Philippe Bonnet

Philippe Bonnet, né le à Paris, mort le , est un artiste peintre français rangé dans la seconde École de Paris.

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Biographie

Philippe Bonnet naît à Paris, le plus probablement en comme l'indiquent les archives du Musée d'Art moderne de la ville de Paris[1],[2], ou en 1929 selon la proposition contradictoire du Dictionnaire Bénézit[3].

Il étudie à l'Académie de la Grande Chaumière à Paris de 1944 à 1946 et reçoit également une instruction d'André Lhote[3]. Il est lié à Nicolas de Staël, Wifredo Lam et Victor Brauner en raison de sa participation à la revue Cahiers d'art de Christian Zervos[3].

Après sa contribution aux décors pour le festival d'Angers en 1953[4], il doit, en 1956, sa première exposition à Paris à sa rencontre avec le galeriste Heinz Berggruen, ami d'Alberto Giacometti et Tristan Tzara[5].

Gérard Xuriguera situe Philippe Bonnet, avec James Guitet, Zao Wou-Ki, Jean Messagier, Zoran Mušič, Raoul Ubac, Christine Boumeester, Joan Mitchell, Jean-Paul Riopelle, Pierre Montheillet, Árpád Szenes et Mario Prassinos, dans le mouvement apparu dans les années 1950 que Michel Ragon a baptisé « Paysagisme abstrait »[6]. On lit également que de la sorte « il s'adonne au duel entre matérialité et dématérialisation, entre construction en déconstruction »[5].

Commençant à parcourir le Nord-Cotentin dans les années 1980, il se fixe définitivement au 19 rue Saint-Thomas-Becket à Barfleur en 2002[5].

Expositions

Expositions personnelles

Expositions collectives

Réception critique

  • « Il rend franchement hommage à la nature et lui sait gré, lors même qu'elle lui pose d'inextricables difficultés, de tous les bienfaits qu'il lui doit... Dans une certaine mesure, Bonnet poursuit les enquêtes plastiques d'un espace tactile. » - Jean Laude[13]
  • « Il peint par grandes surfaces monochromes nuancées par les différences d'épaisseur de la matière et les diverses orientations des touches. Ses toiles représentent des ports ou des natures mortes. Les objets qu'il peint sont situés dans un espace ambigu : posés sur une table vue de dessus, par exemple, ils sont représentés comme si l'on était à leur niveau. Privés d'épaisseur, ils produisent la même impression de platitude que les ombres chinoises et sont réduits également à n'occuper qu'une surface restreinte : allongés, maigres, anguleux, ils deviennent souvent filiformes. On ne voit rien à travers les vitres représentées dans les peintures de Bonnet et, d'une façon générale, les vides y ont plus d'importance que les pleins. D'ailleurs, Bonnet admire Georges Braque qui a dit : "quand on peint deux pommes, ce ne sont pas les pommes qui comptent, mais l'espace qui les entoure". » - Revue Connaissance des arts[8]
  • « Ses nus de 1996 semblent n'être que prétexte à déployer la sensualité inhérente à la matière même de la peinture. Philippe Bonnet procède par larges aplats aux tonalités, selon les périodes et les thèmes, sobres dans les bruns et les gris sourds ou claires autour des bleus du ciel et des gris argentés de la lumière. Attaché aux sources de ses émotions naturelles et réelles, il n'est cependant pas soucieux d'une littéralité de ses transcriptions, à l'aise dans les vastes possibilités offertes entre le moment du regard et celui de l'analyse. » - Dictionnaire Bénézit[7]
  • « Philippe Bonnet ne se contente pas de représenter la nature à grands traits comme cela se fait souvent aujourd'hui. Il ne prive jamais son cœur de ses sens des merveilleuses impressions qui le tentent. L'aspect du monde extérieur l'inquiète cependant. Pris entre sa vision et les oppositions de la réalité et la fiction qu'il tient pour incontestables, il sent croître en lui l'incertitude. On le trouve tantôt empli d'angoisse et assailli par le doute, tantôt apaisé, comme en état de convalescence après que les difficultés auxquelles il était en proie, même celles qu'il n'a pas pu résoudre, aient cessé de le troubler. L'œuvre de Philippe Bonnet peut surprendre au premier abord. Quiconque cependant parvient à percevoir les ambiances qui sont à l'origine de ses visions remarque bientôt que l'artiste ne cède jamais au pittoresque, mais se laisse conduire par la conviction que l'objet lui-même lui a inspiré. Nul pathos dans l'œuvre de Bonnet, dont les tableaux sont exempts de provocation. Il faut dire encore, et c'est tout à son honneur, qu'il est peu enclin à flatter le public par des quelconques concessions. Doté d'une haute morale artistique, Bonnet ne recourt qu'à des moyens susceptibles de l'aider à interpréter l'objet qu'il a placé devant lui et à faire son devoir de peintre. » - Christian Zervos[9]
  • « Sur carton, sur papier marouflé, sur panneau, sur bois, il travaille l'huile en profondeur par couches superposées traversées par des glacis, ou encore ce sont des jus coulant en toute liberté pour créer des espaces de respiration. Bonnet poursuit la thématique que nous lui connaissions : des nus, des figures ou des objets, dont le trait elliptique circonscrit la forme. Le dessin énonce plus qu'il n'affirme, il suggère et se refuse à décrire. L'image semble remonter d'un passé qui ramène avec lui la lumière, réveille à la vie ce qui s'était assoupi. Les ruptures soudaines du trait, l'effacement volontaire de l'écriture qui se dilue dans une matière sensuelle, participent de cette stratification de la surface. Les nus verticaux ont un hiératisme aussitôt démenti par une pâte généreuse et nourrie. Même impression d'un temps suspendu avec les compositions dans lesquelles on lit des vases, des flacons, posés sur une desserte. Ces objets usuels et ordinaires sont investis d'un sentiment de rareté, à la façon des objets de fouilles, identifiés sur les murs d'une villa pompéienne. » - Lydia Harambourg[10]

