Rosa Bonheur

Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, née le à Bordeaux et morte le à Thomery, est une peintre et sculptrice française, spécialisée dans la représentation animalière.

Pour les articles homonymes, voir Bonheur (homonymie).

La gloire qu'elle connaît de son vivant faiblit rapidement après sa mort, les nouvelles tendances de la peinture en faisant bientôt une peintre surannée. À partir de 1980, des biographes l'associent aux débuts du féminisme, en raison de la vie très libre qu'elle a menée.

Biographie

Charles-Michel Geoffroy, Portrait de Rosa Bonheur (1859), gravure parue dans L'Artiste du .

Famille

Rosalie Bonheur naît le 16 mars 1822 au 29, rue Saint-Jean-Saint-Seurin (devenue depuis le 55 rue Duranteau) à Bordeaux[1],[2]. Sa mère Sophie Marquis (1797-1833), née de parents inconnus, est adoptée par un riche commerçant bordelais, Jean-Baptiste Dublan de Lahet[3]. Rosa Bonheur se plaira à imaginer que le mystère de ses origines maternelles cache quelque secret d'État et qu'elle est de sang royal, jusqu'au jour où elle apprend que Dublan de Lahet était bien son véritable grand-père. Sophie Marquis épouse, le 21 mai 1821 à Bordeaux, son professeur de dessin, le peintre Raymond Bonheur[4].

Son père à Bordeaux a été ami avec Francisco Goya qui y vivait en exil. Il encourage ses enfants dans la voie artistique : Rosa, Auguste et Juliette (qui épousera le fondeur d'art François Hippolyte Peyrol) deviendront peintres animaliers tandis que leur frère Isidore sera sculpteur. Elle est également la cousine du peintre Ferdinand Bonheur. Francis Galton, le cousin de Charles Darwin, a utilisé les Bonheur comme exemple de « génie héréditaire » dans son essai de 1869 du même titre[5]

Influencé par le Saint-simonisme, Raymond Bonheur décide de s'installer à Paris en 1828. Sa femme et ses trois enfants l'y rejoignent l'année suivante, Rosa a alors six ans. Leur fille Juliette y naît en . Mais la famille vit dans la gêne. En 1831, Raymond Bonheur décide de rentrer, avec un groupe de Saint-Simoniens, au couvent de Ménilmontant (où il demeurera jusqu'en ). Pendant ce temps, Sophie ne reçoit plus de subsides de son père supposé (mort en 1830) et elle s'épuise à travailler pour surmonter une vie de misère.

D'après les témoignages familiaux, Rosa est une enfant indisciplinée et a du mal à apprendre à lire. Pour y remédier, sa mère lui a appris à lire et à écrire en lui faisant sélectionner et dessiner un animal pour chaque lettre de l'alphabet[5].

La mère de Rosa Bonheur meurt le . Son père se remarie neuf ans plus tard (en 1842), avec Marguerite Peyrol (1813-1883), avec laquelle il a un dernier fils, Germain (1848-1881), également peintre.

Jeunesse et formation

Après la mort de sa mère, Rosa Bonheur fréquente l'école élémentaire, puis est mise en apprentissage comme couturière, puis en pension. Son père finit par la prendre dans son atelier, où se révèlent ses aptitudes artistiques. En 1839, elle commence à étudier les animaux qui deviendront sa spécialité[6], tant en peinture qu'en sculpture.

Élève de son père[alpha 1], elle expose pour la première fois à 19 ans au Salon de 1841. Elle obtient une médaille de 3e classe (bronze) au Salon de 1845 et une médaille de 1re classe (or) au Salon de 1848 pour Bœufs et Taureaux, race du Cantal. Cette récompense lui permet d'obtenir une commande de l'État pour réaliser un tableau agraire (pour une somme de 3 000 francs[7]).

Reconnaissance

David d'Angers, Rosa Bonheur, médaillon, Paris, BnF.

