Théories sur Stonehenge

Stonehenge, le plus célèbre des monuments mégalithiques d'Angleterre, est devenu un symbole des savoirs anciens de l'humanité, mais ce symbole reste muet.

Pour un article plus général, voir Stonehenge.

Des hypothèses ont donc été formulées sur son mode de construction, sa finalité, ses rapports avec les mathématiques et l'astronomie.

Théories sur la signification et la fonction du monument

Pour John Aubrey, en 1640, le monument fut érigé par des druides. William Stukeley reprend l'idée du temple druidique et ajoute qu'il avait probablement une fonction astronomique[1]. En 1965, Dans Stonehenge Decoded, Gerald Hawkins lança l'hypothèse d'un « calculateur astronomique » fondé sur les trous d'Aubrey (les cinquante-six trous qui ceinturent le monument), qui pourraient avoir été un moyen de prédire les éclipses de lune. Enfin, plus récemment, Alan Butler a défendu dans plusieurs ouvrages l'existence de « lignes de sel », qui seraient une série de trois cent soixante-six méridiens sillonnant le globe et marqueurs au sol d'une géométrie mégalithique à trois cent soixante-six degrés ; l'une de ces lignes passerait notamment à Stonehenge et à Avebury.

Stonehenge est un cimetière à crémation. Plusieurs dizaines de cavités funéraires et certains trous d'Aubrey ont accueilli des tombes à incinération. Stonehenge a même pu servir de lieu d'ensevelissement rituel d’une famille d’élite et de ses descendants, peut-être une famille régnante, ce qui en ferait un centre névralgique des nécropoles du sud de la Grande-Bretagne[2].

Les archéologues ont mis au jour, dans les nécropoles et sanctuaires de la culture du Wessex dans la région de Stonehenge, des perles et disques d'ambre de la Baltique, des haches de combat espagnoles ou de l'or irlandais. Plusieurs dagues, haches et poignards mycéniens sont gravés sur les pierres de sarsen de Stonehenge. Ce complexe mégalithique a pu ainsi servir de plaque tournante du commerce en Grande-Bretagne à l'Âge du bronze où était exporté sur le continent de l'étain (métal blanc indispensable à la réalisation des statues votives de bronze) et de l'or, et où l'île recevait en retour de l'ambre (substance aux propriétés mystérieuses) et des armes[3].

Archéoastronomie à Stonehenge

Lever de soleil au solstice d'été, selon le Nordisk familjebok (1918).

Le monument préhistorique de Stonehenge a longtemps été étudié pour ses liens éventuels avec l'astronomie ancienne. Des archéoastronomes ont prétendu que Stonehenge représentait un « ancien observatoire », bien que son utilisation à cette fin soit contestée. Beaucoup pensent également que le site peut avoir eu une valeur astrologique ou spirituelle.

La découverte de l'existence d'une pierre faisant paire avec la Heel Stone a mis le doute sur l'interprétation de celle-ci comme le marqueur du lever de soleil au solstice d'été. La deuxième pierre peut avoir été le second élément d'un « couloir d'énergie solaire », les deux pierres encadrant le lever du soleil[4],[5].

Les premiers travaux

Stonehenge présente une ouverture au nord-est de l'enceinte circulaire de la phase I, et il s'est ensuivi des suggestions sur l'importance particulière attachée par ses bâtisseurs aux points des solstices et des équinoxes. Par exemple, au solstice d'été, le soleil passe près de la Heel Stone, et les premiers rayons du soleil brillent dans le fer à cheval, au centre du monument. Bien qu'on ne puisse écarter qu'un tel alignement puisse être une coïncidence, cette orientation astronomique a été reconnue pour la première fois en 1740 par William Stukeley et généralement suivie de tous les observateurs.

