Sud-Ouest africain

Le Sud-Ouest africain (en anglais : South West Africa, en afrikaans : Suidwes-Afrika, en allemand : Südwestafrika) était le nom officiellement donné à la Namibie avant 1990.

Sud-Ouest africain
South-West Africa (en)
Suidwes-Afrika (af)
Südwestafrika (de)

1920–1990

Hymne Die Stem van Suid-Afrika
Le Sud-Ouest africain/Namibie en 1978 avec ses bantoustans
Informations générales
Statut Territoire sous mandat sud-africain
(1920-1968)
Annexion sud-africaine (1968-1990)
Capitale Windhoek
Langue(s) Afrikaans, allemand, anglais
Monnaie Livre sud-africaine puis rand sud-africain
Fuseau horaire +2
Superficie
Superficie 835 100 km2
Histoire et événements
1915 Invasion sud-africaine
1920 Mandat sud-africain
1968 Retrait du mandat et adoption du nom Namibie
21 mars 1990 Indépendance de la Namibie

Entités précédentes :

Entités suivantes :

D'abord appelé Transgariep ou Sud-Ouest africain, il devint officiellement le protectorat du Sud-Ouest africain allemand de 1884 à 1915, durant la colonisation par les troupes de l'empereur Guillaume II. Il garda le nom de Sud-Ouest africain, souvent simplement appelé Sud-Ouest par les habitants, durant le mandat de l'Afrique du Sud sur ce territoire de 1920 à 1968.

Bien que rebaptisé officiellement Namibie à la suite de la révocation du mandat sud-africain par l'Organisation des Nations unies en 1968, le pays garda les deux appellations en usage jusqu'en 1990, année de l'indépendance effective de la Namibie.

Historique

La fin du Sud-Ouest africain allemand

Carte du Sud-Ouest africain allemand.

La Première Guerre mondiale mit fin au protectorat allemand sur le Sud-Ouest africain.

Les premiers engagements entre la troupe coloniale et l'armée sud-africaine, engagée au côté des Britanniques, avaient commencé dès août 1914 à Kummernais. Les Sud-Africains avaient lancé une grande offensive, et remporté une victoire décisive à Gibeon, les 25 et , qui aboutit à la défaite du corps expéditionnaire allemand, le , à Khorab.

À partir de cette date, le Sud-Ouest africain allemand était sous l'occupation des troupes sud-africaines. Lors de la signature du traité de Versailles, l'Allemagne renonça définitivement à ses colonies et y abandonna seize mille de ses ressortissants.

Le Sud-Ouest africain sous mandat sud-africain (1920-1968)

Le , la Société des Nations donnait un mandat de type C à l'Union d'Afrique du Sud pour administrer le Sud-Ouest africain, et assurer le bien-être des populations. En 1921, le premier administrateur sud-africain était nommé, remplaçant l'autorité militaire. Seuls six mille cinq cents colons allemands sur quatorze mille ressortissants du Reich datant d'avant 1914 restèrent, alors que s'intensifiait l'immigration de Blancs sud-africains, souvent de condition très modeste, et à qui étaient attribuées des aides financières et des terres.

Symboliquement, le nom de la capitale, Windhuk, fut «afrikanerisé» en Windhoek, et des lois ségrégationnistes sud-africaines complétèrent les anciennes dispositions allemandes discriminatoires.

En 1924, les colons allemands ne représentaient plus que trente-sept pour cent de la population blanche du territoire (contre 83 % en 1913). En 1925, la communauté blanche élisait ses premiers représentants à l'assemblée législative du Sud-Ouest africain (dix-huit élus, auxquels s'ajoutaient six membres désignés par l'administration).

En 1925, 43 % du territoire se trouvaient constitués en réserves, sous l'autorité de chefs coutumiers (Ovamboland, Kavangoland, Hereroland, Damaraland, Namaland, Kaokoland), 41 % des terres appartenant aux Blancs et le reste à l'État ou aux Basters de Rehoboth.

En 1926, tous les natifs du Sud-Ouest africain devenaient des ressortissants de l'Union sud-africaine. L'ancienne colonie allemande était dorénavant considérée comme une cinquième province de l'Afrique du Sud. Pendant vingt ans, celle-ci sombra dans un relatif oubli.

En 1946, l'Afrique du Sud, réclama l'annexion du Sud-Ouest à la nouvelle ONU, mais celle-ci lui fut refusée par l'Assemblée générale le .

En 1949, la constitution du Sud-Ouest était révisée par le gouvernement de Daniel François Malan. Une représentation directe du territoire au parlement sud-africain était désormais assurée par six députés et quatre sénateurs, alors que la tutelle des populations indigènes était désormais du seul ressort du gouvernement de Pretoria.

