Pierre Clostermann

Pierre Clostermann, né le à Curitiba (Brésil), mort le à Montesquieu-des-Albères (Pyrénées-Orientales), est un aviateur français qui s'est distingué au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Pierre Clostermann

Naissance
Curitiba (Brésil)
Décès
Montesquieu-des-Albères (France)
Origine France
Allégeance  FFL
Arme  Royal Air Force
FAFL
Grade Lieutenant-colonel
Années de service 19421945
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Grand-Croix de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945 (27 citations)
DFC and bar
Chevalier de l'ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Autres fonctions Homme politique, industriel et écrivain

Surnommé « Premier chasseur de France »[1], il est fait compagnon de la Libération avant de devenir une personnalité politique, un industriel et un écrivain.

Biographie

Pierre, Henri, Clostermann[2] est le fils d'un diplomate français - d'origine alsacienne et lorraine - en poste au Brésil, où il croise Jean Mermoz et Henri Guillaumet, alors pilotes de l'Aéropostale. En 1935, il reçoit son baptême de l'air sur l'hydravion Latécoère 521 Lieutenant de Vaisseau Paris sur l'étang de Biscarrosse. En 1937, à l'âge de seize ans, il apprend à piloter à l'aéroclub du Brésil à Manguinhos sur Bücker Bü 131 Jungmann et Bü 133 Jungmeister avec pour instructeur l'allemand Arthur « Karl » Benitz[3], qui sera tué en vol durant la guerre[4]. De 1938 à 1940, il suit les cours d'ingénieur aéronautique de la Ryan School of Aeronautics à San Diego aux États-Unis[3]. En 1940, il obtient son diplôme d'ingénieur en aéronautique et son brevet de pilote professionnel[4]. Il rejoint alors l'Angleterre, via le Brésil, l'Uruguay et l'Afrique du Sud, pour s'engager dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Il a déjà 315 heures de vol à son actif[4].

Carrière militaire

Un élève nouvellement qualifié découvre en compagnie de son instructeur le Supermarine Spitfire, un modèle Mark IIB, immatriculé P8315, avec son instructeur à Rednal dans le Shropshire. No. 61 Operational Training Unit

Débuts en école de chasse

Pierre Clostermann arrive en Angleterre en mars 1942[5]. Il est testé en vol à l'école élémentaire de pilotage de Sywell sur un De Havilland DH.82 Tiger Moth et un vol sur Miles Magister où il est noté average (dans la moyenne)[6]. Il y rencontre par ailleurs celui qui deviendra son meilleur ami, Jacques Remlinger[4]. Il est sélectionné pour suivre les cours d'élève-officier de la Royal Air Force (RAF) au Royal Air Force College de Cranwell où il vole pendant quatre mois sur Miles Master[7]. Il y apprend « les procédures anglaises, les systèmes locaux de navigation, la lecture de carte en rase-mottes dans le brouillard[8],[4] ». Il en sort noté above the average (au-dessus de la moyenne) avec d'excellentes notes à l'écrit dont un 100 sur 100 en reconnaissance des appareils[7].

Pierre Clostermann dans son uniforme français lorsqu'il servait avec le squadron 341 "Alsace" des FAFL.

En janvier 1943, il achève sa formation à l'Operational Training Unit n°61 (no 61 OTU)[note 1] basée à Rednal (Pays de Galles). Il y effectue son premier vol sur le Supermarine Spitfire (matricule TO-S)[8]. Deux mois durant, il s'entraîne au pilotage du Spitfire et aux techniques du combat aérien. Il sort d'OTU à nouveau noté average[9].

OTU

Le sergent Pierre Clostermann est affecté au 341 squadron à l’issue de cette période en OTU. Il participe ainsi à la création de l’unité qui deviendra le groupe de chasse « Alsace ». Le 341 squadron est fondé officiellement le 15 janvier 1943 sur la base de Turnhouse en Écosse et son commandement confié au commandant René Mouchotte. Le rôle assigné à cette nouvelle unité française au sein de la RAF est de réunir les « anciens de Libye et de Syrie » et les « français isolés dans la RAF[10]».

Turnhouse

Clostermann arrive probablement (son nom n’est pas cité explicitement) le 26 janvier 1943 à Turnhouse. L'Operation Record Book (ORB)[note 2] du 341 squadron indique que 4 sergents arrivent ce jour-là. Le squadron n’est cependant pas encore doté d’avions. Ceux-ci arrivent au compte-gouttes à partir du 27 janvier (1er spitfire) puis le 28 janvier (2 exemplaires) et le 1er février (6 exemplaires) (source ORB). Ce qui porte le total d’avions disponibles à 9 le 1er février.

L’entraînement de l’escadrille commence le mardi 2 février 1943 avec 9 appareils sur les 18 avions constituant l’effectif ordinaire d’une unité et 17 pilotes sur les 30 théoriques d’un squadron. Le commandant Mouchotte consacre les deux premiers mois d’existence du 341 squadron à la maîtrise du vol en formation (février) puis à la maîtrise des formes de combats (air-sol, air-air, air-mer) en mars. Mouchotte écrit à propos de cette période : « le premier mois, j’ai l’intention de travailler extrêmement prudemment afin d’amener tout le monde dans le bain et mettre tout à fait au point le nouveau type de formation que j’ai créé. […] Nous ne cherchons pas à abattre le boche au début mais à comprendre notre métier, à améliorer notre forme, à la rendre parfaite comme une belle machine aux rouages huilés »[10]. L’effectif en matériel et en hommes se complète au cours du mois de février et au début du mois de mars.

