Principauté de Sedan

La principauté de Sedan était une principauté indépendante de l'époque moderne (Renaissance et première moitié du XVIIe siècle) centrée autour des Ardennes et de sa capitale Sedan, entre Pays-Bas espagnols, royaume de France et Saint-Empire.

Principauté de Sedan

28 août 1549[1]  19 septembre 1642

Plan de la Principauté de Sedan
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Sedan
Langue(s) Français, champenois
Religion Protestantisme et Catholicisme
Superficie
Superficie

154,63 km2 (de 1424 à 1487 puis de 1521 à 1549) 384,63 km2 (de 1484 à 1521)

215,57 km2 (de 1549 à 1642)
Histoire et événements
08 mai 1424 Achat de la seigneurie par Évrard II de La Marck-Arenberg
1484 Indépendance du duché de Bouillon de la Principauté de Liège rattaché aux seigneurs de Sedan
1521 Annexion du duché de Bouillon par Charles-Quint
1547 Henri II reconnaît l'état souverain
28 août 1549 28 août 1549 Robert de La Marck prend le titre de souverain
1549 Robert IV de La Marck se déclare souverain. Rattachement de la seigneurie de Raucourt
1560 Henri-Robert de La Marck et Françoise de Bourbon-Vendôme proclament dans leur principauté la liberté et l'égalité des cultes catholiques et protestants
20 septembre 1642
Princes de Sedan
1424-1440 Évrard II de La Marck-Arenberg
1626-1642 Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L'évolution vers la souveraineté des terres de Sedan

Au Moyen Âge, Sedan dépend du fief de Mouzon dont le roi de France était le seigneur. Les seigneurs de Sedan étaient donc leurs vassaux. La ville se développe entre le château de Sedan et la Meuse. L'élévation du château de Sedan va modifier le lien avec l'abbaye de Mouzon : les seigneurs de Sedan deviennent progressivement maîtres chez eux. En 1484, les La Marck reçoivent en gage le duché de Bouillon. Ils se proclament ducs de Bouillon en 1492 : ce duché se détache ainsi de la principauté de Liège, le prince-évêque Jean de Hornes, étant occupé à restaurer le territoire liégeois ruiné par les destructions et les troubles du règne de son prédécesseur, Louis de Bourbon. En 1521, les troupes de Charles-Quint reprennent la forteresse de Bouillon mais l'empereur germanique laisse au seigneur de Sedan la propriété de 18 villages autour de Francheval[2].

Robert IV de La Marck prolonge cette politique d'agrandissement. En 1547 notamment, il échange avec le roi de France des terres autour de Mouzon contre des terres du pays sedanais. Dans les lettres formalisant cet échange, Henri II le reconnaît souverain sur les terres cédées. En 1549, il acquiert une seigneurie souveraine, la seigneurie de Raucourt de Claude de Foix, comtesse de Rethel et épouse de Charles de Luxembourg. L'acquisition de la souveraineté de Raucourt permet à la maison de La Marck de franchir un pas décisif dans la souveraineté globale de leur territoire sedanais[3],[4]. Robert de La Marck prend le titre de souverain le , à l'occasion d'un tournoi entre les seigneurs d'Aguerre et de Fendilles. Ces deux gentilshommes opposés dans une querelle où leur honneur était en jeu avaient demandé au roi de France de bénéficier du Jugement de Dieu, pour les départager. Henri II qui venait d'interdire ce type d'épreuves à la suite du duel du marqué par le fameux coup de Jarnac, le leur refusa en France, mais demanda au seigneur de Sedan de l'organiser sur ses terres. D'Aguerre en sortit vainqueur, et le duel fut clôturé par un rapport qui, insista en de multiples reprises sur la souveraineté de Robert de La Marck.

« La situation de Sedan sur un bord jaloux de frontière, avec la forteresse qui y fut bâtie, mirent ses seigneurs en état de nager entre la France et la Maison d'Autriche, par le fait et la commodité des lieux, non par aucun droit d'indépendance », écrit le duc de Saint-Simon (qui n'aimait pas les Princes de Sedan), dans ses Mémoires[5]. Il parle aussi de « chétive souveraineté, grande comme la main, pot à moineaux, repaire de bêtes venimeuses, repaire de voleurs et des partis bleus des Ardennes, asile de tous les scélérats, souveraineté sur quelques sangliers ! »[6].

Robert de La Marck s'affirme souverain sur ses terres, mais ne se donne pas encore le titre de Prince. Le pas sera franchi par sa descendance[7].

La principauté de Sedan et le protestantisme

Au moment où la maison de La Marck fait proclamer sa souveraineté sur les terres sedanaises, rien ne trahit la présence d'un pasteur ou de réfugiés protestants dans la cité ou les villages environnants. La question religieuse ne se pose pas encore. Mais l'affirmation de l'indépendance de ce mini-État va y faire affluer les réformés. C'est le premier refuge hors de France au nord-est du royaume, et même si les princes en sont encore catholiques, leur tolérance est connue[8].

Le , le duc de Guise et ses troupes perpètrent le massacre de Wassy. L'afflux de réfugiés calvinistes à Sedan s'accroît. Henri-Robert de La Marck n'est pas sur ses terres, il sert le roi de France comme gouverneur en Normandie, mais son épouse Françoise de Bourbon-Vendôme les autorise à s'installer dans sa principauté. À son retour à Sedan fin 1562, Henri-Robert de La Marck constate l'implantation de ces réfugiés, et également les premières conversions au sein de la population native[8].

