Rassemblement démocratique océanien

Le Rassemblement démocratique océanien (RDO) est un parti politique composé essentiellement de ressortissants Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie.

Rassemblement démocratique océanien

Logotype officiel.
Présentation
Président et Fondateur Aloïsio Sako
Fondation février 1994
Siège 20 rue Duquesne Quartier Latin
Secretaire Général Mikaele Teugasiale
Administrateur Seleone Tuulaki
Positionnement Gauche[1]
Idéologie Indépendantisme calédonien[1]
Couleurs rouge, jaune, vert, bleu, noir
Site web rdo-flnks.e-monsite.com
Présidents de groupe
Congrès Pierre-Chanel Tutugoro (groupe UC-FLNKS et Nationalistes)
Représentation
Congrès
1  /  54
Province Sud
1  /  40
Province Nord
0  /  22
Province Îles
0  /  14

Il a été créé le , à l'issue d'une scission de l'Union océanienne, premier parti politique ethnique de la communauté wallisienne et futunienne, dont Aloisio Sako était le vice-président. Celui-ci est devenu le premier président du RDO.

Basé sur des valeurs socialistes & les cultures océaniennes, son leadership est favorable à l'émancipation de la Nouvelle-Calédonie ainsi qu'au développement d'un modèle d'indépendance socialiste, proche du fonctionnement ancestrale de la société océanienne. Il fait partie du FLNKS[2].

À droite, Aloisio Sako, président du RDO depuis sa création (1994), Seleone Tuulaki, collaborateur et membre du bureau politique du FLNKS.

Histoire

D'après les données de la démographie de la Nouvelle-Calédonie, en 2013 près de 21.000 Wallisiens et Futuniens sont recensés, soit environ le double que ses archipels d'origine. La représentativité de la population wallisienne et futunienne en 2015 est estimée à un peu plus de 12 % de l'électorat, ce qui constitue un potentiel non négligeable en termes électoraux.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'immigration massive des Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie répond à un besoin en main d’œuvre pour les différents chantiers industriels de la NC (Barrage de yaté, sites miniers de la Société Le Nickel). Cependant cette population est peu instruite et certains subissent un choc culturel, avec des difficultés d'intégration, qui engendreront par la suite des tensions inter-communautaires.

Sous l'ère de Pierre Messmer (entre 1960 et 1974), Ministre d'État, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer, cette immigration soulèvera au niveau de l’État Français, des inquiétudes d'ordre politique, voici ce que l'Histoire retiendra de cette stratégie :

« La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants.

Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres communautés ethniques venant du Pacifique.

À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés.

À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants.

Afin de corriger le déséquilibre des sexes dans la population non autochtone, il conviendrait sans doute de faire réserver des emplois aux immigrants dans les entreprises privées. Le principe idéal serait que tout emploi pouvant être occupé par une femme soit réservé aux femmes (secrétariat, commerce, mécanographie).

Sans qu’il soit besoin de textes, l’administration peut y veiller.

Les conditions sont réunies pour que la Calédonie soit dans vingt ans un petit territoire français prospère comparable au Luxembourg et représentant évidemment, dans le vide du Pacifique, bien plus que le Luxembourg en Europe.

Le succès de cette entreprise indispensable au maintien de positions françaises à l’est de Suez dépend, entre autres conditions, de notre aptitude à réussir enfin, après tant d’échecs dans notre Histoire, une opération de peuplement outre-mer. »

De ce fait, les stratégies politiques de l’État Français, relayées par les partis pro-français (RPCR, L'Avenir ensemble) viseront à accentuer puis à instrumentaliser sous toutes ses formes, le clivage culturel, ethnique, afin de créer et d'entretenir les tensions entre les communautés kanaks et d'origine wallisienne et futunienne.

