Population carcérale en France

Cet article contient diverses statistiques sur la population carcérale en France.

En France, la population carcérale est placée sous la responsabilité du ministère de la Justice.

Pour un article plus général, voir Prison en France.

Évolution

Évolution de l'activité carcérale en France de 1997 à 2008. Source: statistiques du Ministère de la Justice[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7]

L'évolution de la population carcérale et du nombre de places en France est la suivante[note 1] :

  • en 1946 : 62 000 personnes détenues en métropole, ce qui donne un taux de détention record de 155 détenus pour 100 000 habitants, près de la moitié des prisonniers étant incarcéré pour fait de collaboration[8] ;
  • en 1957 : 20 000 personnes détenues, soit le taux de détention le plus bas de l'histoire de 45 détenus pour 100 000 habitants[8] ;
  • de 1950-1980 : La population carcérale française regroupe, en plus des détenus de droit commun, de nombreux prisonniers bénéficiant d'un régime pénitentiaire spécial, 25 % des détenus étant des Nord Africains en 1959 (contexte de la guerre d'Algérie). Elle baisse cependant de 1968 à 1975[8] ;
  • depuis 1975 : inflation carcérale corrélée avec l'augmentation de la durée d'incarcération[8] ;
  • en 2006 : 50 207 places opérationnelles pour 60 771 écroués, soit une densité de 121 %[9] ;
  • en  : 50 393 places opérationnelles pour 62 204 écroués[10] ;
  •  : 50 557 places opérationnelles pour 61 810 écroués soit une densité de 122 %[9] ;
  •  : 64 250 détenus. Le nombre de places n'était pas indiqué à cette date, la densité ne peut pas être calculée, elle était néanmoins de 126 % en , un record absolu. En , l'ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou estimait le nombre de places au à 50 610[11].

Au , d'après le ministère de la Justice[10] :

  • 19 283 des écroués (31 %) sont des prévenus c'est-à-dire en attente de procès[note 2] ;
  • la population écrouée non hébergée a cru de 54,1 % entre et .

Il n'est pas produit de chiffres discriminant la population carcérale selon la couleur de peau. Le sociologue Jérôme Valluy dit à ce sujet que « le Ministère de la Justice a honte de son racisme technocratique »[12].

Au , d'après le ministère de la Justice[13], il y a :

  • 50 693 places,
  • 61 076 personnes écrouées détenues dont :
    • 44 279 (69 %) sont condamnées
    • 16 797 (26 %) sont des prévenus, c'est-à-dire en attente de procès.
  • 2 927 personnes sont écrouées non hébergées

Au , d'après le ministère de la Justice[14], il y a :

  • 57 408 places,
  • 67 373 personnes écrouées détenues dont :
    • 50 235 (75 %) sont condamnées
    • 17 138 (25 %) sont des prévenus, c'est-à-dire en attente de procès
  • 10 889 personnes sont écrouées non hébergées

Au , d'après le ministère de la Justice[15], il y a :

  • 58 587 places,
  • 68 253 personnes écrouées détenues dont :
    • 48 879 (71.5 %) sont condamnées
    • 19 384 (28.5 %) sont des prévenus, c'est-à-dire en attente de procès
  • 10 514 personnes sont écrouées non hébergées

Au , d'après le ministère de la Justice[16], il y a : 249 298 personnes prises en charge par l'administration pénitentiaire

  • 172 007 personnes suivies en milieu ouvert
  • 76 601 personnes sous écrou
  • 187 établissements pénitentiaires (86 maisons d'arrêt, 94 établissements pour peine, 6 établissements pénitentiaires pour mineurs, 1 établissement public de santé national à Fresnes)
  • 103 services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP)
  • 37 801 agents dont 27 115 personnels de surveillance et 5 095 personnels des SPIP
  • 2,69 milliards d'euros de budget annuel (hors pensions).

Au  :

70 710 sont incarcérés selon le ministère de l’intérieur, soit 104,3 pour 100 000 habitants.

