Nostalgie de l'Union soviétique

La nostalgie de l'Union soviétique est un phénomène très répandu en Russie et au sein des minorités russes des pays issus de l'URSS. Cette nostalgie peut concerner le système politique (partis communistes), la puissance, la culture et la société soviétiques, ou bien l'esthétique de la période soviétique (monuments, arts…). Souvent la nostalgie de l'Union soviétique est exprimée en raison des souvenirs de l'enfance et de la jeunesse : il s'agit d'un phénomène contradictoire qui englobe un large éventail d'opinions[1],[2].

Emblème de l'URSS.

Opinion positive sur le phénomène

Parade, à Saint Petersbourg des descendants des soldats du Régiment immortel de la Grande Guerre patriotique.
Le "Stalinobus" à Saint-Pétersbourg est décoré d'images évoquant la Grande guerre patriotique. Photo prise le 5 mai 2010.

La nostalgie de l'Union soviétique exprime une opinion positive envers le passé soviétique, phénomène dû à plusieurs facteurs[3],[4],[5],[6],[7] :

  • la période soviétique correspond à la jeunesse de nombreuses générations, or les souvenirs de jeunesse sont naturellement magnifiés ;
  • ces générations s'étaient adaptées à ce régime et savaient y vivre et y survivre, tandis que les règles (ou l'absence de règles) du post-communisme les a désorientées ;
  • tous les actifs étaient fonctionnaires puisqu'il n'existait pas d'entreprises privées, et on ne pouvait pas se retrouver sans emploi (en cas de problèmes, on pouvait être envoyé au Goulag, mais cela n'a touché que 8% de la population et même si quelques victimes en revenaient, aucune n'osait se plaindre) ;
  • durant l'ère soviétique, les mouvements de jeunesse, sportifs ou d'entreprise faisaient la promotion des idéaux communistes comme l'esprit d'équipe, et l'économie informelle nécessaire à la survie tissait entre les citoyens des réseaux de solidarité et des relations amicales ;
  • la transition d'une économie planifiée d'État vers l'économie de marché ne s'est pas accompagnée d'une revalorisation des retraites et des salaires, de sorte que le niveau de vie de la majorité de la population s'est dégradé proportionnellement à la montée des prix ;
  • la puissance militaire et la peur qu'engendrait l'URSS, ainsi que la fascination qu'elle exerçait sur ses sympathisants à l'étranger, de la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 1980, sont aussi des raisons de nostalgie, notamment en Russie qui s'efforce de réémerger comme grande puissance.

Cette perception peut aussi être un rejet de la frénésie de consommation et d'étalage de richesse des oligarques, alors que leurs prédécesseurs de la nomenklatura communiste (qui sont souvent leurs ascendants) étaient beaucoup plus discrets. La nostalgie de l'URSS et du système soviétique peut aussi se manifester par la négation des crimes (terreur, arrestations arbitraires et tortures, déportations, travail forcé avec une mortalité importante) et des faiblesses du monde soviétique (déficit presque universel, pénuries constantes, files d'attente, corruption, répression de la libre pensée et de la dissidence), par leur relativisation comme « effets secondaires » de l'héritage du tsarisme, de la guerre civile russe, de l'hostilité des pays capitalistes et de la Seconde Guerre mondiale, ou encore par la glorification des mérites du système soviétique, réels (bas prix, logement inconfortable mais abordable, éducation, santé d'accès facile) ou proclamés (« justice sociale » en dépit des privilèges de la nomenklatura, « stabilité » en dépit des purges, « sécurité » en dépit de la menace constante de déportation au Goulag par l'arbitraire du NKVD)[8].

Opinion négative sur le phénomène

La nostalgie du régime soviétique peut également exprimer un rejet des idées et des valeurs humanistes modernes, perçues comme étrangères aux racines identitaires de la « Russie éternelle » (nationalisme, suprématisme russe, christianisme orthodoxe...) et contraires au communisme[9]. Or ce rejet maintient la Russie, ses États-satellites (soit la plupart de ses voisins, autres que la Finlande et les pays baltes) dans un modèle politique et social qui n'intègre pas les règles des droits de l'Homme, du droit, de la démocratie et de la justice sociale ; ce modèle considère les valeurs universelles (parce qu'elles répondent aux besoins fondamentaux de tout être humain, quelles que soient ses origines et sa culture[10]) comme une ruse du capitalisme pour asservir les peuples, une idéologie exclusivement occidentale et inadaptée aux pays de l'espace post-soviétique[11] ; la Chine communiste partage ces positions en cultivant toujours officiellement la mémoire du maoïsme, même si elle déroge aujourd'hui à la plupart des principes du Petit livre rouge[12].

Notes et références

  1. (ru) Ностальгия по СССР (« Nostalgie de l'URSS ») : de levada.ru consulté le 19 déc. 2018.
  2. Christina Maza, (en) « Russia vs. Ukraine: More Russians Want the Soviet Union and Communism Back Amid Continued Tensions » in : Newsweek - consulté le 20 déc. 2018.
  3. Article (en) Why do so many people miss the Soviet Union ? Pourquoi tant de gens regrettent-ils l'Union soviétique ? »), The Washington Post du 21 déc. 2016 -
  4. Kristen Ghodsee, (en) Nostalgia for Communism, Bowdoin College - .
  5. Article (en) The fall of the Soviet Union - sur Levada.ru consulté le 9 janv. 2017
  6. Tom Balmforth, (en) Russian nostalgia for Soviet Union reaches 13-year high La nostalgie russe pour l'Union soviétique atteint son plus haut niveau depuis 13 ans ») in: Reuters du 19 déc. 2018 -
  7. Article (en) Most Russians Say Soviet Union "Took Care of Ordinary People" dans The Moscow Times du 24 juin 2019 – Poll|url=
  8. http://www.stapravda.ru/20011208/10_let_bez_SSSR_33385.html 10 лет без СССР «Ставропольская правда» 08 декабря 2001 г.
  9. http://www.razgovor.org/iznutri/article423/ Россия - взгляд изнутри
  10. Virginia Henderson, The Principles and Practice of Nursing, The Macmillan Company, Canada, ASIN B000PIDE0A?
  11. Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Armand Colin, coll. « U », Paris 2004, 3e éd., (ISBN 2-200-26687-1).
  12. La Chine devient la troisième puissance économique mondiale, Le Monde, 19 juillet 2007 et La Chine, troisième économie mondiale, Le Figaro, 20 juillet 2007

Bibliographie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la culture russe
  • Portail du communisme
  • Portail de l'espace post-soviétique
  • Portail de l’URSS
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.