Réseau évangélique suisse

Réseau évangélique suisse (RES) est une alliance évangélique nationale, affiliée à l'Alliance évangélique mondiale. Elle regroupe 11 dénominations chrétiennes, 188 églises évangéliques, 68 organisations en Suisse.

Réseau Evangélique Suisse

Logo du Réseau Evangélique Suisse
Situation
Région Suisse
Création 1847
Ancien nom Alliance Evangélique de Genève, Alliance Evangélique Romande, Fédération Romande d'Eglises et Œuvres Evangéliques (FREOE)
Type Association à but non lucratif
Siège Genève, Suisse
Langue français, allemand
Budget 500 000 CHF
Organisation
Membres 11 dénominations chrétiennes, 200 églises évangéliques, 80 organisations
Président Jean-Luc Ziehli, depuis 2016
Directeur Christian Kuhn
Personnes clés Henry Dunant (premier secrétaire de l'Alliance évangélique de Genève)

Site web evangelique.ch

En Suisse alémanique, le Schweizerische Evangelische Allianz' (SEA) est un partenaire. Avec ses deux branches régionales, il représente quelque 250 000 chrétiens de conviction évangélique, dont un peu plus de 40 000 pour la Suisse romande.

Historique du RES

Alliance évangélique

L'Alliance évangélique mondiale a été fondée lors d'une conférence internationale qui rassembla 800 à 1000 délégués de 53 pays différents, à Londres du au . L'idée de réunir les chrétiens de conviction évangélique au sein d'une plateforme afin de prier ensemble, d'annoncer l'Evangile, de s'élever contre l'injustice sociale et de s'engager pour la liberté religieuse se répand rapidement et des branches sont notamment établies en Suisse, en France, en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, en Suède, en Inde, en Turquie, en Espagne et au Portugal les années suivantes[1].

L'Alliance Évangélique Romande

En Suisse Romande, l'évangélisme a connu au début du XIXe un renouveau qui a suscité de nombreuses Églises indépendantes. L'Alliance Évangélique Romande (AER), fondée en 1847 à Genève, participe et contribue à ce renouveau en agissant essentiellement comme un lien entre les différentes personnes de conviction évangélique disséminées dans toutes les dénominations, en particulier dans les Églises historiques. C'est Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, qui en est le premier secrétaire entre 1852 et 1859. Il était chargé de rédiger les procès-verbaux et peut-être d'assumer une grande part de la correspondance. Il est contraint de renoncer à son poste car il décide d'entreprendre divers voyages. Il reste cependant membre du comité de l'Alliance évangélique pendant plusieurs années[2].

En Suisse alémanique

En Suisse alémanique, l'alliance se développe également, de manière informelle d'abord, avant de fonder en 1873 une branche suisse alémanique. Cette branche s'associera à partir de 1875 à l'AER, pour former la branche suisse de l'Alliance évangélique. Début 2001, l'Alliance évangélique, qui ne comptait jusqu'alors que des membres individuels, s'est ouverte statutairement à l'adhésion de personnes morales, Églises et œuvres[3].

RES

En automne 1983, un groupe de personnes issues de la Pastorale Évangélique Romande fonde la Fédération Romande d'Églises et Œuvres Évangéliques (FREOE) qui a pour but d'offrir à ses membres une plate-forme de dialogue afin de favoriser l'unité du mouvement évangélique et sa prise en considération par les médias, les autorités politiques et les Églises historiques. Elle devient l'équivalent romand du VFG (Freikirchen Schweiz) en Suisse allemande[1]. En 2006, l’Alliance Évangélique Romande et la Fédération Romande d’Églises et Œuvres Évangéliques fusionnent pour former le Réseau évangélique suisse[1].

Dénominations chrétiennes membres

En 2020, le RES regroupait 11 dénominations chrétiennes, 200 églises évangéliques, 80 organisations en Suisse [4].

En Suisse, il existe plus de 1500 communautés évangéliques différentes. 1000 d'entre elles sont rattachées à l'une des 40 fédérations ou associations d'Églises[5],[6].

Rôle du RES

Le Réseau évangélique suisse (RES) constitue une instance faîtière qui rassemble les chrétiens, églises et organisations de conviction évangélique en Suisse romande pour leur offrir une identité, une voix et une plateforme[7].

Croyances

Le Réseau évangélique suisse a une « théologie évangélique », qui se réfère à la confession de foi de l'Alliance évangélique européenne.