Biggin Hill

L’avis de mouvement vers l’aérodrome de Londres Biggin Hill, en remplacement du 340 squadron « Île de France » (également une unité des Forces Aériennes Françaises Libres), arrive le 18 mars. Clostermann et ses camarades prennent leur quartier sur la célèbre base le 20 mars.

La vie opérationnelle de l’unité commence réellement le 27 mars par une prise d’alerte (readiness) puis dès le lendemain et pour la première fois pour Clostermann avec une mission scramble. Il vole 1h45. 

Jacques Remlinger rejoint le 341 squadron le 15 avril (il le quittera au mois d’août 1943 pour retourner au 602 squadron).

Clostermann vole une dizaine d’heures en opération chaque mois entre avril et août. Les missions qu’il accomplit avec son escadrille consistent essentiellement en escorte de bombardiers au-dessus de la France (Rodeo, Ramrod) et parfois en Circus. Il seconde le capitaine Martell dont il est assez régulièrement le no 2 (l’équipier chargé de couvrir, défendre le leader) et parfois le commandant Mouchotte lui-même, qui le remarque notamment à l’issue de cette mission du 27 juillet pendant laquelle le jeune Clostermann évite à son leader d’être pris en chasse par deux avions ennemis. À son sujet, Mouchotte écrit : « L’un de mes jeunes, Clostermann qui devrait aller loin, en a eu deux à lui seul »[10]. Le 11 mai, Clostermann rate un atterrissage au retour d'une mission (Circus 295, escorte de six B-25 Mitchell) ; le capitaine Martell l'interdit d'opérations pour cinq jours[11].

La dernière mission répertoriée dans l’Operation Record Book du 341 squadron que Pierre Clostermann accomplit avec cette unité se déroulera le 27 août en fin d’après-midi. Clostermann est ailier du commandant René Mouchotte. Lors de l’accrochage avec l’aviation allemande, la formation de Mouchotte se retrouve en grande difficulté face à de nombreux avions allemands : « Qu'attend le contrôleur pour nous envoyer des renforts ? – 24 contre 90 – Nous n'avons guère de chances d'en sortir. » Le moteur de Clostermann coupe pendant une seconde et il perd alors le contact avec son leader sans jamais parvenir à le retrouver. René Mouchotte disparaît au cours de cette mission (son corps est retrouvé quelques jours plus tard sur une plage belge)[12].

Une polémique naîtra à la suite de la disparition de ce chef respecté de tous. En effet, certains lient directement la disparition de René Mouchotte avec la séparation entre les deux équipiers lors du combat et y voient une faute impardonnable.

En 1946, lorsque le corps de René Mouchotte est identifié par les autorités britanniques chargées de rechercher les pilotes disparus, les documents médicaux montrent qu’il ne portait aucune trace de blessure extérieure (signe qu’il n’a pas été blessé en combat) et que ses poumons ne contenaient pas d’eau (signe qu’il ne se serait pas noyé)[10]. Clostermann dans son livre de souvenirs évoque davantage la fatigue (Mouchotte se plaignait dans ses carnets de sa très grande fatigue) et l’usure sur l’organisme des vols en haute altitude[13].

Le remplaçant de Mouchotte à la tête de l'escadron, le commandant Bernard Dupérier, suspend Clostermann de vol de groupe. Celui-ci n'effectue plus alors, au cours des quatre semaines suivantes, que trois vols de reconnaissance météo, trois séances d'acrobatie, et un vol pour la calibration d'une station radar le 25 septembre où, prévenu de la présence d'un avion ennemi, il touche un Messerschmitt Bf 109 G qui lui est homologué comme endommagé[14].

Détachement dans la RAF

Le Wing Commander Malan et le Squadron Leader Al Deere, conscients sans doute de la situation vécue par le Français au sein du 341 squadron, lui offrent la possibilité de rejoindre l'unité de son choix. Clostermann demande alors son affectation au 602 Squadron "City of Glasgow"[15] pour y rejoindre son ami Jacques Remlinger[8].

Il rejoint le 602 squadron le 26 septembre 1943[14]. L'unité est alors basée à Newchurch[16],[17], à quelques kilomètres d'Ashford au sud-est de l'Angleterre. Le squadron occupe en réalité un terrain provisoire situé dans la périphérie de Newchurch, à côté de Dungeness. Il est encore équipé de Spitfires Vb, un modèle ancien. Ces chasseurs sont de type LF (Low Fighter -chasseur de basse altitude) à ailes raccourcies, optimisés pour les missions à basse altitude. Clostermann n'accomplira que quelques missions sur cet appareil.

Le Supermarine Spitfire Mark IXB, immatriculé MH809 'LO-P' du 602 Squadron de la RAF est guidé hors de son aire de parking sur la base de Ford dans le Kent.

Le 602 squadron change de base le 12 octobre[16],[17] et se pose pour trois mois à Detling (en), une base proche de Londres. Il est alors équipé du Spitfire IXB.

Le 14 octobre 1943, Clostermann doit certainement participer à la mission du 602 qui consiste à escorter les bombardiers B-17 Flying Fortress et B-24 Liberator revenant du deuxième bombardement de l'usine de roulements à billes de Schweinfurt. Mais, alors que le 602 et d'autres escadrons sont prêts à décoller, le contrôle annule la mission à cause d'une météo trop mauvaise[18].

En décembre, son squadron est chargé d'escorter les Hawker Hurricane qui s'en vont bombarder les rampes de lancement des V-1 que l'armée allemande entreprend de construire dans le nord de la France.

