Évangélisme en Suisse

L'évangélisme en Suisse est un mouvement chrétien évangélique, composé de plusieurs dénominations chrétiennes et d'Églises évangéliques en Suisse.

Évangélisme en Suisse
Acronyme RES (Réseau Évangélique Suisse)
Fondateur John Smyth, Charles F. Parham, William J. Seymour
Membres 250 000
Organisation humanitaire 100
Site Web evangelique.ch

Évangéliques en Suisse

La désignation « évangélique » provient du grec evangelion, « bonne nouvelle »[1]. L'évangélisme en général, mais singulièrement dans son développement helvétique, tire ses racines de la Réforme protestante avec une prédilection pour le refus du baptême des nouveau-nés, ainsi qu'un militantisme pour une séparation de l'Église et de l'État[2].

On parle de «chrétiens évangéliques» pour décrire les croyants au sein du christianisme caractérisés par les 4 éléments suivants[3] :

  • La valeur essentielle de la Bible comme référence de la foi évangélique. Elle est considérée comme la norme autant sur le plan théologique que pratique.
  • Le rôle central de Jésus. Fils de Dieu, injustement condamné à mort sur la croix pour réconcilier le monde avec Dieu.
  • L'importance de la conversion personnelle. On ne naît pas chrétien, on le devient par choix personnel et engagement individuel. C'est ce qui explique l'importance accordée au baptême adulte.
  • L'universalité du message de l'évangile et l'importance, pour les chrétiens évangéliques, de le faire connaître autour d'eux, dans le respect de la liberté individuelle.

Fondée par les apôtres du Christ, il y a près de 2 000 ans, l'Église chrétienne s'est basée sur l'enseignement de Jésus formulé dans les évangiles. La prépondérance de la Parole de Dieu et la mise en pratique de l'évangile caractérisent l'Église du Ier siècle. C’est ce que désirent aussi vivre les Églises évangéliques d'aujourd'hui[4].

Les racines du courant évangélique en Suisse remontent au XVIe siècle. Les valeurs fondamentales des évangéliques viennent de réformateurs tels que Martin Luther ou Jean Calvin[5].

Répartition des évangéliques en Suisse

En Suisse, on dénombre plus de 1 500 communautés évangéliques. 1 000 d'entre elles sont attachées à l'une des 40 fédérations ou associations d'Églises[6]. En 2014, 250 000 évangéliques sont recensés, ce qui représente 3 % de la population. 42 000 d'entre eux sont en Suisse romande[7].

Le nombre d'évangéliques en Suisse n'a de cesse d'augmenter. Selon l'office fédéral de la statistique, le nombre d'évangéliques en Suisse était de 36 945 en 1970[8]. En 2000, 150 000 évangéliques sont recensés en Suisse, dont 136 000 dans le cadre d'une fédération et 20 000 dans des communautés indépendantes et ethniques. Ce qui faisait 2,2 % de la population suisse rattachée à une Église évangélique, toutes dénominations confondues[9]. Les Églises catholiques et réformées, elles, ont perdu de leur monopole[10].

La taille médiane des communautés évangéliques est de 80 participants réguliers[7]. Un tiers des personnes qui se rendent à un office religieux en Suisse sont évangéliques, soit plus de 200 000 personnes par week-end[11].

En Suisse romande, plus de 300 communautés évangéliques sont présentes, pour une population de 2 millions d'habitants, soit environ une communauté pour 7 000 habitants. L'arrondissement du Jura bernois compte à lui seul près de 30 communautés, soit plus d'une communauté pour 2 000 habitants[12].

Dans le monde entier, sur 2,2 milliards de chrétiens, 600 millions sont évangéliques[13]. En Europe, il y en a 18,4 millions[7].

