Pierre Buraglio

Pierre Buraglio né le à Charenton-le-Pont est un peintre, dessinateur et lithographe français.

Biographie

Pierre Buraglio est le fils de Robert Buraglio architecte d’origine italienne et de Anne Hélène Weydert, luxembourgeoise. En , son père est fait prisonnier et ne le retrouvera qu’en 1945, cette période marquera l’homme mais aussi l’artiste [1]. Après Seconde Guerre mondiale, il visite régulièrement les musées, le Louvre avec son père et son parrain, et le Salon d’automne entre autres « […]  Ma famille m’a très tôt donné le goût des musées […]. Ce sont des points de départ[2]. ». Il est élève à Paris au lycée Louis-le-Grand de 1953 à 1958.

En 1959, Pierre Buraglio entre à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, où il étudie dans les ateliers de Maurice Brianchon et Pierre Eugène Clairin. Il participera pour la première fois au Salon de la Jeune Peinture en 1961 à l’occasion duquel il fera la rencontre de Gilles Aillaud. En , dans le cadre du mensuel Clarté, il fait la connaissance de Pierre Soulages, qui donnera lieu à un entretien et à un texte de Roger Vailland dont le sujet portait sur la peinture abstraite : « Pour ou contre Pierre Soulages, peintre abstrait [3].

Après un séjour à New York en 1963, il produit ses premiers « Papiers » et « Recouvrements », fragments de papiers et superpositions « […] À l'époque on délaissait les couleurs fines, on se fournissait plutôt chez les droguistes, on utilisait les mêmes matériaux que les Américains James Bishop (en), et Shirley Jaffe[4] ». Il est inspiré par l'École de New York, le Work in progress et la peinture européenne, particulièrement par le peintre Bram Van Velde dont il se sent proche de la démarche personnelle, et son rejet de la forme[5].

Il fréquente l’atelier de Roger Chastel, peintre de l'École de Paris et professeur à l’École des beaux-arts de Paris. Il côtoie ces années-là Vincent Bioulès, Claude Viallat, Michel Parmentier, Joël Kermarrec, Jacques Poli et François Rouan et se rapproche du mouvement Supports/Surfaces naissant.

Il participe à la troisième Biennale de Paris[6] puis au Salon Grands et Jeunes d'aujourd'hui en 1964<ref[>http://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-buraglio/ universalis.fr].</ref>.

« Agrafages » et « Camouflages »

Pierre Buraglio fait la rencontre de Jean Fournier en 1965 qui visite son atelier 7, rue du Cherche-Midi à Paris. Suivront les expositions « Triptyque » avec Daniel Buren, Jean-Michel Meurice, Michel Parmentier, Simon Hantaï, Jean-Paul Riopelle et Antoni Tapiès, puis « Impact » I au musée d'Art moderne de Céret en 1966.

Il commence, cette année-là, sa série « Agrafages » composée de chutes de ses propres tableaux ou de ses proches, découpés en triangles irréguliers assemblés et agrafés. Il expose au Salon de la Jeune Peinture.

En 1968, il participe à « Salle Rouge pour le Vietnam ». Cette exposition initialement conçue pour le Salon de la Jeune Peinture, fut finalement programmée à l'ARC du musée d'Art moderne de la ville de Paris par Pierre Gaudibert en suite aux évènements de mai 68.

Cette même année, Pierre Buraglio devient permanent à l'atelier populaire de l'École des beaux-arts de Paris, où de nombreux artistes occupent l’atelier Brianchon et réalisent des affiches anonymes[7] destinées à soutenir les luttes des étudiants et des travailleurs en grève. 87 affiches en sérigraphie seront réalisées de mai-juin dans l’atelier de lithographie des Beaux-Arts de Paris avec l'imprimeur et éditeur Éric Seydoux, avec qui Pierre Buraglio réalisera des sérigraphies jusqu'en 2011. Ainsi, il contribue aux Affiches murales et slogans de Mai 68.

Pierre Buraglio devient secrétaire de rédaction au Bulletin de la Jeune Peinture[8] et produit ses premiers « Camouflages », dont la structure, empruntée à Mondrian, est composée de tissu de camouflage et de toile blanche montées sur châssis. Il cesse de peindre jusqu'en 1973 et devient receveur sur rotative. Il collabore à la revue Rebelote avec Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo. Il rencontre Jean Hélion. À partir de 1974, Pierre Buraglio met en œuvre les « Châssis » et les « Cadres ». Sa première exposition personnelle à lieu à l'ARC 2, sous le commissariat de Catherine Thieck de la galerie de France.