Le 17 janvier 1944, le Squadron 602 prend ses quartiers aux îles Orcades sur la base de Skaebrae[16],[17] et retrouve le modèle Vb que Clostermann appréciait peu. La nature des missions change, il s'agit de protéger la base navale de Scapa Flow des intrusions de la Luftwaffe. Outre les missions quotidiennes, Pierre Clostermann et son ami Jacques Remlinger y mènent une vie insouciante et joyeuse, empruntant notamment un jour l'avion personnel du chef de la base pour que Remlinger puisse rejoindre l'une de ses nombreuses conquêtes. Clostermann passe la journée du 23 janvier à bord du cuirassé Richelieu[19] (Clostermann évoque dans son livre Le Grand Cirque avoir assisté au retour triomphal de navires britanniques qui auraient mis hors de combat le cuirassé allemand cuirassé Tirpitz[20], mais celui-ci sera coulé lors d'un bombardement aérien en novembre 1944 par le fameux 617 squadron "Dambuster". Il indique également avoir participé à une escorte de convoi à bord du Richelieu, cependant celui-ci n'a pas quitté Scapa Flow.)

Le 21 février, Clostermann fait son premier vol sur un des quelques Spitfire Mk VII d'intercerption à haute altitude) dont dispose l'escadron. La veille, le Pilot Officer « Ian » Blair a abattu un Messerschmitt Bf 109 G de reconnaissance à bord d'un Spitfire Mk VII, mais, touché par des débris, a du se poser sur le ventre[19]

Le 7 mars 1944, Clostermann est contraint à un atterrissage sur le ventre à la suite d'une panne mécanique, alors que la nuit est déjà tombée. Il en sort avec un bleu au genou[19].

Le 12 mars 1944, l'unité se déplace au sud-est, à portée opérationnelle de la France, et retrouve la base de Detling dans le comté de Kent. Le Squadron 602 fait partie des escadrilles choisies pour expérimenter le bombardement en piqué. Pendant une semaine, du 13 mars au 20 mars, Clostermann et ses équipiers s'entrainent à cette nouvelle technique au polygone de tir de la RAF à Llanbedr au pays de Galles. Le retour à Detling se fait le 20 mars[21],[16],[17].

Clostermann redécolle en opération à partir du 22 mars. Puis le 13 avril, le squadron 602 et le squadron 132 bombardent le site de lancement de V1 de Bouillancourt-en-Séry au sud-est du Tréport. Pierre Clostermann fera une quinzaine de ces missions, qui alternent avec les escortes de bombardiers américains au-dessus du territoire français[21]. Lors de ces missions, il observe, impuissant, l'imprécision de ces bombardements dont est victime la population civile des sites visés.

L'invasion de l'Europe se prépare et le Squadron 602 prend ses quartiers à Ford, une base située près de Brighton le 18 avril 1944[16],[17]. Dans son livre Le Grand Cirque, il souligne le rythme très soutenu des missions, parfois deux dans la même journée, à cette époque.

Les 16-17 mai puis le 2 juin, Clostermann accompagne le Group Captain Rankin au quartier général des forces aériennes alliées. En tant qu'aide de camp, il participe à l'élaboration des plannings des opérations préliminaires du jour « J » pour la chasse. Il n'a alors plus l'autorisation de voler au-dessus des territoires occupés avant le jour « J » passé de dix heures. Les secrets dont il a la connaissance, notamment les informations, même parcellaires, concernant les premières heures du « débarquement » ne doivent pas tomber entre les mains allemandes[22].

Débarquement de Normandie

Le 6 juin, il respecte son engagement et ne recommence à voler que 11 heures après le début du jour « J ». Il participe aux deux dernières opérations de patrouilles de la journée du 602 squadron au-dessus des plages de Normandie et vole au-dessus de Utah Beach en fin d'après-midi et au-dessus d'Omaha Beach en début de nuit[23].

Le sous-lieutenant Pierre Clostermann (à gauche) félicite le Flight Lieutenant Ken L. Charney encore assis dans le cockpit de son Supermarine Spitfire Mark IXB, au retour à la base B11 de Longues en Normandie, après qu'ils eussent chacun abattu un FW 190.

Clostermann vole toujours avec Remlinger, tantôt comme ailier, tantôt comme leader, lors de nombreuses missions d'attaques au sol, non sans ramener leurs avions troués par une flak allemande toujours plus précise. Le 25 juin, les deux hommes sont les premiers pilotes français à se poser sur le territoire national, sur l'aérodrome B-2 de Bazenville[16],[17]. Clostermann revendique 5 succès en combat aérien au cours de cette campagne et autant de victoires probables avant d'être retiré des opérations actives.

Il reçoit la DFC — qui récompense 300 missions de guerre et 11 victoires suivant les critères de la RAF — en même temps qu’il conclut son premier tour d’opération le 7 juillet 1944. Il est retiré des opérations immédiatement. Sa décoration lui est remise par le ministre de l’air, Sir Archibald Sinclair alors qu’il est encore cantonné sur la base de Longues-sur-Mer en Normandie. Il quitte la France le 27 juillet 1944.

Il passe les trois mois qui suivent au service de presse de l’état-major. Début décembre 1944, il décide de retourner en opération. Son objectif est d'être affecté à l’escadre de chasse 122 (le 122 Wing) qui se préparait à partir sur le front. Cependant, il apprend que son nom est inscrit sur la liste des pilotes interdits de vol par le général De Gaulle lui-même, Clostermann contourne le problème et parvient, grâce à l'appui de connaissances, à être affecté au 122 Wing majoritairement équipé du chasseur ultra-moderne Hawker Tempest V. Véritable unité d'élite, elle est la seule à tenir tête aux chasseurs allemands pendant les deux semaines qui suivent l'opération Bodenplatte du 1er janvier 1945.

Pierre Clostermann a volé sur Hawker Tempest pendant la campagne de Hollande en 1945.

