Sigebert III

Sigebert III, également connu sous le nom de saint Sigisbert, roi d'Austrasie, (630- ), est le fils aîné de Dagobert Ier et de Ragnétrude.

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Sigebert III

Solidus de Sigebert III frappé à Marseille. BNF, monnaies, médailles et antiques.
Titre
Roi des Francs d'Austrasie

(17 ans et 13 jours)
Prédécesseur Dagobert Ier
Successeur Childebert III
Biographie
Titre complet Roi des Francs d'Austrasie
Dynastie Mérovingiens
Date de naissance
Date de décès
Père Dagobert Ier
Mère Ragnétrude
Fratrie Clovis II
Conjoint Chimnechilde
Enfants Bilhilde ou Blichilde
Dagobert II
Childebert III : adopté[1] ?

Biographie

Baptême de Sigebert III. Jacobus De Voragine et enluminé par Richard De Montbaston, legenda aurea, 1348.

Sigebert fut baptisé en la cathédrale d'Orléans en présence de Dagobert, Éloi, Ega, Dadon, la reine Nanthilde, le trésorier royal Landégisèle ainsi que le référendaire Chadoin en tant que représentant de Burgondie. L'évêque Amand procéda au baptême et Caribert II parraina Sigebert en le tenant sur les fonts baptismaux. Lors de l'office, Amand récita le pater noster et Sigebert, âgé alors de neuf jours, aurait répondu Amen[2].

Sigebert, Ragnétrude et Anségisèle rejoignirent Metz où ils logèrent dans la villa royale de Montigny.

Le royaume d'Austrasie avait été conquis en 613 par son grand-père Clotaire II avec le soutien des aristocrates austrasiens, et ces derniers avaient ensuite exigé un roi particulier, qui avait été Dagobert Ier, nommé roi dès sa majorité en 623. À la mort de Clotaire, Dagobert était devenu roi de Neustrie et de Bourgogne, réunifiant le royaume franc et les nobles austrasiens demandèrent à nouveau un roi particulier, qui fut Sigebert III, nommé en 634. À la mort de Dagobert, la Neustrie passe à son frère cadet Clovis II, mais le pouvoir est détenu par le maire du palais Grimoald.

Radulf, un duc de Thuringe nommé par Dagobert en 633 se révolte et bat l'armée royale en 640 et se rend indépendant. Lors de cette expédition, Grimoald Ier, fils de Pépin de Landen, sauve la vie du roi et devient son ami. Ce dernier, après avoir fait éliminer le maire du palais en fonction, Otton, par un complice, devient à son tour maire du palais d'Austrasie. Sigebert épousa très jeune Imnechilde (Chimnechilde). Après quelques années, ils n'eurent toujours pas d'enfants. Grimoald le persuada qu'il n'aurait pas d'héritier[3]. Sigebert laissa Grimoald choisir la personne à adopter comme étant son successeur sur le trône d'Austrasie, violant la pratique habituelle qui incombait au choix du conseil des Grands, leudes et évêques approuvé par les mérovingiens. Il parvint à convaincre le roi d'adopter son propre fils, nommé Childebert. En 651, le roi apposa son sceau sur le décret qui faisait de Childebert son fils adoptif, qui avait alors quinze ans[4]. Cependant, cette qualité d'enfant adoptif est récemment remise en cause[1]. Plusieurs mois après, Imnechilde fut enceinte. Elle accoucha l'année suivante d'un fils nommé Dagobert. Le royaume d'Austrasie se retrouvant avec deux héritiers, les leudes réclamèrent au roi de décider sur sa succession. Sigebert déclara qu'il avait fait serment. Aucun évêque n'expliqua au roi que, en théologie, un serment allant contre les lois et l'honneur est invalide[5].

Bague de Sigebert III.

Il épouse Chimnechilde en 647. De cette union sont issus :

  • Bilhilde ou Blichilde (assassinée en 675) qui épouse le roi Childéric II d'Austrasie, son cousin ;
  • Dagobert II, roi Austrasie (652-679).

Sigebert est assassiné le , à l'âge de 26 ans, dans un complot. Ses restes, profanés à la Révolution, sont conservés à la cathédrale de Nancy, ville dont il est le saint patron.

