Père Jégo

Mohamed « Ben Lahcen » Affani (dit « Père Jégo »), né en 1900 au Maroc et mort au Maroc. Il est originaire de la province du Souss (région d'Issafen à 120 km de Taroudant)[1]. Son père Lahcen était un commerçant actif et voyageait beaucoup, notamment en Algérie et en Tunisie. Souvent, il amenait avec lui son fils qui tirait un grand profit de ces déplacements.

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Mohamed Ben Lahcen Affani
Biographie
Nationalité Marocain
Naissance
Décès
Taille 1,80 m (5 11)
Période pro. (1922-1930)
Poste Arrière latéral
Pied fort droit
Parcours senior1
AnnéesClub 0M.0(B.)
1922-1929 Union Sportive Marocaine
Équipes entraînées
AnnéesÉquipe Stats
1940-1948 Wydad de Casablanca
1954 Chabab Mohammedia
1955-1968 Raja Club Athletic
1 Compétitions officielles nationales et internationales.
Dernière mise à jour : 16 septembre 2021
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Le Père Jégo contribua grandement au développement du football au Maroc : il se déplaçait souvent pour assister à des matchs en Europe et en Amérique du Sud pour être au diapason du monde du football, en vue de créer une école spécifiquement marocaine.

Il était également un fervent nationaliste marocain qui, par le biais du football, en imprégnant aux jeunes le sens du nationalisme, a combattu l'emprise coloniale française par son intelligence et son habileté. Il est l'entraîneur le plus titré dans l'histoire du Maroc (37 titres avec le Wydad AC).

Biographie

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Naissance

Mohamed Ben Lahcen Affani Tounsi voit le jour en 1900 en Tunisie, pays où il passera ses sept premières années. Son lieu de naissance entretiendra d'ailleurs la confusion sur son vrai nom de famille. Aujourd'hui encore, son frère cadet, Abdelkader, père de la chirurgie marocaine, est toujours davantage connu sous le nom du « Professeur Tounsi ».

Jeunesse

Fils de commerçant, Mohamed a souvent l'occasion de suivre son père dans ses voyages à travers le monde, développant ainsi d'impressionnants dons de polyglotte. À 17 ans, il parle déjà couramment le français, l'anglais, l'espagnol, le portugais et l'arabe, en plus du berbère sa langue maternelle[réf. nécessaire]. Ses résultats scolaires, d'abord à l'école juive de Casablanca puis au lycée Lyautey, sont de la même eau.

Son baccalauréat en poche, il atterrit en 1919 à Paris pour y suivre une formation bancaire. Et c'est dans la capitale française que le futur Père Jégo découvrit le monde du football. Une rencontre qui transforma définitivement sa vie.

Vers le monde du football

De retour au pays, trois ans plus tard, il fait ses premiers pas dans le milieu du ballon rond, devenant l'un des rares « indigènes » à rejoindre les rangs de l'US Athlétique de Casablanca. Au poste d'arrière droit de l'équipe Casablancaise jusqu'à la fin des années 1920, Mohamed laissera le vague souvenir d'un joueur moyen, sans grand génie mais c'est dans cette époque là où Mohamed sera surnommé Jégo par un commentateur français lors d'une rencontre de l'USM de Casablanca vu que son style de jeu ressemblait à celui d'un footballeur français nommé Jégo.

C'est probablement la raison pour laquelle[style à revoir] il prit prématurément sa retraite, optant pour le coaching. Ce qui est certain, en revanche, c'est que le jeune homme n'a aucune envie de quitter le milieu du football : il part à Londres recevoir une première formation d'entraîneur et dès son retour, en 1935, il prend sous son aile quelques équipes de quartier, avec un certain succès. En parallèle, il commence une carrière de journaliste sportif au Petit marocain et poursuit celle de banquier au sein de la Compagnie algérienne, l'ancêtre d'Attijariwafa bank.

« C'est à ce moment qu'il commençait à se faire connaître. Il était le premier à parler de plans de match, de formation, de tactique, etc. Surtout, le fait qu'il prenne entièrement en charge ses joueurs lui a valu une notoriété considérable dans les quartiers populaires », explique Othmane, l'un de ses petits-fils[réf. souhaitée].

En 1935, il s'illustre en tant que premier journaliste sportif marocain de langue française dans le journal « Le petit Casablancais ». En 1939, il le premier président de la section de football du club Wydad AC dont il deviendra par la suite le premier entraîneur dans l'histoire du club, avec qui il va passé 14 ans (record du Maroc), et va réussir à remporter tous les titres, dont 30 titres avec l'équipe A, et 6 titres avec l'équipe B (record du Maroc). Puis deux titres honorifiques avec la sélection musulmane de Casablanca. Ainsi qu'il a entraîner la sélection du Maroc en parallèle pendant certains années. En 1952 il a décidé de quitter le banc touche du WAC[réf. nécessaire] et est resté directeur général et membre dans la comité.

