Rock latino

Le rock latino, ou latin rock, désigne un sous-genre musical reprenant des sons et éléments issus de la musique latino-américaine et du folk des Caraïbes mêlés à du rock[1],[2],[3],[4],[5].

Rock latino
Origines stylistiques Rock, rock 'n' roll, rhythm and blues, soul, funk
Origines culturelles Fin des années 1950 ; États-Unis
Instruments typiques Guitare électrique, guitare basse, batterie, voix, synthétiseur, cymbales, congas, maracas, bongo, trompette, saxophone, trombone
Popularité Élevée aux États-Unis, et en Amérique latine

Genres dérivés

Latin alternative

Le rock latino diffère du « rock issu d'Amérique latine »[6],[7],[8],[9] ou du rock en espagnol[10],[11],[4]. Il est aussi proche de la scène latino-américaine (qui mêle éléments du continent et rock alternatif, pop, musique électronique, indie ou hip-hop entre autres)[12],[13],[14],[15],[16], un terme souvent utilisé pour ce même phénomène[17].

Histoire

Origines (années 1950–1960)

Sir Douglas Quintet, groupe de rock américain ayant expérimenté les éléments de folk latino dans les années 1960.

Le rock and roll des années 1950 est issu de diverses sources dont le rhythm and blues africain, le blues, le gospel, le country, le bluegrass, le western swing, et la musique pop Tin Pan Alley. Il comprend également quelques éléments de musique latino-américaine. Les rythmes des Caraïbes comme la calypso sont notés dans la surf music ; et quelques morceaux de rock and roll se basent sur le cha-cha-cha ou le mambo[18].

Le rock latino (dont le terme n'est pas encore crédité à cette période) émerge aux États-Unis[19] à la fin des années 1950[20]. En 1958, une chanson intitulée La bamba, du musicien de rock chicano Ritchie Valens est publiée[21]. Cette même année, le groupe de rock instrumental The Champs sortent Tequila, un morceau qui incorpore des éléments latino (composés par le chicano Danny Flores).

Dans les années 1960, des musiciens et groupes de rock comme Thee Midniters, Question Mark and the Mysterians[22], Sam the Sham and the Pharaohs[23] ou Sir Douglas Quintet[24] commencent à adopter des rythmes latino à leurs compositions. À cela s'ajoute le pic du rock chicano en Californie[19]

D'un autre côté, dans certains pays latino-américains, le rock latino commence à se développer au Pérou, à la Colombie ou à l'Argentine, mais plus particulièrement au Brésil[25] où la tropicália apparait au milieu des années 1960[26] avec des premières sorties de Os Mutantes, Gal Costa et Caetano Veloso entre 1967 et 1970[27], un mouvement musical mêlant le rock avec de la bossa nova, psychedelia et d'autres éléments de musique latine[28] qui contribueront à la naissance du genre[29].

Naissance du terme (1970)

En 1969, après la sortie du premier album de Santana, le rock latino commence à apparaitre aux États-Unis et à l'international[30]. Ils décrivent le style musical du groupe comme un mélange de rythmes latino-américains et des Caraïbes, de soul, jazz, funk, blues, psychedelia et rhythm and blues basé sur du rock[31],[5].

D'autres groupes émergent dans le style comme Malo, Ocho, Mandrill, El Chicano, Eddie Palmieri's Harlem River Drive, War, Sapo et Azteca au début des années 1970 popularisant le genre depuis 1970-1971[32]. Le genre arrive aussi en Europe, avec le groupe espagnol Barrabás[33], le groupe néerlandais Massada et le groupe britannico-africain Osibisa[34].

Entretemps, le reggae jouit du succès international. Cette musique rythmique originaire de Jamaïque séduit dans les années 1960, évoluant du ska, rocksteady et du bluebeat[35]. Depuis ses origines, avec celles du rock mélangé à des rythmes de folk jamaïcains, les éléments de musique latine influencent cette scène[36]. Néanmoins, le reggae et le ska ne feront jamais partie de la scène rock latino[37]. D'un autre côté, le disco inspirera le rock latino pendant les années 1970[38].

Évolution (depuis 1980)

Le groupe colombien Aterciopelados et le groupe espagnol Macaco.

Après l'éclosion du punk à la fin des années 1970, le genre s'inspire d'autres styles musicaux. Certains groupes de punk et new wave britanniques comme The Clash incorporent des éléments dits « latins » dans Sandinista! (1980)[39]. D'autres groupes comme Bow Wow Wow, Gang of Four, The Slits ou Special AKA ont fait de même.

En Espagne, Los Coyotes, Los Mestizos et Radio Futura, qui se sont formés comme groupes de new wave et post-punk, s'inspireront aussi de la musique latine dans les années 1980[40].

En France, des groupes comme Les Négresses Vertes jouent un genre de rock mêlé world music avec des éléments de musique latine. Mais Manu Chao atteint le succès dans la scène rock latino de France avec la Mano Negra (mais aussi en solo) avec un style plus tard connu sous le nom de latin alternative. Un mélange de rock, d'éléments de musique latino, musique arabe, punk, rap, flamenco, ska et reggae[41].

Le genre se consolide dans les années 1990 en Amérique latine[13]. Le groupe mexicain Maná est actuellement, et depuis 1993, celui qui a le plus de succès populaire en Amérique Latine.

