Sheshonq Ier

Sheshonq Ier[1] (en berbère : ⵛⵉⵛⵏⴰⵇ[2] - Cicnaq) est un pharaon égyptien, issu de la tribu libyque des Mâchaouach[3].

Pour les articles homonymes, voir Sheshonq.

Sheshonq Ier

Gravure d'un relief de Sheshonq Ier trouvé à Karnak.
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXIIe dynastie
Fonction Pharaon
Prédécesseur Psousennès II
Dates de fonction -945 à -924 (selon Manéthon)
Successeur Osorkon Ier
Famille
Grand-père paternel Sheshonq, Grand Chef des
Grand-mère paternelle Mehtenvreskhet
Père Nimlot
Mère Tanetsepeh
Conjoint Karoma Ire
Enfant(s) Osorkon Ier
Deuxième conjoint Pentreshmès
Enfants avec le 2e conjoint Nimlot Ier
Troisième conjoint ?
Enfants avec le 3e conjoint Ioupout
♀ Tashepenbastet
Fratrie ♂ Mehtenoueskhet

Il est appelé Sesonchôsis[4] par Manéthon, qui lui compte vingt et un ans de règne. La grande majorité des égyptologues situent celui-ci entre -945 et -924, bien que cette durée ait récemment été revue à la baisse de quelques années, de -943 à -922, par quelques spécialistes dont Erik Hornung et Rolf Krauss, car Sheshonq Ier aurait vécu pendant deux à trois ans après sa campagne réussie en Canaan, traditionnellement datée comme s'étant achevée en -925. Il serait le Sesaq ou Shishak (שִׁישַׁק) de la Bible hébraïque, et ses exploits sont gravés sur le portail Bubastite, à Karnak.

Fondateur de la XXIIe dynastie, il monte sur le trône et devient pharaon en Égypte. Avant d’envahir la Palestine, il réunifie l’Égypte. À Jérusalem, il s’empare de l’or et des trésors du temple de Salomon (évènement cité dans la Bible)[5],[6],[7].

Généalogie

Les origines de Sheshonq Ier, et donc de la dynastie, nous sont connues grâce notamment à une stèle qu'un certain Pasenhor, prêtre et lointain descendant de sa lignée, laissa au Sérapéum de Saqqarah sous le règne de Sheshonq V. Connu sous le nom de stèle de Pasenhor ou de généalogie de Pasenhor, ce document contient une énumération des ancêtres de ce prêtre, selon un genre assez courant à l'époque donnant les fonctions et le rang de chaque personnalité, et, élément non négligeable pour établir la généalogie de la dynastie, donnant également le nom et les qualités des épouses[8].

C'est ainsi que l'on connaît des ancêtres du fondateur de la dynastie : ces derniers gravitaient déjà à des postes à responsabilités importantes dès la fin de la dynastie précédente. Ils cumulaient des charges religieuses et militaires, héritant de père en fils de titres prestigieux à la cour tels que père divin et spécifiques à leur ethnie comme celui de grand chef des Mâ. Enfin cette généalogie relie directement la lignée aux tribus libyques, le premier ancêtre cité étant simplement désigné comme le Libyen Bouyouwawa[9],[10].

Sheshonq Ier épouse Karoma Ire et Pentreshmès avec lesquelles il a deux enfants, deux garçons : avec la première, Osorkon Ier, qui lui succède, et Nimlot Ier, avec la deuxième, qu'il nomme roi d'Héracléopolis afin que celui-ci contrôle pour lui la Moyenne-Égypte.

On a connaissance de deux autres enfants attestés pour ce pharaon, mais on ne connaît toujours pas le nom de la (ou des) mère(s) : Ioupout, que son père nomme grand prêtre d'Amon à Thèbes, général en chef des armées et gouverneur de la Haute-Égypte, et une fille Tashepenbastet qui épouse Djedhotiouefânkh, troisième prophète d'Amon à Thèbes[11].

Sheshonq aurait (aussi) épousé une fille de son prédécesseur Psousennès II, dernier pharaon de la précédente dynastie, lui conférant ainsi davantage de légitimité à en fonder une nouvelle.