Le tableau issu de cette commande le Labourage nivernais devait rejoindre le musée des Beaux-Arts de Lyon[8]. Mais au Salon de 1849, son succès est tel que la Direction des beaux-arts décide de la conserver à Paris, au musée du Luxembourg. À la mort de Rosa Bonheur, l'œuvre entre au musée du Louvre, avant d'être transférée, en 1986, au musée d'Orsay[9].

À la mort de son père en [10], Rosa Bonheur le remplace à la direction de l'École impériale gratuite de dessin pour demoiselles (ou École gratuite de dessin pour jeunes filles). Elle y conserve ce poste jusqu'en 1860. « Suivez mes conseils et je ferai de vous des Léonard de Vinci en jupons » disait-elle souvent à ses élèves[11].

En 1850 elle fait un voyage dans les hauts pâturages des Pyrénées et en rapporte de nombreuses études qu'elle utilise tout au long de sa carrière[12].

Le Marché aux chevaux

Avec son immense tableau Le Marché aux chevaux, (2,44 × 5 m) présenté au Salon de 1853[13], Rosa Bonheur obtient une grande notoriété. À une époque où des polémiques opposent sans cesse romantiques et classiques, son tableau « a le rare et singulier privilège de ne soulever que des éloges dans tous les camps. […] C'est vraiment une peinture d'homme, nerveuse, solide, pleine de franchise[14] ».

Le tableau n'obtient aucune récompense, mais le jury prescrit que « Par décision spéciale, Mlle Rosa Bonheur et Mme Herbelin, ayant obtenu toutes les médailles qu'on peut accorder aux artistes, jouiront, à l'avenir, des prérogatives auxquelles leur talent éminent leur donne droit. Leurs ouvrages seront exposés sans être soumis à l'examen du jury ». Son agent et ami Ernest Gambart achète le tableau pour 40 000 francs[15],[16]. À la suite de ce succès, elle accède à une reconnaissance internationale qui lui vaut d'effectuer des tournées en Belgique et en Angleterre, organisées par Gambart, au cours desquelles elle est présentée à des personnalités, telles que la reine Victoria[17]. Le tableau part ensuite aux États-Unis où il est finalement acquis par un Américain pour l'énorme somme de 268 500 francs-or, avant d'être offert au Metropolitan Museum of Art de New York.

Rosa Bonheur séjournera à plusieurs reprises en Auvergne, dans le Cantal en 1846, 1847 et plus tardivement en 1889[18]. Elle présente à l'Exposition universelle de 1855 son tableau La Fenaison en Auvergne (2,10 × 4,20 m), conservé par la suite au château de Fontainebleau, pour lequel elle obtient, pour la seconde fois, une médaille d'or. D'autres œuvres auvergnates sont conservées dans ce même musée.

À l'été 1855, elle se rend en Angleterre et en Écosse pour présenter Le Marché aux chevaux, que la ville de Bordeaux a refusé d'acheter. Elle se lie d'amitié avec le marchand londonien Ernest Gambart, qui devient son seul agent en Grande-Bretagne et qui achète le tableau pour quarante mille francs. Elle a également rencontré le maître anglais de la peinture animalière, Sir Edwin Landseer (1802-1873), ainsi que la reine Victoria et l'influent critique John Ruskin[19].

Entre 1856 et 1867, elle n'expose plus au Salon, toute sa production étant vendue d'avance[20]. « Nous avons toujours professé une sincère estime pour le talent de mademoiselle Rosa Bonheur », écrit Théophile Gautier cette année-là[21], « avec elle, il n'y a pas besoin de galanterie ; elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme. La peinture n'est pas pour elle une variété de broderie au petit point ».

Le château de By

En 1860, Rosa Bonheur s'installe à By, coteau viticole près du village de Thomery en Seine-et-Marne, dans une vaste demeure au sein d'une propriété de quatre hectares où elle fait construire un très grand atelier, par Jules Saulnier et aménager des espaces pour ses animaux[22].