Commandement dans la RAF

Photographiés depuis un hangar effondré, 2 Hawker Tempest de 3 Squadron RAF sont en cours d'entretien sur un parking de la base B80 de Volkel en Hollande.

Le sous-lieutenant Clostermann débarque sur l'aérodrome B-80 situé à Volkel aux Pays-Bas, par un hiver glacial, au mois de février 1945 après l'opération Bodenplatte. Il est d'abord affecté au squadron 274 jusqu'à la mi-mars. Promu au grade de Flight lieutenant, il est affecté au squadron 56. Enfin, le 8 avril 1945, il prend le commandement du Flight "A" du squadron 3.

Étant données les performances du Tempest, le Wing 122 est chargé de contenir la Luftwaffe (en particulier le Me 262 à réaction) ainsi que d'attaquer le réseau ferré ennemi et sa DCA meurtrière. Plusieurs de ses chefs y laisseront leur vie essentiellement à cause de la terrible Flak allemande, que Pierre Clostermann redoute.

Une formation de Hawker Tempest Mark V du 122 WIng reviennent à la base B80 de Volkel, en Hollande, après avoir attaqué des trains ennemis à l'est du Rhin. Les 8 premiers avions sont du squadron 80, les autres du squadron 486 néo-zélandais.

Les missions se succèdent à un rythme effréné, souvent sous une météo déplorable. Le 7 mars, c'est un Messerschmitt 262 (Me 262) qui lui file entre les doigts, ses armes de bord s'étant enrayées coup sur coup. Le 28 mars, il doit effectuer un nouvel atterrissage de nuit sur le ventre mais s'en sort quasi indemne. En avril, il tente sans succès d'intercepter un nouveau type d'avion possédant une hélice à l'avant et une à l'arrière qui se révèlera être un Dornier Do 335, un appareil ultra rapide tracto-propulsif. Lors de l'attaque de l'aérodrome de Schwerin, six des huit avions que Clostermann conduit à l'assaut sont abattus par la Flak. Il apprend par la suite que cet aérodrome spécialement protégé était réservé à l'évacuation de dignitaires allemands et qu'il avait accueilli le Focke-Wulf Kondor (FW 200) personnel de Hitler. Le 21 avril, il est abattu par un adversaire (vraisemblablement Hans Dortenmann ) qu'il croyait pourtant à sa portée. Il parvient néanmoins à poser son avion et à en sortir indemne. Le soir, ses camarades fêtent son retour et se moquent de l'assurance qu'il a affichée au moment de s'élancer à la poursuite de l'avion adverse. Bien qu'il s'en défende, « Leave it to me, it's a piece of cake! » (« laissez-le-moi, c'est du gâteau ! ») serait la phrase qu'il aurait prononcée à la radio. Cette anecdote vaudra à Clostermann sa publication dans le Tee Emm[24] de juin 1945.

Printemps 1945

Le 16 avril le Wing Commander Flying Brooker est abattu au–dessus de Berlin et porté disparu. Le 19 avril, le commandement de la formation est confié au Wing Commander Evan D. Mackie. Cependant, celui-ci, encore à la tête du Squadron 80, est retourné avec son unité au Royaume-Uni pour une période de deux semaines d’entraînement aux armes au camp de Warmwell[25]. Durant ces quinze jours, Pierre Clostermann a pu prendre temporairement[26], et à la demande du Commanding Officer, le commandement du 122 Wing jusqu’au retour du commandant nouvellement en titre[27].

Au cours du mois d'avril, le wing 122 occupe l'aérodrome de Rheine-Hopsten (B-112) en Allemagne et devient la première unité aérienne à opérer depuis le sol allemand. Les squadrons 3 et 56 opéreront ensuite depuis l'aérodrome de Fassberg (B-152). C'est depuis cette dernière base que Clostermann partira en mission dans les derniers jours de la guerre[28],[29].

Le 3 mai, Pierre Clostermann remplit deux missions au cours de la journée pendant lesquelles il étoffe encore son tableau de chasse en détruisant deux avions au sol et en abattant un FW 190. Cependant le soir même, son unité est de nouveau désignée pour attaquer en urgence la base aéronavale de Grossenbrode. En raison de l'importante opération d'évacuation qui s'y déroule, la base est fortement défendue par une Flak très dense et une forte couverture d'avions de chasse. De nombreux appareils de transport y sont alors en cours de chargement avant leur envol vers la Norvège[30]. L'importance de l'objectif est telle qu'il mérite d'être attaqué. Clostermann parvient à aligner 24 Tempest pour une attaque épique qui dure seulement quelques minutes au cœur d'un déluge de feu. Sept des vingt-quatre Tempest sont abattus. Les dégâts infligés sont sévères. Clostermann, lui-même, détruit ou endommage trois appareils au sol, en abat trois autres seul et deux en collaboration. Il s'agit sans doute de la dernière mission de guerre d'importance menée par Pierre Clostermann[31].

Le 12 mai, au cours d'un défilé aérien au-dessus de Bremerhaven, Clostermann échappe de peu à la mort lors d'une collision aérienne avec ses équipiers : il parvient, in extremis, à sauter en parachute de son avion en perdition (son cockpit était, par chance, ouvert) tandis que ses trois coéquipiers furent tués[32]. Enfin, à l'issue d'une démonstration aérienne devant le roi du Danemark, il manque son atterrissage en raison d'une panne de train d'atterrissage. Ces deux derniers incidents confortent Pierre Clostermann dans sa volonté de mettre fin à son engagement dans la RAF.