Enseignement, retour au dessin

À partir de 1976, il devient enseignant à l'école régionale des beaux-arts de Valence et commence les « Fenêtres », série composée de morceaux de cadre de fenêtre récupérés sur des chantiers et d'ajout de verre soufflé ou mécanique de couleur, qu'il poursuivra jusqu'en 1992. Il noue des liens avec Simon Hantaï dès 1977. Une première exposition personnelle a lieu à la galerie Jean Fournier en 1978 avec « Assemblage de Gauloises bleues » et « Assemblage d'enveloppes bleues ouvertes » en situation. Le catalogue de l'exposition sera préfacé par John Berger[9]. « Il n'y avait qu'à se baisser pour ramasser cette couleur qui était dans le monde […] c'est-à-dire la rue, la chaussée[10] ». Buraglio produit les « Dessins… d'après…, Autour… selon », succession de dessins et de claques pour ne garder que l'essentiel. « Essayant de copier, on voit mieux les choses[11],[12]. »

Au cours des années 1979-1980, il entreprend la série des « Masquage ». Masquages vides et Masquages pleins, rubans de masquage de peintre maculé de peintre, ou chutes de toile, rebuts de toiles de Simon Hantaï pour plusieurs d'entre eux, collés sur papier calque, ainsi que la série « Caviardage » faite d'agendas personnels biffés et raturés. Il ne cherche pas à dissimuler les traces, il les laissent apparentes « […] J’ai voulu, explique-t-il, que celui qui regarde ce que j'ai fabriqué soit contemporain d'une bagarre, d'une lutte […] (Je vais montrer en quoi je n'ai pas lieu d'être satisfait[13] ». Il rencontre Dominique Bozo alors directeur du musée national d'Art moderne en 1982, et expose dans les galeries contemporaines du musée national d’Art moderne centre Georges-Pompidou en 1983 [14] sous le commissariat d'Alfred Pacquement.

Il réalise ses premiers « Metro della Robbia » en 1985 avec des chutes et des morceaux de tôles émaillées bleues du métro parisien, en référence directe aux grès vernissés de la famille des della Robbia, vus à Florence lors de ses différents séjours. Dans la même logique que les « Fenêtres » et les « Cadres », il récupère puis assemble ces plaques bleues du métropolitain parisien. Sa première exposition au musée de Valence à lieu du au [15]. En 1989, il est nommé professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Représenter… aujourd'hui

Pierre Buraglio fut longtemps « le peintre sans pinceau[16] », tenant à distance l'acte de peindre[17]. « Contrairement à ce que certains pensent », déclare Buraglio, « Je n'ai pas retourné ma veste ! : il y a une continuité dans les procédures, continuité ne signifiant pas identité[18]. »