Un de ses proches écrit : « Elle avait une ménagerie complète dans sa maison : un lion et une lionne, un cerf, un mouton sauvage, une gazelle, des chevaux, etc. L'un de ses animaux de compagnie était un jeune lion qu'elle laissait courir et s'ébattait souvent. Mon esprit fut plus libre d'esprit quand cet animal léonin a rendu l'âme. »[23].

L'impératrice Eugénie visite Rosa Bonheur à Thomery.

En , l'impératrice Eugénie lui rend une visite surprise, pour l'inviter à déjeuner, fin juin, au château de Fontainebleau avec Napoléon III. Cette visite a donné lieu à une gravure sur bois d'après un dessin d'Auguste Victor Deroy (1825-1906), conservée au musée du château de Fontainebleau[24]. L'impératrice revient à By l'année suivante, le , pour lui remettre, elle-même, les insignes de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur[25],[26] — faisant ainsi de Rosa Bonheur la première artiste et la neuvième femme à recevoir cette distinction[27]. Elle est aussi la première femme promue Officier dans cet ordre, en avril 1894[28] — soit, selon les termes également en usage dans la presse de l'époque[29], la première officière de la Légion d'honneur[30].

Rosa Bonheur présente dix toiles à l'Exposition universelle de Paris de 1867.

À partir de 1880, Rosa Bonheur et Nathalie Micas passent régulièrement l'hiver à Nice, tout d'abord dans la demeure d'Ernest Gambart, la villa « L'Africaine », puis à partir de 1895, dans celle qu'elles acquièrent, la villa « Bornala ». Rosa Bonheur y peint plusieurs toiles[31].

Portait du Colonel William F. Cody (Buffalo Bill), 1889, Buffalo Bill Historical Center (en).

À l'occasion de l'Exposition universelle de Paris de 1889, elle invite Buffalo Bill dans son domaine après qu'il l'eût invitée à être artiste en résidence dans son Wild West Show. À cette occasion, elle reçoit une panoplie de Sioux[32]. Une amitié forte naît entre eux, et elle fera même son portrait[33].

En 1893, lors de l'Exposition universelle de Chicago, quatre tableaux de Rosa Bonheur sont exposés au Palais des Beaux-Arts[34]. Il en va de même pour 3 lithographies au Woman's Building[35]. Mais dans les deux cas, ce furent des prêts de collectionneurs privés (Gambart, Keppel…). En effet, bien qu'il l'ait sélectionnée, le Comité français d'organisation fut obligé de renoncer à envoyer ses œuvres à Chicago, ne pouvant faire face aux frais d'assurance requis pour leur transport[36].

Mort et postérité

Ayant contracté une congestion pulmonaire à la suite d'une promenade en forêt, Rosa Bonheur meurt le au château de By[37], sans avoir achevé son dernier tableau La Foulaison du blé en Camargue, d'un format monumental de 3,05 × 6,10 m, qu'elle souhaitait montrer à l'Exposition universelle de 1900. Ce tableau ainsi que le dessin préparatoire sont toujours conservés sur place.

Rosa Bonheur est inhumée à Paris au cimetière du Père-Lachaise (74e division), dans la concession que la famille Micas lui avait léguée[38]. Elle y repose aux côtés de Nathalie Micas et d'Anna Klumpke (dont les cendres furent rapatriées en 1948, après sa mort aux États-Unis en 1942).

Le , le Salon des artistes français lui décerne la médaille d'honneur à titre posthume, Tony Robert-Fleury écrivant alors à Anna Klumpke : « si nous avions pressenti une fin aussi soudaine, nous aurions voté pour Rosa Bonheur, mais nous ne pouvions prévoir la catastrophe. Nous espérions consacrer sa carrière d'une manière plus solennelle en lui décernant la médaille d'honneur à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. Ainsi nous aurions couronné la carrière d'un des plus grands peintres animaliers du XIXe siècle »[39].