Titulature

Règne

Grand sphinx de granit réinscrit au nom de Sheshonq Ier - Trouvé à Tanis, aujourd'hui au Musée du Louvre

Sous la XXIe dynastie, les Mâchaouach, un des peuples de la mer qui s'étaient installés à Cyrène, puis dans le delta du Nil autour de Bubastis dès la XXe dynastie, avaient vers -1000 étendu progressivement leur territoire jusqu’au Fayoum. Ils détenaient la force armée du royaume et leurs chefs devenus très puissants, gravirent peu à peu les échelons de la cour royale, portant le titre de Grands chefs des Mâ(chaouach). Le fils d'un de ceux-ci, Sheshonq, parvient même à s'allier à la famille royale, donnant comme épouse à son fils Osorkon la propre fille de Psousennès II de Tanis. À la mort du roi, il s’impose comme pharaon et fonde la XXIIe dynastie qui occupera le pouvoir jusque vers -715. Il reprend la politique d'entente cordiale avec ses voisins, que ses prédécesseurs avaient initiée (cf. paragraphes "Dans la Bible" infra).

Quant à la situation intérieure, dès le début de son règne, Sheshonq Ier commence une politique de contrôle des principales clefs du pouvoir de l'Égypte des pharaons tanites et des grands prêtres d'Amon de Thèbes.

Relief représentant Sheshonq Ier et son fils, le grand prêtre d'Amon Ioupout, à Karnak

En installant Nimlot Ier, un de ses fils, comme roi d'Héracléopolis afin qu’il contrôle pour lui la Moyenne-Égypte, et Ioupout ainsi que Djedptahiefânkh, deux autres de ses fils, à la tête du clergé thébain, il parvient à réunir sous la coupe de son clan l'unité des Deux Terres. Il s’entoure alors de gens lui étant complètement dévoués, qu’il place à des postes stratégiques, renforçant ainsi la puissance royale et la mainmise sur les terres du royaume. Cette réorganisation du territoire est partagée entre les princes libyens ; tous les membres de la famille sont placés de ce fait à des postes importants et reçoivent ces terres en tant que fiefs[12].

Assuré de la stabilité de son royaume, Sheshonq Ier reprend la politique d’expansion.

À l'est, avec ses contingents composés d’Égyptiens, de Libyens et de Nubiens, il fait une campagne militaire en Palestine visant à améliorer le recouvrement de l’impôt.

Il pourchasse les bédouins des lacs amers, s'empare de Gaza (cf. "dans la Bible" infra). Sheshonq Ier fait graver sa campagne sur les murs du temple d'Amon à Thèbes[13]. Sheshonq ne se limite pas à cette conquête, il pousse son avantage jusqu'au Liban et aux marches de la Syrie, laissant une stèle à Megiddo et des statues à Byblos.

Peu de temps après cette victoire sur les royaumes de Syro-Palestine, il se tourne vers l'ouest, et fait main basse sur les grandes oasis du désert Libyque, gagnant ainsi de nouvelles terres et une nouvelle source de revenus non négligeable à la couronne, notamment grâce au blé et à d'autres denrées alimentaires, que ces terres fertiles du désert produisent en grande quantité[14]. Puis il mate une rébellion au sud, envoyant ses troupes contre les Troglodytes, peuplade que l'on situe traditionnellement dans le désert nubien, entre le Nil et la mer Rouge. Il reprend ainsi, manifestement, le contrôle de la Basse-Nubie et des voies commerciales avec l'Afrique, et consacre les tributs qu'il en retire aux dieux de Thèbes et de Memphis[15].

Grâce à cette politique énergique, Sheshonq redonne à l'Égypte un rôle incontournable dans la région, rétablissant les relations commerciales avec Byblos, et reprenant le contrôle du commerce par la mer Rouge, notamment avec l'Arabie. Les richesses affluent de nouveau vers le royaume du pharaon.

