Pont routier d'Étaples

Le pont routier d'Étaples, appelé « pont rose » pour sa couleur ou, plus communément, « pont d'Étaples », relie Étaples à Cucq et Le Touquet-Paris-Plage dans le Pas-de-Calais, en France. Il est situé sur l'estuaire de la Canche à l'amont du port d'Étaples. Depuis 1860, c'est le quatrième pont successif assurant la traversée de la Canche d'Étaples à Cucq.

Pont d'Étaples redirige ici.

Pont routier d'Étaples

Le pont à l'entrée d’Étaples
Géographie
Pays France
Région Hauts-de-France
Département Pas-de-Calais
Commune Étaples - Cucq
Coordonnées géographiques 50° 30′ 45″ N, 1° 38′ 08″ E
Fonction
Franchit Canche (fleuve)
Fonction Pont routier
Caractéristiques techniques
Longueur 163,50 m
Largeur 15 m
Matériau(x) Béton - acier - parements de gravier rose
Construction
Construction 1947-1949
Architecte(s) Édouard Crevel
Paul Decaux
Ingénieur(s) Hennequin
Maître(s) d'œuvre Ponts et Chaussées
Maître d'ouvrage Entreprise Peulabeuf
Entreprise(s) Entreprise Peulabeuf
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
Géolocalisation sur la carte : Pas-de-Calais

Pont actuel dit « pont rose »

Historique

Ce pont dit « pont rose »[1], en raison de la couleur de son parement de gravier qui orne son armature de béton[2], situé, pratiquement à l'emplacement du deuxième pont appelé « pont Peulabeuf », est construit à partir de 1948[2], sous la direction de M. Hennequin, jeune ingénieur de l'École nationale des ponts et chaussées, de MM. Muchery père et fils représentant l'entreprise Peulabeuf d'Arras, d'André Fourrier, son directeur, et du chef de chantier Paul Van Compernol (il fut maire de Camiers en 1953[3]). Les architectes le désaxent par rapport au précédent qui traversait la place d’Étaples dans sa largeur car « on craignait que lors de sa construction, les fondations de l’ancien ne s’ébranlent »[2].

Pour permettre de fluidifier la circulation importante venant au Touquet-Paris-Plage, difficile sur le pont provisoire, le nouveau pont est ouvert à la circulation le [4] avant que les travaux ne soient complètement terminés et, surtout, avant les tests de résistance et la réception officielle des travaux[alpha 1].

Il est de nouveau fermé en septembre, pour l'achèvement des travaux et la réalisation des tests. Ceux-ci sont réalisés en soumettant chaque travée aux mêmes épreuves, neuf camions chargés, représentant 158 tonnes sont placés sur la chaussée, chaque trottoir étant recouvert de 40 tonnes de cailloux, le fléchissement enregistré est de 1,75 mm. Puis, en charge roulante, le fléchissement dû au passage de 17 camions représentant une masse de 315 tonnes n'est que de mm. Les tests s'avèrent donc concluants, le fléchissement maximal autorisé étant de 10 mm[5].

Caractéristiques techniques

Ce pont, construit en béton armé avec des parements de gravier rose, repose sur trois piles, au lieu des six du second pont, à l'origine de l'envasement de la Canche.

Il est constitué de quatre arches de 38 m et mesure 163,50 m de long et 15 m de large[2]. La chaussée a une largeur de 10 m et ses deux trottoirs font 2,5 m de large.

Historique de la traversée de la Canche d'Étaples à Trépied

À l'origine, existait un passage à gué et un bac, reliant Étaples à Trépied, hameau de la commune de Cucq. Un autre bac était situé à Attin, qui fut « durant près de mille ans, le seul grand chemin royal de France en Angleterre. Les sentiers qui reliaient le bac à la citadelle de Montreuil, furent la grand'route du trafic comme celle des invasions »[6].

De 1804 à 1900

Avant la construction du premier pont, il faut utiliser le bac d'Étaples, qui a donné son nom à la rue du Bac et qui avait une certaine importance, car celui qui en était adjudicataire devait au Roi un droit de péage à prendre sur tous ceux qui passaient l'eau à Étaples. On payait un sou à marée basse et deux sous à marée haute[7].

