Svoboda (parti politique)

Svoboda, officiellement dénommé Union panukrainienne « Liberté » (en ukrainien, Всеукраїнське об’єднання «Свобода», Vseukrainske ob'iednannia « Svoboda ») est un parti ukrainien nationaliste, classé à droite[2],[10],[11], voire à l'extrême droite[12], fondé en 1991 sous le nom de Parti social-national d'Ukraine (Соціал-Національна партія України - СНПУ[13]).

Pour les articles homonymes, voir Svoboda.

Svoboda
(uk) «Свобода»

Logotype officiel.
Présentation
Président Oleh Tyahnybok
Fondation [1]
Siège Kiev, Ukraine
Positionnement Droite[2] à extrême droite[3]
Idéologie Ultranationalisme ukrainien[3],[4]
Populisme de droite[5]
Euroscepticisme
Conservatisme social
National-conservatisme
Antisémitisme[6]
Nationalisme économique[7]
Affiliation européenne Aucune (Alliance européenne des mouvements nationaux [observateur de 2009 à 2014])[2],[8]
Adhérents 15 000 (2010)[2]
Couleurs Bleu et jaune
Site web svoboda.org.ua
Représentation
Députés
1  /  450
Subdivisions de l'Ukraine[9]
890  /  43122

Le changement de nom s'est fait en 2004 avec l'arrivée d'Oleh Tyahnybok à la tête du parti. Ce dernier, dans une volonté de dédiabolisation, a également changé le symbole du parti, abandonnant ainsi le Wolfsangel. Malgré cela, des membres du parti continuent d'arborer ce symbole lors de manifestations. Oleh Tyahnybok a eu des remarques russophobes, polonophobes, racistes, antisémites et homophobes par le passé. Depuis qu'il joue un rôle important dans la vie politique ukrainienne et fait partie de la coalition responsable de la destitution du président Viktor Ianoukovytch, le parti supprime des passages antisémites de son programme et s'applique à éviter des déclarations trop extrêmes afin d'améliorer son image auprès d'un plus large public.

Historique

Logo du parti jusqu'à 2003, dérivé du Wolfsangel.
Drapeau du parti.

L'origine de ce parti remonte à la création à Lviv, le , du Parti social-national d'Ukraine (en) (ukrainien : Соціал-національна партія України), cofondé par Oleh Tyahnybok et Andriy Paroubiy[14],[15]. Le parti s'enregistre officiellement le [16].

Le , lors du premier congrès de l'organisation paramilitaire Patriotes d'Ukraine, le parti intègre cette dernière en son sein en tant qu' « association de support » de l'armée ukrainienne. Dissoute en 2004, elle est recréée en 2005[17],[18],[19].

Le parti est renommé « Union panukrainienne « Liberté » » avec l'arrivée à sa tête d'Oleh Tyahnybok, en février 2004. Dans une optique de respectabilité, ce dernier décide également d'abandonner le Wolfsangel au profit d'un symbole évoquant le trident ukrainien. De même c'est à cette époque qu'il annonce « dissoudre » l'organisation Patriotes d'Ukraine. Il se distingue néanmoins par ses appels à la lutte armée « contre les Moskali [Moscovites] et les youpins ». Il fait également partie des meneurs de la révolution orange[20].

Svoboda a officiellement rompu son association avec les Patriotes d'Ukraine en 2007 en annonçant que si Oleh Tyahnybok et le parti social national étaient liés à l’organisation, leurs buts étaient désormais différents[21], ceux-ci restent informellement liés[22],[23],[24].

Manifestation de Svoboda à Kiev en 2009.

Pour autant, le parti continue de se réclamer de l'Organisation des nationalistes ukrainiens, dont la branche armée, l'armée insurrectionnelle ukrainienne, collabora activement avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et massacra les juifs de Galicie. En 2009, le parti a signé un accord de coopération avec le Front national[25]. Le parti a été membre du Front national européen[réf. souhaitée] et observateur au sein de l'Alliance européenne des mouvements nationaux entre 2009 et 2014[2],[8]. De même, l’organisation a souvent été pointée du doigt pour la glorification du passé collaborationniste d'une partie du peuple ukrainien avec l'Allemagne nazie et pour avoir organisé la célébration en 2013 du 70e anniversaire de la création de la division SS Halychyna, qui a combattu dans les rangs des Allemands lors de la bataille de Brody en 1944[26].

