Palais de l'Isle

Le palais de l'Île est une ancienne maison forte du XIIe siècle[1], remaniée à plusieurs reprises, située sur un îlot formé par le Thiou, qui se dresse sur la commune d'Annecy dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Palais de l'Isle
Nom local Les Vieilles Prisons
Période ou style Médiéval
Type Maison forte
Début construction XIIe siècle
Propriétaire initial Seigneurs de l'Île
Destination initiale Péage sur le Thiou
Propriétaire actuel Ville d'Annecy
Destination actuelle Centre d'interprétation de l’architecture et du patrimoine
Protection  Classé MH (1900)[1]
Site web Site officiel du palais de l'Île
Coordonnées 45° 53′ 55″ nord, 6° 07′ 39″ est [2]
Pays France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Genevois
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Annecy
Géolocalisation sur la carte : Annecy
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Annecy

Utilisé notamment comme prison, aujourd'hui lieu d'exposition sur l'architecture et le patrimoine du territoire de l'agglomération d'Annecy, il offre un parcours permanent sur l'histoire et le patrimoine de ce territoire. Les anciennes salles d'audience, les anciennes cellules et cachots des prisonniers ainsi que l'ancienne chapelle se visitent.

Le palais fait l’objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [1].

Situation

Le palais de l'Île est situé dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune d'Annecy, au milieu de la vieille ville, sur une île du Thiou. Il commandait le seul passage sur la rivière ainsi que le péage qui y était attaché.

Histoire

Aux XIIe et XIIIe siècles[3],[Note 1], le palais de l'Île est entre les mains des seigneurs de l'Île, qui le tiennent en fief des comtes de Genève. Après leur installation au château d'Annecy, en 1219[3], les comtes récupèrent la seigneurie et l'inféodent aux Monthouz. Jean de Monthouz est en 1325[4] seigneur de l'Île d'Annecy et de la prison pour le comte de Genève ; les Monthouz auront la charge des prisons comtales jusqu'en 1355[3]. En 1356, le comte Amédée III obtient de l'empereur Charles IV le droit de battre monnaie, privilège détenu jusqu'à présent par l'évêque de Genève[5],[6]; il fonctionnera jusqu'en 1392[3].

En 1401[3], le comté de Genève est annexé à la Savoie. Les Monthouz se voient inféodés à nouveau du palais de l'Île par Amédée VIII de Savoie. Puis la famille de La Croix en aura quelque temps la charge.

Janus de Savoie, fils cadet du duc Louis Ier de Savoie, ayant reçu le Genevois en apanage, rachète l'inféodation et donne l'Île à son épouse Hélène de Luxembourg. Leur fille, Louise, se marie avec François de Luxembourg-Martigues. Cette famille transformera l'antique maison forte en demeure princière, qu'elle conservera jusqu'au début du XVIe siècle[3]. À cette époque, le palais de l'Île fait retour aux ducs de Genevois-Nemours. Ces derniers y rétablissent les prisons et y installent le palais de justice, ainsi que le Conseil présidial du Genevois au 1er étage et la Chambre des comptes de Genevois, à partir de 1550 environ[7].

Au début du XVIIe siècle[3], le président Antoine Favre y rend ses arrêts. En 1659[3], à la mort d'Henri II, dernier duc de Genevois-Nemours, Charles-Emmanuel II de Savoie supprime l'apanage ; il ne reste alors que les prisons et la judicature mage du Genevois[Note 2]. Le palais de l'Île conservera ce rôle de prison jusqu'à la Révolution française. En 1729[3], il abrite les bureaux du cadastre et la délégation pour l'affranchissement des droits féodaux en 1771[3]. Ensuite, il sera tantôt caserne pour les troupes de passage, entrepôt pour l'intendance, asile de vieillards, de 1864 à 1888[3], puis de nouveau caserne. Menacé de destruction, le coût trop élevé en empêche cette dernière. Il est classé en 1900 et dès lors sauvé.

Il sert à nouveau de prison durant la Seconde Guerre mondiale. Restauré, il abrite aujourd'hui le CIAP (Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine), qui propose un parcours permanent sur l’architecture et le patrimoine de l’agglomération d’Annecy ainsi que des expositions temporaires renouvelées régulièrement. Les salles historiques permettent l’évocation des anciennes fonctions du monument[8].

D'avril 2016 à 2017, d'importants travaux de rénovation de la toiture et des façades sont entrepris[9].

Description

Le palais de l'Île se présente sous la forme d'une enceinte en forme de fuseau qui épouse le tracé de l'île. Son noyau le plus ancien est un logis-tour datant de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle, d'environ 12 mètres de côté, construit en bel appareil régulier. On y accède par deux ponts ; auparavant, deux portes en fermaient l'accès. Aujourd'hui, on peut encore observer les arrachements de la porte sud, celle du nord subsiste encore.

Le rez-de-chaussée est divisé en quatre pièces voûtées plein-cintre. Au premier étage, on trouve la grande salle d'audience et son plafond et dont la façade s'ouvre par une loggia. Elle est surmontée de deux autres étages. Au XVe siècle, on a accolé à ce logis un escalier à vis. L'enceinte contemporaine du donjon a été partiellement reconstruite au XIVe siècle, de même que les bâtiments qui s'y appuient. Toujours au rez-de-chaussée, entre la porte des prisons et celle du palais de justice, dans une arcade, de nos jours vitrée, se trouve « le banc du droit » où se faisaient les proclamations officielles.

Une cour intérieure à l'est sépare ce donjon d'une chapelle de forme triangulaire, flanquée par la tourelle des latrines. Les cachots sont disposés le long du petit bras du Thiou sur trois étages au-dessus du logement des geôliers et de la cuisine. Les avocats, avaient leurs bureaux, regroupés dans un bâtiment bas, dit les banches, situé au nord.

Notes et références

Notes

  1. Selon Christian Regat, la maison forte pourrait avoir été bâtie avant le château d'AnnecyChristian Regat - François Aubert 1999, p. 18-20.
  2. L'un de ceux-ci, le juge mage Simon, à qui l'on doit la création de la bibliothèque d'Annecy, est évoqué par Jean-Jacques Rousseau dans son œuvre, Les Confessions.

Références

  1. « Palais de l'Isle », notice no PA00118359, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  3. Christian Regat - François Aubert 1999, p. 18-20.
  4. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Éditions Publitotal, , 1304 p. (OCLC 1078727877), p. 44.
  5. Paul Guichonnet, « Genève (de) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  6. Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel et Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et lac d'Annecy, t. III, Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 12.
  7. Laurent Perrillat, « Le contrôle des comptes et l’enregistrement à la Chambre des comptes de Genevois », dans Dominique Le Page, Contrôler les finances sous l’Ancien Régime. Regards d’aujourd’hui sur les Chambres des comptes. Colloque des 28, 29 et 30 septembre 2007, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, , 664 p. (ISBN 978-2-11-097514-0, lire en ligne), p. 259-275.
  8. « Le palais de l’Île », sur savoie-mont-blanc.com, Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) (consulté le ).
  9. « Annecy : un an de travaux pour le palais de l’Ile, coup dur pour les photographes », sur francebleu.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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