Parc naturel de la mer de Corail

Le parc naturel de la mer de Corail[1] est une aire marine protégée de Nouvelle-Calédonie couvrant 1,3 million de kilomètres carrés. Il s'agit de la plus grande aire marine protégée de France[2] et de la quatrième aire marine protégée du monde (en 2018)[3], après l'aire Marae Moana aux Iles Cook, la mer de Ross en Antarctique et le monument national marin de Papahānaumokuākea au large de Hawaï. Elle s'étend sur l'ensemble de l'espace maritime (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie incluant les eaux intérieures et territoriales [2].

Faune

Parmi les espèces recensées dans le parc naturel de la mer de Corail, on compte :

  • 25 espèces de mammifères marins
  • 48 de requins, dont au moins cinq sont menacées d'extinction[4]
  • 19 d'oiseaux marins nicheurs[5]
  • 5 de tortues, dont une nicheuse[6],[7].

Historique

Création

L'aire a été créée le par arrêté du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

D'après l'Agence des aires marines protégées, le but de ce parc naturel serait de « concilier développement économique et social et préservation de cet environnement exceptionnel »[2]. Selon le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le parc naturel de la mer de Corail aurait été créé pour « préserver l'intégrité écologique du milieu marin »[8].

Plan de gestion de mars 2018

Un plan de gestion du Parc naturel[9] a été adopté en par arrêté du gouvernement calédonien, qui pose le cadre d'objectifs à atteindre pour les cinq prochaines années et repose sur quatre piliers :

  • protéger le patrimoine naturel et culturel
  • garantir et accompagner des usages durables et responsables reconnus
  • assurer une bonne gouvernance
  • intégrer le parc aux échelles locale, régionale et internationale.

Nouvelles réserves

En , le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a adopté un arrêté créant des nouvelles réserves dans le parc. Ces réserves sont de deux types, qui correspondent à deux niveaux de protection différents : les réserves naturelles et les réserves intégrales[10].

Réserves naturelles

Au total, 21 000 km2 sont désormais en « réserve naturelle ». Tout type de pêche, y compris pour l'autoconsommation, y est interdit[11]. Une dérogation pour la pêche aux holothuries a néanmoins été accordée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie au navire Sonja II de la compagnie IaOra de septembre à [12]. Les « réserves naturelles » restent ouvertes à tous types de visiteurs lorsque les bateaux qui les amènent ont moins de 12 passagers[13].

Réserves intégrales

Au total, 7 000 km2 de la surface du parc naturel sont désormais classés en réserve intégrale[11]. Ces réserves dites «  intégrales » sont néanmoins ouvertes à des activités de « suivi », à des activités scientifiques et au tournage de films sur autorisation du gouvernement.

Réglementation du tourisme

Un arrêté encadrant le tourisme professionnel dans les 21 000 km2 de réserve naturelle[14],[11] a également été adopté. Cet arrêté, qui concerne les professionnels du tourisme, interdit aux bateaux de plus de 200 passagers de pénétrer dans les réserves naturelles. Pour les bateaux de 13 à 200 passagers, une autorisation du gouvernement et une convention précisant les mesures d'encadrement et de suivi des activités sont obligatoires. En cas d'autorisation de débarquement de croisiéristes[15], le nombre de personnes autorisées à se trouver, à tout moment, hors du bateau, est limité à 50.

Annulation de la délibération de 2011 et des arrêtés de 2014 et 2018

L'arrêté par lequel le parc naturel de la mer de Corail a été créé en 2014 et les arrêtés subséquents de 2018 reposaient sur une délibération du congrès de la Nouvelle-Calédonie, adoptée en 2011 et relative à la définition des aires protégées dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie et sur les îles appartenant à son domaine public. En 2019, la société de pêche IaOra Export qui exploitait jusqu'en les bêches de mer de la réserve naturelle des Chesterfield à la faveur d'une dérogation temporaire accordée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a porté plainte auprès de la cour administrative d’appel de Paris. Le , ce tribunal a donné raison au plaignant et partiellement annulé l'arrêté de 2018 qui instaurait des réserves aux atolls Chesterfield, Bellona, d'Entrecasteaux, Pétrie et Astrolabe ainsi que deux articles essentiels de la délibération de 2011 au motif que celle-ci relevait du domaine de la loi du pays au titre des « règles du droit domanial de la Nouvelle-Calédonie » et des « principes fondamentaux des obligations civiles et commerciales »[16],[17].