Le , le conseil de l'oblast de Louhansk demande au président ukrainien, Viktor Ianoukovytch, de bannir ce parti, en tant qu'organisation extrémiste, et notamment en raison de l'organisation d'émeutes le 9 mail à Lviv lors de la célébration du 66e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, montrant, enregistrement à l'appui, les agissements de ses membres[27].

Alors que le parti n'avait recueilli que 1,43 % des voix aux élections présidentielles de 2010, il obtient plus de 10 % des suffrages lors des élections législatives de 2012, remportant 37 sièges. En automne 2011, le parti avait organisé un défilé contre l'arrivée massive de juifs hassidiques, qui effectuent chaque année en Ukraine un pèlerinage sur la tombe d'un célèbre rabbin; et par la suite il s'est opposé à l'organisation d'une Gay Pride à Kiev. L'ambassadeur d’Israël en Ukraine, Reuven Din El, s'est notamment inquiété des propos antisémites tenus par Oleh Tyahnybok[28], dirigeant de Svoboda.

En 2012, Svoboda proteste contre la sélection de Gaitana, une chanteuse de mère ukrainienne et de père congolais comme représentante de l'Ukraine pour le concours de chansons de l'Eurovision[28]. Le porte-parole du parti, Yuri Syrotiuk déclare dans le Kyiv Post du 21 février 2012 « L’Ukraine sera représentée par une personne qui n’est pas de notre race (…) Elle n'est pas une représentante organique de notre culture. Les téléspectateurs vont finir par croire que notre pays se trouve sur un autre continent, quelque part en Afrique »[29].

Le , lors de sa visite de soutien aux manifestants de la place de l'Indépendance, John McCain, sénateur américain du parti Républicain, rencontre le chef de ce parti Oleh Tyahnybok en même temps que d'autres opposants au gouvernement ukrainien comme Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk[30].

Le parti participe à l'Euromaïdan, mouvement qui aboutit à la destitution de Viktor Yanoukovitch. Durant ces évènements, le journal Haaretz rapporte que Secteur droit et Svoboda auraient distribué des traductions récentes de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion sur la place Maïdan et fait état de sa préoccupation quant à la présence importante de membres de ces deux mouvements ultra-nationalistes parmi les manifestants[31]. Un journaliste raconte que « sur la place de l’Indépendance, ils ont réussi à tenir face aux forces de l’ordre et à en tuer une dizaine. Et entre 200 et 300 d’entre eux ont réussi à prendre d’assaut le Parlement et le siège du Parti des régions pendant quelques instants »[32].

Le gouvernement Iatseniouk nommé le 26 février 2014 est composé de plusieurs personnalités du parti à l'image d'Oleksandr Sytch, Vice-Premier ministre, d'Andri Mokhnyk, ministre de l'Écologie et des Ressources naturelles, d'Ihor Chvaïka, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, et d'Oleh Makhnitsky, procureur général. Ihor Tenioukh en faisait également partie en tant que ministre de la Défense avant d'être remplacé par Mykhaïlo Koval[33],[34].

Néanmoins, à l'élection présidentielle ukrainienne de 2014, Oleh Tyahnybok, candidat investi par le parti, n'obtient que 1,16 % des suffrages, score encore plus faible qu'en 2010. Lors des élections législatives suivantes de 2014, le part n'atteint pas le seuil de 5 % (4,7 %) mais obtient néanmoins l'élection de six députés dans les circonscriptions.

Le , devant la Rada, alors que les députés planchent sur une réforme constitutionnelle visant à donner plus d’autonomie aux territoires séparatistes prorusses, des centaines de manifestants d’extrême droite, notamment du parti Svoboda, affrontent la police pendant plusieurs heures. Trois policiers sont tués[35] dont un par le jet d'une grenade[36] et une centaine d’autres policiers et plusieurs journalistes sont blessés. Arseni Iatseniouk a déclaré que les agissement de l’extrême-droite, « sous couvert de patriotisme », étaient « pires » que ceux des séparatistes[37]. Quant au ministre de l'Intérieur Arsen Avakov, il qualifie le parti « Svoboda » de « parti du terrorisme »[38]. Pour Amnesty International, les actions de Svoboda « sont le résultat de l’impunité qui règne en Ukraine. Ni les tueries de Maïdan, ni les crimes de guerre, ni les attaques contre la communauté LGBT n’ont été punis par les autorités. Le signal envoyé est que la violence est tolérée »[38].