Œuvres

Décors de théâtre

France

Royaume-Uni

Prix et distinctions

Références

  1. Musée d'Art moderne de la ville de Paris, "Paysage à la tache bleue" dans les collections
  2. « Bonnet, Philippe », sur ledelarge.fr (consulté le ).
  3. (en) « Philippe Bonnet », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787)
  4. « Albert Camus : le metteur en scène détrône l'auteur dramatique », Association de la Régie théâtrale
  5. « Barfleur : Philippe Bonnet expose à la salle polyvalente », Ouest-France, 4 juillet 2012
  6. Gérard Xuriguera, Regard sur la peinture contemporaine - La création picturale de 1945 à nos jours, Arted, 1983, p. 35.
  7. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.2, pp. 540-541.
  8. « Philippe Bonnet, importance des intervalles », Connaissance des arts, n°51, 15 mai 1956, p. 85.
  9. Christian Zervos, Tristan Tzara et Christian Limousin, Philippe Bonnet, peintre du legs Zervos, Les carnets de la Goulotte / Association-Fondation Zervos, 2003.
  10. Lydia Harambourg, « Philippe Bonnet - Des origines au transfert », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°41, 23 novembre 2007, p. 370.
  11. Association B'Art'Fleur; Philippe Bonnet, revue de presse, 2008
  12. « Barfleur : exposition Philippe Bonnet », Le Val de Saire par PHL, 3 juillet 2012
  13. Jean Laude, « La peinture de Philippe Bonnet », Cahiers d'art, 1953.
  14. Musée d'Art moderne de la ville de Paris, "Nuit-mai" dans les collections

Annexes

Bibliographie

  • Jean Laude, « La peinture de Philippe Bonnet », Cahiers d'art, 1953.
  • René de Solier, Philippe Bonnet, éditions galerie Cahiers d'art, 1960.
  • Gérard Xuriguera, Regard sur la peinture contemporaine - La création picturale de 1945 à nos jours, Arted, 1983.
  • Gérard Xuriguera, Les années 50 - Peintures, sculptures, témoignages, Arted, 1984.
  • Lydia Harambourg, L'École de Paris, 1945-1965 - Dictionnaire des peintres, Ides et Calendes, Neuchâtel, 1993.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, lire en ligne.
  • Christian Zervos, Tristan Tzara et Christian Limousin, Philippe Bonnet, peintre du legs Zervos, Association-Fondation Zervos, 2003.
  • J. P. A. Akoun, Akoun : répertoire biographique d'artistes de tous pays des XIXe et XXe siècles. CV-XIX-XX, Cote de l'amateur, , 1481 p. (ISBN 978-2-85917-429-3, lire en ligne), p. 220

Liens externes

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