Mouvement du 29 novembre

Le Mouvement du 29 novembre, fondé à Ajaccio le 29 novembre 1959 est considéré le premier réllement mobilisateur des mouvements régionalistes de la Corse. Composé de représentants politiques de gauche, communistes et radicaux, il a organisé au curs des années 1960 des grèves générales contre la vie chè[Ce, pour une fiscalité aménagée et contre la menace de fermeture des lignes de chemin de fer de la Corse ou d'implatation de sites polluants.

Histoire

Fondation

Le Mouvement du 29 novembre est fondé à Bastia puis Ajaccio lors d'un congrès présidé par Achille de Susini[1], qui a lieu le 4 octobre. Il se veut un vaste mouvement revendicatif et un rassemblement des forces démocratiques. Le président est Achille de Susini, directeur de l'hebdomadaire corse L'Insulaire.[2] compilation de chronologies effectuées par Ours-Jean Caporossi, avec les ouvrages de Simon Grimaldi et les anciens journaux[3].

A la fin des années 1950, une pharmacien de sensibilité gaulliste, qui s’intéresse à l’économie insulaire, présente des dossiers pour la promotion économique de la Corse en estimant que les élus n'ont pas l'énergie de le faire. Rapidement, ses travaux ont influencé les fondateurs du Mouvement du 29 novembre, qui veulent porter le sentiment général dans l'île que celle-ci est une lieu où vivent des « enfants abandonnés du foyer français »[4].

Dénomination

La date a été sciemment choisie pour s'inspirer du jour où les députés de la Corse à la Constituante avaient décidé de se mobiliser pour obtenir le rattachement de leur île à la République[5]. Cette séance de 1759 ressemblait à certains débats dont l'Algérie a fait l'objet, observe en 1960 Le Monde peu après la fondation du [5]. « En choisissant comme date de notre congrès le 29 novembre, veille du cent soixante-dixième anniversaire du rattachement, nous rejetons formellement et catégoriquement toute idée d'autonomie, voire d'irrédentisme », précise alors le communiqué des fondateurs du Mouvement du 29 novembre, qui met cependant en garde la République[5].

Après tant d'années d'appartenance à la nation la Corse, économiquement, socialement, n'était pas encore un département à part entière, déplore alors le président du Mouvement du 29 novembre, Achille de Susini, directeur de l'hebdomadaire L'Insulaire[5].

Contexte

Le contexte est à la vie chère en Corse, faute d'approvisionnements de qualité en provenance du continent, alors que l'exode rural a dépeuplé les campagnes. Une étude réalisée par des statisticiens a décidé de comparer 179 articles de consommation courante à Ajaccio et à Draguignan [5] et montre qu'ilss sont plus chers, parfois beaucoup plus chers à Ajaccio[5] : pour les œufs, le lait pasteurisé, le sucre, la plupart des morceaux de boucherie, les pommes de terre, presque tous les légumes, l'écart est de l'ordre de 8 à 10 %[5].

Le fait régionaliste existe déjà, notamment à Ajaccio, où A Muvra (le Mouflon), un journal d'inspiration séparatiste était déjà édité avant-guerre en dialecte corse[5].

Evénement déclencheur

L'événement déclencheur est alors la menace de fermeture des lignes de chemin de fer de la Corse, qui sont déficitaires mais jouent un rôle d'aménagement du territoire, dans une île où le réseau routiers est pénalisé par le relief très montagneux et la circulation routière encore peu développée, compte tenu du taux d'équipement en automobiles. En cette année 1959, une autre maladresse est commise par le gouvernement, qui n'inscrit aucun budget pour le réseau routier corse.

Dès 1955, le ministre des transports Édouard Corniglion-Molinier voulut fermer la ligne de Ponte-Leccia à Calvi. Une menace de grève administrative et les protestations de l'opinion publique vont ensuite dissuader le gouvernement, qui reporte puis annulera finalement la fermeture. La décision de n'inscrire aucun budget pour les chemins de fer de la Corse dans la loi de finances du budget de 1960, suivie de la déclaration du ministre Robert Buron qu' « un autocar et cinq camions doivent suffire pour assurer le trafic de l'île » met le feu aux poudres.

Composition

Le Mouvement du 29 novembre est composé majoritairement et à échelle régionale d’hommes politiques de gauche, communistes et radicaux, les deux partis importants dans l'île en 1959[6]. Ils se sont fait connaitre lors des manifestations qui ont réuni dans plusieurs villes plusieurs milliers d'opposants à la fermeture du chemin de fer corse, appellé "Trinichellu", menacé par les projets du gouvernement[7]. Cette crainte de disparition du « Trinichellu » corse ne renvoie pas, en 1959, seulement aux questions de transport et d’emplois, mais est investi d’une haute charge symbolique car le "Trinichellu" avait été voulu par la IIIème République en 1873[8].