Héritage

Rosa Bonheur ayant fait d'Anna Klumpke son héritière et sa légataire universelle, elle déshéritait ainsi sa famille. Un accord permet à Anna Klumpke de garder la demeure de By, mais elle préfère vendre « l'énorme collection d'études accumulées en soixante années de travail (plus d'un million-or)[40] » pour reverser une partie de la vente à la famille Bonheur. Du au , 2 100 œuvres (tableaux, aquarelles, bronzes et gravures) de son atelier et sa collection particulière sont vendues à la galerie Georges Petit à Paris[41]. Anna Klumpke entretient la mémoire de l'artiste en publiant une biographie de Rosa Bonheur. Elle crée également un prix Rosa-Bonheur à la Société des artistes français.

Les obsèques de Rosa Bonheur font l'objet de nombreux articles dans La Fronde, journal féministe fondé par Marguerite Durand en 1897[42]. Hubertine Auclert regrette qu'elle n'ait pas accepté les honneurs militaires pour ses obsèques, hommage qu'elle aurait pu recevoir en tant qu'officière de la Légion d'honneur[42], mais que Rosa Bonheur avait clairement refusés.

Pendant la Première Guerre mondiale, le château de By a servi d'hôpital militaire. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Anna Klumpke regagne les États-Unis, où elle était née en 1856, et y meurt en .

Le musée-château de Rosa Bonheur, à Thomery (en lisière de la forêt de Fontainebleau), fermé en 2015, a rouvert ses portes au public en .

Hommages

Le Monument à Rosa Bonheur, à Fontainebleau (1901), partiellement détruit en 1942 (taureau fondu).
Gaston Leroux, Monument à Rosa Bonheur (1910), marbre, jardin public de Bordeaux.

La rue Rosa-Bonheur située dans le 15e arrondissement de Paris a été nommée en son honneur (dès 1900), ainsi qu'une rue de Bordeaux (ancienne rue Cousse avant 1901), et une rue de Nantes, tout comme le collège Rosa-Bonheur du Châtelet-en-Brie et de Bray-et-Lû, celui de Bruges en Gironde, l’école primaire de Magny-les-Hameaux, et des écoles maternelles à Montceau-les-Mines, à La Réole et à Amiens. Il existe également des rues à son nom à Thomery, Melun, Fontainebleau, Nice, La Rochelle, Lyon, Belfort, Perpignan, Roubaix, Vesoul, Wasquehal et Saint-Aubin-de-Médoc.

Un Monument à Rosa Bonheur, surmonté d'un taureau en bronze, agrandissement d'une statuette de l'artiste, a été offert en 1901 par Ernest Gambart, et érigé à Fontainebleau sur la place Denecourt, devenue place Napoléon-Bonaparte. Le socle était orné de trois bas-reliefs d'Isidore Bonheur, composés d'après des œuvres majeures de sa sœur, et d'un portrait en médaillon de Rosa Bonheur par son neveu, Hippolyte Peyrol. Le taureau a été envoyé à la fonte en 1942, sous le régime de Vichy. Les trois bas-reliefs latéraux ont pu cependant être sauvés et sont conservés à New York, au Musée d'Art Dahesh[43].

Un Monument à Rosa Bonheur (1910) en marbre par Gaston Leroux, la représentant assise et tenant une palette, orne le jardin public de Bordeaux. Le modèle en plâtre a été acquis par la Ville de Bordeaux en 1903[44].

En hommage à la peintre, trois guinguettes parisiennes portent le nom de Rosa Bonheur[45]. La première ouvre en 2008 dans le parc des Buttes-Chaumont, la deuxième en 2014 en bords de Seine au port des Invalides, et la troisième en 2017 à Asnières-sur-Seine.

En et dans le cadre de la rénovation de sa signalétique, l'université Bordeaux-Montaigne annonce qu'un de ses deux principaux bâtiments portera le nom de Rosa-Bonheur[46].

Un cratère vénusien, Rosa Bonheur, est nommé en son honneur[47].

Des livres retraçant la vie de Rosa Bonheur ont été écrits au fil des années afin de rendre hommage à l'artiste et à la femme qu'elle était.