Cette décision de la cour administrative d'appel de Paris met en cause l'essentiel de la réglementation du parc naturel de la mer de Corail. Un projet de loi du pays est actuellement en préparation[18].

Critiques

Comparaison de la taille du parc naturel de la mer de Corail à celle des autres parcs naturels français.

Pour les spécialistes, autant que pour une partie de la société civile, la réglementation n'est pas à la hauteur des enjeux environnementaux[19],[20],[21],[22]. Ainsi les associations de Nouvelle-Calédonie s'inquiètent-elles de ce que l'essentiel du Parc naturel de la mer de Corail continue à ne bénéficier d'aucune protection d'aucune sorte[21],[23]. L'exploration minière et d'hydrocarbures y reste possible[21]. De même, la quasi-totalité du Parc naturel reste ouverte à la pêche industrielle.

Des associations dénoncent l'absence persistante d'une réglementation qui soit conforme à l'une des principales finalités du parc qui est de « protéger les espèces patrimoniales, rares, en danger et migratrices »[21]. Par exemple, la pêche à la longue ligne, telle qu'elle est pratiquée dans le Parc naturel de la mer de Corail, continue à capturer et à tuer de nombreuses espèces non-ciblées, comme les tortues marines, les requins, les cétacés (globicéphales et dauphin sténo) et les oiseaux marins, qui meurent noyés, accrochés au bout des hameçons appâtés[24]. Des chercheurs ont aussi observé que la fréquentation d'un îlot par des visiteurs peut conduire à l'échec de la saison de reproduction des oiseaux marins, causé par l'abandon du nid[25],[26],[27]. Pour les chercheurs, les colonies d'oiseaux marins, ainsi que les tortues vertes des îles Chesterfield et d'Entrecasteaux seraient ainsi exposées à l'impact du dérangement par les touristes : loin de protéger les espèces fragiles et menacées que sont les tortues vertes et les oiseaux marins de ces îles éloignées, l'ouverture du Parc naturel à l'industrie de l'éco-tourisme risquerait, au contraire, d'accélérer leur disparition[22],[27].

Le corail reste menacé par le blanchissement[28], bien que les îles Chesterfield aient été un des rares ensembles récifaux au monde à avoir été épargnés par l'événement de blanchissement massif survenu en 2016.

Enfin, des critiques se sont élevées contre le manque de moyens alloués par la France pour assurer un contrôle réel sur cette zone[3].