Il termine la guerre comme lieutenant de l'Armée de l'air française (« Je reçus une note du Ministère de l'Air, contresignée d'un général FFI, m'annonçant que par une grande faveur et à titre exceptionnel, on me nommait Lieutenant de réserve »[33]) et Flight Lieutenant[34] de la Royal Air Force. Il est démobilisé le sur sa demande.

Au début du mois de juin 1945, Pierre Clostermann devient le premier pilote français à voler sur avion à réaction lorsqu’il effectue, en Allemagne, un vol de convoyage sur Me 262 pour le compte de la Royal Air Force[35].

C'est le plus grand as français de la Seconde Guerre mondiale avec 33 victoires homologuées (selon les critères français), la plupart remportées sur des chasseurs ennemis. Il a également détruit au sol de nombreux avions, locomotives, camions et autres véhicules, ainsi que deux vedettes lance-torpilles, ce qui lui vaut à 24 ans d'être cité à l'ordre du jour « le premier chasseur de France », par le général de Gaulle.

Théâtres d'opérations extérieurs

Promu commandant, il sert de 1956 à 1957 en Algérie sur Broussard, expérience qui lui inspirera son roman Appui feu sur l'oued Hallaïl. Pierre Clostermann termine sa carrière militaire avec le grade de colonel de réserve de l'Armée de l'air[36],[37].

Vie civile

Écrivain

Après la Seconde Guerre mondiale, il entame une carrière d'écrivain en relatant sa vie de pilote de chasse. Paru en 1948, son ouvrage Le Grand Cirque est publié à 3 millions d'exemplaires, et traduit dans plus de 30 langues. Il rencontre un succès mondial et est adapté en bande dessinée par Christian Mathelot et au cinéma à plusieurs reprises. Selon l'auteur américain William Faulkner, « Le Grand Cirque est le meilleur livre qui soit sorti de la guerre. »

Clostermann publie également des ouvrages sur la pêche au gros, une de ses grandes passions, Des poissons si grands, Spartacus l'espadon, Mémoires au bout d'un fil, et plusieurs livres de souvenirs tels que L'Histoire vécue ou Une vie pas comme les autres.

Ingénieur aéronautique

Après l'obtention de ses diplômes d'ingénieur aéronautique à la section aéronautique du California Institute of Technology aux États-Unis (ce diplôme ne sera pas reconnu par l'industrie aéronautique militaire française) et de sciences politiques à l'université d'Oxford, il devient en 1962 directeur commercial de la société des Avions Max Holste qui devient plus tard Reims Aviation, société qui produit sous sa direction près de 5 000 avions de tourisme. Il travailla notamment avec Jean Pichon qui fut Président-directeur général de Reims Aviation. Il est également vice-président de la Cessna Aircraft Company, administrateur du groupe Marcel Dassault pour la sous-traitance du Transall et de l'Airbus A300, et administrateur de Renault.

Missions diverses

En 1973, Pierre Clostermann enseigne également à l'école d'état-major de l'US Air Force.

Héros des Forces aériennes françaises libres, il connaît une vie aventureuse, côtoyant des personnalités telles que Hemingway, de Gaulle, Che Guevara[38], Salazar, Rudel, Joseph Kessel et Romain Gary[39]. Parlant couramment le portugais, il sert d'agent de liaison discret entre Paris (de Gaulle) et Lisbonne (Salazar) lors des rébellions anticolonialistes en Angola et au Mozambique[38].

À la suite du séminaire afro-asiatique de 1965, auquel il est invité par le président algérien Ben Bella, Pierre Clostermann est reçu au domicile de Krim Belkacem, chef historique du Front de libération nationale (FLN) :

« Me voilà donc chez Krim, ne sachant pas trop sur quel pied danser. J'entre dans le salon et la première personne qui vient vers moi est Che Guevara qui me dit : "Je suis très heureux de vous rencontrer. En 1948, à la faculté de médecine, mon professeur de français me faisait lire et traduire des passages du Grand Cirque. On m'a beaucoup parlé de vos convictions libérales et de votre attitude à l'égard du Tiers-monde." Nous sommes placés côte à côte à table et commençons en espagnol et en français, qu'il parle convenablement, une conversation qui se terminera à 4 heures du matin, assis sur un banc sous une tonnelle du parc de Saint-Georges ! »

 Pierre Clostermann, L'Histoire vécue

C'est durant son enfance au Brésil que ses parents diplomates auraient régulièrement reçu à leur domicile Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli, alors évêque, quinze ans avant qu'il ne devienne le pape Pie XII. C'est en souvenir de cette période et en hommage à ses actes héroïques que le pape Pie XII élève Pierre Clostermann au rang de chevalier dans l'ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Pierre Clostermann a eu trois enfants avec sa femme Jacqueline née Renaudat (1929-2017) : Jacques, Jean-Pierre et Michel.

Carrière politique

Pierre Clostermann
Fonctions
Député
Gouvernement IVe République
Groupe politique UDSR (1946-1948)
ADS (1948-1955)
RRRS (1956-1958)
Député
Gouvernement Ve République
Groupe politique UDVe (1962-1968)
UDR (1968-1969)
Biographie
Date de naissance
Date de décès
Résidence Bas-Rhin
Marne
Seine
Yvelines

Comme plusieurs fidèles du général de Gaulle, Pierre Clostermann rejoint, après la guerre, l'Union démocratique et socialiste de la Résistance. Conduisant dans le Bas-Rhin la liste du Rassemblement des gauches républicaines et de l'Union gaulliste, il est élu le , député de la seconde assemblée constituante par 55 060 suffrages sur 320 411 exprimés. Élu ainsi pour la première fois à 25 ans, il est alors « le plus jeune député de France ». Il sera ensuite réélu 8 fois au Parlement. Élu secrétaire de l'assemblée en 1946 et membre des commissions de la défense nationale, de comptabilité et des pensions civiles et militaires, il vote la confiance au gouvernement Georges Bidault (19 et 26 juin) et contre le projet de constitution.