Statue de Sekhmet portant la titulature de Sheshonq Ier - Temple de Mout à Karnak

La déesse Bastet, associée à la déesse Sekhmet à laquelle le roi fait ériger de nombreuses statues dans le temple de Mout, à Thèbes, devient la grande déesse nationale. Le culte de ces divinités autrefois mineures prendra peu à peu le pas sur celui d'Amon dans les générations suivantes, cependant le programme monumental de Sheshonq reste centré sur les grands dieux de l'empire des Ramsès.

En effet, le règne de Sheshonq apporte aussi un certain renouveau dans la construction de monuments à travers tout le pays :

  • à Éléphantine, il restaure le grand temple de Khnoum ;
  • à Thèbes, outre son intervention dans le temple de Mout, en l'an 21, Sheshonq entreprend, dans l'enceinte d'Amon-Rê, l'édification d'un monument baptisé le Château des millions d'années d'Hejkheperrê Setepenrê, constitué d'un grand pylône et d'une vaste cour bordée de portiques dont les murs sont décorés de reliefs à la gloire de ses victorieuses conquêtes consacrées au dieu de Karnak. Il dépêche, dans cette intention, l'architecte royal Horemsaf, et fait rouvrir les carrières du Gebel Silsileh par son fils le grand prêtre d'Amon Ioupout[16] ;
  • à El Hibeh, il fait édifier un temple complet consacré à l'Amon local, constitué d'un pylône, d'une cour à portique, d'une salle hypostyle, d'un reposoir de barque et d'un sanctuaire[17] ;
  • à Memphis, il commande la construction d'un autre monument baptisé le Château des millions d'années du roi Hedjekheperrê Setepenrê, le fils de Rê Sheshonq Mériamon qui est dans l'Hout-ka-Ptah[18], consacré au dieu Ptah, qui serait à rechercher sous la ville moderne de Mit-Rahineh. Un taureau sacré est enterré sous son règne, comme l'atteste une stèle provenant du Sérapéum de Saqqarah qui est inscrite à son nom[19]. C'est probablement à l'occasion ou en prévision de cet événement national que le roi commande également au grand prêtre de Ptah, Chedsounéfertoum, l'édification d'une salle d'embaumement, une ouâbet, pour le dieu Apis, bâtie en calcaire, décorée de reliefs et pourvue du mobilier nécessaire pour le service funéraire du dieu, et dont une des inscriptions signale :

« Au soin du grand des chefs des artisans, le prêtre-sem Chedsounéfertoum, juste de voix. C'est sa Majesté qui a fait construire en travail parfait un laboratoire d'embaumement pour son père Osiris-Apis[20]. »

Enfin, à Tanis, qui reste la capitale du royaume sheshanqide, il orne le grand temple d'Amon de grands sphinx réinscrits à son nom, sculptures de granit sans doute prélevées à Pi-Ramsès, l'ancienne capitale ramesside devenue une carrière dès la XXIe dynastie. Le site de Tanis, aujourd'hui très ruiné, ne permet pas de restituer l'œuvre du roi, dont seuls quelques éléments subsistent, comme une partie d'une corniche monumentale inscrite à son nom, qui laisse imaginer les dimensions selon lesquelles l'agrandissement du temple fut réalisé[21].

Sépulture

Coffre à canopes de Sheshonq Ier. Albâtre. Musée égyptien de Berlin.

Le lieu où se trouve le tombeau de Sheshonq Ier n'est pas connu avec certitude. Plusieurs sites ont été proposés pour avoir abrité la sépulture et le viatique funéraire du roi :