En 1804, Napoléon Ier ordonne la construction d'un pont pour traverser la Canche, à Étaples. Ce pont est réalisé sous Napoléon III en 1860.

Cet ouvrage, long de 188 m, dont 100 m en fer et 88 m en bois, de m de large et ne comportant pas de trottoirs pour les piétons[4], est livré le . Il est posé, pour moitié, côté rive droite, sur des piles en maçonnerie et tablier métallique, et comprenant 5 travées de 20 m, et pour l'autre moitié, côté rive gauche, sur échafaudage en bois et tablier de même, comportant 10 travées de m[4].

Le coût de la construction de cet ouvrage est estimé à 120 000 Francs, le coût réel fut de 143 000 Francs[4], en partie financée par des aides de l’État (pour un montant de 70 000 Francs), du département, de la commune d'Étaples et des communes intéressées. La différence est financée par un droit de péage perçu pendant 45 ans par M. Legrand, ingénieur civil à Paris et entrepreneur de l'ouvrage, le garde du pont, chargé de percevoir ce droit de péage est M. Gorenger, qui demande avec son accent alsacien « ... Teux zous pour basser et teux zous pour rabasser »[8],[9]. Le pont fut ouvert à la circulation le [4].

En 1877, est lancé le projet du rachat du péage afin d'assurer la gratuité du franchissement du pont. Alphonse Daloz, ancien notaire, mène les négociations avec la région[10]. Le le péage est supprimé, le département et les communes intéressées ont racheté l'ouvrage pour un montant de 70 000 Francs[4].

De 1900 à 1926

Durant l'hiver 1899-1900, sous l'impulsion de Paris-Plage, qui souhaite voir aboutir le projet de tramway, il est décidé d'entreprendre le renforcement de ce pont pour le passage du futur tramway d'Étaples à Paris-Plage. Il s'agit d'élargir la première partie en maçonnerie et de remplacer complètement la seconde partie en bois.

Les travaux du pont ont été adjugés à la maison Kessler et Cie, constructeurs à Argenteuil (Val-d'Oise)[EL 1]. Pour la première partie, on installe latéralement et de chaque côté un système de potences, sur lesquelles on place les trottoirs ; l'ancienne largeur formant entièrement la route pour le tramway et les voitures.

Pour la seconde, qu'il s'agit de refaire entièrement, on enfonce dans le sable des tubes en acier dans lesquels on coule du béton. Ceux-ci dressés, de chaque côté, sont reliés entre eux par une armature métallique puissante sur laquelle est assis un tablier métallique.

La dernière travée est mise en place le , et, en quatre jours, tout est terminé. Le 8, on installe les poteaux destinés à supporter les fils conducteurs du courant, dans la traversée du pont.

Le mardi 10, au matin, la réception des travaux a lieu en présence de l'ingénieur Marion, de M. Houpert (ingénieur des Ponts et chaussées), de Jules Moleux (conseiller général du canton d’Étaples) et de François Godin, maire de Cucq. Ils effectuent le parcours en tramway de la gare d'Étaples à la station balnéaire Paris-Plage, le permis d'exploitation est donné.

L'après-midi, le tramway fonctionne pour le public.

L'inauguration officielle a lieu le , elle devait se dérouler sous la présidence du préfet du Pas-de-Calais Alapetite, empêché au dernier moment, il s'était fait représenter par M. Buellet, son secrétaire général, accompagné par M. Jules Gerberot, vice-président du conseil de préfecture, assisté du député Louis Boudenoot et de toutes les autorités de la région, cette inauguration se conclut par un banquet qui se déroula au Grand-Hôtel de Paris-Plage autour d'une vaste table qui réunit 70 couverts, en plus des personnes citées, étaient présents MM. Roger de Rocquigny, maire d'Étaples, Lalouette, président du syndicat des propriétaires de Paris-Plage, Garet père, trésorier du syndicat, Charles Prévost, le premier concessionnaire de la ligne, tous les membres du conseil municipal de Cucq, etc.[EL 1].

En 1925, ce pont a été supprimé après la mise en service du deuxième pont dit « pont Peulabeuf ». On peut voir les grilles, vestiges de cet ouvrage, sur le pont situé sur le site du moulin de Maintenay[11].