Principales dénominations évangéliques de Suisse

Parmi les principales Églises évangéliques de Suisse, nous retrouvons[7] :

  • Églises Action Biblique Suisse : 14 communautés locales (11 en Suisse romande)
  • Églises du Plein évangile : 10 communautés locales, toutes en Suisse romande
  • Association vaudoise d'Églises évangéliques : 6 communautés locales, toutes en Suisse romande
  • Église libre de Genève : 6 communautés locales, toutes en Suisse romande
  • Association des Églises baptistes francophones : 6 communautés locales, toutes en Suisse romande
  • Mission pentecôtiste suisse (SPM) : 72 communautés locales (1 en Suisse romande)
  • Église pour Christ : 54 communautés locales (10 en Suisse romande)
  • Fédération romande d'Églises évangéliques (FREE) : 50 communautés locales, 1 de langue française à Berne, toutes les autres en Suisse romande.
  • Union des Associations missionnaires (UAM) : 46 communautés locales (7 en Suisse romande)
  • Union des Églises Chrischona : 95 communautés locales (8 en Suisse romande)
  • Union des Églises évangéliques libres (FEG): 90 communautés locales (aucune en Suisse romande)
  • Église évangélique méthodiste : 120 communautés locales (4 en Suisse romande)
  • Armée du salut : 74 communautés locales (17 en Suisse romande)
  • Églises adventistes de Suisse romande et Tessin : 20 communautés locales (18 en Suisse romande)
  • Union des Églises Évangéliques du Réveil de Suisse : 16 communautés locales (14 en Suisse romande)
  • Association évangélique (ex-darbystes) : 20 communautés locales (15 en Suisse romande)
  • Églises mennonites : 14 communautés locales (6 en Suisse romande)
  • Églises apostoliques romandes: 11 communautés locales, toutes en Suisse romande

Engagement social et politique des évangéliques en Suisse

En Suisse romande, plus de cent organisations associatives sont évangéliques. Indépendantes de l'état, ces associations s'impliquent dans différents domaines humanitaires et sociaux[11]. Une des œuvres les plus connues est l'Armée du Salut, qui aide les démunis et les marginalisés dans de nombreux pays.

Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, était de confession protestant évangélique. Il fut le premier secrétaire de l'Alliance évangélique de Genève, aujourd'hui appelé Réseau évangélique suisse[14]

Sur le plan politique, les évangéliques défendent la liberté de conscience et la liberté de religion pour tous. Ils disent s'opposer au prosélytisme, bien qu'ils le pratiquent avec assiduité et à bien plus large échelle que tout autre groupe religieux. Ils soutiennent le droit de chacun à exprimer et à partager sa foi publiquement ou en privé, dans le respect du choix d'autrui[15].

Traditionnellement situés à l'extrême-droite de l'échiquier politique, les évangéliques prétendent ne pas voter plus à un extrême ou à un autre et se situer dans la même moyenne que le reste de la population (la grande diversité au sein des évangéliques en serait la raison principale), ceci afin de recruter [16].

En Suisse, il existe deux partis politiques se fondant sur des valeurs évangéliques : le Parti évangélique suisse (PEV) et l'Union démocratique fédérale (UDF).

Réseau évangélique suisse

L'instance qui représente les évangéliques en Suisse s'appelle le Réseau évangélique suisse (RES). Son siège romand est à Genève.

Le rôle du RES est d'offrir une plateforme aux évangéliques de Suisse[17].

Dérives sectaires

En Suisse, les Églises évangéliques portent souvent une image extérieure de secte. Elles ne se considèrent pas comme des sectes, même si elles ne sont pas reconnue comme religions officielles, ce qui crée un flou autour de ses formes et ses appellations. Cette image est due à plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a la nature de ces Églises qui sont indépendantes de l'État, a contrario des Églises officielles, soit l'Église catholique romaine et les Églises évangéliques réformées, c'est-à-dire, les Églises protestantes. Cette séparation d'avec l'État a marqué, surtout au XIXe siècle, une certaine méfiance qui est restée marquée comme une empreinte jusqu'au XXIe siècle. Le contrôle de la vie des fidèles et des positions conservatrices dans le domaine de la vie en société, pour le droit à l'avortement, par exemple, rendent les Eglises peu attrayantes, voire même repoussantes. L'intolérance qu'elles ont subie a provoqué, durant le XXe siècle, un repli sur elles-mêmes, les rendant un peu plus distantes encore du reste de la population suisse, et accentuant cette image sectaire[18].

