Palais Brongniart

Le palais Brongniart, anciennement appelé palais de la Bourse, est un édifice périptère de style néoclassique, qui accueillait la Bourse de Paris. Il est situé dans le quartier Vivienne, dans le 2e arrondissement de Paris.

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Il a été conçu par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813).

Ce site est desservi par la station de métro Bourse.

Historique

À la Révolution française, il est décidé de déménager du lieu qui hébergeait la Bourse de Paris au XVIIIe siècle, qui venait de vivre les grandes spéculations boursières sous Louis XVI.

La « commission des Cinq » donne l'ordre au général Jacques de Menou de Boussay d'occuper le couvent des Filles-Saint-Thomas, située dans la rue des Filles-Saint-Thomas, qui s'étend alors de la rue Saint-Augustin à la rue Notre-Dame-des-Victoires, car s'y réunit une « section sans cesse dénoncée à l'Assemblée nationale, dans les journaux, dans les cafés et les places publiques », comme « un repaire de modérés et de contre-révolutionnaires »[1]. Le couvent est détruit et débute en 1807 la construction du palais Brongniart sur ses ruines. En attendant la fin de la construction, on déplace la Bourse, de la galerie Virginie à un hangar situé non loin de l'ex-couvent, dans l'enclos des Filles-Saint-Thomas, qui servait pour les décors[2] de l'Opéra Le Pelletier, tout proche.

Construction

En 1807, Napoléon 1er confie la construction d’un édifice à l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813). Il souhaite mettre en place un emblème de la puissance et de l’accomplissement auxquels la France est parvenue. En effet, les triomphes de l’empereur sur les champs de bataille développent un véritable commerce européen. Il commande en 1808 à l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart un édifice à l’effigie du commerce : la Bourse de Paris. L’empereur espère ainsi instaurer un ordre dans l’économie du pays en centralisant l’ensemble des échanges économiques.

Cependant, A. T. Brongniart n’eut pas la possibilité de voir son œuvre achevée, mourant prématurément le .

Fontaine note le dans son journal, sous le titre Mort de l'architecte de la Bourse :

« M. Brongniart architecte chargé de construire l'édifice de la bourse vient de mourir. Il laisse à terminer l'un des plus beaux et des plus importants du règne présent. La disposition générale du plan que l'on exécute est bonne, mais les détails n'ont pas été suffisamment étudiés. On a déjà fait quelques changements dans les distributions intérieures et le parti à prendre pour la décoration et la couverture de la grande salle n'est pas définitivement adopté. Plusieurs architectes se présentent pour remplacer M. Brongniart mais le ministre jusqu'ici n'a pas agréé leurs services. Il a fait offrir à mon ami Percier qui n'a rien demandé de le nommer. Cette préférence est due à M. Bruyère, mais Percier a refusé. »

Parmi les candidats à la reprise du projet, on compte François-Joseph Bélanger et Louis-Pierre Baltard.

C'est finalement Éloi Labarre (1764-1833) qui prit la succession de Brongniart, et acheva l'édifice en novembre 1825.

Dans son ouvrage intitulé Voyage en Angleterre et en France dans les années 1831, 1832 et 1833, et publié en 1855, l’historien canadien François-Xavier Garneau en donne la description suivante : « Je gagnai la rue Vivienne, au bout de laquelle se trouve la Bourse : un des beaux monuments de Paris. C’est un édifice à colonnes dans le style de la Magdeleine, et qui a plus de 400 pieds de longueur. Soixante-six colonnes corinthiennes en font le tour, appuyées sur un soubassement de neuf pieds de hauteur, et supportant un entablement et un attique. Un perron règne à chaque bout. L’intérieur se compose d’une grande salle qui peut contenir 2000 personnes, d’une galerie décorée de colonnes, et d’un grand nombre de bureaux ».

Le palais Brongniart a été inscrit monument historique par un arrêté du [3].

Utilisation

Gravure de l'intérieur du palais, en 1854.