Le maire du palais Grimoald Ier se sentant menacé, à la mort du roi le , fit alors tondre en secret le jeune Dagobert, alors âgé de trois ans, dans une chambre du palais de Metz. Durant la nuit, ses serviteurs transportèrent l'enfant à Boulogne puis naviguèrent jusqu'à York. Ils remirent Dagobert aux mains du saint évêque Wilfrid pour qu'il le place dans un monastère[6]. Exilé en Irlande, celui-ci devint roi d'Austrasie de 676 à 679.

Saint Sigisbert et Nancy

Fondateur de plusieurs monastères bénédictins, dont ceux de Stavelot, Malmédy et Cugnon, Sigebert III portait un intérêt particulier à l'abbaye Saint-Martin-devant-Metz, dont il assura la restauration et où il fut inhumé[7]. D'abord objet d'une dévotion strictement locale, il fut reconnu saint cinq siècles après sa mort[8]. Lors de la destruction de l'abbaye en 1552, ses reliques furent transportées dans la ville de Metz, puis à Nancy[9].

Bien que la ville de Nancy soit apparue postérieurement au règne du roi austrasien, les ducs qui en avaient fait leur capitale honorèrent particulièrement le saint roi qui les avait précédés en Lorraine, et en firent le saint patron de la capitale ducale. De ce lien établi entre Nancy et saint Sigisbert subsistent de nombreuses traces. Outre l'usage du prénom par les sculpteurs de la famille Adam, le saint a donné son nom au lycée Notre-Dame Saint-Sigisbert, et est particulièrement honoré à la cathédrale de Nancy.

Saint Sigebert.

Si la cathédrale de Nancy est consacrée à Notre-Dame de l'Annonciation, un culte particulier y est rendu à saint Sigisbert. Dans la niche du chœur, ses reliques, profanées pendant la Révolution, ont été remplacées sous le Premier Empire par une statue de la Vierge à l'Enfant de 1669, due à César Bagard. Cependant, quelques débris, dont une côte, ont été sauvés et enfermés dans un nouveau reliquaire en bois doré surmonté d'une couronne, rappelant la condition royale du saint.

Une statue du saint roi orne la façade, une chapelle latérale  où est actuellement conservé le reliquaire  lui est dédiée, et les deux tableaux du chœur dépeignent l'un son couronnement, l'autre le souverain servant les pauvres. La chapelle absidiale de gauche est ornée d'un autre tableau de Saint Sigisbert représentant son apothéose.

Notes et références

  1. La qualité de fils adoptif pour Childebert a d'abord été remise en cause par Richard Gerberding qui considère qu'il n'est pas vraisemblable que Sigebert, âgé de 21 ans, ait craint de ne pouvoir avoir d'enfant, puis par Matthias Becher qui remarque qu'aucun texte contemporain ne dénie à Childebert la qualité de mérovingien. C'est seulement le Liber Historiae Francorum, soixante ans plus tard, qui le premier qualifie Childebert d'adoptif, mais dans un sens qui semble dire que son père adoptif est Grimoald. Pour plus de détail, voir l'article Childebert III l'Adopté.
  2. Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs, éditions Tallandier, coll. « Figures de proue », , p. 185.
  3. Ivan Gobry, Pépin le bref, Paris, éditions Pygmalion, coll. « Histoire des rois de France », , 248 p. (ISBN 978-2-7564-0652-7), p. 14.
  4. Gobry 2012, p. 15.
  5. Gobry 2012, p. 16.
  6. Gobry 2012, p. 16-17.
  7. Jung 2004, p. 161-162.
  8. Jung 2004, p. 162.
  9. Jung 2004, p. 163-164.

Annexes

Bibliographie

  • Paul Guise (abbé), Saint Sigisbert Roi d'Austrasie (630-656), coll. « Les Saints », Librairie Victor Lecoffre - J. Gabalda, Paris, 1920, 182 p.
  • Jean Verseuil, Les rois fainéants : de Dagobert à Pépin le Bref 629-751, édition Critérion, Paris, 1946 (ISBN 2-7413-0136-0).
  • François Jung, « Iconographie de saint Sigisbert », Mémoires de l'Académie nationale de Metz, , p. 207-226 (lire en ligne).
  • François Jung, « Le culte de saint Sigisbert en Lorraine », Mémoires de l'Académie nationale de Metz, , p. 161-173 (lire en ligne).
  • Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet, « D'une châsse à l'autre, les tribulations de saint Sigisbert, patron de la ville de Nancy », Le Pays lorrain, , p. 323-336.

Articles connexes

Liens externes

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