En vue de l'élection présidentielle de 2019, le président du parti, Oleh Tyahnybok, renonce à se présenter une nouvelle fois et annonce que Svoboda présente la candidature de son vice-président, Rouslan Kochoulynsky[39]. Celui-ci reçoit le soutien de l’Organisation des nationalistes ukrainiens, de Secteur droit, du Congrès des nationalistes ukrainiens et du C14 (en)[40], mais doit faire face à la concurrence d’Andri Biletsky (Corps national)[41].

Membres importants

Nom Photographie Postes
Oleh Tyahnybok
Oleh Tyahnybok
Président, co-fondateur du parti et membre du conseil régional de Lviv.
Andriy Paroubiy
Andry Parouby
Co-fondateur du Parti social-national d'Ukraine à l'origine de Svoboda, membre du conseil régional de Lviv, ancien secrétaire de Conseil de sécurité nationale et de la défense d'Ukraine (en)[14],[42] et membre du bureau militaire du Front populaire.
Ihor Tenioukh
Ihor Tenioukh
Ministre de la Défense du gouvernement Iatseniouk I du 27 février 2014 au 25 mars 2014.
Ihor Chvaïka
Ihor Chvaïka
Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation du gouvernement Iatseniouk I jusqu'au 12 novembre 2014.
Andri Mokhnyk
Andri Mokhnyk
Ministre de l'Écologie et des Ressources naturelles du gouvernement Iatseniouk I jusqu'au 2 décembre 2014.
Oleksandr Sytch
Oleksandr Sytch
Vice-Premier ministre du gouvernement Iatseniouk I jusqu'au 2 décembre 2014.
Rouslan Kochoulynsky
Rouslan Kochoulynsky
Vice-président de la Rada (2012-2014), membre du conseil régional de Lviv, vice-président du parti, candidat à l'élection présidentielle de 2019.

Résultats électoraux

Élections présidentielles

Année Candidat Premier tour
Voix % Rang
2010 Oleh Tyahnybok 352 282 1,43 8e
2014 Oleh Tyahnybok 210 476 1,16 10e
2019 Rouslan Kochoulynsky 307 244 1,62 9e

Élections législatives

Année % Élus Rang Gouvernement
1994 0,20
0  /  450
19eExtra-parlementaire
1998 0,16
1  /  450
29eOpposition
2006 0,36
0  /  450
18eExtra-parlementaire
2007 0,76
0  /  450
8eExtra-parlementaire
2012 10,45
37  /  450
5eOpposition (2012-2014), Iatseniouk I (2014)
2014 4,71
6  /  450
7eOpposition
2019 2,15
1  /  450
11eOpposition