Notes et références

  1. « Latin Rock », Allmusic.com
  2. « Latin Rock definition » [archive du ], Imusicdictionary
  3. (es) Michael Heatley, Rock & Pop. La historia completa : Un recorrido exhaustivo a través de cinco décadas de rock y pop., Robinbook, , 528 p. (ISBN 978-84-96222-85-4, lire en ligne)
  4. Larry Finn, Beyond the Backbeat : From Rock and Funk to Jazz and Latin, Berklee Press Publication,
  5. Simon Leng, Santana, Cátedra (colección Pop-Rock), , 328 p. (ISBN 978-84-376-1947-7)
  6. (es) Varios autores, Diccionario del Rock Latino, Iberautor Promociones Culturales-Zona de trabajos, (ISBN 978-84-8048-408-4)
  7. (es) Varios autores (Coordinado por Diego A. Manrique), Historia de la música Rock, El País,
  8. Roberto Avant-Mier, Rock the Nation : Latin/o Identities and the Latin Rock Diaspora, Continuum Publishing Corporation,
  9. (es) Silvia Grijalba, Santana : El nuevo iluminado, La Máscara, (ISBN 978-84-7974-426-7)
  10. (es) Toni De Limongi, Los fabulosos cadillacs. los calaveras del rock latino, La Máscara, , 63 p. (ISBN 978-84-7974-361-1)
  11. Jim McCarthy, Voices of Latin Rock : The People and Events That Created This Sound, Hal Leonard Corporation,
  12. (es) Willi Jiménez, « Alterlatino », Zona de trabajos (revista),
  13. (es) Rubén Scaramuzzino, « Algo así como la Biblia de la Cultura Latina », Zona de trabajos, no 53,
  14. Jon Pareles, « Latin Alternative Music’s Movers and Shakers Meet », The New York Times, (consulté le )
  15. « Latin Alternative Music Conference »
  16. « PRX Series - The Latin Alternative Radio »
  17. Gustavo Arellano, « 10 Rock en Español Albums to Listen to Before You Die », ocweekly.com (consulté le ).
  18. Michelle H. Pallan, Loca Motion : The Travels of Chicana/Latina Popular Culture, NYU Press,
  19. Tom Waldman David Reyes, Land of a Thousand Dances : Chicano rock 'n' roll from Southern California, University of New Mexico Press, (ISBN 0-8263-1929-7)
  20. Joseph Steven Loza, Barrio Rhythm : Mexican American music in Los Angeles, University of Illinois Press, (ISBN 0-252-06288-4)
  21. Beverly Mendheim, Ritchie Valens : The First Latino Rocker, Bilingual Review Press, , 153 p. (ISBN 978-0-916950-79-8)
  22. Mark Guerrero, « Question Mark & the Mysterians: The First Punk Rock Band »,
  23. « Sam the Sham & the Pharaos », Classic Bands
  24. Steve Huey, « Sir Douglas Quintet - A Biography », Allmusic.com,
  25. Christopher Dunn, Brutality Garden : Tropicália and the Emergence of a Brazilian Counterculture., Chapel Hill: University of North Carolina Press, , 256 p. (ISBN 0-8078-4976-6, lire en ligne)
  26. « Tropicalia », Allmusic.com
  27. (it) Giancarlo Mei, Canto Latino : Origine, Evoluzione e Protagonisti della Musica Popolare del Brasile, Stampa Alternativa-Nuovi Equilibri,
  28. Chris McGowan Riccardo Pesanha, The Brazilian Sound : Samba, Bossa Nova and the Popular Music of Brazi, Philadelphia: Temple University Press, , 248 p. (ISBN 1-56639-545-3, lire en ligne)
  29. Gonçalo Júnior, « La (in)digestión del Tropicalismo. », Pesquisa-FAPESP,
  30. Adam Woog, Carlos Santana : Legendary Guitarist (The Twentieth Century's Most Influential Hispanics), Lucent Books, , 104 p. (ISBN 978-1-59018-972-6)
  31. Carlo Pasceri, Santana : Love, Devotion & Surrender (Storie di Musica Vol.1), Libro digital-Kindle,
  32. Charlie Gillet, Historia del Rock. El sonido de la ciudad, Ma Non Troppo Ediciones, , 576 p. (ISBN 978-84-96924-39-0, lire en ligne)
  33. (es) Jesús Ordovás, Historia de la música Pop española, Alianza editorial, , 410 p. (ISBN 978-84-206-0224-0)
  34. Charles Aniagolu, Osibisa : Living In The State Of Happy Vibes And Criss Cross Rhythms, Trafford Publishing, , 208 p. (ISBN 1-4120-2106-5, lire en ligne)
  35. Lloyd Bradley, This Is Reggae Music : The Story of Jamaica's Music, Grove Press, , 572 p. (ISBN 978-0-8021-3828-6)
  36. Stephen Davis, Reggae Bloodlines : In Search Of The Music And Culture Of Jamaica, Da Capo Press, (ISBN 978-0-306-80496-0)
  37. Steve Barrow, The Rough Guide to Reggae, Rough Guides, , 475 p. (ISBN 978-1-85828-558-0)
  38. Jussi Kantonen Alan Jones, Saturday Night Forever : The Story of Disco, A Cappella Books, (ISBN 1-55652-411-0)
  39. (es) Marcos Gendre, The Clash : La única banda que importa, Quarentena, (ISBN 978-84-16229-11-6)
  40. (es) Jesús Ordovás, Historia de la música Pop española, Alianza editorial, , 410 p. (ISBN 978-84-206-0224-0)
  41. (es) Alessandro Robecchi, Manu Chao. Música y Libertad, Random House, , 306 p. (ISBN 978-84-397-0856-8)

Bibliographie

Lien externe

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