  • Bubastis, selon la tradition qui en fait la ville d'origine de Sheshonq. La tombe du roi serait à rechercher dans l'enceinte du temple de Bastet, selon une pratique, inaugurée à la dynastie précédente, d'édifier la nécropole royale entre les murs mêmes du sanctuaire de la ville choisie par les pharaons comme résidence. Cette hypothèse semble être écartée par la plupart des égyptologues car aucune trace d'une nécropole royale ou princière n'a été découverte sur les lieux jusqu'à présent ;
  • Tanis, en raison de la découverte, en 1939, par l'équipe de Pierre Montet, dans le temple d'Amon de la ville, d'une nécropole royale de la XXIe dynastie et d'une partie des souverains de la XXIIe dynastie. Lors des fouilles qui menèrent à cette découverte inédite, les archéologues mirent au jour les restes de divers mobiliers funéraires abandonnés par des pillards, dont deux vases canopes qui portent le nom du roi. Cette découverte, ainsi que celle de bijoux royaux également à son nom dans une autre sépulture, invitent la plupart des égyptologues à situer la tombe de Sheshonq dans cette nécropole même. Le roi aurait suivi la tradition, en se faisant bâtir une tombe à proximité de celle de ses prédécesseurs directs. Mais aucune tombe d'envergure n'a été découverte au nom de Sheshonq Ier, et les sépultures anonymes de la nécropole de Tanis, de tailles modestes et anépigraphes, ne semblent pas être appropriées pour un pharaon aussi puissant, fondateur d'une dynastie ;
  • Memphis, selon une hypothèse récente émise par Troy Leiland Sagrillo. En raison, d'une part d'un culte funéraire rendu à ce roi dans la cité pendant de nombreuses générations, et d'autre part grâce à l'attestation, dans les annales du règne, d'un monument, un Château des millions d'années, élevé par le roi dans le temple de Ptah au cœur de la ville, dont la fonction le rattache à son culte funéraire, l'égyptologue soumet l'hypothèse que Sheshonq aurait choisi l'antique capitale comme lieu de sépulture[22].

Seul un certain nombre d'objets, pouvant provenir de la tombe du roi, indiqueraient qu'elle a été pillée dès l'Antiquité, comme la plupart des tombes royales de l'époque. Cependant, lorsque l'on réunit l'ensemble de ces pièces, elles ne semblent pas appartenir au même puzzle, et ne permettent pas de valider l'une ou l'autre des hypothèses.

Ainsi, à la fin du XIXe siècle, est apparu, sur le marché des antiquités, un coffre à vases canopes au nom du roi, qui a été acquis par le Musée égyptien de Berlin[23]. De provenance inconnue, il s'agit d'un coffre en albâtre, dont les quatre angles sont recouverts par quatre représentations des déesses Isis et Nephtys protégeant les vases canopes. Il serait un remploi d'un viatique funéraire royal ou princier d'une époque antérieure, mais ce coffre, qui porte la titulature du roi et provient assurément de sa tombe, est trop petit pour avoir contenu les deux vases canopes découverts à Tanis dans la nécropole royale.

Quant aux bijoux au nom du roi trouvés à Tanis, dont deux bracelets en or cloisonnés, sertis de pierres semi-précieuses, ainsi qu'au moins un pectoral, ils ont été découverts sur la dépouille momifiée d'un autre Sheshonq, deuxième du nom, qui aurait régné plus tard et qui est donné pour être le fils d'Osorkon Ier[24].

Les hypothèses concernant le lieu exact de cette sépulture restent donc pour l'instant non prouvées.

Dans la Bible

Dans le Premier Livre des Rois, qui fait partie de l'Ancien Testament biblique, Sheshonq Ier et un ou deux de ses prédécesseurs sont évoqués, d'abord sous le titre de Pharaon, Roi d'Égypte, puis sous son nom à lui, Sheshonq (traduction du grec des Septante ?), parfois transcrit Shishak (Vulgate traduite du latin ?), Schischak (renvois infra vers Wikisource), voire Schischa[25] (שִׁישַׁק), entre autres variantes.

Les pharaons ayant directement (voire simultanément) précédé Sheshonq, probablement Siamon, puis peut-être Psousennès II, à la fin de la XXIe dynastie, avaient « recueilli » le prince édomite Hadad, rescapé d'un massacre perpétré par les Hébreux du roi David, le pourvoyant en maison, subsistance, terres, et même femme, en la personne de la sœur de la femme de Siamon, Thachpenès (sic) reine d'Égypte, belle-sœur de Pharaon dont le prince réfugié aura un fils, élevé près de la cour et au milieu des enfants royaux d'Égypte[26].

