Ofek

Ofek ou Ofeq (en hébreu : אופק, horizon) est le nom d'une série de satellites de reconnaissance militaires israéliens légers, construits par Israel Aerospace Industries et opérés par Tsahal.

Le premier satellite de la famille a été lancé en 1988 par un lanceur national Shavit depuis le territoire israélien. Du fait de l'exiguité du territoire, ces satellites sont lancés sur une orbite rétrograde pénalisante mais qui évite de survoler les régions habitées peu après le décollage.

Les satellites de 200 à 300 kg emportent une caméra optique dont la résolution spatiale atteint 50 cm pour Ofek 11. Deux des satellites de la famille embarquent un radar.

Présentation

Construits par l'entreprise privée israélienne de construction aéronautique Israel Aerospace Industries (IAI), les satellites Ofek résultent d'une collaboration entre IAI et le ministère israélien de la Défense.

À l'exception de l'Ofek 8, tous les lancements sont effectués depuis la base aérienne de Palmachim, en Israël, par le lanceur Shavit. Lancés vers l'ouest - vers la Mer Méditerranée - les satellites Ofek sont mis sur des orbites rétrogrades, et ce, afin qu'en cas d'échec du lancement, les débris ne puissent retomber sur des populations et des pays tiers, notamment en territoire arabe, ce qui permet également d'éviter de révéler certains secrets de fabrication. Ce type de lancement reste toutefois pénalisant du fait que le lanceur doit compenser la rotation de la Terre[1]. Les satellites Ofek sont placés en orbite terrestre basse, avec des périodes de révolution de 90 minutes.

Les deux premiers satellites de la famille Ofek étaient des démonstrateurs. Le reste de la famille est composée de satellites de reconnaissance optique et de satellites avec un radar à synthèse d'ouverture (SAR). Pour les satellites de reconnaissance optique, on distingue trois générations, au cours desquelles la précision des satellites augmente :

  • la première génération : Ofek 3 et Ofek 4
  • la deuxième génération : Ofek 5, Ofek 6, Ofek 7 et Ofek 9
  • la troisième génération : Ofek 11

Les satellites disposant d'une charge utile SAR sont les Ofek 8 et Ofek 10, également connus sous les noms de TecSAR 1 et TecSAR 2.

Historique des satellites

Ofek 1

Lancé le , Ofek 1 est le premier satellite israélien envoyé dans l'espace. Grâce au succès de la mission, Israël est devenu la 8e nation à lancer son propre satellite.

Pesant 155 kg, il est lancé par un lanceur Shavit et mis sur une orbite elliptique avec un périgée de 249 km et un apogée de 1 149 km.

4 objectifs étaient fixés à cette mission[2] :

  • l'expérimentation de la génération d'énergie solaire,
  • des tests de radio-transmissions,
  • la vérification de la capacité du système à résister dans des conditions d'apesanteur,
  • la collecte de données sur l'environnement spatial et le champ magnétique de la Terre.

Prévu pour une durée de vie de quelques semaines, il ne rentra dans l'atmosphère que le , soit quasiment 4 mois après son lancement[3].

Ofek 2

Lancé le , Ofek 2 est également un satellite expérimental sans instrument d'imagerie à bord.

Pesant 160 kg, il est mis en orbite avec un périgée de 149 km et un apogée de 251 km[2].

L'objectif confié à ce satellite était d'effectuer des tests de communication[3].

Il retomba dans l'atmosphère 3 mois après son lancement, le .

Ofek 3

Ofek 3

Lancé le , par une nouvelle génération du lanceur Shavit, le Shavit-1, Ofek 3 est le premier satellite israélien de renseignement.

Avec un poids 189 kg, il est placé sur une orbite elliptique avec un périgée de 366 km et un apogée de 694 km.

La présence d'instrument optique à bord faisait qu'Ofek 3 constituait une avancée par rapport à ses prédécesseurs. Toutefois, il n'était pas en mesure d'offrir une qualité d'imagerie de niveau militaire. Il est estimé que le satellite fournissait des images d'une précision d'environ 1 mètre[4].

Sa durée de vie prévue était de deux ans. Il ré-entra finalement dans l'atmosphère le .

Ofek 4

Lancé le et basé sur la même architecture qu'Ofek 3, le satellite Ofek 4 n'a jamais pu atteindre son orbite. En effet, à la suite d'un échec du lanceur au niveau du 2e étage lors de la phase de lancement, le satellite est tombé dans la Mer Méditerranée[4].

Le satellite était supposé être un prototype pour le futur satellite civil israélien d'observation de la Terre EROS-A[5].

Ofek 5

Lancé le , Ofek 5 est placé en orbite autour de la Terre avec un périgée de 262 km et un apogée de 774 km.

Beaucoup plus lourd que ses prédécesseurs (300 kg, soit 33% de plus que la génération des Ofek 3 et 4), il est le premier d'une nouvelle génération de satellites avec des performances accrues en matière de résolution spatiale de 80 cm, obtenue grâce à l'instrument conçu par l'entreprise israélienne El-Op (Electro-Optic Industries, une filiale de Elbit Systems)[6].

Sa durée de vie prévue est de quatre ans.

Ofek 6

Lancé le et jumeau de Ofek 5, Ofek 6 pesait tout comme son prédécesseur 300 kg.

À cause d'une erreur au lancement – le troisième étage a refusé de s'allumer – le satellite n'a pu se mettre en orbite et est tombé dans la mer Méditerranée[7].

Ofek 7

Lancement d'Ofek 7 par le lanceur Shavit

Lancé le avec la nouvelle version du lanceur Shavit, le Shavit-2[7], il est mis en orbite elliptique avec un périgée de 340 km et un apogée de 576 km.

