Ramsès III

Ramsès III (Ramsès Ousermaâtrê-Méryamon : né de Râ, la justice de Rê est puissante, apprécié d'Amon) est le dernier grand souverain du Nouvel Empire. Pendant son règne, qui dure un peu plus de trente ans, le souverain ne cesse pas de lutter contre la corruption qui gangrène le pays ; il doit également repousser les peuples de la mer, des envahisseurs coalisés.

Ramsès III

Tête d'une statue de Ramsès III.
Décès 1153 avant notre ère
Période Nouvel Empire
Dynastie XXe dynastie
Fonction Pharaon
Prédécesseur Sethnakht
Dates de fonction -1186 à -1154 (selon N. Grimal)
-1182 à -1151 (selon Piccione)
-1183 à -1152 (selon J. von Beckerath)
-1184 à -1153 (selon J. Málek)
-1198 à -1166 (selon D. B. Redford)
-1185 à -1153 (selon A. D. Dodson)
-1194 à -1163 (selon D. Arnold)
-1182 à -1151 (selon A. H. Gardiner)
Successeur Ramsès IV
Famille
Père Sethnakht
Mère Tiyi-Meryaset
Conjoint Iset ou Iset-Tahemdjeret
Enfant(s) Amonherkhépeshef
Ramsès IV
Mériatoum
Ramsès VI
Deuxième conjoint Minéfer
Enfants avec le 2e conjoint Montouherkhépeshef
Troisième conjoint Tiyi
Enfants avec le 3e conjoint Khâemouaset
Pentaour
Parêherounemef
Séthiherkhépeshef
Ramsès VIII
Sépulture
Nom Tombe KV11
Type Tombeau
Emplacement Vallée des Rois
Date de découverte 1737
Découvreur Richard Pococke
Fouilles 1737/1738 : Richard Pococke
1769 : James Bruce
1816/1819 : Giovanni Battista Belzoni
1825 : James Burton
1825/1835 : Robert Hay
1844/1845 : Karl Richard Lepsius
1959/1981 : Marek Marciniak
Objets Momie, Vaisselle

Ramsès III a régné de -1186 à -1154[1], un règne que les chroniques (papyrus Harris) indiquent avoir duré 31 ans et 41 jours.

Biographie

Généalogie

Ramsès III a eu de nombreux fils, dont beaucoup ont disparu avant lui : Parêherounemef, Séthiherkhépeshef, Khâemouaset, Amonherkhépeshef[2]. Le prince Ramsès, alors âgé de plus de 45 ans, devient l'héritier légitime du trône.

Accession au trône

Ramsès III représenté sur une fresque dans la tombe de son fils Amonherkhépeshef dans la vallée des Reines.

Ramsès III est le fils du pharaon Sethnakht et de son épouse Tiyi-Meryaset.

Sa date d'accession au trône est le 26e jour du mois de Chémou de l'an 1 et la date de son décès est le 15e jour du mois de Chémou de l'an 32[3].

Dans la description du Couronnement du pharaon (en) dans le temple funéraire de Médinet Habou, quatre colombes ont été « expédiées aux quatre coins de l'horizon pour confirmer que l'Horus vivant, Ramsès III, est (encore) en possession de son trône, que l'ordre de Maât prévaut dans le cosmos et la société »[4],[5].

Règne

Invasions

L'Égypte fut souvent menacée au cours de la période du règne de Ramsès III par des forces extérieures.

En l'an V de son règne, dans l'ouest du delta, il vainc des tribus libyennes dont il intègre une partie des troupes dans son armée. Il les affronte et les vainc une nouvelle fois, six ans plus tard, en l'an XI de son règne[6]. Les vaincus, marqués au fer rouge sont emmenés, avec femmes et enfants, et sont à l'origine des communautés libyennes installées dans le pays[6].

En l'an VIII, le pharaon arrête les vagues dévastatrices des peuples de la mer auxquelles se sont joints des Philistins[6]. Leur flotte est anéantie dans une bataille navale relatée sur les murs de son temple funéraire de Médinet Habou[6]. Les conflits vont durer pendant presque onze ans, souvent remportés par Ramsès III.

Œuvre architecturale

Statues de Ramsès III représentant Osiris, temple de Karnak.

Ramsès III prend pour modèle l’œuvre architecturale monumentale de Ramsès II.

Il fait construire son temple des millions d'années à Médinet Habou. Situé à proximité du Ramesséum, le temple funéraire est installé sur un site comportant déjà des temples et pylônes érigés durant la XVIIIe dynastie par Amenhotep Ier, Hatchepsout et Thoutmôsis III[7]. Le temple n'est complètement terminé qu'après le décès du souverain. Il servit à la fois de lieu de culte pour Amon-Rê et pour le pharaon. Là sont enterrés les membres de la cosmogonie hermopolitaine, selon la légende, et ils reçurent un culte jusqu'à l'arrivée des Romains.