Quelques décennies plus tard, en bon stratège, Pharaon (Psousennès II d'abord ? Sheshonq même directement ? chacun des deux tour à tour ?) marie, quant à lui, sa propre fille (nommée Taya par la romancière Juliette Benzoni, qui la désigne comme fille de « Psousenneth » nommément[27]), au roi hébreu Salomon, fils et successeur direct de David[28].

Elle est emmenée alors « dans la ville de (son défunt beau-père) David » durant l'achèvement de travaux d'aménagement[28], et Schischa (le pharaon Sheshonq ? ou un quasi-homonyme ?) fait peut-être placer un ou deux de ses fils comme « secrétaire(s) » auprès de Salomon[25], tout cela afin de s'assurer de la neutralité de celui-ci pendant ses conquêtes au sud de l'Égypte.

Salomon fait donc construire une maison à sa femme, fille de Pharaon[29]. Pendant ce temps, le Roi d'Égypte, s’empare de Guézer, l’incendie, tue les Cananéens qui habitent dans la ville, et la donne pour dot à sa fille, femme de Salomon. Salomon rebâtit ensuite Guézer[30].

La fille de Pharaon monte, de la cité de David, dans sa maison que Salomon lui a construite[31]. Ce dernier achète des chevaux et des chars en Égypte[32], servant même d'intermédiaire en cela avec des rois plus au nord[33]. Et il « aime » aussi beaucoup d'autres femmes, d'autres étrangères, outre cette légitime épouse, jusqu'à 700 épouses de rang princier et 300 concubines, qui le détournent partiellement vers leurs propres dieux[34].

Jéroboam, un serviteur (architecte ?) « éphratien », surveillant de corvéables de Salomon, se rebelle, peut-être contre la dureté des chantiers de Salomon, mais surtout parce qu'influencé par un prophète, qui lui fait connaître la « volonté divine » de confisquer pour un temps (ce sera plusieurs générations), au moins dix des douze tribus d'Israël (sans Jérusalem) au fils et futur successeur de Salomon sur le trône, et l'incite à s'en saisir pour devenir lui-même, lorsque Salomon mourra, roi d'Israël (c'est-à-dire roi sur ces dix tribus sans le royaume sud de Juda), de manière stable (infra), selon une promesse de l'Éternel, et à la condition de suivre ses ordres, voies, lois et commandements, comme l'avait fait David[35].

Salomon cherche à faire mourir Jéroboam, qui s’enfuit en Égypte auprès de Schischak, roi d’Égypte, où il demeurera jusqu'à la mort de Salomon (et c'est alors la première fois que la Bible nomme clairement Schischak, ou Sheshonq, et par ce seul titre de roi d'Égypte, plus que par celui de Pharaon)[36].

Shishak (Sheshonq) protège Jéroboam, mais n'attaque pas Jérusalem durant le règne de Salomon.

Salomon s'éteint, après environ quarante ans de règne à Jérusalem et sur tout Israël. Roboam, son fils, lui succède sur le trône[37].

Après la mort de Salomon, le royaume de ce dernier va se voir divisé en deux, après consultation, par le nouveau roi, de tout Israël, dont Jéroboam toujours en Égypte qui préconise à Roboam de desserrer l'étau de son père sur le peuple hébreu et sur lui, ce que ce dernier finit par refuser à son détriment, puisque cette intransigeance provoque la scission du pays, et la réduction de son pouvoir réel à presque seulement Jérusalem la ville du Temple (et des palais royaux).

Jéroboam revient d'Égypte et devient lui-même roi de la partie nord du territoire hébraïque[38], tentant d'y instaurer un nouveau culte, de nouveaux rites, et son propre clergé, pour célébrer Yahvé sous forme de statues de veaux en or et tenter d'éloigner, religieusement aussi, ses sujets de Jérusalem et son Temple qu'il ne contrôle pas, et éviter qu'ils ne se retournent, un jour, contre lui et le tuent, en étant revenus à leurs « fondamentaux » hiérosolymitains[39].