Avec un poids de 300 kg identique à ses prédécesseurs, il est équipé d'un nouvel instrument lui permettant de prendre des images plus précises, avec une résolution spatiale de 70 cm. En outre, le satellite est précisé comme étant suffisamment agile pour prendre plusieurs images sur une zone. Sa durée de vie prévue est de 5 ans[8].

Ofek 8

Le satellite Ofek 8, aussi appelé TecSAR 1 ou encore Polaris, a été placé sur orbite avec succès le par le lanceur indien PSLV. Ce lancement est le premier, et le seul jusqu'à présent, à ne pas avoir été lancé depuis le site de Palmachim. Il résulte d'une coopération accrue entre Israël et l'Inde[9], qui fait suite notamment à deux échecs des lanceurs Shavit[10],[11].

Ce satellite est également le premier satellite utilisant un radar à synthèse d'ouverture, complémentaire des satellites optiques. Opérant en bande X, Ofek 8 aurait une résolution variant de moins d'm à m, en fonction du mode d'acquisition[12].

Ofek 9

Le , un lanceur Shavit-2 a mis sur orbite avec succès le satellite Ofek 9[7].

Avec ce satellite, Israël dispose d'une constellation de 3 satellites militaires opérationnels (Ofek 5, 7 et 9) assurant ainsi une meilleure revisite et dont le dernier satellite en date emporte un instrument optique de nouvelle génération offrant une résolution spatiale qui pourrait être inférieure à 50 cm[10],[13].

Ofek 10

Le , le satellite Ofek 10 a été mis en orbite avec succès grâce, de nouveau, à un lanceur Shavit-2 depuis la base de Palmachim[14].

À l'instar d'Ofek 8, ce satellite emporte en charge utile un radar à synthèse d'ouverture (SAR) opérant en bande X vers 9,59 GHz. Il est également connu sous le nom de TecSAR 2. Toutefois, contrairement à son prédécesseur, il est plus léger avec un poids initial de 100 kg[11].

Ofek 11

Placé en orbite le [1], Ofek 11 est un satellite stabilisé 3 axes qui utilise une nouvelle plateforme OPSAT-3000 et un instrument aux capacités accrues. La plateforme dérive de celle des satellites d'observation radar TecSar également développés par le constructeur du satellite. La caméra Jupiter, qui utilise un télescope de 70 cm d'ouverture, fournit des images panchromatiques avec une résolution spatiale de 50 cm.

Synthèse des caractéristiques

Principales caractéristiques des satellites Ofek[3],[5],[7],[14],[15]
Désignation Date lancement Type Plateforme Masse Caractéristiques instrument Orbite Identifiant Cospar Durée de vie Commentaire
Ofeq 1prototypeSpinnée157 kgDépourvu d'optique248 km × 1170 km, 142.8°1988-087Aquelques moisrentré dans l'atmosphère le
Ofeq 2prototypeSpinnée160 kgDépourvu d'optique209 km × 1577 km, 143.2°1990-027Aquelques moisrentré dans l'atmosphère le
Ofeq 3reconnaissance optiqueOPSAT-1000189 kgRésolution spatiale estimée : 1 m729 km × 367 km, 143.3°1995-018APrévue : 2 ansrentré dans l'atmosphère le
Ofeq 4 reconnaissance optique OPSAT-1000 189 kg  ? Échec du lancement
Ofeq 5 reconnaissance optique OPSAT-2000 300 kg Résolution spatiale : 80 cm 729 km × 367 km, 143.3° 2002-025A
Ofeq 6 reconnaissance optique OPSAT-2000 300 kg Résolution spatiale : 80 cm Échec du lancement
Ofeq 7reconnaissance optiqueOPSAT-2000300 kgRésolution spatiale : 70 cm729 km × 367 km, 143.3°2007-025A
Ofeq 8reconnaissance radarTECSAR260 kgRésolution spatiale : de 1 à 8 m403 km × 581 km, 41º2008-002APlacé en orbite par une fusée indienne PSLV
Ofeq 9reconnaissance optiqueOPSAT-2000300 kgRésolution spatiale supposée : 50 cm729 km × 367 km, 143.3°2010-031A
Ofeq 10reconnaissance radarTECSAR 2100 kg ?384 km × 609 km, 140.95°2014-019A
Ofeq 11reconnaissance optiqueIMPS-2 ?Résolution spatiale : 50 cm341 km × 594 km, 142.53°2016-056A

Notes et références

  1. (en) « Israel Launches Advanced Optical Reconnaissance Satellite », sur SpaceFlight101,
  2. (en) « Ofeq 1-2 », sur Astronautix (consulté le )
  3. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 1,2 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  4. « Ofeq 3 », sur Astronautix (consulté le )
  5. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 3, 4 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  6. (en) « Ofeq 5 », sur Astronautix (consulté le )
  7. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 5, 6, 7, 9 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  8. (en) « Ofeq-7 satellite lift-off is a success », sur Haaretz (consulté le )
  9. (en) « Israel launches new satellite to spy on Iran », sur The Guardian,
  10. (en) « Israel Declares Ofeq-9 Reconnaissance Satellite Operational », sur SpaceNews,
  11. (en) « Israel successfully Launches Ofeq Reconnaissance Satellite », sur SpaceFlight101,
  12. (en) « TecSAR (SAR Technology Demonstration Satellite) », sur eoPortal (consulté le )
  13. (en) « OFEQ 9 – the New Israeli Spy Satellite », sur Defense Update,
  14. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 8, 10 (TECSAR 1, 2 / TechSAR 1, 2) », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  15. (en) Gunter Krebs, « Ofek11 », sur Gunter's space page (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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