Il est de nouveau candidat de l'Union gaulliste aux élections législatives du 10 novembre, et sa liste obtient 93 469 voix sur 303 464 suffrages exprimés. Nommé secrétaire de l'Assemblée les et , il fait partie des commissions de la défense nationale (1946-1949) et des pensions (1950), il est nommé juré à la Haute Cour de justice (1948). Membre du groupe parlementaire de l'UDSR, il anime l'aile gaulliste la plus inconditionnelle de l'UDSR, se heurtant alors, notamment, à François Mitterrand. Puis, en 1948, il quitte l'UDSR, quand le courant gaulliste de ce parti décide de ne plus pratiquer la double appartenance entre l'UDSR et le Rassemblement du peuple français, et s'inscrit au groupe de l'Action démocratique et sociale.

Il soutient le gouvernement Paul Ramadier quand les ministres communistes sont renvoyés (), vote contre la nationalisation des écoles des houillères (), s'abstient sur la ratification du plan Marshall (7 juillet), vote pour le Conseil de l'Europe et le traité de l'Atlantique nord (9 et ), mais s'oppose à la réforme électorale du créant le scrutin de liste majoritaire départemental avec apparentement.

Tête de liste RPF dans la Marne aux élections législatives du 17 juin suivant, celle-ci obtient 26,2 % des voix, lui-même étant réélu par 49 501 suffrages sur 175 364 exprimés. À l'Assemblée, il est membre des commissions de la défense nationale (1951) et de la famille (1955), et suppléant à la commission des immunités parlementaires (1955). Il vote pour les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (), contre la CECA (13 décembre), s'abstient lors de l'investiture d'Antoine Pinay () et de Joseph Laniel () auquel il refuse la confiance après Điện Biên Phủ (13 mai et ), vote l'investiture de Pierre Mendès France (17 juin) et les accords de Genève qui mettent fin à la guerre d'Indochine (23 juillet), s'oppose à la CED, vote les accords de Londres (12 octobre) et de Paris (29 décembre) sur la fin de l'occupation de l'Allemagne et son réarmement.

Il vote en faveur de la politique de Pierre Mendès France en Afrique du Nord en 1954, période où il fait partie des quelques gaullistes qui ont soutenu, selon les historiens, les libéraux du Maroc, critiquant les inégalités du système colonial, notamment dans le quotidien Maroc-Presse, malgré les intimidations de La Main rouge, émanation et paravent du SDECE, qui le visent à travers un de leurs attentats.

Lors de la chute de Pierre Mendès France le , il accorde sa confiance à son successeur Edgar Faure (23 février), notamment sur la réforme électorale et la date des élections (16 et 29 novembre, jour de la chute du cabinet).

Candidat dans la 1re circonscription de la Seine en seconde position sur la liste radicale de Vincent de Moro Giafferi lors des élections anticipées du , il est réélu par 81 404 voix sur 457 266 suffrages exprimés. Inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste, il est membre des commissions de la défense nationale et de la marine marchande (1956-1957). Il vote l'investiture de Guy Mollet () et les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), avant d'obtenir son congé à compter du 26 juin pour participer aux opérations en Algérie. De retour à l'Assemblée, il vote contre la CEE et l'Euratom (), en faveur de la confiance lors de l'investiture du gouvernement Pierre Pflimlin (), contre l'instauration de l'état d'urgence le 16, pour l'investiture du général de Gaulle (1er juin) et pour la révision constitutionnelle (2 juin).

Réélu député UNR-UDT de la 5e circonscription de Seine-et-Oise en 1962, député UDVème de la 4e circonscription des Yvelines en 1967 et député UDR des Yvelines en 1968, il démissionne le pour permettre à Maurice Couve de Murville de retrouver un siège à l'Assemblée[40], où il occupe la vice-présidence de la commission de la défense nationale et des forces armées de 1963 à 1969[36] (en définitive, l'ancien premier ministre, Maurice Couve de Murville échoue à cette législative partielle, battu par un candidat de gauche, Michel Rocard[41]).

Il a également été membre du comité d'honneur du Mouvement initiative et liberté, créé en 1981 après la victoire de la gauche[42].

Décès et sépulture

Le héros de la France Libre (France combattante) est décédé à son domicile de Montesquieu-des-Albères (Pyrénées-Orientales) le . Il venait de fêter ses 85 ans.

Après des funérailles solennelles en l'église de Saint-Louis-des-Invalides, il fut inhumé au cimetière du Chesnay (Yvelines) où il avait vécu et où sa famille possédait un caveau dans la partie ancienne.

Décorations

Pierre Clostermann a reçu la croix de guerre avec 27 citations, ainsi que la Distinguished Flying Cross and bar, une haute décoration britannique (décernée également à de nombreux aviateurs étrangers). À la date de son décès, il était l'homme « le plus décoré de France »[note 3].