Activités et faits marquants

Le RES prend position et représente les évangéliques de Suisse dans toutes les thématiques qui ont attrait au milieu évangélique. En plus de ces activités, le RES est présent dans les médias séculiers lorsqu'il s'agit de faire entendre la voix des chrétiens de conviction évangélique.

Le RES a pris part à l'organisation du Jour du Christ, un événement qui réunit des chrétiens de toute la Suisse. Le , au stade de Berne, 94 % des 25 000 participants viennent en transport public, à pied ou à vélo. Un record écologique pour un rassemblement de cette envergure[8].

En 2014, le RES a été entendu sur la RTS à propos des affiches Love Life (prévention contre le SIDA) en lançant une campagne alternative à cette campagne qu'elle estime trop provocatrice[9],[10],[11],[12],[13]. Une pétition du RES récolte plus de 10 000 signatures, rendant le débat public[14],[15],[16].

En 2014-2015, le RES s'est engagé aux côtés des associations évangéliques touchées par la décision de la Ville de Genève de ne plus octroyer d'autorisation aux stands à caractère religieux à compter de [17]. La Ville de Genève a finalement été condamnée dans une série de décisions prononcées par le Tribunal administratif de première instance. La Ville n'a pas fait recours contre ces décisions et a revu sa position[18],[19],[20].

En 2017-2018, le Réseau évangélique suisse combat la décision de l'Office fédéral du Sport (OFSPO) d'exclure les camps confessionnels des programmes "Jeunesse et Sport". Les négociations aboutissent à un compromis: les associations chrétiennes s'engagent à travailler sur la base notamment de la Charte pour le service chrétien parmi les enfants et les jeunes, elles se constituent en associations indépendantes des Eglises lorsque ce n'est pas encore le cas et créent une faîtière pour centraliser les offres de formation de cadres J+S. Formation+ est fondée à cet effet[21].

En 2018, le RES soutien un recours déposé par sa fédération cantonale le Réseau évangélique de Genève et par trois autres signataires et qui demande à la Cour constitutionnelle genevoise de vérifier la constitutionnalité de la nouvelle Loi sur la laïcité de l'Etat (LLE), adoptée par le Grand Conseil le et confirmée plus tard par le peuple genevois le .[22] La Cour constitutionnelle admet partiellement le recours du RES en . Elle estime en effet que la liberté religieuse n'autorisait pas l'Etat à interdire aux élus dans les instances législatives – Grand Conseil et conseils municipaux – de porter des signes religieux extérieurs. En ce qui concerne les manifestations publiques cultuelles désormais interdites dans la Loi sur la laïcité, “sauf exceptions” (art. LLE), et qui impacte notamment l’organisation de baptêmes au bord du lac, la Cour reconnaît qu’ “une telle restriction apparaît disproportionnée et peu compatible avec la jurisprudence fédérale”, mais qu'une application conforme à la liberté religieuse reste possible en pratique. Pour le RES cela signifie que "l’Etat devra accorder les autorisations nécessaires pour ces événements extérieurs ponctuels, comme par exemple pour les Eglises souhaitant organiser un baptême au lac, et ceci aux mêmes conditions que pour les événements non cultuels. Cette explication apporte une clarification très importante, non seulement pour Genève, mais aussi pour les autres cantons. Alors que ces baptêmes au bord du lac étaient à parfois simplement tolérés, sans faire l’objet d’une autorisation explicite, les Eglises pourront désormais demander une autorisation officielle et devraient en principe être en mesure de conduire ces activités publiques en toute légalité."[23]

En 2018-2020, le RES s'engage aux côtés de son ancien président Norbert Valley, condamné en par le Ministère Public du canton de Neuchâtel à une amende de 1'000 CHF avec sursis et à 250 CHF de frais administratifs pour avoir facilité le séjour d'une personne présente illégalement en Suisse.[24] Il avait en effet mis à disposition de manière temporaire et ponctuelle un appartement de l'Eglise évangélique du Locle à un demandeur d'asile débouté qu'il avait pris sous sa protection. Il sera finalement acquitté le par le tribunal de police de la Chaux-de-Fonds.[25] Le RES annonce vouloir continuer de s'engager pour une modification de l'art. 116 de la Loi sur l'intégration et les étrangers (LEI) qui a conduit à cette condamnation.[26] L'affaire révèle en effet un problème plus large et attire l'attention de la société civile, à l'image d'Amnesty International, qui dénonce la pratique suisse en la matière dans un rapport intitulé: "Europe: Compassion sanctionnée: la solidarité devant la justice au sein de la forteresse Europe"[27].

