Perruche à collier

La Perruche à collier (Psittacula krameri) est une espèce de grande perruche d'origine afro-asiatique aujourd'hui acclimatée à l'Europe de l'Ouest. L'espèce porte le nom du naturaliste autrichien Wilhelm Heinrich Kramer.

Elle est souvent élevée en captivité pour la beauté de son plumage, et des populations férales (en liberté) existent désormais au Royaume-Uni, en France, en Belgique, en Espagne, au Portugal,en Allemagne et en Italie.

Psittacula krameri

Pour les articles homonymes, voir Perruche à collier (homonymie).

Ne doit pas être confondu avec Perruche alexandre.

Psittacula krameri
Couple de perruches à collier (le mâle est à droite).
Classification (COI)
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Psittaciformes
Famille Psittacidae
Genre Psittacula

Espèce

Psittacula krameri
(Scopoli, 1769)

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Description

Une perruche à collier femelle en Bade-Wurtemberg. Mars 2018.

La Perruche à collier mesure de 40 à 41 cm de longueur pour une envergure de 47 cm et une masse de 117 g. C'est une perruche très répandue dans le monde. Elle possède un plumage à prédominance verte et un cri distinctif ; on dit qu'elle siffle ou jacasse. La queue est longue et présente des nuances bleu azur. Le ventre et le dessous des ailes sont jaunâtres. Une ligne noire relie la cire (base du bec) aux yeux. La mandibule supérieure du bec est rouge, alors que l'inférieure est noire.

Il existe un dimorphisme sexuel :

  • Le mâle se distingue par un collier noir qui s'étend du bec au cou ainsi que par une mince bande rouge sur la nuque[1] ;
  • La femelle et les juvéniles des deux sexes (jusqu'à l'âge de 3 ans) sont souvent plus clairs et ont une queue plus courte ; ils ne présentent pas de collier ou alors un simple ombrage gris et des bandes claires sur la nuque (toujours de même couleur mais de teintes plus pâles que le plumage environnant).

Comportement

Le vol est rapide et direct, associé avec des cris lors des vols en groupe.

Les perruches à collier sont grégaires lors de leurs périodes d'alimentation et de reproduction. Elles se rassemblent à la tombée du jour sur un arbre dortoir pour y passer la nuit. Au petit matin elles s'envolent pour se nourrir. Lors de la période de reproduction (mars-avril), le dortoir est en général abandonné au profit des sites de reproduction jusqu'à l'automne.

Reproduction

Perruche à collier à l'entrée de son nid (Parc national de Ranthambore).
Oeufs de Psittacula krameri - Muséum de Toulouse.

La nidification est dite cavernicole, ce qui signifie que les pontes se font dans des anfractuosités, souvent dans des arbres creux. Les vieux platanes sont souvent utilisés. Les couvées sont de 2 à 6 œufs qui sont incubés 21 jours. Les jeunes, en général 2 à 3, sont nourris au nid pendant environ quarante jours[2].

Longévité

L'espérance de vie est de trente ans environ en captivité.

Alimentation

La perruche à collier se nourrit essentiellement de fruits et de graines. Elle est opportuniste. En Afrique, son alimentation est basée sur les fruits (comme ceux des Ficus et des baobabs, les figues, les mangues et les goyaves) et les graines.

En Europe, l'espèce préfère les milieux urbains où la température est plus élevée et où elle peut trouver sa pitance (fruits, graines, pousses) en particulier dans les mangeoires à oiseaux. On ne lui impute donc pas pour l'instant de préjudices important aux récoltes en Europe[3]. Elle est par contre considérée comme un fléau pour les récoltes de céréales et de fruits en Asie[2].

En captivité, la nourriture préférée de cet oiseau est constituée par des végétaux variés (amandes, arachides, baies, céréales, fleurs comestibles, fruits, germes de graines et/ou de légumineuses, légumes, légumineuses très cuites, noix, pâtes alimentaires al dente, quinoa, riz, verdure...).

Répartition naturelle et sous-espèces

Perruche à collier à Syon Park.
Perruche à collier Psittacula krameri borealis mâle à Jaipur, Inde. Novembre 2019.

