Pierre Albert-Birot

Pierre Albert-Birot, né le à Angoulême et mort le à Paris, est un poète, sculpteur, peintre, typographe et homme de théâtre français. Avant-gardiste invétéré pendant la Première Guerre mondiale, à travers la revue Sic (1916-1919) dont il est le fondateur et directeur, il s’est fait le défenseur du futurisme[1] et du cubisme[2]. Les dadaïstes le considéreront comme l’un des leurs, sans que lui-même y souscrive jamais[3]. Il se déclare fondateur de l’école « nunique » (de l’adverbe grec νῦν / nun, maintenant), école dont il est le seul maître, sans disciples. Se tenant après la guerre à l’écart des surréalistes auxquels il a pourtant, avec Guillaume Apollinaire, donné leur nom, il a construit une œuvre solipsiste et touche à tout, imprimant ses livres chez lui, cultivant la joie enfantine de la création artistique, ainsi qu’il l’écrit lui-même : « Je trouve ma joie dans la création poétique et je trouve ma joie dans les créations de mes mains. […] Tout cela, c’est du jeu, j’aime jouer, j’entretiens le gosse. »[4],[N 1]

Pour les articles homonymes, voir Albert-Birot et Birot.

S’il a été moqué par les surréalistes pour ses prétentions à s’illustrer dans de trop nombreux arts, décrié par Philippe Soupault comme un extravagant sans réel talent poétique[5], il s’est attiré les éloges et les amitiés de Max Jacob et d’Apollinaire. Plus tard, Gaston Bachelard louera la profondeur de ses vues philosophiques[6], et il marquera de son influence des poètes divers, tels Jean Follain, Pascal Pia[7], et jusqu'aujourd’hui Valérie Rouzeau[8].

Biographie

Enfance et adolescence provinciales

Pierre Albert Birot (il n'a pas encore intégré son deuxième prénom à son nom) naît le à Angoulême. Sa mère, Marguerite, « brode, joue du piano et chante »[9]. Son père, Maurice Birot, « ne cesse de monter des affaires, mais guère solides »[9]. La famille passe ses étés non loin d'Angoulême, au château de Chalonnes[N 2]. Là, le jeune Albert-Birot, encore lycéen, monte un théâtre de marionnettes à gaines, écrit des pièces, invite le village à des représentations.

Le père ayant fait de mauvaises affaires, la famille quitte le château de Chalonnes et s'installe à Bordeaux. Pierre reçoit des leçons particulières de grec, et offre à son professeur « un porte cigares hors série en bois découpé exécuté par lui à l'aide d'une machine à pédale aussi grande qu'une machine à coudre »[9]. Dans la même année, son père quitte le domicile pour vivre avec une amie de sa femme. Se retrouvant sans ressource, Marguerite monte une pension familiale. Le domicile accueille alors de jeunes danseuses du théâtre voisin qui viennent habiter en location dans la chambre voisine de Pierre. Ce dernier les espionne, nues, par une fissure du mur[9]. La pension ne suffisant cependant pas à couvrir les besoins de la famille, elle s'installe fin 1892 à Paris. La mère s'y improvise couturière.

Premières années parisiennes

Georges Achard, Albert Birot, mine de plomb, 1893

À Paris, Albert Birot âgé d'à peine seize ans fait la connaissance du sculpteur Georges Achard, qui le fait entrer à l’École des Beaux-Arts et le présente à Falguière[9]. Voulant se faire peintre, Albert-Birot rencontre à cette époque Gustave Moreau et Gérôme. C'est finalement la sculpture qui capte son intérêt : il quitte l’École des Beaux-Arts, travaille à la sculpture dans l'atelier de Georges Achard, rencontre Alfred Boucher. Dans l'atelier de ce dernier, un metteur au point italien lui apprend à réduire le marbre[10].

Ayant reçu une bourse de la ville d'Angoulême, il installe son atelier dans une cabane, boulevard du Montparnasse[9],[11]. Dans le même temps, il suit des cours à la Sorbonne et au Collège de France, notamment le cours de philosophie d'Alfred Espinas.

Il se met en ménage[N 3] en 1896 avec la sœur du peintre Georges Bottini, Marguerite, avec qui il a quatre enfants.

Il expose au salon des artistes français pour la première fois en 1900. Sept ans plus tard, sa sculpture La Veuve est achetée par l’État pour le cimetière d'Issy-les-Moulineaux dont elle est encore aujourd'hui le monument principal. À des fins alimentaires il sculpte des façades parisiennes (il s'en trouve de visibles autour du Champ-de-Mars et à Neuilly-sur-Seine). À partir de 1900, il travaille également comme restaurateur d'objets d'art chez une antiquaire, emploi qu'il conservera toute sa vie[N 4],[10] et qui lui fournira la matière de son roman Rémy Floche, employé.

Pendant l'année 1912, il fréquente les milieux espérantistes parisiens et écrit des poèmes en espéranto. C'est peut-être là[N 5] qu'il rencontre la musicienne Germaine de Surville.

La même année, il abandonne ses enfants. Ses filles entrent à l'Orphelinat des arts de Courbevoie, ses fils à la Fraternité artistique[12]. Il épouse Germaine en 1913.

Seconde naissance

Reformé pendant la Grande Guerre pour cause d'insuffisance respiratoire[10], Pierre Albert Birot va selon sa propre expression, « naître vraiment »[9],[13] à l'occasion de la création de la revue SIC (Sons Idées Couleurs, Formes), en 1916, moment où il endosse de marnière définitive son nom d'artiste, accolant son second prénom à son nom de famille.