Le deuxième pont dit « pont Peulabeuf »

Ce pont, situé plus en aval du premier pont, pratiquement où a été construit le quatrième pont dit « pont rose », est appelé « pont Peulabeuf » (ou Pont Blanc), du nom de l'entrepreneur de travaux publics d'Arras, Louis Peulabeuf, spécialisé dans les grands ouvrages en ciment armé[alpha 2], qui l'a réalisé, du à [2]. Il est conçu par les architectes Paul Decaux, d'Arras, et Édouard Crevel, de Paris. L'exécution des travaux est suivie par M. Boutet, ingénieur en chef des ponts et chaussées. Son coût est estimé à 4 millions de francs.

Construit en béton armé, sa longueur est de 166,8 m[4]. Il comporte six piles et deux culées. Le tablier est prévu pour deux voies ferrées d'intérêt local, le tramway, ainsi que pour deux files de véhicules. la largeur totale de la chaussée est de 10 m, la largeur de chaque trottoir est de 2,5 m. Ces dispositions très largement conçues sont entièrement justifiées par le développement de la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage. Le pont est également équipé de huit lampadaires de chaque côté[13].

Parallèlement à l'exécution de l'ouvrage proprement dit, l'entrepreneur a dû établir une importante déviation du chemin de grande communication no 119. Du côté Étaples, l'entrée du pont a été complètement dégagée, par l'élargissement de la rue du Port jusqu'à la place principale d'Étaples. En 1923, pour la construction de la digue du champ de courses, des remblais, exécutés en blocs de marne, extraits d'une carrière d'Étaples, à environ 600 m du chantier, ont été amenés par une voie Decauville qui traversait la Canche sur une passerelle provisoire en bois de 150 m environ, utilisée uniquement pour les travaux de terrassement de cette digue, afin de ne pas retarder les travaux[4]. Sur l'ouvrage et dans la rue du Port, le revêtement, il a été utilisé la brique extra-dure d'Hydrequent (ancienne commune regroupée avec Rinxent) posée au ciment sous forme de béton[13]. Le , pour l'inauguration du pont, la commune du Touquet-Paris-Plage organise un banquet au Casino de la forêt, en présence de M. Wattier, directeur de la navigation, M. Anatole de Monzie, ministre des Travaux publics, qui devait présider cette cérémonie, étant retenu à Paris par un conseil de cabinet d'une importance exceptionnelle. Ce pont, miné par le génie français en mais finalement épargné, est détruit par les allemands le à 13 h 25[14] lors de l'arrivée des Alliés, en l'occurrence les troupes canadiennes[4].

Le troisième pont provisoire

Le précédent pont reliant les deux communes de Cucq et d'Étaples ayant été détruit à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une passerelle de bois pour les piétons est mise en service le , une tempête le démolit le , le , il est décidé de construire un nouveau pont, à l'emplacement du pont de 1860 dont il remploie les culées[4].

Ce pont provisoire est construit en bois, à passage unique avec une zone de croisement en son milieu. Ce pont est ouvert à la circulation le [4] jusqu'en 1949. Il est détruit en 1950[15]. Il était situé à l'emplacement du premier pont dit « pont Napoléon ».

Le quatrième et actuel pont

En 2014, il permet le passage de 25 000 véhicules par jour, hors période de pointe l’été ou à l’occasion de manifestations telle l’Enduropale[2].

En 2017 et 2018, des travaux sont entrepris : rénovation complète de la voirie, création distincte d'un chemin piéton et d'une piste cyclable sur la chaussée du pont afin de permettre la jonction des tronçons de véloroute d'Étaples et du Touquet-Paris-Plage, mais aussi élévation d'un petit muret rétroéclairé entre la route et l'espace piétonnier[16],[17].

Positionnement des différents ponts

En prenant l'ouvrage actuel comme base de comparaison, on constate que le pont Peulabeuf de 1926 établi en biais comparativement au lit de la Canche, était à 60 m en amont, côté Touquet-Paris-Plage, pour aboutir au même endroit devant la Grand Place d'Étaples. Le pont primitif de 1860 se situait à 160 m en amont sur la rive gauche pour aboutir de l'autre côté dans l'axe de la rue d'Hérambault[4].