Rubans

Intitulés des décorations françaises

Intitulés des décorations étrangères

Œuvres

  • Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, éditions Flammarion, Paris, 1948, 307 p., (notice BnF no FRBNF19536861). Nombreuses rééditions, dont, au format de poche : Éditions J'ai lu, coll. « Leur aventure » no A42/43. Adaptation en bande dessinée par Christian Mathelot en 1950, aux éd. Flammarion.
  • Feux du ciel, éditions Flammarion, Paris, 1951, 278 p., (notice BnF no FRBNF31953684). Réédition au format de poche : Éditions J'ai lu, coll. « Leur aventure » no A6.
  • Appui-feu sur l'oued Hallaïl, éditions Flammarion, coll. « L'Aventure vécue », Paris, 1960, 221 p., (notice BnF no FRBNF32952497).
  • Des poissons si grands, Flammarion, 1963
  • Spartacus, l'espadon, Paris, Flammarion, (ISBN 978-2-08-066421-1)
  • Clostermann et Daniel Costelle, Une sacrée guerre! : Daniel Costelle questionne et enregistre les réponses de l'auteur sur sa vie, sa guerre et ses aventures, 1921-1945, Paris, Flammarion, coll. « Fiction Française », (ISBN 978-2-08-066445-7 et 2-080-66445-X)
  • Mémoires au bout d'un fil, Paris, Arthaud, , 351 p. (ISBN 978-2-7003-1040-5)
  • L'histoire vécue : un demi-siècle de secrets d'État, Paris, Flammarion, , 321 p., + 8 p. de planches illustrées (ISBN 2-08-067586-9, notice BnF no FRBNF36991180).
  • Le Grand Cirque 2000 : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, J'ai lu, (ISBN 978-2-290-32430-1) (édition refondue de l'ouvrage de 1948)
  • Une vie pas comme les autres : mémoires, Paris, Flammarion, (ISBN 978-2-08-068824-8)

Pierre Clostermann a traduit et préfacé Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach.

Il est de plus l'auteur de nombreuses préfaces : Pilote de Stukas de Hans-Ulrich Rudel, Les Éperviers de la mer, Roland Garros, Le Temps des Partisans, Le Temps des Aigles, La Dernière Tempête, Dictionnaire universel de l'aviation, Paul Lengellé : "l'un des peintres les plus marquants de l'histoire de l'aviation", Les Insignes de l'Aéronautique Militaire Française jusqu'en 1918, Briseurs de Barrages, Chemins D'Ecume, La Pêche en Bord de Mer, La pêche à la traîne, etc.

Hommages

La promotion 2006 de l'École de l'air porte son nom.

Une stèle en hommage à Pierre Clostermann est érigée sur l'avenue du 8 mai 1945, Marignane, Bouches-du-Rhône, PACA

Un square nommé Pierre Clostermann sur la commune de Longues-sur-Mer, Calvados, Basse-Normandie.

Une avenue Pierre-Clostermann à Montierchaume, Indre, Centre-Val de Loire.

Les rues Pierre-Clostermann, à :

Autres hommages :

Tableau de chasse

Selon l'ouvrage Le Grand Cirque[47], 33 victoires homologuées en combat aérien suivant les règles de l'Armée de l'air :

24 avions divers détruits ou mis hors de combat au cours de mitraillages d'aérodromes :

12 appareils endommagés ou probablement détruits en combat aérien :

  • 6 Focke-Wulf Fw 190
  • 6 Messerschmitt Bf 109

Objectifs détruits au cours de missions d'assaut :

  • 72 locomotives et une centaine de trains attaqués
  • 225 camions de transports routiers, dont une trentaine de camions-citernes
  • 5 tanks
  • 2 vedettes lance-torpilles
  • 1 sous-marin de 500 tonnes en coopération
  • Divers objectifs attaqués tels que raffinerie, ponts…

Il totalise :

  • 293 missions de guerre offensives à grand rayon d'action
  • 97 missions d'assaut et de bombardement
  • 40 missions de chasse défensives

soit un total de près de 2 000 heures de vol dont 600 en mission de guerre.

Pierre Clostermann ne revendique personnellement que 23 victoires homologuées et individuelles sur la base du tableau dressé le par le Fighter Command et signé de l’Air Vice Marshal H. J. Broadhurst. Néanmoins les croix peintes sur son avion (33) et le service historique de l'armée (19+14) nous donnent le nombre de 33 victoires. Ce débat illustre la difficulté d'établir un palmarès selon des règles différentes notamment par le fait que les homologations se subdivisent entre les victoires individuelles sûres (avions détruits individuellement en combat), les avions probablement détruits en combat (victoires probables), les avions endommagés en combat, les avions détruits au sol, les avions probablement détruits au sol, les avions endommagés au sol... Certains décomptes retenant les uns et pas les autres.

Voici les 23 victoires homologuées par le Fighter Command selon Pierre Clostermann cité dans son livre Le Grand Cirque. Cette liste est établie en fonction des différents paragraphes, des fiches de vols, des rapports de combats et des citations.

11 victoires sur Spitfire IX :


12 victoires sur Tempest V :

Notes et références

Notes :

  1. Les Operational Training Units (OTU) sont le stade ultime de l'entraînement du pilote, dernière étape avant l'affectation en unité opérationnelle. Ces unités étaient spécialisées dans le maniement de type d'appareils ou dans les techniques de combat mises au point. En 1942, l'OTU 61 est spécialisée dans l'entraînement sur Spitfire. Fin 1944, Clostermann retourne à Aston Down se convertir au pilotage du Tempest (il pilotera un Typhoon) à l'OTU 55 renommée alors Tactical Exercice Unit n°3.
  2. L'Operation Record Book ou ORB est l'équivalent britannique du journal de marche des unités françaises. Chaque unité disposait de ce journal tenu rigoureusement. Il contenait la description des activités de l'unité (mission, composition des formations, horaires, météo, pertes, victoires)
  3. Titre qu'il ne pouvait revendiquer qu'après la disparition de certains officiers généraux ou supérieurs illustres, mais décédés avant lui, en particulier Raoul Salan.