Stukeley a remarqué que la Heel Stone n'était pas précisément alignée sur le lever du soleil. D'une année à l'autre, le mouvement du soleil dans le ciel semble régulier. Pourtant, en raison des variations de l'obliquité de l'écliptique, les déclinaisons du soleil changent avec le temps. Le prétendu alignement de la Heel Stone avec le lever du soleil au solstice d'été aurait été moins précis il y a quatre ou cinq mille ans. La Heel Stone, en effet, est située à environ 1/7e de la circonférence terrestre en latitude Nord, comme l'a indiqué l'archéologue James Q. Jacobs[6].

Les premiers efforts pour dater Stonehenge exploitaient les menus changements dans les alignements astronomiques et ont conduit à des théories comme celle de H. Broome's en 1864, développant l'idée que le monument a été construit en -977, au moment où l'étoile Sirius serait passée au-dessus de l' Avenue de Stonehenge. Sir Norman Lockyer a proposé une date de -1680, reposant entièrement sur un azimut erroné du lever de soleil sur l' Avenue, s'alignant sur un relevé trigonométrique récent de l'Ordnance Survey selon une fonctionnalité moderne. Flinders Petrie préférait une date plus tardive de 730, mais les pierres étaient considérablement inclinées à l'époque de son enquête et ne pouvaient livrer de mesures et visées exactes.

Un débat d'archéoastronomie a été déclenché par la publication, en 1963, de Stonehenge Decoded, par l'astronome né britannique Gerald Hawkins. Hawkins a déclaré voir un grand nombre d'alignements, à la fois lunaires et solaires, et a affirmé que Stonehenge aurait pu être utilisé pour prévoir les éclipses. Le livre de Hawkins a bénéficié d'une large publicité, en partie parce qu'il avait utilisé un ordinateur dans ses calculs. Les archéologues étaient méfiants à l'encontre des nouvelles contributions au débat venant des astronomes britanniques C.A. “Peter” Newham et Sir Fred Hoyle, le célèbre cosmologiste de Cambridge, ainsi que d'Alexander Thom, professeur d'ingénierie retraité, qui a étudié les cercles de pierres durant plus de vingt ans. Leurs théories ont dû faire face à des critiques au cours des dernières décennies de la part de Richard J. C. Atkinson et d'autres qui ont suggéré les difficultés pratiques dans l'approche interprétative d'un « calculateur de l'âge de pierre ».

Newham et les Station Stones

Newham a trouvé un alignement pour les équinoxes en traçant une ligne entre l'une des Station Stones et un trou de poteau situé à côté de la Heel Stone. Il a également identifié un alignement lunaire, le long des côtés du rectangle créé par les quatre Station Stones correspondant au lever et au coucher de la Lune à son « major standstill »[7].

Deux des Station Stones sont endommagées et, bien que leurs positions créent un rectangle approximatif, l'incertitude de leur datation entraîne celle de leurs relations avec les autres dispositifs présents sur le site. La latitude de Stonehenge est inhabituelle en ce sens que seulement aux alentours de cette latitude (à cinquante kilomètres près), les événements lunaires et solaires évoqués ci-dessus se produisent à angle droit les uns par rapport aux autres. À plus de cinquante kilomètres au nord ou au sud de la latitude de Stonehenge, les Station Stones auraient formé un parallélogramme[8].

Les travaux de Gerald Hawkins

Les travaux de Gerald Hawkins sur Stonehenge ont été publiés pour la première fois dans Nature en 1963 suivant les analyses qu'il a effectuées avec l'ordinateur IBM de Harvard-Smithsonian. Hawkins n'a pas trouvé un ou deux alignements, mais des dizaines. Il a étudié, avec l'aide de l'ordinateur, cent soixante-cinq caractéristiques significatives du monument et les a utilisées pour vérifier les alignements entre eux et tous les points de lever et de coucher du soleil, de la lune, des planètes et des étoiles brillantes dans les positions qui auraient été les leurs en 1500 av. J.-C. Treize corrélations solaires et onze lunaires ont été ainsi déterminées de façon précise, tenant compte des diverses phases de construction du site. Hawkins a également proposé une méthode permettant d'utiliser les trous d'Aubrey pour prévoir les éclipses de lune en déplaçant les marqueurs d'un trou à l'autre. En 1965, Hawkins a écrit (avec J.B. White) le livre Stonehenge Decoded, qui détaillait ses conclusions et voyait en Stonehenge un « calculateur néolithique ».