Dans les années 1980 cette stratégie conduit le leader du RPCR, Jacques Lafleur, à la création de milices essentiellement formées par des Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie (« tama aux gros bras ») pour « casser du kanak » payées par des fonds publics (plan RET à 700€ /mois). Les conséquences de cette rivalité resteront ancrées dans les esprits de certains Mélanésiens indépendantistes, et la rancœur « anti-wallis » naîtra de cet épisode, en dépassant le contexte politique initial dans les années suivantes. Cette rivalité entre les Kanaks et les Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie et le ressentiment qui en découle deviendront un des outils de propagande de la droite locale. La formule qui fut très souvent scandée par la voix des leaders loyalistes pour attiser la peur de l'exclusion fut : « À l'indépendance de Kanaky, Wallis dehors ! »

Le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, répliquera ainsi à une question qui lui fut posée par Alain Rollot, journaliste du Monde, sur le sort des ressortissants de Wallis-et-Futuna vivant en Nouvelle-Calédonie : « ce sont des grands navigateurs », autant dire qu'ils reprendront la mer pour d'autres cieux.

Principes idéologiques et philosophiques

La stratégie globale du RDO est basée sur la médiation entre les deux communautés en priorité car avec les autres sous-ensembles citoyens de Nouvelle-Calédonie, il n'y a eu contentieux colonial. Selon son président, le RDO ne prétend pas « parler à la place du Kanak » ni à revendiquer des droits sur le foncier ou bien même faire le procès de l'État français. Il reconnait en revanche la légitimité de la lutte kanak qu'il accompagne sous la forme d'un partage des valeurs et d'une mise en contribution de ses forces vives. Par ailleurs le Rassemblement démocratique océanien constitue la seule ouverture du Front de libération nationale kanak et socialiste vers une communauté non kanak.

L'objectif majeur du RDO est donc de conscientiser les Wallisiens et Futuniens sur les véritables enjeux socio-économiques ainsi que sur les mutations opérées par la société calédonienne depuis les troubles politiques des années 80, il veut rétablir un lien puis construire une relation durable entre la communauté formée par les ressortissants de Wallis-et-Futuna en Nouvelle-Calédonie avec la communauté kanak.

Le RDO entend ainsi asseoir sa politique sur ce modèle d'entente historique, établi lors des premiers échanges il y a près de trois siècles avant l'arrivée de James Cook entre l'île d'Iaai devenu Ouvéa "Lalo" îles Loyauté, à cette époque les clans de Kaukelo du royaume de Uvea "Mamao" furent installés par les Kanaks à Takedji. Ce modèle d'intégration est cité comme un exemple de réussite dans les relations entre ces deux communautés, bien avant l'arrivée des premiers Européens. La trace la plus significative de ce fait historique est la langue fagauvea pratiquée par une partie de la population d'Ouvéa. C'est une langue qui découle du tongien, langue originelle des îles Wallis-et-Futuna car l'île d'Uvea (Wallis) fut jusqu'au XVIe siècle une colonie de Tonga). Ce processus contraste avec celui proposé par l'État français de l'époque des déportés du bagne de Nouvelle-Calédonie.

Autre fait marquant lors de la prise d'otages d'Ouvéa, les militants indépendantistes étaient pour une grande part issus de ce groupe, établi à Téouta du fait de la christianisation, venaient de Tonga et de Rarotonga.

C'est un objectif ambitieux compte tenu des enjeux et des intérêts pour l'État français en Nouvelle-Calédonie, mais c'est surtout dans un sens apparemment contraire à l'attachement naturel que les ressortissants de Wallis-et-Futuna ont nourri depuis la reine Amélia (traité de protectorat de 1887, voir Histoire de Wallis-et-Futuna) puis consolidé en 1961, lorsque le territoire devint Territoire Français d'outre-mer sous le règne du roi Tomasi Kulimoetoke II.

La démarche du RDO est donc délicate car elle vise le rapprochement de deux communautés dont les rapports avec la France sont diamétralement opposés. En effet la première ayant subi les tumultes du bagne de Nouvelle-Calédonie, les brutalités de l'Empire colonial français, et le Code de l'indigénat, elle se retrouve face à une communauté qui a adopté le sentiment d'appartenance pour la France comme une seconde nature. Cette relation entre deux « contraires » a été davantage fragilisée par les troubles des années 80, elle semble donc à première vue quasiment être vouée à un échec politique. Or la tâche que se propose le RDO et son leader Aloisio Sako relève du défi humain, le leadership fait ce pari de la médiation pour créer des conditions favorables au Destin commun et donc d'assurer un avenir durable pour ses ressortissants qui sur le long terme se projettent de vivre en Nouvelle-Calédonie.