Les cofondateurs du mouvement sont en particulier Albert Ferraccco, candidat de la liste PCF aux élections municipales de mars 1959, qui n'eut aucun élu malgré 37% des voix, et Ange-Marie Filippi-Codaccioni, tous deux organisateurs, un peu plus tard et sur le territoire corse, de plusieurs manifestations contre les attentats teroristes de l'OAS[9]. Ils participent aussi aux manifestations à Bastia de la structure qui se créé sour le nom du "Groupement pour la Défense des Intérêts Economiques de la Corse" (DIECO)[10].

Actions

En mai 1960, le Premier ministre Michel Debré annonce un site d'expérimentation nucléaire à l'Argentella, pour pallier les essais en Algérie mais doit y renoncer un mois plus tard car le "Mouvement du 29 novembre" organise des manifestations victorieuses à Ajaccio, Calvi, ou encore Bastia, avec des drapeaux à tête de maure, ce qui est considéré comme « les prémices des mouvements écologistes et autonomistes corses des années 1970 »[11]. Par la suite, au cours de l'automne 1961, ce "Mouvement du 29 novembre" négocie un statut fiscal pour encourager les petites entreprises locales [12] puis lance une grève générale des Corses en décembre 1961[13].

Le Mouvement du 29 novembre obtiendra aussi la fermeture de la Mine d'amiante de Canari[1], et ses rejets toxiques au large du Cap Corse, concédé par le gouvernement en 1965.

Suites et conséquences

En 1963 a lieu à Corte le 1er congrès de l’"Union Nationale des Etudiants Corses" et Charles Santoni fonde "Union Corse - l’Avenir" à Paris avec des intellectuels et étudiants[10] tandis qu'en 1964, Max Siméoni et Paul-Marc Seta fondent le "Comité d’Etude et de Défense des Intérêts de la Corse" (CEDIC), réclamant un statut fiscal compensant l’insularité[10].

Parmi les radicaux de gauche soucieux de préservation des sites naturels, le sénateur maire de Venaco François Giacobbi oeuvre au Parc naturel régional de la Corse (PNRC), finalement ouvert en 1971[14].

Chronologie

Notes et références

  1. "Parti communiste corse : un siècle de lutte" par Sébastien Bonifay, FR3 Corse, stalion locale de France Télévisions, le 21/12/2020
  2. "Cronica di a CORSICA", par Orsu-Ghjuvanni CAPOROSSI
  3. "Ours-Jean Caporossi : "Un site pour laisser des traces" ar Hélène Romani le: 07 janvier 2020 dans Corse Matin
  4. "Le journal Arritti fête, le 10 décembre, un demi-siècle d’existence et de combat politique" par Nicole Mari, le 4 Décembre 2016
  5. "Un département à la Mer", par Eugène Mannon, le 4 janvier 1960 dans Le Monde
  6. "Écologie et géopolitique en Corse" par Marianne Lefevre, dans la revue Hérodote en 2001
  7. "Train de Corse, train rebelle : La singulière histoire du chemin de fer insulaire", par Paul Silvani en 2005 aux éd Albiana
  8. "Quelle identité pour la Corse ?", par Ange Rovere, dans la revue La Pensée en 2017
  9. Biographie Maitron d'Albert Ferracco
  10. Site de Xavier Raufer est docteur en géographie/géopolitique, université Paris-Sorbonne
  11. "Il y a 60 ans, les Corses mobilisés contre l’implantation d’un site d’essais nucléaires à l’Argentella", par France TV le 29 mai 2019
  12. "Le Mouvement du 29 novembre" envoie une délégation à Paris, dans Le Monde du 3 octobre 1961
  13. GRÈVE GÉNÉRALE EN CORSE A L'APPEL DU " MOUVEMENT DU 29 NOVEMBRE ", dans Le Monde du 13 décembre 1961
  14. "Les tourments du tourisme sur l'île de Beauté" par Joseph Martinetti, dans la revue Hérodote en 2007
  15. "La Résistance en Corse" par Paulina Brault pour le Musée de la Résistance, le
  16. Edmond Maestri, La décentralisation, Harmattan, , p. 392.
  17. Valérie Esclangon-Morin, Les rapatriés d'Afrique du Nord de 1956 à nos jours, Harmattan, , p. 235-236.
  18. Philippe Boggio, « Comment l'occupation d'Aléria en 1975 a mené à la création du FLNC », Slate, (lire en ligne).
  19. Entretien avec Edmond Simeoni pour Alternatives non violentes
  20. Paul Silvani, Corse des années ardentes (1939-1976), Éditions Albatros, , p. 231.
  21. Thierry Vareilles, Encyclopédie du terrorisme international, Harmattan, , p. 81.
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