Durant la pandémie de Covid-19 en France une baisse de 8 500 détenus sur tout le territoire est due à deux facteurs : le premier, pour près de la moitié, est dû à la réduction de l’activité des juridictions pénales. L'autre facteur est l'augmentation des sorties de détention consécutives aux mesures mises en œuvre par les parquets et les juges d’application des peines depuis le début du confinement de 2020 en France[17]. Thierry Cordelette, personnel pénitentiaire à la maison d'arrêt de Dijon, et délégué régional UFAP-UNSA, s'interroge « Si on est capables dans ce contexte-là de remettre dehors des détenus, et que cela se passe relativement bien, quand on va revenir à une situation normale, la question à se poser, c'est pourquoi incarcérer ces gens-là finalement ? On est capable de mettre 3 à 4 000 personnes dehors, et quand le confinement sera terminé, on remettra des gens dans les prisons pour arriver à des taux d'occupation de 200%. Ça pose question tout de même. »

Au  :

  • les prisons françaises comptent 67 971 détenus pour 60 398 places opérationnelles
  • près de 30 % des personnes incarcérées (19 221) sont des prévenus détenus dans l'attente de leur jugement.
  • Au total, 83 511 personnes sont placées sous écrou, dont 15 540 non détenues font l'objet d'un placement sous surveillance électronique (14 828) ou d'un placement à l'extérieur (712)[18].

Période de détention

Durée moyenne de détention en France 1975-2004. Source : Ministère de la Justice

Au , d'après le ministère de la Justice[réf. souhaitée] :

  • 36,8 % des écroués sont condamnés à une peine de moins d'un an.
  • 23,4 % des écroués sont condamnés à une peine de un à trois ans.
  • 9,8 % des écroués sont condamnés à une peine de trois à cinq ans.
  • 30 % des écroués sont condamnés à une peine de plus de cinq ans.

En 2012, Casanova Agamemnon est le plus ancien détenu du pays[19]. Incarcéré à La Réunion, il a déposé en 2018, après quarante-huit années passées derrière les barreaux, sa 23e demande de libération conditionnelle[20]. Maurice Gateaux détient lui le record de l'incarcération la plus longue avec 53 ans de prison de suite[21].

Répartition

Population féminine

La population carcérale est composée en très grande majorité d'hommes (ils représentaient 96,3 % des détenus en [10]).

Au , d'après le ministère de la Justice, les femmes représentaient 3,5 % des détenus (2 785 femmes)[15].

Population mineure

Population carcérale par tranche d'âge en France. En grisé, les 30 ans et plus[22].

Elle représente entre 1 et 2 % de la population carcérale. Au , d'après le ministère de la Justice, les mineurs représentaient 1,1 % des détenus (724 mineurs)[15].

Population non hébergée

Une partie de cette population n'est pas détenue en prison mais placée sous surveillance électronique.

Population étrangère

En , le ministère de la Justice a publié, en réponse à une question posée à l'Assemblée nationale par le député Les Républicains Guillaume Larrivé, une statistique de la nationalité des détenus dans les prisons françaises. Cette statistique ne fait pas de différence entre prévenus et condamnés[23],[24].

Selon cette statistique officielle, 14 964 ressortissants étrangers se trouvent incarcérés dans les prisons françaises au , sur un total de 69 077 détenus ; cela représente 22 % de l'ensemble de la population carcérale. Les Algériens (1 954 prisonniers), les Marocains (1 895), les Roumains (1 496) et les Tunisiens (1 102) constituent 42 % de ces ressortissants étrangers détenus en France.

D'après le quotidien Libération et son moteur de recherche CheckNews, « Au 1er octobre 2017, la France comptait 16 234 étrangers écroués. Parmi eux, 15 239 sont détenus, c'est-à-dire qu'ils résident en prison, et 995 bénéficient d'un aménagement de peine.[25] »

Population carcérale par nationalité[23],[24]
RessortissantsNombre (et % des détenus en France)
 au en 2007pic de 1993
Algériens1 954  
Marocains1 895  
Roumains1 496  
Tunisiens1 002  
Albanais551  
Portugais480  
Congolais427  
Espagnols319  
Turcs301  
Surinamiens271  
Néerlandais239  
Géorgiens237  
Italiens213  
Comoriens196  
Sénégalais194  
Chinois157  
Allemands63  
Suisses18  
Américains15  
Apatrides10  
Japonais2  
Non connu ou non renseigné66  
Autres...  
Totaux (et taux d'extranéité)14 964 (soit 22 %)11 140 (soit 19,2 %)15 322 (soit 31,1 %)

Infractions commises

24 % des prisonniers sont en attente de jugement.