Richard J. Atkinson a répondu avec son article Rayon de lune sur Stonehenge dans Antiquity (1966) en soulignant que certains des trous que Hawkins avait utilisés pour ses lignes de mire étaient plus probablement des dépressions naturelles et qu'il s'était autorisé une marge d'erreur maximale de deux degrés dans ses alignements. Atkinson a constaté que la probabilité qu'un si grand nombre d'alignements soient visibles de cent soixante-cinq points étaient alors plus proches d'une chance sur deux que le « une possibilité sur un million » que Hawkins avait bien voulu proclamer. Le fait que les Station Stones aient été installées par-dessus les trous d'Aubrey signifie que beaucoup d'alignements de Hawkins entre les deux dispositifs sont illusoires. Le même article d'Atkinson contient d'autres critiques de l'interprétation des trous d'Aubrey comme marqueurs astronomiques et des travaux de Fred Hoyle.

La question se pose également de savoir si le climat anglais aurait permis l'observation précise des événements astronomiques. Les chercheurs modernes étaient en quête d'alignements concernant des phénomènes qu'ils savaient déjà exister, mais les utilisateurs préhistoriques n'avaient pas cette connaissance.

Les travaux d'Alexander Thom

Alexander Thom a étudié les cercles de pierres depuis les années 1950, à la recherche d'alignements astronomiques et du « megalithic yard » (unité de longueur hypothétique), mais ce n'est qu'en 1973 qu'il a tourné son attention vers Stonehenge. Thom a choisi d'ignorer les alignements entre les différents dispositifs au sein du monument, les considérant comme trop proches pour être fiables et a plutôt recherché des éléments du paysage qui auraient pu marquer les événements lunaires et solaires. Mais l'un des principaux sites de Thom, « Peter's Mound », s'est avéré être un trou de décharge du XXe siècle et cela n'a pas été favorable à ses hypothèses.

Les travaux de Michael W. Postins

Michael W. Postins a publié en 1982 un petit livre intitulé Stonehenge : le Soleil, la Lune, les étoiles errantes[9], où il a postulé que les cinq trilithes représentaient les cinq planètes visibles à l'œil nu[10]. Il a estimé que les deux plus petits trilithes représentaient Mercure et Vénus, parce qu'ils suivaient au plus près l'orbite solaire, et aussi qu'ils étaient alignés avec l'axe solaire de Stonehenge. Les deux trilithes intermédiaires représentaient Mars et Jupiter, qui suivaient au plus près la trajectoire lunaire, et étaient alignés avec l'axe lunaire de Stonehenge. Le grand trilithe représentait Saturne, parce que celui-ci se déplace sur une trajectoire unique, beaucoup plus lentement que les autres planètes. Postins n'a cependant pas été en mesure d'établir la distinction entre les trilithes de Mercure et Vénus, ni entre ceux de Mars et de Jupiter, et a suggéré qu'au moment de leur construction, ils pouvaient avoir des noms inscrits dans la pierre[11].

Théories plus récentes

Bien que plus de vingt mille personnes soient accourues à Stonehenge au solstice de l'été 2005, de plus en plus de signes indiquent que les initiateurs du site ne s'y rendaient pas l'été, mais plutôt à l'occasion du solstice d'hiver. Le seul monument mégalithique des Îles Britanniques à présenter un alignement solaire clair et irréfutable est le monument de Newgrange, qui est orienté vers le lever du soleil au solstice d'hiver. Le plus récent élément de preuve concerne des dents et des os de porcs abattus à proximité de Durrington Walls, leur âge au moment de leur mort indiquant qu'ils ont été abattus en décembre ou janvier de chaque année. Mike Parker Pearson, de l'Université de Sheffield a dit : « Nous n'avons pas de preuves de la présence de quiconque dans le paysage durant l'été. »[12]

Un certain nombre d'indices renforcent l'hypothèse du coucher du soleil au solstice d'hiver comme étant l'événement le plus important pour les fondateurs de Stonehenge.