Au début des années 1950, le chef coutumier herero Hosea Kutako était le premier représentant noir du Sud-Ouest africain à faire présenter une pétition aux Nations unies dénonçant l'administration sud-africaine.

En 1958, la population du Sud-Ouest africain atteignait quatre cent cinquante mille habitants, dont deux cent mille Ovambos, résidant très majoritairement dans le quart septentrional du territoire. Les cinquante mille Blancs du territoire résidaient dans le nord et le sud, principalement dans les centres urbains (représentant la moitié des vingt mille habitants de la zone urbaine de Windhoek dont plus de 95 % des habitants de la ville elle-même, et plus de 90 % de la zone urbaine de Swakopmund). Le gouvernement sud-africain proposa alors, mais sans succès, de diviser le territoire en deux afin de se débarrasser du quart septentrional du Sud-Ouest africain.

En 1959, les Ovambos et les Héreros s'organisaient politiquement afin de protester contre la colonisation sud-africaine et la mise en place de sa politique d'Apartheid. Le , une campagne de protestation organisée par la SWANU se soldait par la mort de treize manifestants, abattus par les forces de police, et cinquante-quatre blessés. Le , l'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO) était créée par des membres de l'ethnie Ovambo. Dans un premier temps, elle s'opposa à la SWANU, dominée par les Hereros, pour être reconnue par l'ONU comme représentante légitime des peuples du Sud-Ouest africain. Dès 1961, la SWAPO coopérait avec les mouvements rebelles de l'Angola, envisageait la lutte armée et obtenait, sur le plan diplomatique, l'élimination de sa rivale, la SWANU, de toutes les représentations internationales.

La même année, l'Assemblée générale des Nations unies, où les pays décolonisés étaient de plus en plus influents, votait un texte considérant que la situation au Sud-Ouest africain menaçait la paix internationale et la sécurité. Bien que ses émissaires aient conclu finalement à l'absence d'une telle menace, l'Assemblée générale transmit le dossier au Comité dit «des 24», chargé de mettre en œuvre l'indépendance des peuples colonisés.

Plan Odendaal de partage administratif du territoire du Sud-Ouest africain

En 1963, le gouvernement sud-africain mettait en place une commission d'enquête sur le Sud-Ouest africain, présidée par F. H. Odendaal. Dans son rapport, celui-ci préconisa la division du territoire en trois parties, dont la première serait réservée à dix homelands (foyers nationaux ou réserves indigènes), la seconde aux Blancs, destinée à intégrer l'Afrique du Sud et une troisième, comprenant les parcs naturels (Etosha, Côte des squelettes, désert du Namib) et les zones interdites (dont la célèbre Sperrgebiet — une zone diamantifère). Ce rapport fut rejeté par l'Assemblée générale des Nations unies.

En 1966, le Liberia et l'Éthiopie saisissaient la Cour internationale de justice pour tenter, sans succès, de faire déclarer illégale l'occupation du Sud-Ouest africain par la République sud-africaine. La décision de la Cour provoqua l'indignation de l'Assemblée générale des Nations unies, qui vota le la résolution 2145, déclarant que l'Afrique du Sud avait failli à ses obligations. En 1967, l'Assemblée proclamait que le territoire était désormais géré par un conseil pour le Sud-Ouest africain pour le compte des Nations unies. Le 26 août de la même année, un accrochage sérieux entre militants de la SWAPO et la police sud-africaine marquait le début de la guérilla.

Le Sud-Ouest africain/Namibie (1968-1975)

En 1968, l'Assemblée générale des Nations unies votait la révocation du mandat sud-africain. La résolution de l'Assemblée générale resta sans effet car l'Afrique du Sud ne reconnaissait pas la compétence de celle-ci (ni l'ONU comme le successeur de la SDN). Le , le nom de Namibie, de préférence à celui de Kalanami (contraction entre Kalahari et Namib), fut donné par l'ONU à tout le territoire.

De son côté, le gouvernement sud-africain mettait en place le dispositif du rapport Odendaal prévoyant la constitution de dix homelands, dont six districts représentant plus des deux tiers de la population, ayant vocation de devenir autonomes (Damaraland, Ovamboland, Kaokoland, Kavangoland, Caprivi oriental et Hereroland).

En 1970, le Conseil de sécurité de l'ONU déclarait, pour la première fois, illégale la présence de l'Afrique du Sud en Namibie. Le , la révocation du mandat sud-africain était confirmée par un avis consultatif de la Cour internationale de justice.