Récompenses et distinctions

Commandes publiques et rétrospectives

Expositions principales

Autres expositions

1959-1961
  • Salon de la Jeune Peinture, Paris, France
1965
  • Biennale de Paris, France
1979
  • Biennale de Sao Paulo, Brésil
1980
  • Kunst 1 dag = Art aujourd’hui, Ordruggaard, Copenhague, Danemark
1989
  • Kunstmuseum, Winterthur, Suisse
1993
  • Ville Biennale international de l’estampe, Séoul, Corée du Sud
1998
  • Una select dels fons de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Fondacio Joan Miro, Barcelone, Espagne
2000
  • Papier, Itsutsuji Gallery, Tokyo
  • Morceaux choisis, Maison d'art contemporain de Chailloux
  • Les Années Supports/Surfaces dans les collections du Musée National d’Art moderne, Tokyo, Japon
2001
  • Galerie Marwan Hoss, Paris
  • Galerie José Martinez, Lyon
  • Galerie Athanor, Marseille
  • Espace APCIS, Maisons-Alfort
  • L’imprimé / L’imprimé avant… après, Maison des arts de Malakoff, Scène nationale du Moulin du Roc, Niort
2002
  • Musée des beaux-arts, Tours
  • Galerie des Sept Collines, Vienne
  • Centre d’art et de littérature hôtel Beury, L’Échelle
2003
  • Galerie Jacques Girard, Toulouse
  • Galerie Hélène Trintignan, Montpellier
  • Galerie Pierre Tal Coat, Centre culturel d’Hennebont
  • Prolongements et Prélèvements, musée Zadkine, Paris
2004
  • Avec qui ? À propos de qui ?, musée des beaux-arts de Lyon (catalogue)
  • Mais encore…, galerie José Martinez, Lyon
  • Une collection : Les fruits d’un regard, galerie Confluence(s), IUFM, Lyon (catalogue)
  • Avec les mots, Avec les écrivains, école normale supérieure, Lyon
2005
  • Pierre Buraglio… au reste…, musée des beaux-arts et d'archéologie de Valence, Drôme
  • Assemblages, Caviardages, dessins et imprimés 1978-2005, galerie ArteNostrum, Dieulefit, Drôme
  • Pierre Buraglio, Lithos, Saint-Restitut, Drôme
  • Pierre Buraglio, Imprimés et Variés, musée Faure, Aix-les-Bains
  • Assemblages 1987-1988, galerie Marwan Hoss, Paris
2006
  • Pierre Buraglio… des bleus, musée d'art de Toulon
  • Station debout, 1960-2006, musée des tapisseries, Aix-en-Provence
  • Pierre Buraglio… avatars 1963–2006, Bruxelles
  • Pierre Buraglio / Impressions d’œuvres imprimées, artothèque de Pessac, Gironde
  • Dessins du FRAC de Picardie, galerie Francis Picabia, lycée Pierre Mendés-France
2007
2008
  • Dans le fonds, 1966-1997, galerie Jean Fournier, Paris
  • C'est alors que… 1998-2008, galerie Marwan Hoss, Paris
  • Traces du Sacré, musée national d'art moderne, Paris
2009
  • Buraglio En planeur, musée Fabre, Montpellier
  • Pierre Buraglio-Autour de Pierre Buraglio, villa Tamaris centre d'art, Toulon
  • Les compatibles, galerie Thierry Salvador, Bruxelles
2010
  • Pierre Buraglio d'après… autour… selon…, chapelle Saint-Louis des Gobelins, Paris
  • Avatars 1978-2010, galerie Bernard Ceysson, Luxembourg
  • L'émotion et la Règle, musée des beaux-arts de Lyon
  • BLOK ZOO HOC, galerie Jean Fournier, Paris
2011
  • Pierre Buraglio, Jean Degottex et Claude Viallat : « Le parti-pris de la peinture »
  • Le papier à l'œuvre, musée du Louvre, Paris
  • Pierre Buraglio, musée des beaux-arts, Angers
  • Pierre Buraglio… Suite, Le passage Sainte-Croix, Nantes
  • Pierre Buraglio : la guerre intime, Les 2 Émile et Rosa, Historial de la Grande Guerre Péronne
2012
2013
  • Le temps des collections, musée des beaux-arts de Rouen
  • Decorum. Tapis et tapisseries d’artistes, musée d’art moderne et d’art contemporain, Nice
  • Un été pour Matisse, musée Matisse, Nice
2014
2015
2016
  • Animaux : œuvres intimes, galerie Bernard Ceysson, Avec : Gilles Aillaud, Daniel Dezeuze, Rémy Jacquier, Denis Laget, Jean Messagier, Éric Poitevin, Claude Viallat)
  • Le béa-ba de... Claude Buraglio, Francis Harburger galerie Béa-ba, Marseille
  • R-K +H.B, avec Claude Buraglio et invités, Maison des arts de Bagneux, Bagneux
  • Passages vers une abstraction habitée. Musée de l’abbaye Sainte-Croix ville des Sables d’Olonne. Membres actifs de Support/Surface ou exposés avec le groupe, Vincent Bioulès
  • The Armory show, galerie Bernard Ceysson
  • Matisse now, galerie Jean Fournier, Paris
  • Le temps de l'audace et de l’engagement- de leur temps (5). Collections privées françaises Villeurbanne, Rhône alpes
  • 36/36 les artistes fêtent les congés payés. Assemblée Nationale, Paris
  • 94 Imprimés / Dessins, galerie Catherine Putman, Paris
2017
2018
2019

Œuvres dans les collections publiques et fondations

Publications

Monographies

  • Buraglio de D. Bozo, A. Pacquement, D. Fourcade, J. Daive, G. Aillaud, M. Le Bot, Y. Michaud. Édité par le Centre Georges Pompidou, MNAM, Paris, 1982
  • Pierre Buraglio de Pierre Wat, La création contemporaine et Flammarion
  • L’Invention de l’œuvre. Rodin et les Ambassadeurs. D’après… Autour… Selon… Rodin Coédition Actes Sud/ musée Rodin
  • Le Papier à l'œuvre, Natalie Coural, Dominique Cordellier, Hélène Grollemund, Musée du Louvre éditions
  • Le Moment Supports/Surfaces, Ceysson Éditions d’art

Catalogues (sélection)