Le , Henri-Robert de La Marck et Françoise de Bourbon-Vendôme proclament dans leur principauté la liberté et l'égalité des cultes catholiques et protestants. Ils choisissent eux-mêmes la religion protestante, sans en faire état de façon spectaculaire[8].

La cession de la principauté au royaume de France

En 1602, le prince de Sedan, Henri de La Tour d'Auvergne, est mêlé à la conjuration de Charles de Gontaut-Biron et, en 1604, au complot de la marquise de Verneuil, Catherine Henriette de Balzac d'Entragues. Ses terres sont confisquées. Benjamin Aubery du Maurier est intendant au service du Prince de Sedan.

En 1606, Henri IV organise une expédition à Sedan. Henri de La Tour d'Auvergne implore son pardon et récupère ses biens. En 1613, Henri de La Tour d'Auvergne participe à la rébellion des princes. En 1630, ses fils participent aux conspirations de Gaston de France. En 1641 a lieu la bataille de la Marfée, qui voit la victoire des Sedanais face aux troupes du roi de France. Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne participe à la conspiration de Cinq-Mars en 1642. La principauté de Sedan est alors rattachée à la France[9].

Le , le roi Louis XIV, pour le bien de son état et pour mettre à couvert la frontière de Champagne, suivant la résolution du défunt roy son père Louis XIII acquiert définitivement les principautés de Sedan et de Raucourt avec toutes leurs appartenances et dépendances en échange d'autres territoires en France[10].

Un arrêt du parlement de Paris rendu par le procureur général Daguesseau en 1709, rappelle la souveraineté du roi de France.

Géographie

La principauté de Sedan comprenait :

Seigneurs et princes de Sedan

Les princes de Sedan sont par alliance, Comtes de Braine et Comtes de Roucy

Maison de La Marck

Maison de La Mark

Maison de La Tour d'Auvergne

Le caveau des princes

Les princes protestants de Sedan furent enterrés au temple protestant, actuelle église Saint-Charles. Les corps furent translatés en 1930 place d'Alsace-Lorraine. On trouve dans ce caveau :

Une principauté protestante

Les pasteurs protestants

Les princes de Sedan fondent l'académie de Sedan.

Les réfugiés protestants

De nombreux protestants se réfugient à Sedan après les massacres de la Saint-Barthélémy :

L'artisanat

Du 16e siècle au 17e, les princes de Sedan battent monnaie et encouragent les manufactures d'armes, la fabrication du draps de laine, la dentelle Point de Sedan et l'horlogerie. Des imprimeurs protestants comme Jean Jannon s'installent dans la principauté, Bernard Palissy y réalise ses recherches sur les émaux.

Les gouverneurs après le rattachement à la France

Notes et références

  1. Congar, Lecaillon et Rousseau 1969, p. 149-173.
  2. Congar, Lecaillon et Rousseau 1969, p. 149-151.
  3. Congar, Lecaillon et Rousseau 1969, p. 152.
  4. Sartelet 1991, p. 15.
  5. Saint-Simon 1856, p. 65.
  6. Saint-Simon 1881, p. 257.
  7. Congar, Lecaillon et Rousseau 1969, p. 151.
  8. Congar, Lecaillon et Rousseau 1969, p. 180-181.
  9. Marc Scheidecker et Gérard Gayot, Les protestants de Sedan au XVIIIe siècle, Honoré Champion,, , p. 15-23
  10. Testut 1921.

Voir aussi

Sources

Classement par date de parution décroissante.

  • Aurélien Behr, Sedan enjeu international et confessionnel, 1520-1685, Paris, SHAS-D. Guéniot, 2016, 371 p.
  • Marc Suttor, Vie et dynamique d'un fleuve : la Meuse de Sedan à Maastricht (des origines à 1600), éditions de Boeck Supérieur, 2006, 695 p.
  • Alain Sartelet, La Principauté de Sedan, Charleville-Mézières, Éditions Terres Ardennaises, , 180 p. (ISBN 2-905339-17-9), p. 60.
  • Solange Bidou, « Terres de Princes, éléments de géographie historique. », dans La première moitié du XVIIe siècle dans le territoire actuel des Ardennes, Conseil général des Ardennes, , 236 p..
  • Pierre Congar, Jean Lecaillon et Jacques Rousseau, Sedan et le pays sedanais, vingt siècles d’histoire, Éditions F.E.R.N., , 577 p..
  • Jean-Paul Drappier, Les institutions politiques dans la Principauté de Sedan, thèse de Doctorat en Droit, université de Paris, 1947.
  • Léo Testut, « La prise de possession de la ville et comté de Beaumont en Périgord par la famille de Bouillon, en mai 1654 », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. 48, , p. 192-200 (lire en ligne).
  • Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, Écrits inédits de Saint-Simon, vol. 3, Éditions Hachette, .
  • Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, Mémoires complets et authentiques du Duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la régence, Éditions Henri Plon, (lire en ligne), chap. XVII.
  • Jacques Peyran, Histoire de l'ancienne principauté de Sedan, Librairies Servier et Ponthieu, (lire en ligne) & tome II.
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