Les années 1970 furent marquées par une forte évolution de la politique interne. À la suite de la grève de milliers d'ouvriers ovambos entre décembre 1971 et juin 1972, le gouvernement Vorster entreprend des réformes et abroge la loi de 1920 dite maître et serviteurs. et les contacts furent renoués entre le l'ONU et le gouvernement sud-africain.

En mars 1972, le secrétaire général des Nations unies, Kurt Waldheim, effectuait une visite dans le Sud-Ouest africain-Namibie (nom usuel depuis 1968) et prenait contact avec les autorités locales et les représentants des mouvements politiques.

En 1973, seulement trois des six districts autonomes prévus par le rapport Odendaal et dirigés par un conseil tribal sont créés (Ovamboland, Kavangoland et Caprivi oriental). En fait, des désaccords opposent les autorités tribales au gouvernement sud-africain sur les pouvoirs de compétence déléguée et le maintien de la discrimination par le ministère des Affaires bantoues. En juillet, les élections de l'assemblée législative tribale de l'Ovamboland sont remportées par le Parti de l'indépendance de l'Ovamboland mais le taux de participation n'est que de 3 %, les électeurs ayant répondu à l'appel au boycott lancé par la SWAPO et le Parti démocratique coopératif. Les autorités tribales et sud-africaines réagissent à ce camouflet en faisant arrêter les dirigeants de la SWAPO interne, et pour les autorités tribales en faisant fouetter les opposants en place publique (sur ordre du ministre ovambo Filemon Elifas) et en multipliant les brimades.

Le , dans sa résolution n°3111, l'Assemblée générale des Nations unies désignait la SWAPO comme « représentant unique et authentique du peuple namibien ». Cette résolution est très mal perçue par les autres mouvements politiques namibiens, notamment par le mouvement de Clemens Kapuuo qui accuse la SWAPO de tribalisme et lui reproche de n'avoir jamais participé à la moindre guerre contre l'occupant allemand.

À ce moment-là percevant les divisions au sein même des mouvements d'opposition du Sud-Ouest Africain, le premier ministre sud-africain John Vorster abandonnait les objectifs du rapport Odendaal et décidait dans le cadre de sa politique de détente avec les pays africains de s'engager dans la voie de l'autodétermination du territoire « y compris celle de l'indépendance. Il va ainsi faire de la Namibie un terrain de négociations politiques dont il réutilisera les résultats pour la Rhodésie du Sud alors dirigée par Ian Smith, (des résultats qui servirent de modèle pour l'Afrique du Sud elle-même dans les années 1990).

Ainsi en novembre 1974, l'assemblée législative du Sud-Ouest africain invita l'ensemble des autorités du territoire, y compris les autorités tribales et les représentants des partis politiques noirs à déterminer leur avenir politique. L'assemblée est à l'époque dominée par le Parti national du Sud-Ouest africain. Deux de ses représentants, Dirk Mudge et Ebenezer van Zijl, sont chargés des négociations alors que la SWAPO et la SWANU déclinent l'invitation faite par l'assemblée.

En juillet 1975, le ministre de l'administration et du développement bantou de John Vorster, Michiel Coenraad Botha mit fin à un projet de délocalisation des tribus Ovaherero dans le Bantoustan du Hereroland dans l'est du pays. Ce faisant, Botha mettait fin à la mise en œuvre des conclusions du rapport Odendaal.

Le , le ministre du conseil tribal de l'Ovamboland, Felimon Eliphas, est assassiné à Ondangwa par un guérillero de la SWAPO.

L'autonomie dans le cadre de la Turnhalle (1975-1989)

La conférence de la Turnhalle s'ouvrait le à Windhoek. Le parti national du Sud-Ouest africain représentait la communauté blanche du territoire. Les populations noires étaient représentées par plusieurs petits partis politiques, dont les plus hostiles à la coopération se regroupaient au sein de la Convention nationale namibienne, ou boycottaient l'évènement, comme la SWAPO qui poursuivait sa guérilla contre les troupes sud-africaines, sans jamais réussir à occuper la moindre parcelle du territoire.

En avril 1976, Andreas Shipanga, l'un des cofondateurs de la SWAPO, dénonce le népotisme, la corruption et l'inefficacité de la direction du mouvement. Avec 2 000 de ses partisans dont Nathaniel Maxuilili, il tente de s'emparer du quartier général du parti à Lusaka en Zambie. Sam Nujoma est obligé de requérir l'aide du président Kenneth Kaunda pour éviter d'être démis de ses fonctions par la force. Les rebelles sont finalement arrêtés et emprisonnés, et accusés de collusion avec l'Afrique du Sud. Certains sont relâchés au bout de six mois, d'autres sont transférés dans des camps en Tanzanie, d'autres encore disparurent définitivement (Shipanga n'est lui-même libéré qu'en mai 1978).