À Karnak, il fait construire un temple consacré au dieu Khonsou et à la déesse Mout, ainsi qu'un temple-reposoir[8].

D'autres constructions ont été faites durant son règne : dans le temple de Louxor, mais aussi à Pi-Ramsès, Héliopolis, Memphis, Athribis, Hermopolis, Assiout, Thinis, Abydos, ainsi qu'en Nubie et en Syrie, tel que le rapporte le papyrus Harris qui est une chronique du règne de Ramsès III[8].

Première grève de l'histoire

La 29e année du règne de Ramsès III est marquée par la première grève dont l'histoire ait gardé la trace[2],[9]. Les difficultés politiques et économiques de cette période aboutissent à des retards chroniques dans le ravitaillement du village des ouvriers de Deir el-Médineh[2]. Les travailleurs ont arrêté le travail et sont allés se plaindre à divers temples mortuaires sur la rive ouest, ainsi qu'au vizir Ta, au Ramesséum[2].

Le papyrus de la grève, rédigé par le scribe Amennakht et conservé à Turin, fournit un compte rendu détaillé des événements sous Ramsès III, tandis que d'autres papyrus et ostraca offrent de plus amples informations sur les conflits ultérieurs.

La conspiration

La fin du règne de Ramsès III voit le déclenchement d'une cabale de palais, la conspiration du harem.

La reine Tiyi, seconde épouse de Ramsès III, fomente une conspiration afin de mettre son fils Pentaour sur le trône[2]. Les conspirateurs comprennent plusieurs femmes du harem, un échanson, un majordome, un général et un commandant des troupes de Koush. Soit vingt-huit personnes connues par les pseudonymes que leur donne le papyrus judiciaire de Turin : « le mal dans Thèbes », « Ra le déteste »[2]. Ramsès III meurt égorgé, comme l'ont constaté en 2012 des médecins après avoir passé au scanner la momie royale[10].

Selon Pierre Grandet[11], les instigateurs profitèrent vraisemblablement de l'annonce imminente de la mort du roi pour passer à l'acte. Lors de la Belle fête de la vallée, les conjurés devaient agir en utilisant, entre autres, l'envoûtement[2].

Le procès

Ramsès IV monte sur le trône après la mort de son père. C'est lui qui traduit les conjurés devant un tribunal de douze hauts fonctionnaires civils et militaires[2]. Le papyrus judiciaire de Turin relate le déroulement du procès et de ses rebondissements. Il est également corroboré par une série de fragments, les papyri Lee, Rollin, Varzy et Rifaud.

À son terme, dix-sept des conspirateurs sont exécutés[2] (le texte utilise la formule « leur peine est venue vers eux »). Leurs noms sont transformés pour les vouer à la déchéance éternelle. Sept, dont Pentaour, sont incités au suicide[2], probablement du fait de leur proximité avec la fonction royale.

Cinq des juges eux-mêmes sont mis en cause par les accusateurs, soit pour collusion, soit pour leur parenté avec les accusés. Si un seul est incité au suicide, trois ont le nez et les oreilles coupés, le dernier faisant l'objet d'une simple réprimande[2].

Les sources disponibles ne donnent aucune précision quant au sort de la reine Tiyi et des proches de la famille royale. Il est fort possible que leur position dans la hiérarchie ainsi que leurs fonctions sacerdotales les aient mis à l'abri de la peine capitale.

Ayant réglé la succession de son père défunt et légitimé son accession en présidant aux cérémonies funéraires, Ramsès IV peut commencer son propre règne qui dura six années.

Momie

Momie de Ramsès III.

Le papyrus judiciaire de Turin est muet sur le sort de Ramsès III, si ce n'est que le procès a lieu après sa mort[12].

Sa momie est retrouvée en 1881 dans la tombe thébaine TT320, où les prêtres d'Amon ont regroupé les momies de la vallée des Rois afin de mieux les protéger des voleurs.

Selon une étude menée par Zahi Hawass et ses collègues et publiée en décembre 2012[13], les données IRM sur le corps du défunt montrent que Ramsès III a eu la gorge tranchée jusqu'aux vertèbres cervicales[12]. Cette blessure ne pouvant résulter du travail des embaumeurs, Ramsès III est mort assassiné durant la tentative de coup d'État, bien que ce dernier ait finalement échoué[12]. C'est donc son successeur Ramsès IV qui s'est chargé de veiller à la bonne marche du procès des conjurés.