Vie privée

« Permission de travestissement » obtenue en 1857.

Au cours de ses années de jeunesse à la campagne, au château Grimont à Quinsac[3], Rosa Bonheur a la réputation d'être un garçon manqué, réputation qui la suivra toute sa vie et qu'elle ne cherchera pas à nier, portant les cheveux courts et fumant par la suite, en privé, cigarettes et havanes. Elle a toujours refusé de se marier, afin de rester indépendante[48], et en raison des mauvais souvenirs que lui a laissés l'attitude de son père vis-à-vis de sa mère. Et puisqu'à l'époque, le mariage fait des femmes mariées des subalternes de l'homme, elle considère qu'il l'aurait empêchée de se dévouer à son art[49].

La vie émancipée que menait Rosa Bonheur n'a pas fait scandale, à une époque pourtant très soucieuse des conventions[50]. Comme toutes les femmes de son temps depuis une ordonnance datant de , Rosa Bonheur devait demander une permission de travestissement, renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris, pour pouvoir porter des pantalons dans le but, notamment, de fréquenter les foires aux bestiaux[51] ou de monter à cheval[49]. Nathalie Micas avait également une autorisation de travestissement (visible au musée-château de By). Cependant, sur toutes les photographies « officielles », Rosa Bonheur respectait la loi et portait toujours une robe.

Si le lesbianisme de Rosa Bonheur, évoqué par plusieurs auteurs[52], mais réfuté par d'autres[53],[alpha 2] n'est pas avéré, elle a cependant vécu, en réel compagnonnage, avec deux femmes. La première, Nathalie Micas, rencontrée en 1837 (Rosa avait quatorze ans et Nathalie douze), qui deviendra peintre comme elle, et dont elle ne sera séparée qu'à la mort de cette dernière en 1889[54].

La seconde, après la mort de Nathalie Micas, en la personne de l'Américaine Anna Klumpke, également artiste-peintre de talent, qu'elle connut à l'automne 1889 et qu'elle reverra à plusieurs reprises. Anna Klumpke vint vivre avec elle à By en pour faire son portrait (elle en fit trois, entre 1898 et 1899), et écrire ses mémoires. À la demande de Rosa Bonheur, elle y demeure et devient son héritière et sa légataire universelle[55] (tout comme Rosa Bonheur l'avait fait, auparavant avec Nathalie Micas). « C'est moi qui ai payé, aussitôt que cela me fut possible les frais d'éducation de Germain […] Et bien ! L'on a dit que c'était moi qui étais sa mère et non sa bienfaitrice. C'est là des choses qu'on peut pardonner, mais oublier jamais ! » ou des médisances sur Anna Klumpke[56] circuleront, qui la feront souffrir.

Œuvre de Rosa Bonheur

Réception critique

La carrière de Rosa Bonheur s'est déroulée à l'écart des courants artistiques. Ne s'associant à aucun des courants modernes successifs, romantique, réaliste  lequel étant pourtant d'une esthétique proche  et impressionniste, et bénéficiant toujours d'une clientèle fortunée, dont elle peint les animaux de compagnie, elle a été associée au conservatisme « bourgeois », auquel ces courants se sont tour à tour opposés. Ses positions politiques conservatrices et « agrariennes » ont accentué cette association[57].

Après la chute du Second Empire, alors que son succès commercial la met à l'abri du souci de plaire à la critique, ceux qui restent en contact avec les tendances du moment commencent à douter :

« Les femmes peuvent-elles être de grands peintres ? On serait tenté de répondre oui lorsqu'on regarde les bœufs de Rosa Bonheur, et de dire peut-être ou même non lorsqu'on étudie ses figures humaines. »

 Jules Claretie, 1874[58].

Le modernisme répudie son genre de peinture. D'après Ambroise Vollard, Paul Cézanne la tient pour « un excellent sous-ordre ». « Il me demanda ce que les amateurs pensaient de Rosa Bonheur. Je lui dis qu'on s'accordait généralement à trouver le Labourage nivernais très fort. “Oui, repartit Cézanne, c'est horriblement ressemblant”[59] ».