Le titre de la revue, figuré par un SIC gravé sur bois encadré de deux F symétriques, a deux sens ; c'est d'abord le oui absolu latin, « volonté de s'opposer constructivement à la guerre négatrices des valeurs humaines »[10] et plus généralement, volonté « de s'affirmer lui-même par un acquiescement intégral au monde »[10], c'est enfin l'acronyme de son sous-titre « Sons Idées Couleurs, Formes », qui pour l'heure n'est que l'expression des multiples activités du couple Albert-Birot — Sons pour la musique de Germaine, Idées pour la poésie, Couleurs pour la peinture, et Formes pour la sculpture, de Pierre —, mais deviendra bientôt le mot d'ordre d'une « synthèse des arts modernistes. »[10].

Le numéro 1, vendu vingt centimes, paraît en janvier[14]. Pour l'heure, il a été intégralement rédigé et illustré par Pierre Albert-Birot. La publication détonne par son modernisme, surtout de la part d'un peintre et sculpteur formé par le traditionaliste Achard, d'un « poète adamique »[10] autodidacte qui n'a encore jamais côtoyé les avant-gardes. « Notre volonté : Agir. Prendre des initiatives, ne pas attendre qu'elle nous vienne d'outre-Rhin. »[14], tel est le premier des « Premiers Mots » affichés par SIC ; plus loin on lit cette affirmation de l'originalité comme condition de l'Art, « L'Art commence où finit l'imitation »[15], qui n'est pas sans faire penser, quoique dans une forme bien moins radicale, au rejet de Dada — qui ne viendra au monde qu'un mois plus tard à Zurich — de toute imitation et de la tradition littéraire et de la vie. Avec un mois d'avance, Albert-Birot n'est pas loin de l'affirmation vitaliste des dadaïstes de ne plus imiter la vie mais de créer de la vie[N 6].

Mais surtout, il faut voir dans la publication de ce premier numéro l'appel, la main tendue d'un artiste isolé à des milieux avant-gardistes desquels il est à la fois totalement inconnu et ignorant. Lorsqu'il y moque Claudel en le qualifiant de « beau poète d'avant-hier », et poursuivant par « je voudrais bien faire la connaissance d'un poète d'aujourd'hui »[14], il faut prendre à la lettre cette dernière affirmation.

Valses des avant-gardes autour de SIC

Gino Severini.

Celui qui répond le premier à cet appel, et par qui Albert-Birot « qui ne connaissait personne, [va] en quelques mois connaître tout le monde »[10], est le peintre futuriste Gino Severini. Albert-Birot et Severini donnent deux versions contradictoires de leur rencontre. Selon le premier, ils avaient leur atelier dans le même immeuble, leurs femmes respectives qui se rencontrèrent tout d'abord, et c'est par leur intermédiaire que Severini put tenir le premier numéro de SIC dans ses mains[16]. Selon le peintre futuriste, la rencontre eut lieu au vernissage de la Première exposition d'Art plastique de la Guerre et d'autres œuvres antérieures qu'il fit à la galerie Boutet de Monvel du au [17]. Quoi qu'il en fût, les deux artistes deviennent alors « très amis »[17] et Severini offre une reproduction de son Train arrivant à Paris pour le deuxième numéro de Sic[18]. Sous l'impulsion de Severini, Sic rejoint définitivement l'avant-garde, ainsi que l'explique Albert-Birot :

« Severini avait déjà derrière lui pas mal d'années de combat et de recherches d'art ultra moderne puisqu'il avait été longtemps aux côtés de Marinetti, le créateur du futurisme ; naturellement pour lui le premier numéro de ma revue était bien timide, néanmoins après conversation avec moi il pressentit que j'étais prêt à devenir un vrai combattant pour le bon motif. »[16]

Le second numéro, publié en février, consacré au futurisme, fait le compte-rendu de l'exposition de Severini. Albert-Birot y écrit : « Le tableau jusqu’alors fraction de l’étendue devient avec le futurisme fraction du temps. »[1]

Grâce à Severini, Albert-Birot fait la connaissance d'Apollinaire et entre ainsi dans la vie artistique parisienne. Apollinaire a ses mardis au café de Flore ; SIC ses samedis, rue de la Tombe-Issoire, où dès sa sortie d'hôpital Apollinaire vient et amène ses amis : André Salmon, Reverdy, Serge Férat, Roch Grey, Max Jacob, Modigliani, Cendrars[10]. Les samedis seront aussi fréquentés par les peintres d'origine russe Alexandre Orloff, Léopold Survage, Ossip Zadkine, et les très jeunes Aragon, Soupault, Raymond Radiguet. Autant de collaborateurs pour les cinquante-quatre numéros de SIC.

Ouverte à toutes les avant-gardes, la revue joue pendant les quatre années de sa parution un rôle de premier plan quant à la création artistique de l'époque. Forte des contributions d'Apollinaire qui lui offre plusieurs poèmes inédits dont « l'Avenir » dès le numéro 4[19], elle s'enrichit des contributions des sympathisants du cubisme : poèmes de Reverdy, estampes de Serge Férat, et rend compte d'une exposition du fauviste André Derain. Elle sert aussi largement de tribune parisienne aux futuristes, et accueille les textes de Severini, Luciano Folgore et Gino Cantarelli, les estampes de Depero, Prampolini et Giacomo Balla, ainsi que les partitions de Pratella. En outre, Philippe Soupault y publie ses premiers poèmes, dont son tout premier, qu'il avait envoyé à Apollinaire, Départ, sous le pseudonyme de Philippe Verneuil dans le numéro 15[20]. Louis Aragon (en tant que critique), Pierre Drieu la Rochelle et Raymond Radiguet y font également leurs premiers pas[21],[22]. Enfin, SIC n'a pas peur[N 7] de se rapprocher des dadaïstes zurichois, et Tzara y trouve, ainsi que dans Nord-Sud au même moment, le terrain de ses premières publications en France[N 8]. Dans le même temps, Pierre Albert-Birot collabore aux deuxième et troisième numéros de Dada[23],[24], la revue de Tzara.