Lors de la même étude, une momie anonyme qui se trouvait avec celle de Ramsès III, celle de l'« homme E », a fait l'objet d'analyses. Le scanner a montré qu'il s'agissait d'un jeune homme de dix-huit à vingt ans. Contrairement aux pratiques de momifications, son cerveau et des organes n'ont pas été retirés. Il est recouvert d'une peau de chèvre, considérée comme rituellement impure. L'analyse génétique montre que Ramsès III et l'« homme E » sont probablement père et fils et qu'ils appartiennent tous deux à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a13 que l'on trouve principalement en Afrique subsaharienne [14].

L'inconnu pourrait être Pentaour qui a participé à l'assassinat[13].

Sépulture

Sarcophage de Ramsès III conservé au Musée du Louvre.

Ramsès III fait commencer la tombe KV3, dans la vallée des Rois. Son creusement est abandonné en cours de construction[15]. La décoration est composée principalement de représentations de Ramsès III, suivie par un prince, devant diverses divinités[16].

Il fait reprendre les travaux dans le tombeau KV11, prévu au départ pour Sethnakht. Lors du creusement du troisième couloir, les travailleurs débouchent dans la tombe KV10. L'axe du tombeau est alors décalé vers l'Ouest[15],[17]. Cette tombe est d'une finesse absolue, les scènes sont fidèles à l'art égyptien. La décoration[18] comprend les litanies de Rê, le livre des Portes, le livre des morts, le livre de la terre, et le livre de la vache du ciel. Les chambres annexes ont des décors uniques portant sur des activités telles que la préparation des aliments, les provisions et l'équipement funéraire[17].

Le tombeau fut cartographié pour la première fois en 1737-1738 par Richard Pococke, puis par James Bruce en 1769, puis par James Burton et Robert Hay en 1825. Les premières fouilles seront faites par Giovanni Battista Belzoni en 1816 et 1819.

Ramsès III meurt dans sa 65e année, selon beaucoup de spécialistes, comme Edward Frank Wente, Charles Cornell Van Siclen, Alexander John Peden et Rolf Krauss, le 15e jour du 3e mois de la saison Chémou.

Titulature

Notes et références

  1. Selon Grimal.
    Autres avis de spécialistes : -1182 à -1151 (Piccione), -1183 à -1152 (von Beckerath), -1184 à -1153 (Málek), -1198 à -1166 (Redford), -1185 à -1153 (Dodson), -1194 à -1163 (Arnold), -1182 à -1151 (Gardiner)
  2. Grimal, [1988], p. 365
  3. E.F. Wente & C.C. Van Siclen, A Chronology of the New Kingdom in Studies in Honor of George R. Hughes, (SAOC 39) 1976, p. 235, (ISBN 0-918986-01-X)
  4. W. J. Murnane, United with Eternity: A Concise Guide to the Monuments of Medinet Habu, p. 38, Oriental Institute, Chicago / American University in Cairo Press, 1980.
  5. Wilfred G. Lambert, A. R. George et Irving L. Finkel, Wisdom, Gods and Literature : Studies in Assyriology in Honour of W.G. Lambert, Eisenbrauns, , 462 p. (ISBN 978-1-57506-004-0, lire en ligne), p. 384–.
  6. Grimal, [1988], p. 358
  7. Grimal, [1988], p. 362
  8. Grimal, [1988], p. 364
  9. « La première grève connue de l'histoire », sur egyptos.net
  10. Le pharaon Ramsès III a eu la gorge tranchée, Cyrille Vanlerberghe, lefigaro.fr , 18 décembre 2012
  11. P. Grandet, Ramsès III
  12. Article du Monde (18 décembre 2012)
  13. Article du British Medical Journal, décembre 2012, en anglais.
  14. « Genetic kinship analyses revealed identical haplotypes in both mummies (table 1); using the Whit Athey’s haplogroup predictor, we determined the Y chromosomal haplogroup E1b1a », Academia.edu, Article du British Medical Journal, mis en ligne le 17 décembre 2012, en anglais.
  15. Grimal, [1988], p. 366
  16. Theban Mapping Project - KV3
  17. Theban Mapping Project - KV11
  18. Theban Mapping Project - Photos du décor

Bibliographie

  • Friedrich Abitz, Ramses III. in den Gräbern seiner Söhne, Orbis Biblicus et Orientalis 72, Universitätsverlag, Fribourg, 1986.
  • Paul Barguet, Un complot contre Ramsès III, d'après le papyrus no 1875 de Turin, les papyri Lee I et II, et le papyrus Rollin, Centre culturel de l'Ordre de la Rose-Croix, Paris, 1989.
  • Eric H. Cline et David O'Connor, Ramesses III: The life and times of Egypt's last hero, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2012.
  • Pierre Grandet, Ramsès III. Histoire d'un règne, Paris, Pygmalion,
  • Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions]
  • Violaine Vanoyeke, Ramsès III, trilogie, Éditions Alphée, 2008.

Liens externes

  • Portail de l’Égypte antique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.