual Derville par Pascale Clark sur la chaîne de radio France Inter, le , [lire en ligne].
  35. Tugdual Derville, Pierre-Yves Gomez et Gilles Hériard Dubreuil, « L’écologie humaine : un projet de société », sur le site du quotidien La Croix, (consulté le ).
  36. Etienne Borocco et François Mandil, « L'écologie, humaine par nature », sur le site de l'hebdomadaire La Vie, (consulté le ).
  37. Décret du 23 mars 2008.

Voir aussi

Liens externes

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