Voir aussi

Littérature

  • Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme, brochure éditée par le Réseau évangélique suisse, 2014
  • Olivier Favre, Les Églises évangéliques de Suisse, origines et identités, Labor et Fides, 2006.
  • Thomas Hanimann, La foi d'Henry Dunant, réflexion sur l'identité religieuse du fondateur de la Croix-Rouge, Editions Réseau évangélique suisse, 2011
  • Jean-François Mayer, L'évolution des chrétiens évangéliques et de leur perception en Suisse romande, Editions Réseau évangélique suisse, 2016
  • Michael Mutzner (ed.), Objections de conscience en Suisse. Perspectives évangéliques, Editions Réseau évangélique suisse, 2018
  • Marc Schöni, La Suisse, une nation chrétienne?, Editions Réseau évangélique suisse, 2014
  • Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet, Emmanuelle Buchard, Le phénomène évangélique, analyses d'un milieu compétitif, Labor et Fides, 2013.

Références

  1. « Histoire », sur www.evangelique.ch
  2. Thomas Hanimann, La foi d'Henry Dunant, Genève, Réseau évangélique suisse, , 18 p. (ISBN 978-2-8399-0867-2), p. 8-9
  3. (de) « Aus der Geschichte der SEA », sur www.each.ch
  4. RES, Collectifs Eglises, Site web officiel, Suisse, consulté le 1er août 2017
  5. Olivier Favre, Les Eglises évangéliques de Suisse : origines et identités, Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.167
  6. Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet et Emmanuelle Buchard, Le phénomène évangélique : analyses d'un milieu compétitif, Genève, Labor et Fides, , 342 p. (ISBN 978-2-8309-1468-9, lire en ligne)
  7. « Portrait », sur www.evangelique.ch
  8. Joëlle Misson, « Jour du Christ 2010 », Tink.ch, (lire en ligne)
  9. Raphaël Pomey, « Une riposte à «Love Life» », Le Matin, (lire en ligne)
  10. Cléa Favre, « La campagne «Love life» excite ses opposants », Le Matin,
  11. Anne-Elisabeth Celton, « La campagne Love Life se poursuit avec un clip explicite », Tribune de Genève,
  12. Daniele Mariani, « Jusqu’où peut aller une campagne antisida? », swissinfo, (swissinfo.ch)
  13. « Meapasculpa: Mon plaisir vaut mieux que le tien », L'Hebdo,
  14. « 10 000 signatures contre la nouvelle campagne anti-sida en Suisse », sur christianismeaujourdhui.ch,
  15. « «Love Life»: les évangéliques déplorent », 20 minutes,
  16. Ivan Radja, « La campagne Love Life séduit le public et divise les publicitaires », Le Matin dimanche,
  17. « 20 minutes - Le prosélytisme religieux banni des rues genevoises - Geneve », sur 20 Minutes (consulté le )
  18. « Stands religieux: la Ville de Genève perd en justice », sur tdg.ch/ (consulté le )
  19. « L'interdiction des stands religieux à Genève jugée disproportionnée », sur rts.ch (consulté le )
  20. « La Ville de Genève a violé la liberté religieuse - protestinfo », sur protestinfo.ch (consulté le )
  21. Laurence Villoz, « Les camps chrétiens continueront à recevoir des subventions de la Confédération », Protestinfo, (lire en ligne, consulté le )
  22. RES, « Genève: Recours contre la loi sur la laïcité », sur evangelique.ch, (consulté le )
  23. RES, « Laïcité: un jugement favorable à la liberté religieuse », sur evangelique.ch, (consulté le )
  24. RES, « Amendé pour avoir hébergé un sans-papier », sur evangelique.ch, (consulté le )
  25. RTS, « Condamné pour avoir aidé un migrant, le pasteur Valley a été acquitté », sur rts.ch, (consulté le )
  26. RES, « Une loi plus claire est nécessaire », sur evangelique.ch, (consulté le )
  27. Amnesty International, « EUROPE : COMPASSION SANCTIONNÉE : LA SOLIDARITÉ DEVANT LA JUSTICE AU SEIN DE LA FORTERESSE EUROPE. RÉSUMÉ », sur amnesty.org, (consulté le )

Liens externes

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