Dans cette civilisation agricole du Néolithique, l'attente du « retour du soleil », à la fin de la journée la plus courte de l'année, et l'attente de la germination des graines semées à l'automne étaient certainement un événement plus important que le solstice d'été situé à une date où « les jeux sont faits »[réf. souhaitée].

L'élément le plus grand, le plus impressionnant du monument est le grand trilithon. Il est probable que c'est dans la direction de cet élément « principal » que le regard devait porter, c'est-à-dire dans la direction du coucher du soleil au solstice d'hiver. Dans nombre de civilisations, c'est l'extrémité opposée à l'entrée qui marque l'orientation privilégiée d'un monument[réf. souhaitée].

Le tracé de l’Avenue contribue à confirmer cette hypothèse. Lorsqu'on arrive à Stonehenge par l’Avenue, on est frappé par le fait qu'à l'extrémité la plus éloignée du monument de la ligne droite correspondant à l'axis, on est dans une partie basse de la plaine qui ne permet pas de voir le monument. À partir de ce point, le monument apparaît progressivement en montant la pente. Dans l'heure qui précède le coucher du soleil au solstice d'hiver, cette approche doit être particulièrement impressionnante. Si l’Avenue fait un large détour entre la rivière Avon et le monument et passe précisément par ce point le plus bas dans l'axe du solstice, c'est probablement pour permettre cette approche « frappante » du monument. Cela suppose également que les forêts aient été un peu plus étendues à l'époque qu'aujourd'hui (ce qui est probable) et notamment que l’Avenue était entourée par la forêt avant l'atteinte de ce point bas[réf. souhaitée].

Proposition de Didier Laroche

À partir du travail des surfaces du cercle de pierres, qui présente un contraste très fort entre la partie arrière, brute, et les faces tournées vers le cercle central, Didier Laroche, architecte archéologue, a présenté une restitution qui interprète l'ensemble comme un tumulus funéraire comportant une aire centrale structurée par les cinq trilithes. Cette proposition a l'intérêt de rattacher la structure de Stonehenge à une typologie bien connue et répandue aux IIe et Ier millénaires av. J.-C., et d'expliquer l'apparente anomalie de tombes sur une surface non protégée, à même le sol, à l'opposé de toutes les sépultures connues à cette époque[13].

Archéoacoustique

Lorsqu'il était encore complet, le site présentait de nombreuses surfaces de réflexion des sons, à des distances différentes et suivant de multiples chemins de réflexion du son. Le niveau de réverbération des sons ainsi engendré créait un environnement auditif très inhabituel à l'intérieur du cercle[14].

Aaron Watson (archéologue) et David Keating (acousticien) ont exploré l'acoustique de Stonehenge dès 1998, dévoilant les qualités soniques particulières du site : en contraste avec un environnement ouvert, les pierres dressées améliorent le comportement du son[15].

Une reproduction en taille réelle du site de Stonehenge dans sa phase finale de construction existe à Maryhill (en) dans l'État de Washington aux États-Unis, sous la responsabilité du Maryhill Museum. Cette réplique, basée sur des plans archéologiques, a été achevée en 1926 comme monument aux morts de la guerre. Les effets acoustiques y sont amoindris par plusieurs facteurs : les blocs sont en béton, de plus rendu poreux par la salinité de l'eau, leurs formes sont plus régulières que les pierres de l'original, leur surface a été rendue rugueuse pour leur donner un aspect ancien et le grand autel central est couché au lieu d'être dressé, comme l'était autrefois celui du monument original. Mais c'est la reproduction la plus proche du Stonehenge d'origine, et pour les expériences d'acoustique, il valait mieux des effets amoindris que surévalués[16].