Vers 927/926 av. J.-C., Shishak, roi d’Égypte, monte contre Jérusalem, sur laquelle règne Roboam[40], fils et successeur légitime de Salomon, depuis 931 (et jusqu'à environ 913) av. J.-C.. Shishak, avec une armée de 60 000 cavaliers, égyptiens, nubiens et éthiopiens, attaque Jérusalem, capitale de la partie sud, c'est-à-dire du nouveau royaume dit de Juda.

Et cette fois-ci encore, pour la deuxième voire troisième (et dernière) fois, la Bible nomme explicitement « Sheshonq », et l'on est donc mieux assuré qu'il s'agit bien de lui, et non, peut-être, d'un de ses prédécesseurs plus vaguement désigné(s) par le titre générique de Pharaon, alors plus protecteur(s) et allié qu'agresseur (et allié !...). Dès lors que Pharaon monte en agressivité, même ponctuelle dans le temps et partielle dans l'espace, contre la f(r)action sud de son pérenne allié du nord-est, le Livre saint de ce dernier semble le faire descendre de son prestigieux titre pharaonique pour ne plus l'appeler que par son seul et simple (pré)nom.

Shishak entre dans la ville sainte hébraïque. Il y prend les trésors de la maison de l’Éternel (temple ou synagogue) et les trésors de la maison du roi voisin (le palais), il prend tout, dont tous les boucliers d’or que Salomon avait faits. Le roi Roboam fera à leur place des boucliers d’airain[41].

Jéroboam qui, pendant sa fuite préalable en Égypte, aurait épousé une belle-sœur (voire une fille ?) de Shishak, aurait ainsi aidé ce dernier à s'emparer provisoirement de tout l'ancien royaume de Salomon, ou tout au moins de cette partie méridionale de Juda, et en échange Shishak aurait intronisé Jéroboam roi de l'Israël d'alors, au nord de Jérusalem et de Juda (cf. supra), pour un règne ayant duré quant à lui de 931 à 910 av. J.-C.

Le rôle des pharaons d'Égypte, et en particulier de Sheshonq Ier, dans la genèse du fameux schisme hébraïque évoqué dans une partie dite historique de la Bible, source documentaire israélite qui plus est, semble donc loin d'être anodin, en tant que voisin suzerain voire souverain qui aurait fait sienne la célèbre maxime Diviser (ou y contribuer, voire favoriser une division) pour régner, ou au moins pour assurer une sorte de glacis protecteur de sa frontière nord à son propre territoire.