La perruche à collier habite naturellement les savanes arborées et les zones cultivées tropicales d'Afrique et d'Asie. Elle est sédentaire. L'espèce Psittacula krameri est subdivisée en quatre sous-espèces très proches morphologiquement mais ayant des aires de répartition différentes :

En Afrique

  • P. k. krameri, communément appelée perruche à collier-africaine nominale (Scopoli, 1769) localisée du Sénégal à l'Ouest de l'Ouganda et au Sud du Soudan;
  • P. k. parvirostris, communément appelée perruche à collier-abyssinienne (Souance, 1856) localisée de l'Est du Soudan au Nord de l'Éthiopie et en Somalie.

En Asie

  • P. k. borealis, communément appelée perruche à collier-boréale alias de Neumann (Neumann, 1915) localisée de l'Est du Pakistan jusqu'au Myanmar;
  • P. k. manillensis, communément appelée perruche à collier-indienne (Bechstein, 1800) localisée au Sud de l'Inde et au Sri Lanka.

Les différences morphologiques entre sous-espèces sont mineures et concernent la taille de l'oiseau, celle de son bec et la couleur de ce dernier.

Le genre Psittacula comprend 15 espèces de perruches dont la très rare perruche de Maurice (Psittacula echo), strictement localisée sur l'Île Maurice, et la grande perruche Alexandre (Psittacula eupatria)[4].

Aviculture

Les perruches à collier sont très appréciées des éleveurs. Elles sont robustes et faciles à élever. Ces perruches sont essentiellement de la sous-espèce P. k. manillensis, plus rarement P.k. borealis et P. k. krameri. Les perruches à collier implantées en Europe sont très probablement des perruches d'élevage libérées ou échappées. De nombreuses mutations de la couleur du plumage ont été sélectionnées: lutino, bleu, bleu turquoise, albinos, crème-ino, cinnamon, lacewing, buttercup [5]

Expansion

La perruche à collier a été introduite en Europe et en Amérique à partir de son aire de répartition naturelle. Des populations férales existent en Angleterre (50 000 individus environ à Londres)[6], en Espagne (notamment en Andalousie et en Catalogne), en Italie (Gênes, Milan, Rome, Florence, Syracuse,Bolzano/Bolzen, etc.), en Allemagne (Cologne, Bonn), aux Pays-Bas (La Haye, Amsterdam, Utrecht, Leyde[7]) et dans certaines villes d'Europe[3], dernièrement on a vu plusieurs en liberté à Casablanca au Maroc dans un jardin public dans le centre-ville (Le parc Murdoch) .

Cette perruche est parfois considérée comme une espèce invasive[8],[9],[10]. Cependant une vaste étude scientifique publiée en 2019 démontre que la concurrence de cette perruche sur les autres oiseaux est très relative[11] et le magazine Reporterre estime qu'il n'y a pas lieu de la qualifier d'espèce invasive[12].

À Bruxelles, à titre d'exemple, la population des perruches à collier est évaluée à plusieurs milliers d'individus et est en pleine expansion[13]. Certains spécialistes s'inquiètent de la concurrence avec les espèces aviaires locales telles que le moineau domestique, la sittelle torchepot et l'étourneau sansonnet[14] dont les habitudes de nidification sont similaires, ou avec des espèces de chauve-souris telle la grande noctule[15]. L'origine de la population bruxelloise remonte à 1973-1974. Une quarantaine de perruches à collier s’envole du zoo de Meli Park Heysel. Quarante ans plus tard, elles se sont reproduites et leur nombre est évalué à plus de 8 000 individus[16].

Elle est également présente en Île-de-France depuis plusieurs années, passant de 1 100 individus en 2008 à plus de 5 000 en 2016[17], notamment dans les parcs et jardins ; elles ont d'abord été signalées près des aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle, par lesquels elles sont probablement arrivées[18],[19],[20]. On les trouve aussi dans le midi de la France[21],[22] ainsi que dans d'autres villes françaises comme dans la banlieue de Lille[23] ou à Nancy[24].