La réplique grandeur nature de Maryhill (en), État de Washington

En juillet 2007, Rupert Till et Bruno Fazenda y exécutent des tests audio[17]. Les résultats de la modélisation numérique acoustique montrent que la réflexion des sons, les échos, la réverbération et la réponse acoustique sont pratiquement similaires à ceux du site original ; il y a une réduction du niveau et de l'intensité des effets, mais leur nature est la même. Une autre donnée dont il fallait tenir compte est la différence dans l'environnement extérieur avec le monument britannique : la pierre des sacrifices (slaughter stone) y est plus proche que dans le site original, à cause de la situation de la réplique, surplombant l'importante dénivellation de la gorge de la rivière Columbia[16].

Du matériel sophistiqué a été utilisé pour les tests sonores, avec des capteurs placés tous les mètres en ligne droite sur l’axe passant par le centre du plus gros trilithe, par le milieu de l'entrée (au nord-est) et vers la pierre des sacrifices et la pierre-talon. Cette étude reprenait les mesures effectuées par Aaron Watson, avec l'idée de les confirmer. D'autres mesures ont été prises en travers du cercle, à 90° des premières mesures. Des enregistrements d'instruments ont été diffusés dans cet espace, évalués subjectivement « à l'oreille » : flûte, didgeridoo et acteur, à différentes positions, en station fixe et en mouvement[18], afin d'évaluer les effets d'instruments musicaux et de la voix. Plusieurs types d'ondes sonores à une seule fréquence sur plusieurs tempos et différents pulses rythmiques ont été expérimentés[19].

Pendant les expérimentations, le bruit du vent s'est révélé plus fort à l'intérieur du cercle qu'à l'extérieur. Les expérimentateurs n'en ont pas tenu compte sur-le-champ et ont découvert l'importance de son rôle après coup[19]. L'écrivain Thomas Hardy, en 1880, fait déjà référence au vent parmi les pierres de Stonehenge ; il l'évoque à nouveau en 1891 dans sa nouvelle Tess d'Uberville, où il cite Stonehenge comme un « temple des vents »[20],[n 1]. Des effets acoustiques puissants ont été découverts[17], confirmant les découvertes de A. Watson pour ce qui concerne les changements dans les sons à l'approche du site et à la « cassure » dans le talus, et pour la variation en volume à l'intérieur de l'espace. Les effets sonores semblent se focaliser dans la direction de l'ouverture (au nord-est)[21]. La clarté du son a été cartographiée, et montre des lignes le long desquelles le son est plus clair et se transmet plus facilement. Ceci est particulièrement notable depuis l'entrée nord-est[22]. Dans le plus petit des cercles, la réverbération sonore est aussi bonne que dans les meilleures salles de concert ; la clarté et la définition du son sont assez pauvres mais la clarté de la parole est très acceptable, et surtout elle enveloppe l'auditeur quasi complètement[23].

Par ailleurs, le son s'échappe du cercle seulement à des points spécifiques. L'un est dirigé vers le tumulus des Cursus au nord. Quatre autres lignes se dirigent vers l'est ; la plus au sud de ces quatre lignes pointe vers Durrington Walls ou vers la pierre du Coucou (en) ; la seconde au-dessus est orientée vers l’espace (ou la pierre) jouxtant la pierre-talon ; la suivante vise la pointe est du tumulus des Cursus. Il serait intéressant de tester la possibilité que les sons atteignent ces endroits assez éloignés ; les très basses fréquences peuvent porter remarquablement loin[22].

Till et Fazenda ont aussi découvert des effets acoustiques à 90° du premier axe, traversant l'espace entre les deux paires de trilithons de tailles égales. L'acoustique de l'espace sous les linteaux du cercle extérieur crée une impression de seuil et renforce l'impression de passage d'un espace à un autre. La différence d'acoustique entre l'extérieur et l'intérieur du site crée une impression subjective d'enveloppement aural, d'enfermement, et de séparation de l'un à l'autre espace[21] - une impression qui croît avec le temps passé à l'intérieur du cercle[22].