Le monde de l'art ne l'oublie pas totalement, surtout pour en faire un repoussoir : « Il ne m'échappe certes pas que la littérature bucolique tend à la facilité. Tout l'aspect “Rosa Bonheur” de cet art-là, je le redoute », écrit François Mauriac[60].

De mai à , une grande rétrospective sur Rosa Bonheur se tient au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, sa ville natale. L'exposition est reprise, fin 1997, au musée des Peintres de Barbizon, puis à New-York, au musée d'Art Dahesh, début 1998.

Rosa Bonheur commence à être considérée comme une « artiste LGBT », comme en témoigne sa présence dans l'exposition La mirada del otro du musée du Prado de Madrid à l'occasion de la WorldPride 2017[61],[62].

Rosa Bonheur, une femme engagée dans son art

En 1865, elle est la première femme artiste à recevoir la Légion d'honneur. L'impératrice Eugénie la lui remet en mains propres, voulant démontrer que « le génie n'avait pas de sexe »[63]. En 1894, elle devient la première femme promue au grade d’officier[64].

Elle accède à la grande peinture malgré toutes les barrières imposées aux femmes avec son tableau Le Labourage nivernais en 1849, par le thème, la taille (1,34 2,6m[65]) et la composition[66]. Cette œuvre fait référence à La Mare au diable de George Sand[66]. Les bovins traversent le tableau sur une ligne horizontale[66].

Elle dessine une stratégie commerciale pour assurer son indépendance financière[66]. Elle constitue un atelier de production avec Nathalie Micas et Juliette Bonheur. Ses œuvres sont reproduites en estampes par la maison Goupil qui souhaite mettre l'art à la portée de tous, lui assurant une large diffusion. Elle donne interviews et photographies pour forger une légende autour de son personnage[66]. Elle part en tournée avec son marchand d'art pour trouver son réseau de vente et faire la promotion de ses tableaux[42].

Elle est la première artiste dans l'histoire de la peinture dont le marché de l'art spécule sur ses tableaux de son vivant[66].

Rosa Bonheur est un modèle pour les artistes femmes du début du XXe siècle. Elles font référence à elle dans leur lutte pour que les femmes deviennent membres du jury du Salon des artistes français[42].

À la fin du XXe siècle, plusieurs auteurs publient de nouvelles biographies de Rosa Bonheur fondées sur le caractère exceptionnel de sa vie en tant que femme. Ces ouvrages lui valent un regain de notoriété, alors qu'on juge encore ses œuvres proches du kitsch[67] et du mièvre[68].

L'écrivaine Danielle Digne a été une des premières à remettre Rosa Bonheur en lumière, avec son ouvrage paru en 1980, Rosa Bonheur ou l'insolence.


Aux États-Unis

En France

En Pologne

Œuvres référencées

  • Portrait de Sultan et Saïda, vers 1888, deux des lions du dompteur François Bidel[69], non localisé

Récompenses et distinctions

  • Salon de 1845 : médaille de 3e classe (section « Paysage et Animaux »).
  • Salon de 1848 : médaille de 1re classe.
  • Salon de 1853 : ses tableaux sont exemptés de jury d'admission au Salon.
  • 1863 : membre honoraire de l'Académie des beaux-arts de Pennsylvanie et de la Société des artistes belges.
  • 1865 : chevalier de la Légion d'honneur : décret en conseil des ministres du , signé par l'impératrice-régente[70],[71] ;croix de San Carlos du Mexique, octroyée par l'empereur Maximilien et l'impératrice Carlotta.
  • 1868 : membre de l'Académie des beaux-arts d'Anvers.
  • 1880 : commandeur de l'ordre royal d'Isabelle par Alphonse XII d'Espagne et croix de Léopold de Belgique.
  • 1885 : membre honoraire de la Royal Academy of Watercolorists de Londres et Mérite des beaux-arts de Saxe-Coburg-Gotha.
  • 1894 : officier de la Légion d'honneur, première femme dans ce grade.
  • 1899 : médaille d'honneur à titre posthume du Salon des artistes français[39].