Références :

  1. Décision no 208 du Journal officiel du 6 juin 1946 par lequel le général de Gaulle a élevé Pierre Clostermann au grade de commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur.
  2. Cony 2019, p. 6.
  3. Cony 2019, p. 7.
  4. http://www.pierre-clostermann.com/chronologie.html
  5. Cony 2019, p. 8.
  6. Cony 2019, p. 9.
  7. Cony 2019, p. 10.
  8. Le Grand Cirque 2000, éditions Flammarion, Paris, 2001.
  9. Cony 2019, p. 11.
  10. René Mouchotte, Les carnets de René Mouchotte, Paris, Flammarion, , 257 p.
  11. Cony 2019, p. 14.
  12. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2)
  13. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P120-121
  14. Cony 2019, p. 17.
  15. Squadron 602 "City of Glasgow"
  16. (en-US) « RAFCommands », sur RAFCommands (consulté le )
  17. (en) No. 602 Squadron RAF
  18. Coisne 2020, p. 94-95.
  19. Cony 2019, p. 19.
  20. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque, Paris, Flammarion, , 741 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P. 169-172
  21. Cony 2019, p. 20-21.
  22. Cony 2019, p. 21.
  23. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, Flammarion, , 741 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P.207-211
  24. Service Training Memorandum, TEE EMM volume 5 n°3, O.U.O publication (Official Use Only), , 80 p., p. Le Tee Emm est un bulletin confidentiel de la RAF écrit et publié par les services de la RAF. Il contenait des conseils, des récits, des procédures et des nouveautés techniques mais surtout il épinglait chaque mois les plus grosses bêtises dans deux rubriques : "Order of the irremovable finger" (l'ordre du doigt inamovible) et les illustres dernières paroles. Clostermann a été cité dans la dernière des deux rubriques.
  25. (en) Chris Thomas, Typhoon and Tempest aces of World War II, Londres, Osprey Publishing, , 96 p. (ISBN 978-1-85532-779-5), P73
  26. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P. 373: "...Jamieson me fait appeler pour me remettre le commandement provisoire de l'escadre en remplacement de "Smocky" en attendant la nomination d'un nouveau wing co définitif."
  27. (en) G.C. Jameson Officer Commanding 122 Wing, A short account of the operational life of 122 wing, 83 group, Flensbourg, J.H. Schultz A/S. Universtets Bogtrykkeri - Copenhague, , 24 p., The new Wing leader was WC/dr E.D. MACKIE D.S.O., D.F.C. who finished the war with twenty-five enemy aircraft to his credit. Another leading member of the wing at this time was F/L Clostermann, who had twenty-two victories with the R.A.F. in addition to at least six more with the French Air Force.
  28. « World War 2 », sur www.hawkertempest.se (consulté le )
  29. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), « Le planton se précipite et, quelques secondes après, le ronflement des klacksons secoue Fassberg. »
  30. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P.382
  31. Pierre Clostermann, Le Grand Cirque : mémoires d'un pilote de chasse FFL dans la RAF, Paris, Flammarion, , 471 p. (ISBN 978-2-08-121679-2), P. 389-390
  32. (en) Christopher Shores et Clive Williams, Aces High : A Tribute to the Most Notable Fighter Pilots of the British and Commonwealth Forces of WWII, Volume One, Volume 2, Grub Street Publishing, , 704 p. (ISBN 978-1-898697-00-8, lire en ligne), "... he had to bale out for the first time on 12 May 1945, when during a Victory flypast at Bremerhaven, his Tempest collided with another."
  33. Le Grand Cirque, dernier chapitre "la porte se ferme").
  34. Note récapitulative des résultats obtenus par le Flight Lieutenant P.H. Clostermann signée de l'Air Vice Marshal Broadhurst le 1er novembre 1945.
  35. Sylvain Champonnois, « L’adaptation de l’armée de l’air française à l’aviation à réaction (1945-1950) », sur CAIRN (consulté le ).
  36. « Pierre Clostermann, Héros de la France Libre », sur le site des Chemins de mémoire.
  37. Archives du Service historique de l'Armée de l'air et Les Français du ciel, dictionnaire historique, Académie nationale de l'air et de l'espace, le cherche midi éd., 2005
  38. L'Histoire vécue, Flammarion
  39. Une vie pas comme les autres, Flammarion
  40. Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, 1907-1999 : Un président impossible, Paris, Harmattan, , 407 p. (ISBN 978-2-296-03569-0 et 2-296-03569-8, lire en ligne), p. 361.
  41. Raymond Barillon, « La discipline des électeurs de gauche a facilité la victoire de M. Rocard sur M. Couve de Murville », Le Monde, (lire en ligne)
  42. Présentation du MIL
  43. « Pierre Clostermann : Héros de la France libre », Événements : Magazine de la ville du Chesnay, no 77, avril 2006, p. 11.
  44. « La rue Pierre-Clostermann inaugurée », aubigny.net, 26 avril 2010.
  45. (en) Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : Un nom, une rue, une histoire, Éditions de l'Atelier, , 271 p. (ISBN 2-7082-3730-6, lire en ligne), « Dugny : Un nom, une rue, une histoire », p. 76.
  46. Compte-rendu de la séance du conseil municipal du Havre du 26 janvier 2004.
  47. op. cit. Clostermann (1963) p. 349-350

Voir aussi

Bibliographie

  • Yves Bonnel, « Pierre Henri Clostermann », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 6, p. 521
  • Christophe Cony, « Pierre Clostermann : L’instinct du chasseur », Avions, no 227, , p. 6-47
  • Georges-Éric Coisne, Pierre Clostermann : Journal de sa vie opérationnelle : Janvier 1943 - Août 1945, (autoédition), (ISBN 978-1656024572).

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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