Suzanne Borel (diplomate)

Suzanne Bidault (1904-1995), connue avant son mariage avec Georges Bidault sous le nom de Suzy Borel, est une écrivaine et diplomate française.

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Elle est la première diplomate française professionnelle.

Biographie

Marie, Nancy, Suzanne Borel naît le à Toulon et meurt le à Paris.

Son père, Élie, polytechnicien, est colonel du cadre colonial en retraite, et sa mère, née Louise Fontan, est la fille d'un célèbre médecin général de la Marine, le Pr Jules Fontan, qui fut l'auteur en 1900 de la première suture cardiaque faite avec succès.

Elle passe son enfance dans plusieurs pays (France, Sénégal, Madagascar et Vietnam)[1].

Titulaire d'une licence ès lettres (philosophie) de la Sorbonne, diplômée de chinois de l’École nationale des langues orientales, ancienne élève de l'École libre des sciences politiques, Suzanne Borel réussit après une première tentative infructueuse le concours du Quai d'Orsay[2], malgré plusieurs obstacles (un huissier du ministère des Affaires étrangères refusa ainsi initialement sa candidature au motif qu'elle n'avait pas réalisé son service militaire, chose pourtant impossible pour les femmes à l'époque). Son professeur et ami André Siegfried lui confie : « Vous êtes reçue ; maintenant il faut vous faire admettre »[1].

Elle devient la première femme nommée attachée d’ambassade, le [3]. Sa nomination provoque un recours de l’Association des agents du ministère des Affaires étrangères devant le Conseil d’État, la réglementation ne prévoyant pas la possibilité de nommer des femmes[4]. Un décret gouvernemental de 1928 avait certes ouvert les concours de la diplomatie aux femmes, mais en leur interdisant de prétendre à des postes à l'étranger[1]. En 1934, elle est nommée ministre plénipotentiaire[5] mais sa carrière est entravée, faute d'être citoyenne de plein droit (les femmes ne pourront voter qu'à partir de 1944). Le recours de ses collègues masculins devant le Conseil d'État conduit le ministère à ne plus recruter de femmes diplomates jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, toutes les carrières du ministère sont ouvertes aux femmes, même s'il subsiste un plafond de verre[6].

Pendant la guerre, elle appartient à divers réseaux de Résistance (NAP, Combat, Martial-Armand).

Elle occupe au ministère diverses fonctions (service des œuvres françaises à l’étranger, au premier cabinet de Georges Bidault ou plus tard l’OFPRA créé en 1952).

Elle est, à partir de 1946, l'épouse de Georges Bidault, qui occupe durant la majeure partie de la IVe République les fonctions de ministre des Affaires étrangères ou de chef du gouvernement.

Ne se considérant pas comme féministe, elle écrit dans son autobiographie Par une porte entrebâillée : « Je suis simplement une femme qui a le goût de la justice, qui pense que les femmes sont plus capables qu'on ne l’a cru longtemps, et qu'il n’est que juste qu'on leur donne leur chance »[1].

Elle a inspiré à son collègue le diplomate-écrivain Roger Peyrefitte, comme les liait une détestation réciproque, le personnage de « Mademoiselle Crapotte » dans La Fin des ambassades (1953) ; il évoque ainsi des hommes diplomates qui la ridiculisent en la surnommant « la crapucelle d'Orléans »[5]. Elle apparaît également dans ses Propos secrets (tome I, 1977), où il évoque entre autres un épisode qui eut pour cadre le château de Rochecotte à Saint-Patrice (Indre-et-Loire), séjour forcé de quelques diplomates et fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères à l'été 1940.

Bibliographie

livres de Suzanne Bidault
  • Je n’ai pas oublié, La Table ronde, 1971 (ISBN 2710313669) ;
  • Par une porte entrebâillée ou comment les Françaises entrèrent dans la Carrière, La Table ronde, 1972 (ISBN 2710315343)
  • Souvenirs de Guerre et d’Occupation, La Table ronde, 1973 (ISBN 2710316730);
  • Souvenirs, Ouest-France, 1986, 1992 (ISBN 978-2-7373-0024-0)
ouvrages et articles sur elle
  • Élodie Lejeune, Suzanne Bidault : une pionnière oubliée. Essai biographique sur la première femme diplomate française (1930-1962), université Paris I (), 2003[4]
  • Élodie Lejeune, « Suzanne Bidault : une pionnière oubliée », Relations internationales n°118, été 2004, p. 139–154.
  • Françoise Gaspard, « Les femmes dans les relations internationales » in Politique étrangère, 3-4/2000
  • Yves Denéchère (dir.), Femmes et diplomatie : France : XXe siècle, Bruxelles, Peter Lang, , 200 p. (ISBN 90-5201-233-4, lire en ligne), chap. 2 (« Suzanne Borel, une pionnière »)

Notes et références

  1. « La pionnière : Suzanne Borel, première femme diplomate en France », sur diplomatie.gouv.fr (consulté le ).
  2. Claude Sarraute, « Mme Georges Bidault, ministre plénipotentiaire », Le Monde diplomatique, septembre 1956.
  3. Marc Semo, « Le Quai d’Orsay mis à l’amende pour non-respect des quotas de femmes », sur lemonde.fr, (consulté le )
  4. http://ipr.univ-paris1.fr/spip.php?article125
  5. Franck Renaud et Jean-Baptiste Roques, « Les conquérantes du quai d'Orsay », Vanity Fair, no 9, , p. 152-157, 216-217.
  6. « Les femmes "diplomates" en Europe de 1815 à nos jours », sur Écrire une histoire nouvelle de l'Europe (consulté le ).

Liens externes

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