SIC est également un succès éditorial, avec une fréquence de publication régulière et soutenue (mensuelle pendant toute l'année 1916), et d'une longévité exceptionnelle comparée aux autres revues d'avant-garde de l'époque[25] SIC se distingue de sa principale concurrente, Nord-Sud de Pierre Reverdy, en ce qu'elle n'est financée que par ses lecteurs quand Nord-Sud est financée par le mécène Jacques Doucet. Porté, donc, par son succès, Albert-Birot quitte son premier imprimeur Rirachovsky en contre un plus onéreux : Levé. Premier à en bénéficier, le numéro 12 de SIC contient le célèbre calligramme d'Apollinaire « Il pleut »[26], chef-d'œuvre typographique accompli par Levé en une nuit[10].

Malgré son succès, Pierre Albert-Birot est néanmoins sujet aux moqueries de ceux qui deviendront les surréalistes. Théodore Fraenkel, pour moquer tout à la fois SIC, Cocteau, et Albert-Birot, envoie à la revue un poème titré « Restaurants de nuit » et signé Cocteau ; en acrostiche, on peut lire « Pauvre Birot »[27]. N'y voyant que du feu, Albert-Birot publie le faux dans le numéro 17.

La revue prendra fin avec l'année 1919. En mai de la même année, André Breton, Philippe Soupault, et Louis Aragon fondent la revue Littérature, si à ce moment-là Albert-Birot ne perd que la collaboration d'Aragon, un an plus tard Littérature se radicalise en épousant définitivement la cause du mouvement Dada. Albert-Birot apparaît de moins en moins en phase avec le dogmatisme intransigeant de Dada et du surréalisme qui vont alors prendre le devant de la scène avant-gardiste, lui qui, au contraire, a toujours refusé de s'affilier à quelque école ou quelque mouvement que ce soit, et dont l'ambition avec SIC était d'opérer une synthèse de tous les arts modernistes[10].

L'association avec Guillaume Apollinaire et Les Mamelles de Tirésias

Apollinaire soldat en 1916 après sa blessure.

Dès leur première rencontre, organisée par Severini, en juillet 1916 alors qu'Apollinaire est convalescent à l'hôpital italien de Paris, Albert-Birot lui demande d'écrire une pièce qu'il mettrait en scène, avec pour mot d'ordre l'idée d'un théâtre non-réaliste. Apollinaire propose de la sous-titrer « drame surnaturaliste » ; avec Albert-Birot qui veut éviter un rapprochement avec l'école naturaliste ou l'évocation du surnaturel, ils s'entendent sur le mot « sur-réaliste ». La pièce, Les Mamelles de Tirésias, est créée au conservatoire Maubel le . La musique est de Germaine Albert-Birot, les décors du peintre cubiste Serge Férat, les costumes d'Irène Lagut. Dans l'idée d'un abandon du réalisme référentiel, des masques sont utilisés. « On vend aux spectateurs un programme orné d'un dessin de Picasso et d'un bois de Matisse »[9].

Après un prologue où le personnage du directeur de troupe proclame « On tente ici d’infuser un esprit nouveau au théâtre », la pièce nous amène au Zanzibar, pays en manque d'enfant, allégorie de la France en guerre. L'héroïne Thérèse après une série de proclamations féministes avant l'heure, fait savoir qu'elle refuse son devoir de procréation, et se choisit un nom d'homme, Tirésias. Ses attributs féminins, deux ballons de baudruche, se détachent de son corsage et s’envolent dans les airs, cependant que la barbe lui pousse. Elle oblige ensuite son mari à se travestir et lui laisse le soin de procréer à son tour. Ce dernier met au monde 40 050 bébés en un jour. Dans le second acte, Thérèse revient sur sa décision et promet de donner naissance à deux fois plus d'enfants que son mari. La création de l'œuvre se fait dans des conditions incertaines à cause du contexte de guerre. Le budget est réduit, le décor en papier. Les seins de Thérèse s'envolant devaient être représentés par des ballons gonflés à l'hélium, le gaz étant réservé à l'armée, on se contente de balles de tissu pressé. Le metteur en scène manque également de subir un désistement d'acteur de dernière minute, tandis qu'en l'absence de musiciens, la musique de Germaine ne peut être jouée. Finalement, un seul pianiste, se chargeant également de bruitage, se charge de son exécution. La pièce qui fait salle comble, à sa représentation, a un avant-goût de soirée Dada : déjà, par les réactions passionnés, le spectacle est autant sur scène que dans le public. « Les journalistes [...] crient au scandale. [...] La pièce se termine dans un tohu-bohu indescriptible. »[12] Autre incident, Jacques Vaché, accompagné de Théodore Fraenkel, menace la salle d'un revolver[12]. Plus tard, Albert-Birot dira douter de la véracité de cette anecdote[10].

La pièce s'attire les foudres de la presse, qui se déchaîne autant contre Apollinaire que contre Albert-Birot. Elle fait en outre s'éloigner d'Apollinaire plusieurs cubistes, Juan Gris en tête. Le jeune Aragon, en revanche, pressé par Albert-Birot[10], fait un compte-rendu élogieux dans SIC[28].

La même année, Albert-Birot publie son premier recueil, 31 poèmes de poche, préfacé par Apollinaire. Ce dernier qualifie Albert-Birot de « pyrogène ».