Pour approfondir

Bibliographie

  • Patrick Bonaventure, Les ponts sur la Canche entre Montreuil et Étaples de 1850 à nos jours, Journées du Patrimoine 2008

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), la « réception de travaux » correspond à l'acte juridique correspondant au moment où le maître de l'ouvrage prend possession de la prestation réalisée dans le contrat passé avec le prestataire. Notamment, dans le cas de contrat de travaux, la réception correspond au moment où la responsabilité de la construction passe des entreprises au maître de l'ouvrage, marquant la fin de la phase de travaux et le début des différentes périodes de garantie.
  2. Louis Antoine Peulabeuf, chevalier de la légion d'honneur, est l’un des grands entrepreneurs de la reconstruction dans le nord de la France[12].

Ouvrages

Ouvrage d'Édouard Lévêque, Histoire de Paris-Plage et du Touquet, souvenirs et impressions, 1905[18],

  1. p. 334 à 338.

Références

  1. « Travaux du département sur le pont Rose », sur le site de la mairie d’Étaples, (consulté le ).
  2. « Sur la route des vacances - Notre jeu de l’été : vous aurez reconnu… Le Pont rose, lien essentiel entre Étaples et Le Touquet », sur le site du quotidien La Voix du Nord, (consulté le ).
  3. Recueil des actes administratifs de la préfecture du Pas-de-Calais. Numéro spécial du 5 août 1953. Tableau nominatif des maires et adjoints du département du Pas-de-Calais élus en 1953.
  4. Communication, du 5 aout 1967, de Fernand Holuigue, secrétaire perpétuel de la Société académique du Touquet-Paris-Plage.
  5. « ? », La Voix du Nord, édition de Montreuil, .
  6. Roger Rodière, Le bac d'Attin - Notice nécrologique, novembre 1904, 28 pages, [lire en ligne].
  7. Société académique du Touquet-Paris-Plage, Mémoire de la société académique de Paris-Plage année 1910, Paris-Plage, imprimerie Delambre-Deroussent à Montreuil et Paris-Plage édité en 1911, 59 p., page 9 écrits de Lucien Ramet.
  8. Société académique du Touquet-Paris-Plage, Mémoire de la société académique de Paris-Plage année 1910, Paris-Plage, imprimerie Delambre-Deroussent à Montreuil et Paris-Plage édité en 1911, 59 p., p. 12 écrits de Lucien Ramet
  9. Histoire des rues d'Étaples sur Gallica,p. 18.
  10. « Pont d'Étaples - rachat du péage », sur gallica.bnf.fr, , p. 170, 171, 172 et 173.
  11. Société académique du Touquet-Paris-Plage, Le Touquet-Paris-Plage 1912-2012 un siècle d'histoires, Le Touquet-Paris-Plage, Les Écrits du Nord Éditions Henry, , 226 p. (ISBN 978-2-917698-93-8), page 40 écrits de Patrick Bonaventure
  12. « 1er juillet 1925 : ouverture du dépôt d’archives d’Arras (centre Georges-Besnier) », sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais, (consulté le ).
  13. Le Génie Civil sur Gallica,p. 109 à 112.
  14. Société académique du Touquet-Paris-Plage, Mémoires de la Société académique du Touquet-Paris-Plage 2007-2010 : cent-unième à cent quatrième années, I.H. Montreuil-sur-Mer édité en 2012, 169 p. (ISSN 1273-6384), p. 48 écrits de Patrick Bonaventure.
  15. « Voix du Nord édition Montreuil sur Mer », Journalier, .
  16. « Étaples Attention, le pont rose va fermer la nuit pendant dix jours », sur le site du quotidien La Voix du Nord, (consulté le ).
  17. « Étaples Le pont rose fermé chaque nuit à partir de lundi, des travaux en journée aussi », sur le site du quotidien La Voix du Nord, (consulté le ).
  18. Édouard Lévêque, Histoire de Paris-Plage et du Touquet, Le Touquet-Paris-Plage, Charles Delambre à Paris-Plage et à Montreuil sur Mer, (lire en ligne)
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