Iconographie

Rosa Bonheur dans son atelier, Georges Achille-Fould, 1893.

Notes et références

Notes

  1. Selon Émile Bellier de La Chavignerie, elle aurait été élève de Léon Cogniet. Il s'agit en fait d'une erreur de référence dans un catalogue de Salon. Cogniet lui-même l'a reconnu, regrettant d'ailleurs de ne pas l'avoir eue comme élève.
  2. Pour Borin 2011, p. 8 « l'hypothèse de l'homosexualité de Rosa Bonheur […] était, à ses yeux [Rosa Bonheur], le résultat d'une fausse interprétation de sa vie et une incompréhension totale ». Dans son ouvrage, l'auteur ne trouve aucune confirmation de l'homosexualité supposé de Rosa Bonheur dans les publications du XIXe siècle. Par ailleurs, pour Albert Boime, « il n'y a pas d'indices que ses relations intimes avec des femmes aient été consommées sexuellement. La répression de la sexualité avouée, particulièrement pendant l'ère victorienne, dans beaucoup de relations profondément engagées, n'était pas rare, et c'est un choix évident dans une société où l'“amitié romantique” est tolérée si la sexualité est niée » (Boime 1981, p. 386).

Références

  1. Communiqué de presse de la mairie de Bordeaux, à la suite de la pose d'une plaque commémorative sur sa maison natale le .
  2. « BORDEAUX 1 E 111 - Registre des actes de naissance de Bordeaux, section 1, 1822 - 1822 (acte n° 267 ; vue 41/190) », sur Archives Bordeaux Métropole (consulté le )
  3. Klumpke 2001, p. 83.
  4. Raimond Bonheur orthographie son prénom avec un « i » (Borin 2011, p. 10).
  5. (en) « Blonde d'Aquitaine », sur Catalogue Christie's (consulté le )
  6. Lepelle de Bois-Gallais 1856, p. 12.
  7. Digne 1980, p. 65.
  8. Rosa Bonheur - Labourage nivernais, notice sur le site du musée d'Orsay.
  9. « Musée d'Orsay: Rosa Bonheur Labourage nivernais », sur www.musee-orsay.fr, (consulté le ).
  10. Le (Lepelle de Bois-Gallais 1856; Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1880, p. 258-259).
  11. « Sur l'histoire des écoles des Arts Décoratifs et des Beaux-Arts à Paris… », .
  12. (en) « Weaning the Calves », sur Metropolitan Museum (consulté le )
  13. Klumpke 2001, p. 275.
  14. Henry de La Madelène, « Salon de 1853 », L'éclair, , p. 314 (lire en ligne).
  15. Franck Ferrand, « La peintre Rosa Bonheur », émission Au cœur de l'histoire, (en ligne) « "Gonzague Saint-Bris lui l'imagine homosexuelle. ».
  16. « M. Gambaert, l'heureux spéculateur qui, en Angleterre, a gagné 400 000 fr. à montrer le Marché aux chevaux de mademoiselle Rosa Bonheur, qu'il avait payé 40 000 francs. », Gustave Bourdin, « Causeries », Le Figaro, , p. 4 (lire en ligne).
  17. Bernadette Lizet, La Bête noire : à la recherche du cheval parfait, éditions MSH, 1989, p. 123.
  18. Chabrol Nicolas, Répertoire des peintres de l'Auvergne et artistes auvergnats du XIXe siècle, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, Institut d'Histoire de l'Art et d'Archéologie,
  19. (en) « Ghillie and two Shetland », sur Catalogue Bonhams (consulté le )
  20. Vapereau, ibid.
  21. Les beaux-Arts en Europe, 1855, p. 120.
  22. Ces animaux ont été ses modèles : moutons, chevaux et même quatre lions dont Fatma, sa dépouille est encore visible dans l'atelier du peintre
  23. (en) « Highland Raid », sur National Museum for the women in the art (consulté le )
  24. Visite de l'Impératrice à Rosa Bonheur, estampe de Auguste Victor Deroy. Reproduction sur le site de la RMN. La date manuscrite de 1863 est apocryphe et erronée.
  25. Catherine Granger, L'Empereur et les arts : la liste civile de Napoléon III, Droz, 2005, p. 131, (ISBN 2900791715).
  26. Pierre Milza, Napoléon III, Perrin, 2004, p. 282.
  27. Elle fut même annoncée par Le Petit Journal comme la seconde femme à recevoir cette distinction après une religieuse, Sœur Marthe, ce qui provoqua un afflux de protestations dans le courrier des lecteurs, mentionnant différentes femmes ayant reçu avant elle le titre de « chevalière de la légion d'honneur », généralement pour actes de bravoure. Voir « Les chevalières de la Légion d'honneur », Le Petit Journal, .
  28. Rosa Bonheur PDF du site officiel de la Légion d'Honneur « Copie archivée » (version du 10 octobre 2010 sur l'Internet Archive).
  29. « Les femmes décorées », Le Gaulois, no 5515, , p. 1 (lire en ligne).
  30. Borin 2011, p. 9.
  31. Didier Gayraud, Belles demeures en Riviera, Éditions Giletta, 2005, p. 127.
  32. Klumpke 2001, p. 23
  33. Natacha Henry, Rosa Bonheur et Buffalo Bill, une amitié admirable : roman, Paris, éditions Robert Laffont, , 230 p. (ISBN 978-2-221-20097-1)
  34. The King of the Forest (no 426, p. 226), Stampede (n°501, page 230), A Pastoral (n°3067, page 150), Sheep (n°3101, page 153) : voir catalogue officiel en ligne du Palais des Beaux-arts.
  35. « Head of a Lioness (no 50), Head of a young Bull (n°51), Spanish Cattle (no 52). Voir catalogue officiel en ligne du Woman's Building. »
  36. « Comité des dames l'exposition féminine française à Chicago, pages 33-34 »
  37. « Registre d'état civil, cote 6E489/13, Thomery (1888-1903), année 1899 acte n° 15, vue 256/363 », sur Archives en ligne de Seine-et-Marne (consulté le )
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  39. Marie Borin, Rosa Bonheur, une artiste à l'aube du féminisme, Pygmalion, 2011, p. 381.
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  56. « boiteuse, de visage ingrat, lui témoignant une admiration totale qui ne demandait qu'à se muer en affection […] »
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Annexes