En 1956, il rejoint le Raja de Casablanca pour prendre la place de "Kacem Kacemi", toujours dans la capitale économique. C'est avec ce club qu'il passera les 13 dernières années de sa carrière en tant qu'entraîneur (malheureusement il n'a pas réussi a gagné des titres avec ce nouveau club).

Il a refusé la demande du roi Mohamed V d'être le président de la Fédération royale marocaine de football. Il était un des membres de la Ligue du Maroc de Football Association, et aussi un des fondateurs du Comité National Olympique Marocain créé en 1959 (les statuts du CNOM mentionnent le Père Jégo en tant qu'assesseur suivi de la mention « membre de la Fédération royale marocaine de football, ex-membre fondateur de Wydad »).

Carrière sportive

Avec le WAC

Père Jégo décoré en 1956 par le roi Mohammed V pour tout ce qu'il a donné au football marocain

C'est à la fin des années 1930 que le Père Jégo posera les premiers jalons de sa légende. En 1939, Mohamed Benjelloun Touimi président fondateur de WAC a demandé au Père qu'il rejoint la comité du WAC - Section football, dont il fera directeur et secrétaire général et devient ensuite premier entraîneur. « Les nationalistes l'ont logiquement choisi à la tête du club casablancais. Autant pour sa compétence que pour sa popularité, très utile pour ranimer la ferveur patriotique », explique le journaliste sportif Ahmed Belkahia. Populaire et fin technicien, Affani était également connu pour être un sacré dénicheur de talents. « Durant toute sa carrière, il passait son temps à traîner dans les terrains de quartier, à la recherche de nouveaux talents. Et il avait un flair incroyable. Il lui suffisait d'un coup d'œil pour repérer la perle rare », raconte Mohammed Belhassan, ancien joueur du WAC. C'est ainsi à lui que l'on doit la découverte de la triplette wydadie que formaient Driss, Abdesslam et Chtouki.

Surtout, le Père Jégo avait compris avant tous les sportifs marocains l'importance du facteur psychologique. « Il prenait le temps de discuter avec les joueurs un par un. Il avait le don de vous redonner confiance, de vous gonfler à bloc comme personne », se rappelle Mohamed Belhassan. Et pour ses poulains, il n'était pas qu'un entraîneur : il était le père, le grand frère, le compagnon à qui chacun pouvait se confier. Et aussi le mécène du club. « C'est lui qui prenait quasiment tout en charge : les équipements, les déplacements... et même la nourriture pour ceux qui étaient dans le besoin », se souvient Belhassan. Ce dernier se remémore aussi un rituel qu'affectionnaient particulièrement les joueurs : « il nous emmenait souvent au cinéma Vox, où il se mettait dans un coin, son tarbouche sur le visage, pour piquer un somme. Et à la fin du film, il nous emmenait à la boulangerie du quartier pour nous gaver de pâtisseries ».

Plutôt originale, la méthode est en tout cas payante : le WAC du Père Jégo s'est adjugé : 7 titres de la Supercoupe, 4 Championnats (Division d'Honneur), 4 Coupes d'Ouverture de la Saison, 4 Ligues du Chaouia, 3 Championnats d'Afrique du Nord, 2 Coupes de Casablanca, 1 Coupe d'Afrique du Nord, 1 Coupe de l'Amitié Nord-Africaine, 1 Criterium du Maroc (Zone Sud), 1 Coupe du Chaouia, 1 Championnat (Pré-Honneur), 1 Championnat de Promotion (Groupe Centre), 1 Tournoi Nouvel An, 1 Tournoi feu Belhachmi, 1 Tournoi de Sixte (avec l'équipe des seniors). 1 Championnat (Division d'Honneur), 1 Ligue du Chaouia, 1 Championnat d'Afrique du Nord, 1 Coupe Georges, 1 Tournoi Fête Aïd Seghir, 1 Tournoi Fête Mouloud (avec l'équipe des juniors). 1 Coupe Genna en 1948 (avec l'équipe des cadets). 1 Championnat (Division d'Honneur) en 1949/1950 (avec l'équipe des minimes). Ainsi qu'une Tournoi Fête du Trône en 1941 (avec la sélection musulmane de Casablanca). Des résultats qui ont valu à l'entraîneur d'être l'entraîneur marocain le plus titré de l'histoire footballistique du Maroc, aussi le respect de ses pairs et deux tentatives d'assassinat, probablement fomentées par des colons pas très heureux de voir leurs équipes dominées par une formation cent pour cent « indigène ».