Références

  1. https://www.oiseaux.net/oiseaux/perruche.a.collier.html
  2. Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) La perruche à collier Psittacula krameri introduite en île-de-France: distribution et régime alimentaire. Alauda (Revue internationale d'Ornithologie) 77(2):121-132.
  3. Le Point, d'après AFP, 6/11/2008.
  4. Mario D., Conzo G. Perroquets du monde. Ed De Vecchi 2008, (ISBN 978-2-7328-9254-2)
  5. Prin J., Prin G. (2002) La perruche à collier et autres Psittacula. Ed Prin (ISBN 2-909136-13-2)
  6. BBC2 The Great British Parakeet Invasion, 28 février 2008.
  7. Voir sur cityparrots.org.
  8. Clergeau P. (2009) « Les villes terres d'accueil, La conquête des espèces », dossier N° 65, oct-déc 2009, Pour la Science.
  9. [PDF]DAISIE site web (Inventaire européen des espèces invasives, commission européenne
  10. [PDF]Dubois, P.J. (2007), « Les oiseaux allochtones en France: statut et interactions avec les espèces indigènes », Ornithos 14(6):329-364.
  11. (en)White RL, Strubbe D, Dallimer M, Davies ZG, Davis AJ.S, Edelaar P, Groombridge J, Jackson HA, Menchetti M, Mori E, Nikolov BP, Pârâu LG, Pečnikar Živa F, Pett TJ, Reino L, Tollington S, Turbé A, Shwartz A (2019) « Assessing the ecological and societal impacts of alien parrots in Europe using a transparent and inclusive evidence-mapping scheme », NeoBiota 48: 45-69
  12. « Non, la perruche à collier n’est pas un fléau », Reporterre, (lire en ligne)
  13. [PDF]Voir sur aves.be et ecolonews.blog.fr. A. Weiserbs (2009). « Oiseaux communs de Bruxelles » - Evolution 1992-2008. Oiseaux de Bruxelles n° 1. Aves, Liège.
  14. « Les invasions sauvages », Sciences et Avenir.com, 04/02/2008.
  15. Piero Genovesi, « Les oiseaux de ravage », Courrier International, no 1513, , p. 41
  16. Kirk D., « La Belgique compte plus de 8.000 perruches à collier », sur Le Soir, (consulté le ).
  17. Clément Pétreault, « Les perruches à collier colonisent la région parisienne », sur http://www.lepoint.fr (consulté le )
  18. « Les perruches ont colonisé les parcs », Le Parisien, 11 août 2009 (consulté le 28 mai 2017).
  19. [PDF]Brochure de l’Observatoire départemental de la biodiversité urbaine (ODBU) avec l’aide du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN)et du département de la Seine-Saint-Denis, 1 mars 2009
  20. Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) « La perruche à collier Psittacula krameri introduite en île-de-France : distribution et régime alimentaire », Alauda (Revue internationale d'Ornithologie) 77(2):121-132.
  21. Dubois P.J., Le Maréchal P., Oliosa G., Yésou P. Nouvel Inventaire des oiseaux de France. Ed Delachaux et Niestlé, Paris 2008 (ISBN 2603016229)
  22. Flitti A., Kabouche B., Kayser Y., Olioso G., Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ed Delachaux et Niestlé, Paris 2009 (ISBN 2603016229)
  23. « La perruche à collier : gourmande, exotique et pacifique envahisseuse », La Voix du Nord, 6 décembre 2008.
  24. « Perruches dans la ville », Vosges matin, 18 juillet 2013 (consulté le 28 mai 2017).

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Berthier Alizé, Clergeau Philippe et Raymond Richard, « De la belle exotique à la belle invasive : perceptions et appréciations de la Perruche à collier (Psittacula krameri) dans la métropole parisienne », Annales de Géographie, Armand Colin, n° 716, 2017, p. 408-434.
  • Forshaw J.M. (2006) Parrots of the World. An identification guide. Princeton University Press, Princeton, Oxford, 172 p.
  • del Hoyo J., Elliott A. & Sargatal J. (1997) Handbook of the Birds of the World, Volume 4, Sandgrouse to Cuckoos. BirdLife International, Lynx Edicions, Barcelona, 679 p.
  • Dominique Mario et Gino Conzo (trad. de l'italien par Giusi Furno et Sandrine Morel), Le Grand Livre des perroquets, Paris, de Vecchi, , 287 p. (ISBN 2-7328-3540-4, OCLC 420002720)
  • Strubbe D., Matthysen E. (2007) Invasive ring-necked parakeets Psittacula krameri in Belgium : habitat selection and impact on native birds. Ecography, 30(4), 578-588.
  • Dubois P.J., Le Maréchal P., Olioso G., Yésou P. (2008) Nouvel inventaire des oiseaux de France. Ed Delachaux et Niestlé.
  • Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) La perruche à collier Psittacula krameri introduite en île-de-France: distribution et régime alimentaire. Alauda (Revue internationale d'Ornithologie) 77(2):121-132
  • Flitti A., Kabouche B., Kayser Y., Olioso G. (2009) Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ed Delachaux et Niestlé, Paris.
  • BBC2 The Great British Parakeet Invasion, .
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