Statuomanie

La statuomanie est d'abord un mot inventé au XIXe siècle pour moquer la propension de la monarchie de Juillet à élever çà et là des monuments aux grands personnages. Le terme apparaît sous la plume d'Auguste Barbier en 1846, il s'agit du titre de l'un de ses poèmes[grec 1],[2]. C'est Maurice Agulhon, dans un article de 1978 qui réhabilite ce mot en lui ôtant sa connotation péjorative[2]. Pour Agulhon le phénomène de la statuomanie est à la fois urbanistique, artistique et politique[3]. Il se manifeste sur le plan urbanistique par la colonisation de l'espace urbain par la sculpture en raison des larges places, promenades et autres boulevards, typiques de la ville moderne du XIXe siècle[4]. Ces statues réalisées en hommage à des grands hommes pouvaient récompenser des bienfaiteurs de type très divers, de Voltaire à Marie Harel, inventrice du camembert[5]. La statuomanie prend fin sous le régime de Vichy, lorsque celui-ci décide de fondre des monuments publics pour fournir des métaux non-ferreux destinés à soutenir l'effort de guerre allemand[5].

Ernest Guilbert, Monument à Étienne Dolet, 1889, Paris, place Maubert, fondu en 1941 sous le régime de Vichy[1].

Notes et références

Notes

  1. Lire le poème en ligne : La Statuomanie (Wikisource)

Références

  1. « À nos Grands Hommes - La monumentalité en cartes postales: Monument: Monument à Etienne Dolet [5258] », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le )
  2. Bernard Richard, Les emblèmes de la république : Préface d'Alain Corbin, CNRS, , 441 p. (ISBN 978-2-271-07366-2, lire en ligne)
  3. Agulhon 1978, p. pp. 145-146.
  4. Agulhon 1978, p. 145.
  5. « Vie et mort des Grands hommes : la statuomanie », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )

Bibliographie

  • Maurice Agulhon, « La « statuomanie » et l'histoire », Ethnologie française, vol. 8, nos 2/3, , p. 145–172 (ISSN 0046-2616, lire en ligne)
  • Maurice Agulhon, « Nouveaux propos sur les statues de « grands hommes » au XIXe siècle », Romantisme, vol. 28, no 100, , p. 11–16 (DOI 10.3406/roman.1998.3286, lire en ligne)
  • Maurice Agulhon, « La statue de grand homme. Critique politique et critique esthétique », Mil neuf cent, vol. n° 21, no 1, , p. 9 (ISSN 1146-1225 et 1960-6648, DOI 10.3917/mnc.021.0009, lire en ligne)
  • Aude Dontenwille-Gerbaud, « Le geste auguste de la République », Mots. Les langages du politique, no 110, , p. 49–66 (ISSN 0243-6450, DOI 10.4000/mots.22220, lire en ligne, consulté le )
  • Jan C. Jansen, « 1880-1914 : une « statuomanie » à l'algérienne », dans Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault, Histoire de l'Algérie à la période coloniale, La Découverte, , 720 p. (ISBN 9782707178374, lire en ligne), p. 261-265
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