En 2012, environ 900 000 infractions ont donné lieu à environ 600 000 condamnations pénales prononcées à l’encontre de 520 000 personnes (97 000 personnes ont fait l’objet de plusieurs condamnations)[26].

  • Délits : 93,9 % (22 % des délits ont eux une condamnation ferme)
  • Contravention de 5° classe : 5,7 % (Pas de condamnation ferme)
  • Crime : 0,4 %

Caractéristiques

  • Nationalité : En 2010, selon le Ministère de la Justice et des libertés, 82,2 % des détenus sont de nationalité française ou binationaux[27].

Mortalité

Le taux de suicide en prison est de 18,5 pour 10 000 prisonniers, contre 2,5 pour 10 000 habitants en France. Le taux de suicide en prison est donc 7 fois plus élevé que dans le reste de la France, malgré le dispositif de sécurité anti-suicide déployé dans les prisons[28].

Notes et références

Notes

  1. La population écrouée non détenue n'est pas incluse : le rapport de mars 2007 signale que « depuis le 1er mars 2004, les données n'intègrent plus l'ensemble des personnes écrouées non détenues. » (page 18)
  2. le chiffre est de 2/3 pour les mineurs écroués

Références

  1. chiffres clés de Ministère de la Justice
  2. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France en février 2007 [PDF]
  3. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France en janvier 2007 [PDF]
  4. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France pour l'année 2006
  5. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France pour l'année 2005
  6. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France pour l'année 2004
  7. Statistique du Ministère de la Justice de la population écrouée et détenue en France pour l'année 2003
  8. Pierre-Victor Tournier, « La population pénitentiaire en France depuis 1945 », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, 4 mars 2013
  9. « 63.838 détenus en France: un record historique », Libération,
    « Nombre des détenus record dans les prisons françaises », Libération,
  10. Statistique du Ministère de la Justice sur la population écrouée et détenue en France en mars 2007 [PDF]
  11. Libération du 22 septembre 2008, page 36
  12. Interviews réalisées par l'Autre Campagne. Voir aussi: J. Valluy (dir.) Xénophobie de gouvernement, nationalisme d’État, Cultures et conflits, mai 2008, n°69.
  13. (fr) « Statistique mensuelle de la population écrouée et détenue en France au 1er janvier 2008 », sur justice.gouv.fr (consulté le )
  14. « Statistique mensuelle de la population écrouée et détenue en France au 1er juillet 2012 », sur justice.gouv.fr (consulté le )
  15. « Statistique mensuelle de la population écrouée et détenue en France au 1er septembre 2016 », sur justice.gouv.fr (consulté le )
  16. « ministère de la justice » (consulté le )
  17. https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/dijon/coronavirus-covid-19-tension-retombe-etablissements-penitentiaires-1814954.html
  18. Prisons : près de 68.000 détenus au 1er juillet, une hausse de 15,7% en un an, lefigaro.fr, 28 juillet 2021
  19. « Le plus ancien détenu de France ne perd pas espoir », sur Le Parisien,
  20. https://www.francetvinfo.fr/societe/prisons/enquete-franceinfo-comment-casanova-agamemnon-est-devenu-le-plus-vieux-detenu-de-france_2668930.html
  21. « Ces détenus qui vieillissent derrière les barreaux », lefigaro.fr, 2017-09-15cet07:00:00+01:00 (lire en ligne, consulté le )
  22. Ministère de la Justice, chiffres 2003
  23. Alexis Feertchak, « Plus d'un détenu sur cinq en France est de nationalité étrangère », sur Le Figaro, (consulté le )
  24. « Près de 15 000 étrangers dans les prisons françaises, soit plus d'un détenu sur cinq », Russia Today, (consulté le )
  25. Jacques Pezet, « Morano a t-elle raison quand elle annonce que 15 000 détenus en France sont étrangers ? », Libération/CheckNews,
  26. « Prévention de la récidive et individualisation des peines », sur Justice.gouv
  27. « Ouest-France »

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Jérôme Valluy
  • Annuaire statistique de la Justice, Ministère de la Justice

Liens externes

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