De même le centre du site, de la pierre de l'autel à l'entrée, a une acoustique différente de celle du reste du cercle. Du point de vue du son c'est la zone la plus active et celle qui a les effets acoustiques les plus clairs. Le volume du son augmente à l'approche des pierres du cercle extérieur et à l'intérieur de ce dernier, et aussi près des trilithons et face à ceux-ci.

Il y a un certain nombre de « points morts » où le son est moins fort, notamment au milieu de la distance entre le cercle extérieur des pierres sarcen et le cercle intérieur des pierres bleues ; et aussi derrière les trilithons de taille moyenne. L'espace est clairement divisé entre « devant » et « derrière ». La pierre de l'autel, étendue horizontalement, aurait fait une bonne scène pour projeter le son - en plus de faciliter la vue. La compréhension de paroles prononcées est claire partout dans l'espace du site, et la voix n'est pas masquée si l'on se tient derrière des pierres. La réverbération fournit une qualité acoustique plaisante et avantageuse à la fois pour les paroles et pour les instruments différents. Il y a des échos dans l'espace du site, audibles seulement en face du plus grand trilithon en direction de la pierre-talon. L'écho est au plus fort à chaque extrémité de la ligne connectant ces deux points[22].

Les sons émis à l'intérieur du site sont répercutés de toutes les directions vers le centre du site, renvoyés par les cercles de pierres. Cet effet est plus fort en basses fréquences, près de la périphérie du cercle où les niveaux de volume sont également plus forts ; mais la réverbération rend les sons moins clairs[22].

Rupert Till note que la pierre bleue est de la dolérite tachetée venant des collines de Preseli (en) au pays de Galles. Or un village de cette région porte le nom de Maenclochog, qui signifie « pierres résonnantes » (ringing stones). Localement, il est bien connu que ces pierres ont des effets acoustiques particuliers[24].

Théories et expériences sur la construction

Transport des monolithes

Le transport des gros blocs de grès sarsen, dont les plus gros pèsent environ 50 t, constitue une aventure d’ingénierie collective sans pareille. Une colline, au milieu du trajet, n’a pas facilité cette opération pour laquelle Atkinson ne propose rien d’autre que traîneaux, cordes et rouleaux de bois, occupant des milliers d’hommes durant des décennies[25].

Construction du monument

Wally Wallington, charpentier retraité, a mis au point plusieurs techniques simples et nécessitant peu de force, permettant de déplacer, tourner, soulever et dresser des blocs de pierre de plusieurs tonnes[26].

Notes et références

Notes

  1. Stonehenge vu par Thomas Hardy :
    « All around was open loneliness and black solitude, over which a stiff breeze blew […] "What monstrous place is this?" said Angel. "It hums," said she. "Hearken!" He listened. The wind, playing upon the edifice, produced a booming tune, like the note of some gigantic one-stringed harp. No other sound came from it […] At an indefinite height overhead something made the black sky blacker, which had the semblance of a vast architrave uniting the pillars horizontally. They carefully entered beneath and between; the surfaces echoed their soft rustle; but they seemed to be still out of doors […] "What can it be? […] A very Temple of the Winds" […] "It seems as if there were no folk in the world but we two" […] they […] listened a long time to the wind among the pillars […] Presently the wind died out, and the quivering little pools in the cup-like hollows of the stones lay still »

     Thomas Hardy, Tess d'Uberville, p. 510-513.