Apollinaire meurt malheureusement l'année suivante, et l'expérience des Mamelles de Tirésias ne pourra pas à être réitérée. À ce sujet Geneviève Latour fait part de cette réflexion : « Si les Parques n’en avaient ainsi décidé, sans doute la collaboration d’Apollinaire et d’Albert-Birot aurait été pour le théâtre une source de richesse et de grands succès. »[12]

En janvier de l'année qui suit, Albert-Birot consacre un triple numéro de SIC consacré à la mémoire d'Apollinaire, et réunit ainsi les hommages funèbres de Roger Allard, Louis Aragon, André Billy, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Paul Dermée, Max Jacob, Irène Lagut, Pierre Reverdy, Jules Romains, André Salmon, Tristan Tzara, etc. Sa propre oraison est titrée Ma main amie[29].

Les réalisations théâtrales et poétiques de 1918-1929

Après la guerre, on doit déjà à Pierre Albert-Birot des sculptures, des œuvres plastiques figuratives et abstraites, des activités des poètes et d'homme de théâtre. C'est à ses deux dernières activités qu'il va se vouer presque entièrement à partir de 1918. En 1922 il achète un matériel d’imprimerie pour tirer ses propres œuvres. Le poète devenu typographe fait entrer la poésie, comme Apollinaire avec ses calligrammes, dans le domaine du pictural. On lui doit l'invention du "poème-pancarte" et du "poème-paysage".

Théâtre des Champs Élysées

De 1918 à 1924 il publie aux Editions Sic, Matoum et Tevibar, drame pour marionnettes, Larountala, polydrame, Le Bon Dieu, et Les Femmes pliantes, drames comiques. Autant de pièces anti-réalistes, Matoum et Tevibar sont des poètes de la planète Mars, dans Les Femmes pliantes les Vénusiens utilisent le soleil comme support d'une réclame pour des femmes qu'on peut glisser dans une poche ou un tiroir quand elles deviennent encombrantes. Dans le même temps, Albert-Birot fait la rencontre d'une famille foraine, les Walton's, qui crée Le Petit Poucet en 1923 au Théâtre des Champs-Élysées.

En 1929, il fonde le Théâtre du Plateau. Il y monte, avec le comédien Roger Roussot, ses pièces Matoum et Tevibar et Barbe Bleue, réécriture dramatique du conte de Charles Perrault. Il s'attire à cette occasion l'admiration de Louis Jouvet, Gaston Baty et Charles Dullin qui qualifie Les Femmes pliantes de pièce-école.

C'est également l'époque d'une grande créativité poétique, où il donne libre cours à sa maîtrise et du vers métré et rimé, et du vers libre, et du verset, et du poème typographique (qu'il nommera parfois « idéographique »), — ou encore de ce qu'il nomme « poème à crier et à danser » — ; il publie coup sur coup trois recueils, qui peuvent reprendre des poèmes déjà parus dans Sic : La Joie des sept couleurs dans lequel il chante la lumière, « son épouse », La Lune, recueil dans lequel on trouve l'art poétique « Aux jeunes poètes, poème genre didactique » (paru pour la première fois en janvier 1918 dans le vingt-cinquième numéro de Sic) et Poèmes à l'autre Moi, recueil qu'il considère comme le plus important de son œuvre poétique[10].

« Le temps de solitude »

Portrait de Jean Follain par Josette Bournet
« [...] avec les années trente et passés les essais de théâtre, commence ce qu'Albert-Birot appelle son temps de solitude. »
Jean Follain[9]

Germaine Albert-Birot meurt en 1931[30], et le poète de la lumière se voit contraint d'endosser les habits du deuil. Il écrit et imprime sans nom d'auteur trente exemplaires d'un recueil de poèmes funèbres qu'il se dédie à lui-même: Ma morte, poème sentimental. Quatre "G", en guise d'armoiries, ornent chaque page. Selon le témoignage de son ami Jean Follain (qu'il rencontre en 1933 et qui devient l'une de ses rares fréquentations avec le peintre Serge Férat, la romancière Roch Grey et Roger Roussot) le poète veuf se retire dans un logis étroit rue du Départ, refuse les fraternités littéraires, et imprime ses livres, à l'aide de sa machine à levier placée dans sa chambre, leur donnant la seule publicité de les déposer à la Bibliothèque nationale. Après Ma Morte en 1931 et un silence de six ans, on peut citer Le Cycle des poèmes de l'année, en 1937, le recueil élégiaque Âmenpeine en 1938, et La Panthère noire, la même année. Il passe une bonne partie de son temps à écouter la radio au casque sur un vieil appareil à galène. Le soir, il dîne seul, pauvrement.

C'est cependant au-même moment, à partir de 1933, que Jean Follain l'amène à réunir ses anciens amis chaque quinzaine autour de dîners dits Grabinoulor, du nom de l'épopée dont l'écriture occupera toute sa vie, du nom aussi du personnage éponyme, double littéraire d'Albert-Birot. Grabinoulor est un vaste projet commencé dès 1918, année où par ailleurs un premier extrait a été publié dans le trentième numéro de Sic. Le repas Grabinoulor[N 9], où l'on lit des pages de l'épopée, a lieu dans un restaurant rue des Canettes, et les livres qu'Albert-Birot imprime à cette époque-là porteront la mention "Editions des Canettes"[31].

En 1933, grâce à la recommandation de Jean Paulhan, Robert Denoël consent à publier une première version du Grabinoulor, qui en est à deux livres (il en comptera six, une fois achevé).

Ultime renaissance et dernières années, auprès d'Arlette Lafont

Arlette Albert-Birot.