La construction du palais Brongniart fut une étape importante de l'histoire des bourses de valeurs. Lors de son inauguration, il porte au fronton « Bourse et tribunal de commerce »[4]. Ce dernier y tient audience[4]. Le bâtiment héberge aussi la Bourse de commerce, qui n’emménage dans ses locaux qu'en 1885[5].

Le , un décret impérial fixe un droit d'entrée, perçu via des tourniquets aux angles de la grille d'enceinte. L'un des personnages importants du lieu, Rothschild, fulmine de devoir verser vingt centimes tous les jours pour entrer dans le palais[6]. Cinquante ans après sa construction, la Bourse de Paris devient la deuxième au monde après Londres et avec une tendance à l'internationalisation. Le péristyle qui entoure le bâtiment permet d'accueillir les coulissiers, qui font concurrence aux agents de change en négociant les valeurs étrangères comme les jeunes sociétés ferroviaires britanniques lors de la Railway mania, puis les mines d'or d'Afrique du Sud

Les cours du marché des actions au comptant sont gérés par informatique depuis 1987, dans les locaux des banques, hors du palais Brongniart. Ce dernier a ensuite hébergé pendant encore douze ans le marché à terme des contrats sur l'indice CAC 40, le Matif, jusqu'au [7].

Le palais Brongniart est actuellement un lieu de conférences, congrès, séminaires, réceptions, déjeuners, dîners, cocktails, galas, salons, expositions. Géré auparavant par Euronext, il est aujourd'hui concédé à GL Events pour une durée de trente ans. L'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, a demandé à son ancien adjoint Éric Ferrand de conduire la mission de définition et de préfiguration de ce que pourra devenir ce site après 2009.

À la suite d'un accord entre GL Events et l'association Silicon Sentier[8], le 2e étage du palais Brongniart accueillit entre le et le mois de [9], des promotions de 12 start-ups pour 6 mois dans le programme Le Camping[10], le premier accélérateur de startups en France[11]. Depuis , avec l'ouverture d'un nouvel incubateur et espace de coworking Le Planetic Lab[12], les start-ups ont à nouveau droit de cité au palais Brongniart.

De même, à la suite d'un accord entre GL Events et l'École européenne des métiers de l'Internet, le palais Brongniart accueille depuis l'automne 2011 les premiers étudiants de cette école nouvellement créée.

Décors

Le peintre Alexandre Denis Abel de Pujol (1785-1861), réalisa les décors du plafond, ainsi que Charles Meynier (1768-1832), peintures en grisailles représentant les différentes villes de France, complété d'une frise de guirlandes où sont représentées les différentes bourses d'Europe. Éloi Labarre (1764-1833) l'architecte décora la salle de réunions des agents de change. Le sculpteur Louis-Denis Caillouette (1790-168), réalisa les statues de La Justice et de L'Europe, l'Asie bas-reliefs au-dessus des portes, ainsi que de Jean-Baptiste Joseph De Bay (1779-1863). La voûte en grisaille par Auguste Vinchon (1789-1855), et Merry-Joseph Blondel (1781-1853).

Notes et références

  1. La Contre-révolution parisienne : La Section de la Bibliothèque (1790-1795), par Laurence Coudart, mémoire de maîtrise sous la direction d'Albert Soboul, université de Paris I, I.H.R.F., 1982.
  2. Colling 1949, p. 191.
  3. Notice no PA00086010, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Colling 1949, p. 212
  5. Colling 1949, p. 301
  6. Colling 1949, p. 262
  7. "Le Matif jette l'éponge pour de bon", par Gilles Pouzin, dans L'Expansion le 19/11/1998
  8. Annonce sur le site officiel du palais Brongniart
  9. « Startups : Silicon Sentier bouge ses incubateurs au Numa » (consulté le )
  10. La Tribune du 10 janvier 2011, Le Palais Brongniart se transforme en creuset de l'innovation numérique
  11. « PLANETIC LAB | Réunir entrepreneurs et chercheurs pour innover », sur www.planeticlab.org (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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