    « (Trad. :) Tout autour était isolement ouvert et noire solitude, sur lequel soufflait une forte brise […] « Quel est cet endroit monstrueux ? » dit Angel […] « Il bourdonne », dit-elle. « Écoute ! » Il écouta. Le vent, jouant sur l'édifice, produisait un chant tonnant, comme la note d'une gigantesque harpe à une corde. Aucun autre son n'en émanait […] À une hauteur indéfinie au-dessus, quelque chose rendait le ciel noir plus noir, qui ressemblait à une vaste architrave unissant horizontalement les piliers. Ils entrèrent précautionneusement en-dessous et entre ; les surfaces renvoyaient l'écho de leur bruissement feutré ; mais ils semblaient toujours être dehors […] « Qu'est-ce que cela peut être ? Un véritable Temple des Vents » […] « Il semble qu'il n'y a plus personne au monde sauf nous deux » […] Ils […] écoutèrent longtemps le vent parmi les piliers […] Puis le vent se tut, et les petites flaques tremblantes dans les creux en coupe des pierres s'immobilisèrent »

Références

  1. (en) William Stukeley, Stonehenge A Temple Restor'd to the British Druids, Londres, 1740.
  2. (en) Mike Pitts, « Aubrey Hole find could change Stonehenge's meaning », British Archeology, no 106, , p. 47
  3. (en) Pearson, Mike; Cleal, Ros; Marshall, Peter; Needham, Stuart; Pollard, Josh; Richards, Colin; Ruggles, Clive; Sheridan, Alison; Thomas, Julian; Tilley, Chris; Welham, Kate; Chamberlain, Andrew; Chenery, Carolyn; Evans, Jane; Knüsel, Chris, « The Age of Stonehenge », Antiquity, vol. 811, no 313, , p. 617–639
  4. Stonehenge: Circles of the Season
  5. Michael Hoskin, The Cambridge Concise History of Astronomy, Cambridge University Press, 1999 (ISBN 0521576008)
  6. Temporal Epoch Calculations
  7. Voir : Lunar standstill (en).
  8. C.A. Newham, The Astronomical Significance of Stonehenge.
  9. Michael W. Postins, Stonehenge : Sun, Moon, Wandering Stars, 1982 et réédition 2005, (ISBN 978-0955168604)
  10. Stonehenge, Astronomy Society
  11. Stonehenge
  12. Charles Clover, Stonehenge druids mark wrong solstice
  13. Stonehenge : nouvelle interprétation des vestiges monumentaux.
  14. [Fazenda & Drumm 2014] (en) Bruno Fazenda et Ian Drumm, Recreating The Sound Of Stonehenge Acoustics Of Ancient Theatres (présentations et rapports à la conférence de Patras des 18-21 septembre 2011 sur l'acoustique des anciens théâtres), CreateSpace Independent Publishing Platform, , sur academia.edu (lire en ligne), p. 4.
  15. Aaron Watson, « Acoustics at Stonehenge », sur aaronwatson.co.uk (consulté le ).
  16. Till 2009, p. 7. Voir une photo des éléments centraux du site en fig. 4.2.
  17. Till 2009, p. 2.
  18. Till 2009, p. 8.
  19. Till 2009, p. 9.
  20. Till 2009, p. 4.
  21. Till 2009, p. 12.
  22. Till 2009, p. 13.
  23. Till 2009, p. 15.
  24. Till 2009, p. 5.
  25. Atkinson, Stonehenge, chapitres II et III
  26. (en) Site de Wally Wallington + vidéo.


Bibliographie

  • C.A. Newham, The Astronomical Significance of Stonehenge, Moon publications, Shirenewton, 1972.
  • [Till 2009] (en) Rupert Till, chap. 4 « Songs of the stones: the acoustics of Stonehenge », dans The Sounds of Stonehenge, Centre for the History of Music in Britain, the Empire and the Commonwealth (CHOMBEC) ; Hadrian Books, , sur academia.edu (ISBN 9781407306308, lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Sur Stonehenge
Sur l'archéoastronomie

Liens externes

Les interprétations techniques, scientifiques liées à l'astronomie de Stonehenge, avec les méthodes de calcul numérique liées aux distances des orbites planétaires par rapport au Soleil. Le lien entre l'architecture de Stonehenge et les équations liées à ces orbites.
Ce site fait aussi une étude astro-archéologique de Stonehenge, avec l'analyse des structures de Stonehenge liées aux levers et couchers du Soleil et de la Lune, aux solstices et aux équinoxes et aussi relatives aux éclipses de soleil et de lune.
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