Une nouvelle vie commence pour Pierre Albert-Birot en 1955, date à laquelle il rencontre Arlette Lafont, une sorbonnarde qui voulait recueillir son témoignage sur Roch Grey. Elle devient sa femme en 1962, et par ses efforts, contribuera à faire sortir l'œuvre de son mari de l'oubli. Il lui dédie en 1956, son recueil Le Train bleu écrit en 1953, avec ce mot :

« pour Arlette,
qui me donne une sorte d'étrange tranquillité, une sorte de certitude que je ne monterai pas tout entier dans le Train Bleu. Je laisserai ici une partie du meilleur de moi-même »[32]

Le « train bleu » est dans la petite mythologie personnelle d'Albert-Birot une allégorie qu'il a déjà utilisée de la mort. Le recueil est composé principalement de poèmes en versets, méditations sur le temps, la vieillesse et la mort, et cependant toujours portées par l'humour loufoque propre à son auteur. Ainsi, Pascal Pia aura pu dire qu'« Albert-Birot [...] n'a mis de point de final à rien. Il n'était pas enclin à la rupture. Les épreuves, si sévères qu'elles fussent, ne l'abattaient pas, ni ne le faisaient changer de ton. Les chants de son crépuscule ont le même tour familier que les poèmes de ses débuts. »[32] En 1965, grâce aux efforts d'Arlette, Gallimard publie un Grabinoulor augmenté mais incomplet. Un bandeau n'hésite pas à le présenter comme « un classique du surréalisme » à l'étonnement, et même la colère[33], d'Albert-Birot qui n'a jamais fait partie du groupe, ni signé aucun manifeste et jamais participé à aucune des manifestations. En 1966, il déclare qu'il n'était pas « attiré par les arcanes et le fantastique du surréalisme, par ses visions freudiennes »[34]. La pièce, à laquelle l'auteur a mis son point final en 1963 — le seul point de toute l'œuvre —, n'est publiée sous la forme complète des Six livres de Grabinoulor qu'en 1991 par Jean-Michel Place.

Pierre Albert-Birot meurt le . Sur son faire-part de décès, Arlette fait figurer un vers de la Panthère noire[35] :

« Ceux qui t'aiment te voient belle verticale toute guerre et feu et couleurs mordre à pleines dents mordre dans le système solaire. »

Œuvres

Traduction

Poésie

  • De la mort à la vie, Essai dramatique, Paris, Messein, 1905 [Renié et détruit par l'auteur. Un exemplaire reste conservé à la Bibliothèque nationale.]
  • Trente et un poèmes de poche, avec un poèmepréfaceprophétie de Guillaume Apollinaire, Paris, SIC, 1917
  • Poèmes quotidiens, Paris, SIC, 1919
  • La joie des sept couleurs, Paris, SIC, 1919
  • La Triloterie, Bois de Léopold Survage, Paris, SIC, 1920
  • Quatre poèmes d’amour, SIC, Imprimé par l'auteur, 1922
  • La lune ou le Livre des poèmes, Paris, Jean Budry, Imprimé par l'auteur, 1924
  • Poèmes à l’autre moi, Paris, Jean Budry, Imprimé par l'auteur, 1927
  • Ma morte, tirage à 30 exemplaires hors-commerce, Imprimé par l'auteur sans nom d'éditeur, 1931
  • Le Cycle des douze poèmes de l’année, Paris, Éditions des Canettes, Imprimé par l'auteur, 1937
  • Âmenpeine, Paris, Éditions des Canettes, Imprimé par l'auteur, 1938
  • La Panthère noire, Paris, Éditions des Canettes, Imprimé par l'auteur, 1939
  • Miniatures, Trente jeux prosodiques, Paris, Éditions des Canettes, Imprimé par l'auteur, 1939
  • Les amusements naturels, Paris, Denoël, 1945
  • Cent dix gouttes de poésie, Paris, Pierre Seghers, 1952
  • Poèmes à l’autre moi, réédition, Éditions Caractères, 1954
  • Dix poèmes à la mer, hors-commerce, 1954
  • Graines, poèmes-missives, Genève, Editions du Club du Poème, 1965
  • La Belle Histoire, illustré par Staritsky, Gaston Puel éditeur, 1966
  • Silex, poèmes des cavernes, frontispice de Zadkine, avant-propos de Max Pons, Les Cahiers de la Barbacane, 1966
  • Et patati et patata, adaptation française des poèmes de Krista Bendova, sur une traduction du slovaque de Zdenka Datheil, Paris, Gründ, 1966
  • Poésie, 1916-1924 (Trente et un poème de poche, Poèmes quotidiens, La joie des sept couleurs, La Triloterie, La Lune ou Le livre des poèmes), préface d’André Lebois, Paris, Gallimard, 1967
  • Cent nouvelles gouttes de poésie, Les Cahiers de la Barbacane, 1967
  • Aux trente-deux vents, poèmes des jours ombreux, illustré par Jacques Spacagna, avant-dire de Henri Chopin, Paris, Jean Petithory éditeur, 1967
  • Fermeture hebdomadaire, SIC, 1970
  • Le Train bleu, avant-propos de Pascal Pia, Paris, Guy Chambelland, Coll. Poésie-Club, 1970
  • Le Pont des soupirs, EFR, 1972
  • Six quatrains de Chantilly, SIC, 1973
  • Long cours, La Grande Couronnée, Rougerie, 1974
  • Les poèmes du dimanche, SIC 1977
  • Poésie I, 1916-1920 (Trente et un poème de poche, Poèmes quotidiens, La joie des sept couleurs, La Triloterie), avant-propos d’Arlette Albert-Birot, Rougerie, 1987
  • Poésie II, 1916, 1924 (La Lune ou le Livre des poèmes), présentation et notes d’Arlette Albert-Birot, Rougerie, 1992
  • Poésie III, 1927-1937 (Poèmes à l’autre moi, Le Cycle des douze poèmes de l’année), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1982
  • Poésie IV, 1931-1938 (Ma morte, Âmenpeine), Rougerie, présentation d’Arlette Albert-Birot, 1982
  • Poésie V, 1938-1939 (La Panthère noire, miniatures), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1983
  • Poésie VI, 1945-1967 (Les Amusements naturels, Deux cent dix gouttes de poésie), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1983
  • Poésie VII, 1946-1952 (Aux trente-deux vents, Le Train bleu), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1996
  • Poésie VIII, 1952-1966 (Dix poèmes à la mer, Tout finit par un sonnet, La Belle Histoire), présentation d’Arlette Albert-Birot, 1985
  • Mon palais, Le Pavé, 1985
  • 7 poèmes, Éditions Brandes, 1989
  • La Grande Vie, Ottezec, 1997
  • Poèmes à l'autre Moi précédé de La Joie des sept couleurs et suivi de Ma morte et de La Panthère noire, Paris, Gallimard, Coll. Poésie, 2004
  • Mes galaxies, Inédit [Des extraits sont présentés dans le Pierre Albert-Birot de Jean Follain.], 2007
  • Genres, Collection Acquaviva / Editions Derrière la Salle de Bains, Rouen, 2009