Au-delà de l'idée générale, d'autres thèmes préoccupent les leaders du mouvement, ils dénoncent les situations de monopoles sur l'importation, le manque d'adéquation entre la fiscalité et les revenus, l'accès aux formations supérieures, l'échec scolaire, les problèmes de santé qui touchent de plein fouet la communauté wallisienne et futunienne tels que diabète, obésité et insuffisance rénale. C'est donc par le biais de l'opposition et de la voix du Front de libération nationale kanak et socialiste, qu'il a fait ce choix de porter ses propositions au niveau du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, des Provinces et du Gouvernement.

Mise en action

[non neutre]Son action se décline alors sous plusieurs axes dont les plus significatifs sont :

  • la mise en commun des forces vives de ses militants dans les actions politiques du FLNKS, notamment dans le bureau politique où ses membres sont présents ainsi que dans les différentes commissions du front indépendantiste. Le RDO anime le bureau politique trois mois dans l'année, entre juillet et septembre. Fin 2016, son président Aloisio Sako, ainsi que Seleone Tuulaki participent à l'élaboration du projet politique du Front de libération nationale kanak et socialiste, aux côtés des leaders indépendantistes tels que Louis Mapou (élu de la province Sud), Jean Pierre Djiawe (directeur de cabinet de la province Nord), André Gopoea (ancien membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie), Pierre Chanel Tutugoro (maire de Ponérihouen), Jean Creugnet (secrétaire général de l'UPM) puis de Daniel Goa (président de l'Union calédonienne). Ce projet est à ce jour la référence idéologique du FLNKS, il contient les grands principes, les valeurs ainsi que les orientations socio-économiques du mouvement politique pour le nouvel État indépendant post référendum de novembre 2018. Le projet du FLNKS est par ailleurs traduit en langue fakauvea puis diffusé dans les réseaux sociaux ainsi que dans les structures coutumières wallisiennes et futuniennes.
    Campagne de promotion du projet FLNKS, août 2017 à Lafoa
  • la multiplication des échanges culturels entre les clans mélanésiens et les différents représentants coutumiers de Wallis-et-Futuna (création du centre culturel Kaimolo, transformé en terre coutumière kanak insérant les clans wallisiens et futuniens) dans le but de trouver une passerelle de partage ainsi qu'une reconnaissance mutuelle et fraternelle.
  • la participation ainsi que l'implication active dans les grands projets de la Société minière du Sud Pacifique la formation et l'insertion dans la vie économique du pays (création et développement de structures économiques)

Évolution depuis 1994

La critique n'est pas tendre avec le président Aloisio Sako, notamment pour ses prises de position en faveur de l'indépendance kanak et socialiste puis en interne par certains leaders indépendantistes qui lui reprochent un déploiement trop lent de son action au niveau de la communauté. Il lui est aussi reproché la coexistence du coutumier et du politique dans le parti, un concept assez mal compris par ses détracteurs. Les militants sont dans la grande majorité issus de la classe ouvrière, les difficultés financières, organisationnelles ainsi que le manque de cadres politiques, cette somme de contrainte ne dissuadera pas le mouvement. Le Rassemblement démocratique océanien évolue et résiste, son existence en 20 ans de lutte, il le doit à cette endurance de son leader et à la portée de son action militante au sein des indépendantistes.

Notes et références

  1. Laurent de Boissieu, « Rassemblement Démocratique Océanien (RDO) », France Politique, (lire en ligne)
  2. « L'invité politique: Aloisio Sako, président du Rassemblement démocratique océanien « la citoyenneté c'est le manou qui attachera tout le monde pour l'avenir » », sur Nouvelle-Calédonie la 1ère (consulté le )
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