Protocoles de Paris

Les protocoles de Paris sont trois protocoles et un protocole additionnel signés le 27 et à Paris entre l'État français (régime de Vichy) et le Troisième Reich[1]. Les trois protocoles concernent :

  • des facilités en Syrie pour les troupes allemandes notamment la mise à disposition d'aérodromes pour la Luftwaffe (formalisation d'accords intervenus début mai)[1] ;
  • l'utilisation du port tunisien de Bizerte et de la voie ferrée Tunis-Gabès pour l'approvisionnement de l'Afrika Korps[1] ;
  • l'accès aux navires de guerre et de commerce allemands au port de Dakar[1].

Le protocole additionnel constituait la contrepartie allemande aux concessions françaises :

Ce protocole additionnel commence par le paragraphe suivant qui montre que ses signataires n'en ignorent pas les conséquences possibles : « Le gouvernement français doit escompter que le droit d'utiliser le port de Bizerte, fixé dans l'accord sur l'Afrique du Nord et la protection des transports de matériels débarquant dans ce port à destination de l'armée allemande d'Afrique, ainsi que l'aide à accorder aux forces de la Marine allemande prévu dans l'accord sur l'Afrique-Occidentale française et l'Afrique-Équatoriale française peuvent conduire à un conflit armé immédiat avec l'Angleterre ou avec les États-Unis[2] ».

La délégation française est menée par l'amiral Darlan qui dirige depuis février le gouvernement de Vichy (vice-président du Conseil) dont il est également ministre des Affaires étrangères et ministre de la Marine. Il est accompagné par Fernand de Brinon, représentant du régime de Vichy à Paris, de Jacques Benoist-Méchin, secrétaire-adjoint à la vice-présidence du conseil et du général Huntziger, ministre de la Guerre[1]. La délégation allemande est composée d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne à Paris et du général Warlimont, chef adjoint de Oberkommando der Wehrmacht, le commandement suprême des forces armées allemandes[1].

Contexte

Le , l'amiral Darlan, accompagné de Jacques Benoist-Mechin rencontre Hitler, accompagné du ministre des Affaires étrangères du Reich, Ribbentrop dans sa résidence du Berghof[1] à Berchtesgaden dans les Alpes bavaroises.

Darlan qui pense que le Royaume-Uni ne pourra pas gagner la guerre et devra abandonner le continent européen à la domination allemande veut négocier avec l'Allemagne. Mais les entretiens sont décevants pour les Français[1], Hitler proposant un vague donnant-donnant, sans engagements. Il est plus préoccupé par la préparation de l'invasion de l'URSS[1], d'autant que Rudolf Hess s'est envolé la veille pour l'Angleterre[1]. L'accord est signé fin mai par, côté allemand, Otto Abetz[1] et Darlan, côté français.

Conséquences

L'accord sur les facilités en Syrie conduira à un affrontement entre des troupes fidèles au régime de Vichy et des troupes de la France libre[1] lors de la campagne de Syrie, ainsi que la livraison depuis l'Afrique du Nord, de camions, de matériel d'artillerie et d'approvisionnements divers, pour l'Afrikakorps[1]. De Gaulle, dès qu’il a connaissance des pourparlers, déclare à la radio de Brazzaville le 18 mai 1941[3] : « J’affirme que le devoir consiste dans la révolte vis-à-vis des traîtres qui livrent l’Empire après avoir livré la patrie » et ordonne à Catroux de préparer la marche sur Damas.

Le 21 juin 1941, Damas est conquise, après deux semaines de combats meurtriers entre troupes vichystes et anglo-gaullistes, puis finalement toute la Syrie et le Liban le 12 juillet. Les forces vichystes refusent que le représentant la France libre, Georges Catroux, présent aux négociations, soit invité à signer l'accord[4].

Le général Weygand, alors délégué général en Afrique française, s'oppose fermement aux accords lors du conseil des ministres à Vichy les 3 et [1] pour ce qui concerne les opérations en Afrique du Nord. Hitler, tout à sa préparation de l'invasion de l'URSS, ne s'y intéresse pas[1].

Après le rappel de Weygand en métropole, l’Afrika Korps se ravitaillera à partir de la Tunisie[5].

Notes et références

  1. Michèle et Jean-Paul Cointet, Dictionnaire historique de la France sous l'Occupation, Paris, Tallandier, , 732 p. (ISBN 978-2-235-02234-7).
  2. Edgard de Larminat, Chroniques irrévérencieuses, Paris, Plon, 1962.
  3. « Chronique mai 1941 », sur La France libre
  4. Antoine Hokayem, « La France et le Levant de 1940 à 1943 : l'indépendance du Liban et de la Syrie », Cahiers de la Méditerranée, vol. 48, no 1, , p. 83–118 (DOI 10.3406/camed.1994.1112, lire en ligne, consulté le )
  5. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome I, Pocket, p. 309
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