Prose

  • Cinéma, drames poèmes dans l’espace, SIC, 1920
  • Le Premier Livre de Grabinoulor, SIC, 1921
  • Le Catalogue de l’antiquaire, Jean Budry, 1923, puis Amiot-Lenganey, 1993
  • Grabinoulor, épopée, Denoël et Steele, 1933 (livre I et II)
  • Rémy Floche, employé, Denoël et Steele, 1934, puis Éditions de l’Allée, 1986
  • Les Mémoires d’Adam, suivis des Pages d’Ève, Éditions du Dauphin, 1948 puis Éditions de l’Allée, 1986
  • Grabinoulor Amour, Rougerie, 1955
  • Grabinoulor, nouvelle édition, extraits des livres I, II, III, préface de Jean Follain, Gallimard, 1964
  • Grabinoulor, livre III, chapitre deuxième, Éditions de la revue Strophes, 1965
  • Autobiographie & Moi et moi, La librairie bleue, 1988
  • Les six livres de Grabinoulor, postface d’Arlette Albert-Birot, Jean-Michel Place, 1991
  • Cinémas, préface d’Arlette Albert-Birot, Jean-Michel Place, 1995
  • L’homme coupé, postface d’Arlette Albert-Birot, La Barbacane, 1995.
  • Poèmes à l’autre moi, précédé de La Joie des sept couleurs, et suivi de Ma morte et de La panthère noire, Poésie/Gallimard, 2005.
  • Les Six livres de Grabinoulor, éditions Jean-Michel Place, 1991
  • Ainsi la mort, Ma morte, 1931, Rougerie
  • Mon ami Kronos, 1935, Zulma, 2007, réédition de huit chapitres sur vingt-sept[36].

Metteur en scène

Dramaturge

  • Matoum et Tévibar, drame pour marionnettes, Paris, Sic, 1919
  • Larountala, polydrame, Paris, Sic, 1919
  • L'Homme coupé en morceaux, drame comique, Paris, Sic, 1921
  • Le Bondieu, drame comique, Paris, Sic, Imprimé par l'auteur, 1922
  • Les Femmes pliantes, drame comique, Paris, Sic, Imprimé par l'auteur, 1923
  • Image, premier drame tragique, Paris, Jean Budry, Imprimé par l'auteur, 1924
  • Entre 1977 et 1980, les éditions Rougerie éditent ou rééditent tout le théâtre (Matoum et Tévibar, Larountala, L’homme coupé en morceaux, le Bondieu, Les Femmes pliantes, Image, Plutus, Matoum en Matoumoisie, La Dame enamourée, Le Mariage tiré par les cheveux, Le Petit Poucet, Barbe Bleue, en 6 volumes)

Revues

  • Sic (Sons Idées Couleurs, Formes), Paris, Sic, cinquante-quatre numéros, 1916-1919
(Disponible en ligne sur http://sdrc.lib.uiowa.edu/dada/Sic/index.htm.)
  • Paris, Paris, autoédition, numéro unique,
  • La quinzaine de Pierre Albert-Birot, Paris, autoédition, quatre numéros, avril-
  • Le Plateau, programme-revue, deux numéros, Paris, autoédition, mars et
  • SIC, réédition des 54 numéros de la revue, Paris, Jean-Michel Place

Œuvres plastiques

La Veuve, pierre, au cimetière d’Issy-les-Moulineaux
(Il n'existe aucun catalogue complet des œuvres peint et sculpté de Pierre Albert-Birot, et nul ne peut prétendre à dresser une liste exhaustive d'œuvres dont certaines n'ont, parmi celles d'avant 1916, de l'aveu-même de sa biographe Marie-Louise Lentengre, d'intérêt que documentaire[37].)
  • Les Âmes simples, sculpture, 1898
  • Paysage, huile, 1898
  • la Mère et l'Enfant, 1898
  • Adam et Ève, huile sur carton, v. 1900
  • La Vague, marbre, 1900
  • Le Mendiant, plâtre, v. 1901
  • Le Petit Capuchon, plâtre, v. 1901
  • Autoportrait, huile, 1903
  • L'Esseulée, gravure sur cuivre, 1905
  • l'Enfant au chien, huile, 1906
  • l'Aube, huile, 1906
  • Portrait de Pierre-Marie R..., 1906
  • Groupe, pierre, 1906
  • La Veuve, pierre, 1907
  • L'Enfant aux nattes, plâtre, 1908
  • Autoportrait, huile, 1910
  • l'Amitié, plâtre, 1910
  • l'Esclave aux enchères, 1911
  • Amphitrite, huile, 1912
  • Marguerite Birot, mine de plomb, v. 1912
  • Adam et Ève, huile sur toile, 1912
  • Le Petit Abel, huile sur toile, 1912
  • L'Esclave aux enchères, huile sur toile, 1912
  • Autoportrait, huile sur toile, 1913
  • Maurice Birot, encre de Chine, v. 1914
  • Tête de bois, bois, 1916
  • Intimité, fusain, 1916
  • Portrait cubiste de Germaine, 1916
  • La Petite Bonn'femme en bois, bois polychrome, 1916
  • La Guerre, huile sur toile, 1916, Musée national d'art moderne
  • Femme nue dans une salle de bain, huile sur carton, 1916, Musée national d'art moderne
  • La Baigneuse de Royan, huile sur carton, 1916/1917, Musée national d'art moderne
  • Maurice Birot, terre cuite, v. 1917
  • Tête de femme, dessin, 1917
  • Autoportraits, encre de Chine, 1917 ou 1918