Le , Dirk Mudge appelle les Blancs à rejoindre les Noirs sur le chemin de l'indépendance.

Le , les délégués de la conférence de la Turnhalle s'accordaient sur un gouvernement intérimaire chargé de transformer le territoire en un État indépendant sur le modèle d'une fédération. Cependant, le , dans sa résolution n°385, l'Assemblée générale des Nations unies refusait de reconnaître l'évolution interne de la Namibie, et apportait «son soutien à la lutte armée» menée «sous la conduite de la SWAPO».

Le , le principe d'un gouvernement à trois niveaux était adopté à la conférence de la Turnhalle : un pouvoir central, des autorités locales à base ethnique, des autorités municipales. Certains partis, insatisfaits du compromis, se regroupèrent dans le Front national de Namibie (NNF). De leur côté, les Blancs se prononçaient en mai 1977 par référendum, à plus de 60 % en faveur des propositions de la Turnhalle, et avalisaient le principe d'indépendance.

En , la gestion de l'enclave de Walvis Bay, rattachée depuis 1971 aux autorités de la province du Cap, était transférée au gouvernement Sud-Africain, et ainsi, soustraite au processus d'indépendance.

En , le nouvel administrateur sud-africain, Martinus Steyn abrogeait la loi ségrégationniste sur les mariages mixtes, puis celle sur l'immoralité. Les contrôles intérieurs étaient supprimés sur tout le territoire, à l'exception de la zone diamantifère (où elle est toujours en vigueur de nos jours) et de la frontière septentrionale.

L'Alliance démocratique de la Turnhalle (DTA) était fondée par les principaux partis ayant avalisés les résultats de la conférence. Mais le , le président de la DTA, Clemens Kapuuo, était assassiné par des inconnus. Cet assassinat provoqua de violents affrontements à travers le pays entre Ovambos de la SWAPO et les Hereros.

Le , la résolution n°435 du conseil de sécurité fixa pour objectif l'indépendance de la Namibie, et fonda un groupe d'assistance pour la période de transition (GANUPT), afin d'assurer la régularité du processus électoral.

En décembre 1978, les premières élections parlementaires multiraciales, organisées pour la première fois sur tout le territoire, selon le principe «un homme une voix», mais boycottées par la SWAPO et la SWANU, désignaient, à quatre-vingt-deux pour cent des voix, une assemblée constituante dominée par la DTA. Ces élections étaient déclarées nulles et non avenues par l'ONU.

Le , l'assemblée nationale du Sud-Ouest africain-Namibie votait la loi sur l'abolition totale de la discrimination raciale. Windhoek devenait par ailleurs le siège de l'administration politique du pays, à l'exception alors, de la police, de l'armée, de la justice et des Affaires étrangères.

Le , tous les lieux publics sont ouverts aux populations de couleur et une loi anti-discrimination est promulguée. Les derniers vestiges législatifs de la ségrégation raciale sont balayés.

À la fin de l'année 1979, un accord général est adopté sur la création d'une zone démilitarisée de part et d'autre de la frontière du nord, mais sans succès.

Une constitution était promulguée en , alors que la police et l'armée locale étaient placées sous le contrôle de l'assemblée. Le 1er juillet, le premier gouvernement du Sud-Ouest africain-Namibie était mis en place avec un conseil de ministres de onze membres, présidé par Dirk Mudge.

En , les homelands étaient dissous, consacrant l'unité territoriale de la Namibie. Des élections locales furent organisées en novembre, pour élire les dix gouvernements locaux, consacrant la victoire de la DTA.

L'arrivée de Ronald Reagan au pouvoir aux États-Unis va singulièrement modifier le rapport de force diplomatique, jusque-là très défavorable à l'Afrique du Sud. Après avoir accusé l'ONU de partialité dans cette affaire, l'Afrique du Sud va se trouver un allié en Chester Crocker, le sous-secrétaire d'État américain chargé de l'Afrique. Ce dernier reprend en effet une idée sud-africaine, qui avait conditionné son départ de Namibie et l'application de la résolution 435 au retrait des forces soviéto-cubaines d'Angola. En août 1982, la condition du retrait cubain devient une condition sine qua non pour les deux gouvernements.