En 1952, il a quitté le banc touche d'équipe, mais est resté membre dans la comité du WAC.

Avec le Raja

L'équipe du Raja de Casablanca de la saison 1958-59 en compagnie du Père Jégo lors du derby casablancais.

Constamment associé à l'histoire du Raja Club Athletic, le Père Jégo, et contrairement à la croyance populaire[réf. souhaitée], n'en a jamais été le fondateur. Les Verts existaient depuis 1949, soit 7 années avant son arrivée au club. Mais c'est bien lui qui a façonné l'identité du club, lui apposant ce cachet bien particulier qui le définit encore aujourd'hui[réf. nécessaire]. C'est en revenant d'un voyage dans sa région familiale de Taroudant que l'homme découvre son éjection du fauteuil de secrétaire général  mais pas de celui d'entraîneur. Et ce sont les syndicalistes qui le feront atterrir au Raja.

Alors qu'il a inculqué au WAC un style européen, fait de rigueur et d'efficacité, le Père Jégo changera son fusil d'épaule avec le Raja[réf. souhaitée]. Il prend pour modèle le football sud-américain[réf. souhaitée], qu'il a découvert lors de ses récents voyages. Un football résolument tourné vers le spectacle, faisant la part belle aux qualités techniques, plutôt qu'athlétiques ou tactiques. Un choix dûment motivé : « les capacités physiologiques des Marocains se rapprochent davantage de celles des Sud-américains que des Européens. Il est donc plus logique de s'en inspirer », professait-il alors[réf. souhaitée].

Pour le Père Jégo la rencontre du Derby de Casablanca deviendra plus tard une occasion pour se venger[réf. souhaitée] et lors du premier derby en 1956 dans la compétition Coupe de l'Indépendance il perd sur un large score (6 buts à zéro), donc c'est au deuxième derby (premier derby du Championnat) et malgré la domination du grand WAC à cette époque, il annonça que le Raja s'imposerait pour leur première confrontation en championnat; et les verts l'emportèrent par un but à zéro. Mais malheureusement perdra encore contre le WAC en match retour sur le large score de 3-0. Interrogé sur sa préférence entre les deux clubs, le Père Jégo répondit que « le WAC restera pour toujours son club du cœur, et que le Raja symbolisait son club du cerveau »[2].

« L'occasion était trop belle : le Raja pouvait enfin rivaliser avec le Wydad. Surtout que le Père Jégo avait une revanche à prendre sur son ancien club », explique Mohamed Lamlij, un ancien syndicaliste de l'Union marocaine des travailleurs[réf. souhaitée]. Résultat : du jour au lendemain, une bonne partie des responsables, joueurs et supporters Wydadis virent au vert comme par enchantement. C'est le cas du photographe Mohamed Maradji, converti par la magie du gourou[style à revoir] Jégo : « pour moi comme pour beaucoup d'autres Wydadis, suivre le Père Jégo était une évidence. La question ne se posait même pas ». Durant les 13 années qu'il passe à entraîner le Raja, l'homme a continué à mettre la main à la poche, jusqu'au dernier centime de la fortune familiale[réf. nécessaire]. Malchanceux il sort avec 0 titre, mais plus que des titres, il avait offert aux Verts et à leur public quelque chose de plus précieux : le jeu Rajaoui[style à revoir]. Un label qui survivra à son départ à la retraite en 1968.

Mort

Peu de temps avant le décès du Père Jégo, survenu le , quelques anciens joueurs du Raja lui avaient rendu visite à son domicile casablancais. Ils y découvrirent un homme seul et désargenté, déchiffrant son journal à la lueur d'une bougie. « Ce grand homme a tant donné au football et au peuple marocain, au détriment de sa propre famille. Et là, il n'avait même plus de quoi payer ses factures d'électricité », se rappelle l'un des vétérans, qui poursuit : « quelques jours avant sa mort, il avait les larmes aux yeux en suivant la coupe du monde 1970 ». Là-bas, au Mexique, quelques-uns de ses enfants, et il s'agit de Said Ghandi, Mustapha Choukri et Houmane Jarir, représentaient le Maroc sous le regard de toute la planète[réf. nécessaire]. Aujourd'hui au quartier Oasis, à Casablanca, se trouve le Stade Père Jégo d'une affluence pouvant atteindre 15000 places.

Références

Lien externe

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