Bibliographie

Biographies, monographies

  • Jean Follain, Pierre Albert-Birot, Paris, Seghers « Poètes d'Aujourd'hui », . 
  • Debra Kelly, Pierre Albert-Birot. A Poetics in Movement, A Poetics of Movement, Madison, Teaneck, Fairleigh Dickinson University Press / London, Associated University Press, 1997.
  • Marie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot, L'invention de soi, Paris, JM Place, . 
  • Germana Orlandi Cerenza, Pierre Albert-Birot e la poetica del nunismo, Rome, Bulzoni, 1996.
  • Madeleine Renouard (sld), Pierre Albert-Birot, laboratoire de modernité, Paris, JM Place, . 
  • Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa (sld), Pierre Albert-Birot (1876-1967). Un pyrogène des avant-garde, PUR, 2019.

Notices, préfaces, articles

  • Carole Aurouet : Le Cinéma des poètes. De la critique au ciné-texte (Apollinaire, Albert-Birot, Artaud, Desnos, Péret), Le Bord de l'eau, collection Ciné-Politique, 2014, 299 p.
  • Poésie vivante - Hommage à Arlette Albert-Birot, textes recueillis et présentés par Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa, Paris, Champion, 2012, 388 p., coll. « Poétiques et esthétiques XXe-XXIe siècles ». (ISBN 978-2-7453-2362-0)

Arlette Albert-Birot

  • « Pierre Albert-Birot, un leit-motiv de l'œuvre », dans Jointure no  16, hiver 1987, 11 pages dont un inédit et une bibliographie.
  • « Pierre Albert-Birot typographe », dans Silex, sous la direction de Claude Normand, no 10, .

Liens externes

Archives

Notes et références

Notes

  1. Le solipsisme et le ludisme de l’œuvre d'Albert-Birot est exprimé en ces termes par Joëlle Jean : « D'emblée, l’œuvre de Pierre Albert-Birot apparaît à la fois comme une œuvre du Je omniprésent et comme une œuvre de Jeu, une œuvre où sans fin le Je joue. » (Joëlle Jean, « La règle du je(u) chez Pierre Albert-Birot » dans Pierre Albert-Birot, laboratoire de modernité, sld de Madeleine Renouard, Paris, Jean-Michel Place, 1997.)
  2. P. A.-B. écrit Chalonnes avec un -s mais l'orthographe authentique est Chalonne.
  3. Follain parle de « mariage », on s'en tiendra à l'information contradictoire donnée par la monographie de Marie-Louise Lentengre et confirmée par Arlette Albert-Birot dans sa Chronologie.
  4. Pendant cinquante ans chez madame Lelong, puis chez l'héritier de celle-ci, Édouard Larcade.
  5. Hypothèse formulée par M.-L. Lentengre.
  6. Ainsi que l'a exposé plus tard, en 1927, Jean Arp dans sa célèbre lettre « à monsieur brzekowski » : « la vie est le but de l'art. l'art peut mécomprendre ses moyens et ne faire que mirer la vie au lieu de la créer. ». —
  7. Tristan Tzara rapporte une anecdote qu'il nomme lui-même « scène comique » et qui peut donner à comprendre le climat de suspicion dont il faisait alors l'objet : « Guillaume Apollinaire, que j'avais connu avant la guerre, me demanda des poèmes pour une revue qu'il voulait fonder. Il les remit à Reverdy qui m'écrit pour avoir ma permission de les faire paraître dans Nord-Sud. Ma réponse fut interceptée par la censure, et ce n'est que trois mois après que j'ai pu lui écrire. P. A.-Birot me demanda aussi de la part d'Apollinaire des poèmes pour Sic J'ai appris après l'armistice — Apollinaire était mort — qu'une scène assez comique eut lieu entre Reverdy et Apollinaire à propos de ces poèmes. Le bruit s’était répandu à Paris que j’étais sur la liste noire (vendu aux Allemands, espion que sais-je…) Apollinaire et Reverdy qui avaient peur s’accusèrent réciproquement et dans des termes violents de m’avoir demandé ma collaboration pour Nord-Sud. », Lettre de Tristan Tzara à Jacques Doucet, datée du 30 octobre 1922, reproduite dans Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, CNRS Éditions, 2005, p. 566.
  8. Dans le numéro de juin-juillet 1917 de Nord-Sud et dans celui de septembre-octobre pour SIC
  9. Et en 1921, Albert-Birot autoéditait Le premier livre de Grabinoulor