Dans le Sud-Ouest africain, la DTA se délitait, à cause de dissensions internes. Le , le conseil des ministres démissionna. L'Assemblée nationale fut alors dissoute, et les pouvoirs exécutifs conférés à l'administrateur sud-africain.

En , après deux ans et demi d'administration directe, l'Afrique du Sud remettait en place un gouvernement intérimaire, sur proposition d'une conférence multipartite réunissant dix-neuf partis internes.

En , l'échec de la bataille de Cuito Cuanavale en Angola marquait les limites de la solution militaire pour toutes les parties engagées, et permettait d'accélérer les négociations diplomatiques. Le , un accord en quatorze points était trouvé entre l'Afrique du Sud, l'Angola et Cuba, prévoyant la mise en œuvre de la résolution 435 en contrepartie du repli du contingent cubain. De protocole en protocole, l'accord aboutit à la signature de l'accord de Brazzaville, préparant le calendrier de la mise en œuvre de la résolution 435, et celui du retrait cubain d'Angola.

La mise en œuvre de la résolution 435 (1989)

Avec la mise en œuvre de la résolution 435 et le maintien de l'administration sud-africaine, le gouvernement de Pretoria réussissait à faire avaliser sa tutelle sur la Namibie, depuis la fin théorique de son mandat en 1968. L'administrateur sud-africain reprit alors au gouvernement et à l'assemblée législative du Sud-Ouest africain ses pouvoirs exécutifs, législatifs et administratifs, enterrant la conférence de la Turnhalle.

En , le premier contingent de la GANUPT arrivait en Namibie. Le 1er mars, le gouvernement du Sud-Ouest africain-Namibie était dissous, et ses pouvoirs transférés à Louis Pienaar, l'administrateur sud-africain.

Le 1er avril, deux mille soldats de la SWAPO tentaient néanmoins d'envahir le nord de la Namibie, au mépris des accords passés dans le cadre des Nations unies. Cette invasion fut considérée comme la plus grave erreur de l'histoire de la SWAPO. Le représentant de l'ONU, Martti Ahtisaari demanda l'aide de l'armée sud-africaine pour repousser les intrus vers l'Angola. Les plus violents combats qu'ait jamais connus la Namibie depuis le début du mandat sud-africain furent alors engagés. La SWAPO compta plus de trois cents tués, contre vingt-sept soldats sud-africains, et était également désavouée par l'OUA et les Nations unies. Le 9 avril, un accord était signé fixant un nouveau processus de retrait sous la supervision du GANUPT.

Le , la SWAPO qui, il faut le noter, n'a jamais été un parti interdit, contrairement à l'ANC en Afrique du Sud, organisait sa première campagne à Katutura. En septembre, elle exprimait, par la voix de Theo-Ben Gurirab, ses regrets, aux victimes des exactions commises dans ses geôles d'Angola et de Tanzanie.

Sous la protection des huit mille soldats de la GANUPT, le scrutin électoral eut lieu du sept au onze . Dix partis sur quarante parvinrent à obtenir le visa de la commission électorale, pour participer aux élections. Le taux de participation atteignit 95 %. Avec 57,33 % des voix et quarante et un députés, la SWAPO remportait les élections, notamment avec une majorité absolue dans cinq des vingt-trois districts du pays, dont les plus peuplés: l'Ovamboland et le Kavangoland. Elle devançait la DTA et ses vingt-huit pour cent de suffrages, bien que celle-ci soit majoritaire dans quatorze districts (dont huit avec une majorité absolue).

Le , l'assemblée constituante se réunissait pour la première fois. En janvier 1990, elle présenta une nouvelle constitution. Précédée d'une longue charte des libertés fondamentales, elle instituait un régime de type semi-présidentiel, et fut adoptée le 9 février à l'unanimité de ses membres.

Le 16 février, l'assemblée constituante devint assemblée nationale, et élut Sam Nujoma à la présidence de la République.

La transition entre l'administration sud-africaine et la nouvelle administration namibienne se termina le , date de l'entrée solennelle de la république de Namibie dans la communauté des nations.

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Bader : la Namibie, Paris, Karthala, 1997
  • Jean-Claude Fritz, La Namibie indépendante. Les coûts d'une décolonisation retardée, Paris, L'Harmattan, 1991
  • Afrique australe, éd. Autrement, n°45, avril 1990
  • Christian Desjeunes, La Namibie, regards sur l'Afrique, CCLS, 1984
  • Robert Lacour-Gayet : « Le Sud-Ouest africain » dans Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Fayard, 1970, p. 401-410.
  • John Gunther, L'autre Afrique, Paris, Gallimard, 1958

Articles connexes

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