Bibliographie

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  • (en) Anna Klumpke, Rosa Bonheur : The Artist's Autobiography, University of Michigan Press,
  • Frédéric Lepelle de Bois-Gallais, Biographie de Mademoiselle Rosa Bonheur, Paris, E. Gambart, (lire en ligne)
  • Eugène de Mirecourt, Rosa Bonheur, G. Havard, , 94 p. (lire en ligne)
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  • Francis Ribemont, Dominique Cante, Rosa Bonheur (1822-1899), Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, 1997
  • Suzette Robichon, Rosa Bonheur, Ceci est mon testament, édition présentée par l'auteur, Éditions iXe, 2012 (ISBN 979-10-90062-04-7)
  • Léon Roger-Milès, Rosa Bonheur. Sa vie, son œuvre, Société d'édition artistique, 1923. Réédition en 2010
  • Gonzague Saint Bris, Rosa Bonheur - Liberté est son nom, Robert Laffont, 2012
  • (en) Theodore Stanton, Reminescenses of Rosa Bonheur, Londres, 1910.
  • (en) Robyn Montana Turner, Rosa Bonheur, Little, Brown and Company, coll. « Portraits of women artists for children », (ISBN 978-0-316-85648-5)
  • Les illustres de Bordeaux : catalogue, vol. 1, Bordeaux, Dossiers d'Aquitaine, , 80 p. (ISBN 978-2-84622-232-7, présentation en ligne)

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