Évolution des votes

Notes et références

  1. Oblast Council demands Svoboda Party be banned in Ukraine, Kyiv Post (12 May 2011)
  2. en, « Svoboda Party – The New Phenomenon on the Ukrainian Right-Wing Scene », Centre for Eastern Studies, no 56, , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Wolfram Nordsieck, « Ukraine », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  4. (en) « Svoboda: The rise of Ukraine's ultra-nationalists », BBC, (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) en, The Extreme Right in Europe, Gœttingue, Vandenhoeck & Ruprecht, , 472 p. (ISBN 978-3-525-36922-7, lire en ligne), « The Populist Radical Right in European Elections 1979-2009 », p. 20.
  6. Ruth Wodak, Majid KhosraviNik et Brigitte Mral, Right-Wing Populism in Europe: Politics and Discourse, , 251 p. (ISBN 9781780933436, lire en ligne) :
    « KUN and Svoboda are also Russophobic and antisemitic »
  7. « ІІ. Економічний націоналізм: заможна нація, соціальна справедливість та деолігархізація » (consulté le )
  8. (uk) « "Свобода" і європейські націоналісти: конфлікти є, війни нема "Svoboda" and European nationalists: conflicts are not the war' », sur BBC Ukrainian, .
    (en) « Europe's Far Right Is Embracing Putin », sur Business Insider, .
    Oleh Tiahnybok withdraws Svoboda's membership within the Alliance of European National Movements
  9. (uk) « Обрані депутати місцевих рад », www.cvk.gov.ua, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Encyclopædia Britannica, Britannica Book of the Year 2010, Encyclopædia Britannica, Inc., (lire en ligne), p. 478
    « Ukraine publishes final polls results », The Voice of Russia, .
  11. (en) Natallia Radzina, « Vitaliy Portnikov: First Belarus, then Russia will follow after Ukraine », Charter '97, .
  12. « Ukraine : les nationalistes de Svoboda inquiètent les juifs et les Russes », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  13. (uk) « Заява прес-служби ВО "Свобода" щодо зумисного перекручування колишньої назви партії у ЗМІ », sur svoboda.org.ua, .
  14. Xavied D., « Etat des lieux des neo nazis au pouvoir a Kiev », Mediapart, (consulté le ).
  15. (en) « 'Prepared to Die': The Right Wing's Role in Ukrainian Protests », Spiegel, (consulté le ).
  16. (uk) « Всеукраїнське об'єднання «Свобода» », Agence d'études stratégiques de Kiev (TSA, organe parlementaire), (consulté le ), archive de l'enregistrement du Parti
  17. Tadeusz A. Olszański, « Svoboda Party – The New Phenomenon on the Ukrainian Right-Wing Scene », Centre for Eastern Studies, vol. OSW Commentary, no 56, , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « Ukraine publishes final polls results », Voice of Russia, .
  19. (en) « After the parliamentary elections in Ukraine: a tough victory for the Party of Regions », Centre for Eastern Studies (en), .
  20. Jean-Marie Chauvier, « Comment les nationalistes ukrainiens réécrivent l’histoire », sur Le Monde diplomatique,
  21. (uk) « Заява Організації „Патріот України” про розрив стосунків з ВО „Свобода” »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), una-unso.info.
  22. (en) David Stern, « Svoboda: The rise of Ukraine's ultra-nationalists », BBC, .
  23. (en) « Roots of Svoboda », Union of Councils for Jews in the Former Soviet Union.
  24. (en) Anton Shekhovtsov, « Security threats and the Ukrainian far right », Open Democracy, (consulté le ).
  25. (uk)L'Union panukrainienne « Liberté » et le Front national français signent un accord de coopération, sur le site officiel du parti
  26. J'ai vu l'autre Ukraine, celle qui célèbre les SS et crimes nazis - Louis Monnier, Le Plus/Le Nouvel Observateur, 3 décembre 2013
  27. (en) « Luhansk Oblast Council demands Svoboda Party be banned in Ukraine », Kyiv Post, (consulté le ).
  28. Ukraine : les nationalistes de Svoboda inquiètent les juifs et les Russes, Le Monde, 1er novembre 2012.
  29. « Eurovision: Gaitana, l'«Africaine» qui chante pour l'Ukraine », sur slateafrique.com, .
  30. Richard Balmforth et Gabriela Baczynska, « Nouvelle manifestation à Kiev, l'UE suspend les négociations », Le Point, 15 décembre 2013.
  31. « The new dilemma for Jews in Ukraine », sur Haaretz (consulté le ).
  32. « Ukraine: le parti Svoboda est fasciste », sur humanite.fr, .
  33. « État des lieux des néo nazis au pouvoir à Kiev », Mediapart, .
  34. (en) « Prime Minister of Ukraine and composition of Government appointed », Portail du gouvernement ukrainien, (consulté le ).
  35. « Ukraine: Porochenko en mauvaise posture après les affrontements meurtriers à Kiev », sur ladepeche.fr, .
  36. Deux Ukrainiens tués dans une embuscade, la trêve violée dans l’Est Euronews du 2 septembre 2015
  37. Benoît Vitkine, « Kiev fait face à une violente opposition sur la réforme constitutionnelle », sur Le Monde, .
  38. « Ukraine : retour de flamme pour Svoboda », sur liberation.fr, .
  39. (uk) « “Свобода” висуне в президенти не Тягнибока », Українська правда, (lire en ligne, consulté le ).
  40. (uk) « Націоналісти визначились з кандидатом у президенти », Українська правда, (lire en ligne, consulté le ).
  41. (en) « No unity among Ukraine nationalists ahead of elections », sur www.unian.info, .
  42. « Ukraine : "Nous sommes là pour la révolution" », Metronews (consulté le ).

Lien externe

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