Références

  1. « Le parc naturel de la mer de Corail | Direction des affaires maritimes de la Nouvelle-Calédonie | DAM », sur dam.gouv.nc (consulté le ).
  2. « Parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie - Les limites administratives du Parc et de la ZEE », sur https://dam.gouv.nc, (consulté le ).
  3. (en) « Is a vast marine sanctuary any use if you can't police it? », sur TIME.com, (consulté le ).
  4. Borsa P., Lauvray J. et Lhermitte L., « Parc naturel de la mer de Corail : role des experts dans la préparation de la réglementation sur les réserves et le tourisme », HAL archives-ouvertes.fr, IRD, , p. 36 (lire en ligne)
  5. Borsa P. et Vidal E., « Fragiles et menacés : les oiseaux marins de la mer de Corail », Nouvelle-Calédonie, archipel de corail, , p. 135-140 (lire en ligne)
  6. Audrey Garric, « La France crée en Nouvelle-Calédonie une immense aire marine protégée », Le Monde, .
  7. Payri C.E. (ed.), Nouvelle Calédonie archipel de corail, Marseille, IRD, , 288 p. (ISBN 978-2-7099-2632-4), p. 135-140.
  8. « Objectifs du Parc naturel de la mer de Corail », sur gouv.nc (consulté le ).
  9. Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, « Documents en ligne » [PDF], sur merdecorail.gouv.nc, .
  10. Germain P. et Poidyaliwane D., « Arrêté n°2018-1987/GNC du 14 août 2018 instaurant des réserves à Chesterfield, Bellona, Entrecasteaux, Pétrie et Astrolabe », Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie, vol. 9592, , p. 11351-11353.
  11. AFP, « La Nouvelle-Calédonie renforce la protection de la mer de corail », sur sciencesetavenir.fr, (consulté le ).
  12. Anonyme, « Le Sonja II autorisé à reprendre la pêche à l'holothurie, jusqu'à la fin de l'année », Nouvelles Calédoniennes, .
  13. Germain P. et Poidyaliwane D., « Arrêté n°2018-1989/GNC du 14 août 2018 encadrant les activités touristiques professionnelles dans le parc naturel de la mer de Corail », Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie, vol. 9592, , p. 11354-11357.
  14. « Documents en ligne », sur merdecorail.gouv.nc, .
  15. « Expédition : Trésors cachés de Nouvelle-Calédonie », sur Croisieres du Ponant, (consulté le ).
  16. Derel M., « Une loi du pays pour encadrer le parc de la mer de Corail », Demain en Nouvelle-Calédonie, no 706, , p. 14 (lire en ligne)
  17. Rédacteur, « Bataille navale autour du parc naturel de la mer de corail : touché… coulé ? », sur Action Biosphère, (consulté le )
  18. Anonyme, « Consultation du public sur l'avant-projet de loi du pays relative à la protection des aires marines de la Nouvelle-Calédonie », sur Parc naturel de la mer de Corail (gouvernement de la Nouvelle-Calédonie), (consulté le )
  19. Girard H., « Les animaux des iles Chesterfield sous-protégés », Nouvelles Calédoniennes, no 11391, , p. 9 (ISSN 1148-0319).
  20. (en) Ceccarelli D.M., « The Coral Sea: physical environment, ecosystem status and biodiversity assets », Advances in Marine Biology, vol. 66, , p. 213-290. (ISSN 0065-2881).
  21. « Action Biosphère » (consulté le ).
  22. Borsa P., « Parc naturel de la mer de Corail : une réglementation contraire aux objectifs de préservation » [PDF], sur HAL-IRD, (consulté le ).
  23. Anonyme, « 7° comité de gestion du Parc Naturel de la Mer de Corail (dit PNMC) du 26 juillet 2018 », sur Ensemble pour la Planète - EPLP.asso.nc, (consulté le )
  24. Anonyme (2017) Programme « Observateurs des pêches » en Nouvelle-Calédonie. Programme régional d’appui scientifique à la gestion des pêches océaniques dans l’océan Pacifique central et occidental. Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 12 p..
  25. Pandolfi-Benoit M. et Bretagnolle V., « Seabirds of the southern lagoon of New Caledonia; distribution, abundance and threats », Waterbirds, vol. 25, , p. 202-213.
  26. (en) Borsa P., Andréfouët S., Pandolfi M. et Bretagnolle V., « Breeding avifauna of the Chesterfield Islands, Coral Sea : current population sizes, trends, and threats », Pacific Science, vol. 64, , p. 297-314 (ISSN 0030-8870, lire en ligne).
  27. (en) Borsa P., Richer de Forges B. et Baudat-Franceschi J., « Keep cruises off remote coral reefs », Nature, vol. 558, , p. 372.
  28. Claude Payri, « Le corail sous haute surveillance en Nouvelle-Calédonie », sur theconversation.com, (consulté le ).

Liens externes

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