  • Buraglio 1965-1979 : Musée de Grenoble, 1979[22].
  • Buraglio : Musée national d'art moderne : Musée national d'art moderne au Centre Georges Pompidou, Paris, 1982
  • Buraglio : Musée national d'art moderne, Paris 1983
  • Pierre Buraglio : Galerie Matisse - Institut français, London, 1993
  • Buraglio : Musées d'Arles, Arles, 1989
  • Buraglio d'après : Amiens : Fonds régional d'art contemporain de Picardie, 1992 (Impr. Yvert)
  • Pierre Buraglio : Centre d'art de Flaine, Flaine, 1987
  • Prolongements et prélèvements : Musée Zadkine... 2003 (Impr. Blanchard)
  • Avec qui ? À propos de qui ? : Musée des Beaux-Arts, 2004, Lyon (Impr. Alpha)
  • En planeur : Musée Fabre, Montpellier. Actes Sud, impr. 2009
  • Pierre Buraglio, Musée des Beaux-Arts d'Angers, 2011
  • La guerre intime, Historial de la Grande Guerre Château de Péronne, 2012
  • À tenon et mortaise. Galerie Jean Fournier, Paris, 2014
  • Échos de 14-18, son enfance – sa Normandie, musée de Louviers, 2014

Ouvrages et illustrations d’ouvrages

Notes et références

  1. Historial de la Grande Guerre, Péronne, Buraglio, la guerre intime., Péronne, Co-édité par Historial de la Grande Guerre et la section fédérée de Picardie, , p. 12.
  2. Christian Briend, Pierre Buraglio «Avec qui ? A propos de qui  (entretien), Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon, , p. 20.
  3. Roger Vailland, « Pour ou contre Pierre Soulages, peintre abstrait ? », Clarté, no 43, pp. 27-32 (en ligne sur archives.pierre-soulages.com).
  4. Préf. de Gaëlle Rageot-Deshayes. Textes d'Amélie Adamo, Philippe Piguet, Passages : vers une abstraction habitée, Les Sables d’Olonne : Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, , 93 p. (ISBN 978-2-913981-58-4 et 2-913981-58-5)
  5. Auteurs : Amélie Adamo, Philippe Piget, Gaëlle Rageot-Deshayes, Catalogue "Passage. Vers une abstraction habitée", Musée de l'Abbaye Sainte-croix, Sables d'Olonne.
  6. « Archives biennales de Paris ».
  7. Balland Vasco Gasquet, 500 affiches de mai 68, Éditions Balland, 1977.
  8. « De l’art critique à l’art vie, les arts visuels en France en 1966 », sur Fabula, .
  9. Catalogue d'exposition galerie Jean Fournier, Dans le fonds. Œuvres de 1966 à 1997, Paris, Dominique Fourcade Panama Musées, 2008, 55 p. (ISBN 978-2-7557-0351-1), p. 53
  10. Buraglio, Ecrits entre 1962 et 2007, Paris, ENSBA,
  11. Buraglio citant Giacometti, in Christian Briend, Avec… Pierre Buraglio.
  12. Exposition Lyon Musée des beaux-arts 2004, Pierre Buraglio : Avec qui ? À propos de qui ?, Lyon (lire en ligne), p. 95.
  13. Centre Georges Pompidou,, BURAGLIO, Paris, Centre Georges Pompidou, Musée National d'art moderne, Paris, , 104 p..
  14. Bozo, Dominique ; Pacquement, Alfred ; Fourcade, Dominique ; Daive, Jean ; Aillaud, Gilles ; Le Bot, Marc ; Michaud, Yves, Buraglio, Paris, Edité par Centre Georges Pompidou Musée National D'Art Moderne, Paris, 1982, .
  15. Texte de Marcelin Pleynet.
  16. Pierre Wat, Pierre Buraglio, Flammarion, «La Création contemporaine», 2001.
  17. « La peinture aimée comme paradis perdu », in Buraglio, Centre Georges Pompidou, 1982, p. 65.
  18. Pierre. Buraglio, Entretien avec Karim Ghaddab, 14 décembre 2009[réf. incomplète].
  19. «  », cité in 94 Citoyens [quotidien indépendant du Val-de-Marne] ; « Promotion du nouvel an », La Croix, .
  20. « Catalogue en ligne des gravures de la Chalcographie du Louvre », sur ateliersartmuseesnationaux.fr (consulté le )
  21. « Peinture silencieuse », sur http://www.galerieuniver.com/, dossier de presse,
  22. Buraglio, 1965-1979 : Exposition : Grenoble, Musée de Grenoble, 16 mai - 30 juillet 1979

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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