Néanmoins, si ces Églises ne sont pas des sectes, il y a eu, dans les plus charismatiques ou exaltées d'entre elles, des dérives sectaires. Dans les années 1970, Jean-Michel Cravanzola fonde le mouvement Jean-Michel et son équipe. En son sein, il y pratique une application ultra-rigoriste des évangiles et exige de ses membres une soumission totale et un dépouillement financier. En 1979, il est condamné par le tribunal correctionnel de Lausanne pour escroquerie en bande organisée. Néanmoins, son mouvement va perdurer jusqu'en 1992[18].

Ce genre de personnes accentue, à nouveau, l'image sectaire de l'ensemble des Églises évangéliques, bien que quelques-unes d'entre elles ne soient pas totalement représentatives du mouvement évangélique suisse[18]. Ceci n'étant toutefois pas le propre des Églises évangéliques, puisque de telles dérives sectaires se sont aussi produites, durant la même période post-1968, dans les Églises « officielles ». C'est notamment le cas de l'Église catholique avec la communauté des Béatitudes en France voisine. Le Réseau évangélique suisse reconnaît toutefois qu'aucun de ses membres et de ses communautés n'est à l'abri de dérives sectaires[19].

Littérature

  • Le phénomène évangélique, analyses d'un milieu compétitif, Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet, Emmanuelle Buchard, Labor et Fides, 2013.
  • Les Églises évangéliques de Suisse, origines et identités, Olivier Favre, Labor et Fides, 2006.
  • Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme, brochure éditée par le Réseau évangélique suisse, 2014.
  • La foi d'Henry Dunant, par Thomas Hanimann, brochure éditée par le Réseau évangélique suisse, , Genève.
  • Jean-François Mayer, L'évolution des chrétiens évangéliques et leur perception en Suisse romande (préface de Norbert Valley), Genève, Réseau Évangélique Suisse, 2016, 84 p.

Notes et références

  1. Olivier Favre, Les Eglises évangéliques de Suisse : origines et identités, Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.35
  2. Olivier Favre, Les Eglises évangéliques de Suisse : origines et identités, Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.66
  3. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique suisse, , 8 p., p.2
  4. « FAQ pour les pros », sur evangelique.ch
  5. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique suisse, , 8 p., p.3
  6. Olivier Favre, Les Eglises évangéliques de Suisse : origines et identités, Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.167
  7. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique Suisse, , 8 p., p.4
  8. Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet et Emmanuelle Buchard, Le phénomène évangélique : analyses d'un milieu compétitif, Genève, Labor et Fides, , 342 p. (ISBN 978-2-8309-1468-9, lire en ligne), p.32
  9. Olivier Favre, Les évangéliques de Suisse, Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.168
  10. Jörg Stolz, Olivier Favre, Caroline Gachet et Emmanuelle Buchard, Le phénomène évangélique : analyses d'un milieu compétitif, Genève, Labor et Fides, , 342 p. (ISBN 978-2-8309-1468-9, lire en ligne), p.33
  11. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique suisse, , 8 p., p.5
  12. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique suisse, , 8 p., p.6
  13. http://www.lavie.fr/religion/protestantisme/il-y-a-pres-de-600-millions-d-evangeliques-dans-le-monde-22-01-2014-48987_18.php
  14. Thomas Hanimann, La foi d'Henry Dunant, Genève, Réseau évangélique suisse, , 20 p., p.8
  15. Qui sont les évangéliques? Petit lexique pour mieux comprendre cette branche du protestantisme., Genève, Réseau évangélique suisse, , 8 p., p.7
  16. Olivier Favre, Les Eglises évangéliques de Suisse. Origines et identités., Genève, Labor et Fides, , 368 p. (ISBN 978-2-8309-1215-9, lire en ligne), p.250
  17. « Portrait », sur evangelique.ch
  18. J.-O. Pidoux, « Eglises évangéliques et sectes : Une confusion empoisonnante », protest info, (lire en ligne, consulté le )
  19. « FAQ pour les pros : Les évangéliques sont-ils une secte ? » [html], sur evangelique.ch (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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