Notes et références

  1. Chechonq ou encore Chechanq selon les translittérations de son nom en berbère, Cacnaq ; en tifinagh, ⵛⵛⵏⵈ
  2. ⴰⵙⴰⴸⵍⵉⵙ ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ, « ⵎⴰⴳⵎⵙ ⵄⵎⵎⴰⵔ ⵏⴳⴰⴷⵉ ? », sur ⴰⵙⴰⴸⵍⵉⵙ ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ (consulté le )
  3. Sheshonk I, king of Egypt sur britannica.com
  4. En anglais le nom s'écrit Shoshenq, en allemand Scheschonq...
  5. « Des berbères devenus pharaons d’Égypte pendant près de deux siècles, dans El-Watan », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. Leila Benlatrache, « Communication publique et politique de la ville, pour le rétablissement de la confiance et du lien social en Algérie », مجلة دراسات وأبحاث, , p. 415 (DOI 10.35157/0578-000-018-029, lire en ligne, consulté le )
  7. « Ruines d’Oussalit – Tourisme Algérie » (consulté le )
  8. À l'exception des quatre plus anciens ancêtres, pour lesquels les noms des épouses n'apparaissent pas.
  9. Cf. O. Perdu, catalogue 35, p. 152-154.
  10. Voir la descendance de Bouyouwawa sur l'arbre généalogique de Pasenhor.
  11. Cf. N. Grimal, Ch. XIII, § Les Libyens.
  12. Cette stratégie sera reprise par les successeurs de Sheshonq. C'est cependant cette politique qui va entraîner l'émiettement du delta dès les années -800, soit un peu plus d'un siècle après le règne de Sheshonq Ier.
  13. Enceinte d'Amon-Rê de Karnak, première cour, portique dit des Bubastides, à l'est de la façade du petit temple reposoir de Ramsès III ; cf. K. R. Lepsius Abt. III. Bl. 252 et Abt. III. Bl. 253.
  14. Cf. J. Pirenne Ch. Ier, § 5 La politique de la XXIIe dynastie.
  15. Cf. J.H. Breasted, § 719-720 p. 355-356 et § 724 p. 358.
  16. Cf. Ibidem, § 701-708 p. 344-347.
  17. Cf. G. Daressy, p. 153-156 & J. Leclant, Introduction, p. 4.
  18. Cf. J.H. Breasted, § 723-724 p. 357-358.
  19. Cf. M. I. Aly, p. 5-16.
  20. Pour une version hiéroglyphique complète du texte et une traduction, cf. C. Maystre, Ch. XVI, § 166, p. 357.
  21. Cf. J. Yoyotte, Ch. Les premiers chéchanquides : un retour de puissance, p. 66.
  22. Cf. T. L. Sagrillo.
  23. Cf. H. Schäffer, p. 443, pl. 1
  24. Le sarcophage intact de Sheshonq II a été découvert dans l'antichambre du tombeau de Psousennès Ier.
  25. Bible, 1er livre des rois, chapitre 4, verset 3 (1R 4,3)
  26. 1er livre des rois, chapitre 11, versets 17 et suivants (1R 11,17 sequentiaque / sqq)
  27. Recueil de nouvelles Les Reines tragiques, deuxième nouvelle, La Reine résignée, sur Balkis, reine de Saba, J'ai lu, Éditions de Trévise, Paris, 1962
  28. Bible, 1er livre des rois, chapitre 3, verset 1 (1R 3,1)
  29. 1er livre des rois, chapitre 7, verset 8 (1R 7,8)
  30. 1er livre des rois, chap. 9, versets 16 et 17 (1R 9,16&17)
  31. 1er livre des rois, ch. 9, v. 24 (1R 9,24)
  32. 1er L. des rois, 10, v28 (1R 10,28)
  33. 1 Rois, 10, 29 (1R 10,29)
  34. 1R., 11, 1 et vts suivants (1R 11,1 sqq / SeQuentiaQue)
  35. v. 26 à 39 (1R 11,26-39)
  36. v40 et suivants (1R 11,40 sqq)
  37. 43 et 42 (1R 11,43&42)
  38. 1R 12,2sqq (2 et suivants)
  39. 1R 12,25-33 (25 à 33)
  40. 1R 14,25
  41. 1R 14,26sqq (26 & s.)

Bibliographie

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  • Georges Daressy, « Le temple de Hibeh », ASAE, no 2,  ;
  • James Henry Breasted, Ancient records of Egypt historical documents from earliest times to the persian conquest, collected edited and translated with commentary, vol. IV The Twentieth to the Twenty-Sixth Dynasties, The University of Chicago press, .
  • Heinrich Schäfer und Walter Andrae, Die Kunst des Alten Orients, Berlin, Propyläen Verlag,  ;
  • Jacques Pirenne, Histoire de la civilisation de l'Égypte ancienne, vol. 3, Neuchâtel, Éd. de la Baconnière,  ;
  • Jean Leclant, L'Égypte du crépuscule, Larousse,  ;
  • Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions], « Les Libyens » ;
  • Jean Yoyotte, Tanis, l'or des Pharaons, Paris, Association Française d’Action Artistique,  ;
  • Charles Maystre, Les Grands prêtres de Ptah de Memphis, Freiburg, Orbis biblicus et orientalis - Universitätsverlag,  ;
  • Mohamed Ibrahim Aly, « Une stèle inédite du Sérapéum mentionnant le nom de Sheshonq Ier », Bulletin de la Société d'égyptologie de Genève, no 20,
  • Troy Leiland Sagrillo, The Mummy of Shoshenq I Re-discovered?, vol. N°205, Göttinger Miszellen, , p. 95-103.

Lien externe

Article connexe

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