Nini peau d'chien

Nini peau d'chien est une chanson écrite par Aristide Bruant. Elle est publiée pour la première fois en 1895 dans le troisième volume du recueil Sur la route.

Nini peau d'chien

Chanson
Genre chanson réaliste
Auteur Aristide Bruant
Compositeur Aristide Bruant

La chanson narre l'histoire du personnage éponyme, une prostituée du quartier de Bastille à Paris, surnommée Nini Peau d'chien. La chanson reste pendant plusieurs décennies un grand succès interprété et enregistré par de nombreux artistes comme Patachou, Lina Margy ou Colette Renard.

Son refrain est demeuré très célèbre : « À la Bastille on aime bien Nini Peau d'chien. Elle est si bonne et si gentille. On aime bien. (Qui ça ?) Nini Peau d'chien. (Où ça ?) À la Bastille. »

Historique

La chanson date de l'époque où Aristide Bruant se produit au café-concert « L'Époque » dont il devient le directeur en 1898[1].

Le surnom de Nini Peau d'chien fait sans doute référence au cuir de chien de mer (un requin), qu'au xixe siècle on fabriquait dans le faubourg Saint-Antoine (près de la Bastille)[2].

Paroles

Les paroles font référence à différents quartiers de Paris où déambule une prostituée.

Premier couplet Refrain

Quand elle était p'tite
Le soir elle allait
À Saint'-Marguerite
Où qu'a s'dessalait :
Maint'nant qu'elle est grande
Elle marche le soir
Avec ceux d'la bande
Du Richard-Lenoir

 À la Bastille
On aime bien
Nini-Peau-d'chien :
Elle est si bonne et si gentille !
On aime bien
Qui ça,
Nini-Peau-d'chien,
Où ça
À la Bastille
.

Interprétations

Un enregistrement d'Aristide Bruant interprétant sa chanson est réalisé en 1905.

Tout au long du XXe siècle, la chanson est au répertoire de Patachou, Marc Ogeret, Marc et André, Lina Margy, Mistigri, Monique Morelli, Colette Renard, Colette Ritz, Souris, Marcelle Bordas ou encore Germaine Montero.

Analyses

Le personnage de Nini apparaît dans une chanson plus ancienne de Bruant intitulée À la Bastille publiée dans le premier volume du recueil Dans la rue (p. 123)[3]. Dans ses chansons, Bruant met en lumière comment ce genre de personnage en est venu à se prostituer, à cause de la misère et de la médiocrité de la condition féminine de l'époque[4].

Pour Daniel Grojnowski et Mireille Dottin-Orsini, la chanson participe à « édulcorer la violence des rapports de pouvoir entre les classes sociales et les sexes. La prostitution en tant que pratique ordinaire est rarement abordée de front. Elle est [...] folklorisée[5] ».

La chanson joue aussi sur les poncifs associés à la rousseur, notamment la supposée odeur particulière des personnes rousses[6].

Dans la culture populaire

La chanson est reprise dans les années 1980 par les supporters du Paris Saint-Germain Football Club avec les paroles : « Au Parc des Princes, on l'aime bien le PSG ».

Références dans d'autres œuvres

La chanson est citée dans l'album de bande dessinée Astérix aux Jeux olympiques de la série Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo (p. 61, case 6) avec les paroles : « À Lutèce, on l'aime bien, Nini peau d'sanglieeer ». Dans la traduction en anglais, la référence est transcrite en parodiant une chanson anglaise When Father Papered the Parlour (en) (de R. P. Weston (en) et Fred J. Barnes (en), 1911) « When Father papered the Parthenon »[7].

Éditions

Références

  1. Jany Baudet et Annick Botaya, Le Faubourg du meuble et l'opéra Bastille, Paris, FeniXX (lire en ligne)
  2. Jean Perfettini, Le Galuchat, éditions Vial, , 70 p. (EAN 9782851012043).
  3. Laurenţiu Bălă, « Figures de la marginalité dans l’œuvre d’Aristide Bruant : la prostituée et le proxénète », dans Actes du Colloque International « Langue, Culture, Civilisation » MARGE, MARGINAL, MARGINALITÉ Craiova, 20-22 septembre 2012, (ISSN 1841-8074, lire en ligne), p. 38-50.
  4. Louise-Rypko Schub, « La chanson naturaliste : Aristide Bruant, ou le revers de la Belle Époque », Cahiers de l'AIEF, no 28, , p. 195-212 (lire en ligne).
  5. Daniel Grojnowski et Mireille Dottin-Orsini, « La prostitution dans la presse parisienne à la fin du xixe siècle », Littératures, no 69, , p. 187-211 (lire en ligne)
  6. Philippe Lafargue, « UN ROUQUIN À LA TÊTE DE LA CITÉ ? SUR L’AMBIVALENCE DE LA ROUSSEUR CHEZ LES ANCIENS », Revue d'études anciennes, vol. 113, no 1, , p. 365-390 (lire en ligne).
  7. « On connaît la chanson : aspects de la traduction des chansons dans Astérix », Les Cahiers de l’ILCEA, , p. 151-179

Liens externes

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