Références

  1. ALBERT-BIROT Pierre, Sic, n° 2, Paris, février 1916
  2. On peut lire sur la quatrième de couverture du sixième numéro de Sic « guerre + cubistes + futurismes + x = PROCHAINE RENAISSANCE FRANÇAISE » D'autres articles sur le cubisme suivront.
  3. Le nom de Pierre Albert-Birot apparaît dans la liste des « Présidents et Présidentes » du mouvement Dada, dans le Bulletin Dada. Son nom est également donné, en 1920, dans une liste dadaïste s'opposant à la commune libre de Montmartre, Jean Follain rapporte, dans sa notice sur Albert-Birot chez Seghers, des propos du concerné affirmant « [n'avoir] jamais donné le moindre assentiment à pareille inscription ».
  4. Pierre Albert-Birot, La Quinzaine de Pierre Albert-Birot, n° 1, Paris, 1926.
  5. Émission « Dada à Paris » sur l'Ina
  6. «Vous donnez mieux qu'un philosophe conscience au corps, bonne conscience au corps. Chez vous, en plein hiver, le corps garde une ambiance estivale, une lumière de merveilleux été.» — « Dire qu'il y a des philosophes qui écrivent sur l'être sans connaître la lumière des poètes ! Vous m'avez donné mille pensées. [...] Écrivez sans arrêt, cher Poète. Vous élargissez les chemins. » — Gaston Bachelard, Lettre du 8 mars 1954, Alternances. (Gaston Bachelard, P. Béarn, Jean Cassou, Louis de Gonzague Frick, Max Jacob, Louise-Marion, C. Orloff, André Salmon, M. Seuphor, Léopold Survage, Alternances, n° 44, Caen, 25 mars 1959)
  7. « Je ne sais quel sort lui réserve la postérité, mais le négligerait-elle (elle n'est pas forcément lucide et équitable), je ne pense pas que de véritables amateurs de poésie puissent être insensibles aux charmes de sa poésie. Pour moi, je n'ai pas à m'interroger sur les sentiments qu'Albert-Birot m'inspire. La fréquentation de ses ouvrages m'a procuré trop de délices pour que je lui marchande ma gratitude » — Pascal Pia, Préface au Train bleu, 1970.
  8. Valérie Rouzeau, lady poèmes, dans Le Matricule des Anges, n° 131, Montpellier, mars 2012.
  9. FOLLAIN Jean, Pierre Albert-Birot, Paris, Pierre Seghers, Coll. Poètes d'aujourd'hui, 1967.
  10. LENTENGRE Marie-Louise, Pierre Albert-Birot, l'invention de soi, Paris, JM Place, 1993.
  11. En contradiction avec le témoignage de Follain, M.-L. Lentengre parle du 51, boulevard Saint-Jacques, Arlette Albert-Birot du 95, rue de Vaugirard. Il s'agit dans tous les cas de lieux proches du quartier du Montparnasse qui est avec Montmartre, selon le mot de Reverdy dans Nord-Sud, l'un des deux foyers de créations artistiques principaux de l'époque.
  12. LATOUR Geneviève, Pierre Albert - Birot et le théâtre de Guillaume Apollinaire, .
  13. « Je suis né en janvier 1916 », « La revue SIC, ma fille, et une fille pas ordinaire puisqu'elle a trouvé le moyen de me mettre au monde. » — P. A.-B. cité par M.-L. Lentengre.
  14. ALBERT-BIROT Pierre, Sic, n° 1, Paris, janvier 1916.
  15. Sic n° 1, Page 1
  16. « Naissance et vie de SIC », les Lettres nouvelles, n° 7, septembre 1953.
  17. SEVERINI Gino, La vita di un pittore, Milan, 1965.
  18. Sic, n°2, page 2.
  19. Sic n°4, page 3.
  20. ALBERT-BIROT, SIC, n° 15, Paris, mars 1917.
  21. ALBERT-BIROT Pierre, SIC, n° 32, Paris, octobre 1918
  22. ALBERT-BIROT Pierre, Sic, n° 21-22, Paris, septembre-octobre 1917
  23. TZARA Tristan (dir.), Dada, n° 2, Zurich, décembre 1917.
  24. TZARA Tristan (dir.), Dada, n° 3, Zurich, décembre 1918
  25. Sic aura compté cinquante-quatre numéros et une fréquence de publication soutenue, contre quatorze pour Nord-Sud de Reverdy, sept pour Dada de Tzara, dix-neuf pour Littérature de Breton, Éluard, Soupault, Aragon.
  26. Sic n°12, page 2.
  27. ALBERT-BIROT (dir.), SIC, n° 17, Paris, mai 1917
  28. ALBERT-BIROT Pierre (dir.), SIC, n° 27, Paris, mars 1918, p.4.
  29. ALBERT-BIROT Pierre (dir.), SIC, n° 37-38-39, Paris, janvier-février 1919.
  30. Courrier des spectacles. Mort de Germaine de Surville. Le Populaire, 31 janvier 1931, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
  31. Id est, Le Cycle des poèmes de l'année, Âmenpeine, La Panthère noire, et Miniatures.
  32. ALBERT-BIROT Pierre, le Train bleu, Paris, Librairie Chambelland, Coll. "Poésie Club", 1970.
  33. Selon le témoignage d'Arlette Albert-Birot, rapporté par Marie-Louise Lentengre dans sa monographie : « Cette bande le mit dans tous ses états. On se fichait de lui, on ne lui accordait le droit à l'existence que pour le confondre avec ceux qui l'avaient rejeté, en qui jamais il ne s'était reconnu. »
  34. Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du surréalisme, Seuil, 1996, page 17
  35. Arlette Albert-Birot, « la Panthère noire ou le retour à l'ordre » dans Pierre Albert-Birot, sld de Madeleine Renouard, laboratoire de modernité, Paris, JM Place, 1997.
  36. "La Quinzaine littéraire" n° 946, 16 mai 2007, p. 14
  37. La liste ci-dessous a été établie à partir des légendes accompagnant les œuvres reproduites dans Pierre Albert-Birot, l'invention de soi de Mairie-Louise Lentengre, ainsi que des informations fournies par la Chronologie établie par Arlette Albert-Birot, publiée dans le même ouvrage. Elle recense également les estampes publiées dans SIC.
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