Mont Sainte-Odile

Le mont Sainte-Odile (Odilieberri en alsacien, Odilienberg en allemand) est un mont vosgien, situé à Ottrott dans le département du Bas-Rhin, culminant à 767 mètres d'altitude.

Mont Sainte-Odile

Le mont Sainte-Odile en hiver, commune d’Ottrott.
Géographie
Altitude 767 m[1]
Massif Vosges
Coordonnées 48° 26′ 14″ nord, 7° 24′ 15″ est [1]
Administration
Pays France
Région Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Géolocalisation sur la carte : Bas-Rhin
Géolocalisation sur la carte : France

Il est surmonté par l'abbaye de Hohenbourg, couvent qui surplombe la plaine d'Alsace, fondé par sainte Odile, patronne de l'Alsace, fille du duc Etichon.

Haut lieu de la culture alsacienne, ce couvent est un site de pèlerinage très fréquenté (1 300 000 visiteurs par an)[2]. Par temps clair, la vue s'étend jusqu'à la Forêt-Noire et aux Alpes bernoises. Il s'y trouve aussi les vestiges d'une muraille ancienne, le « mur païen ».

Le couvent du mont Sainte-Odile.

Histoire ancienne : le « mur païen »

À l'époque celtique, la montagne s'appelle Altitona, la « montagne haute ». C'est un lieu de culte celte.

Proto-Celtes, Celtes, Romains et Alamans construisent une forteresse au sommet.

Le mur païen (en allemand : Heidenmauer, en alsacien d'Heidamür(a)) est une enceinte d'une longueur totale de onze kilomètres faisant le tour du plateau du mont Sainte-Odile. Formé d'environ 300 000 blocs cyclopéens, il fait entre 1,60 m et 1,80 m de large et peut atteindre trois mètres de hauteur. Le qualificatif de « païen » lui a été donné par Léon IX.

Les chercheurs n'ont pu définir s'il s'agissait d'une enceinte défensive ou d'une enceinte cultuelle, et sa période de construction n'a pu être définie que récemment. Les analyses réalisées ont permis de le dater non plus du IIe siècle av. J.-C., voire d'une époque beaucoup plus ancienne (âge du bronze), mais beaucoup plus tardivement, du VIIe siècle[3].

Le mur a été classé au titre des monuments historiques par la liste des monuments historiques protégés en 1840[4] et « site archéologique d’intérêt national » en 1987 (à l'instar du site archéologique d'Alésia ou du mont Beuvray).

L'abbaye de Hohenbourg

Le monastère

Mosaïque représentant Odile (« Sancta Odilia »). Chapelle des Larmes, détail.

À la fin du VIIe siècle, à l'époque des rois mérovingiens, l'Altitona est la propriété du duc d'Alsace Etichon-Adalric, père de la future sainte Odile. Il y fait construire une demeure noble, le château de Hohenbourg[5].

L'existence du monastère est attestée en 738[6], après que le père d'Odile lui a légué le château, qu'elle transforme en couvent.

Très populaire, l'endroit devient un lieu de pèlerinage très fréquenté, notamment par les personnes atteintes de maladies oculaires, et accueille jusqu'à 130 moniales.

Sous la Révolution française (1789), le couvent est vendu comme bien national. L'évêché de Strasbourg le rachète en 1853 et le rétablit à sa vocation monacale.

On peut encore voir le tombeau de sainte Odile dans une chapelle attenante au cloître. Les tombeaux de ses parents, Adalric (aussi appelé Etichon) et Bereswinde, y sont aussi conservés, bien qu'ils soient des ajouts plus tardifs (IXe siècle et XIe siècle). Ces caveaux sont ornés de mosaïques remarquables.

Les chapelles vouées à Sainte-Odile, à la Croix, aux Larmes et aux Anges, ainsi que la bibliothèque et les sculptures du cloître du monastère ont été classées au titre des monuments historiques par la liste des monuments historiques protégés en 1840[7].

La basilique

À côté des nombreuses chapelles du Mont, on compte l'église dédiée à l'Assomption de la Vierge Marie. Cette église conventuelle, détruite à de nombreuses reprises par le feu, a été reconstruite en style baroque. La première pierre a été posée en 1687, les travaux sont achevés en 1692. La consécration de l'édifice est célébrée avec faste le par Mgr Peter Creagh, archevêque de Dublin et primat d'Irlande en exil à Strasbourg.

Le mobilier de l'église sera partiellement détruit lors de la Révolution française (1789), puis reconstitué. Un nouvel orgue est notamment installé en 1862 (l'orgue actuel date de 1964).

En 1924, est inauguré le clocher, remplaçant le petit clocheton qui existait jusqu'alors. Ce clocher est flanqué d'une tourelle que domine une imposante statue de Sainte Odile bénissant l'Alsace. Cette statue est l'œuvre du sculpteur colmarien Alfred Klem. Le clocher contient par ailleurs un ensemble de 31 cloches, dont la plus grande pèse cinq tonnes.

L'église conventuelle Sainte-Odile est elle classée au titre des monuments historiques par arrêté du [7].

Le , le pape Benoît XVI a érigé l'église en basilique mineure. C'est la quatrième basilique mineure du diocèse de Strasbourg.

Le chemin de croix, la source et la chapelle des Rochers

Un chemin de croix monumental, réalisé de 1933 à 1935 par le céramiste Léon Elchinger (1871-1942), orne les parois rocheuses du plateau du couvent[8].

La source (ou fontaine) de Sainte-Odile se situe en contrebas du couvent. Son eau aurait la vertu de guérir les maladies des yeux. Selon la légende, c'est Sainte Odile qui l'a fait jaillir en frappant le rocher de son bâton[8].

La chapelle des Rochers, inaugurée en 1927, a été détruite vers 1970, car délabrée ; son soubassement est toujours visible. Elle avait été construite originellement pour représenter l'Alsace à l'Exposition Internationale des Arts décoratifs de Paris en 1925, puis remontée sur le Mont, à proximité de la Porte romaine, et inaugurée en 1927[8].

La catastrophe aérienne du 20 janvier 1992

Le à 19 h 20, un Airbus A320 assurant le vol Lyon-Strasbourg 148 Air Inter s'écrase sur la montagne de la Bloss, proche du mont Sainte-Odile, faisant 87 morts et laissant 9 survivants. Une clairière du souvenir, accessible à pied, a été aménagée sur une partie de la zone déboisée lors de l'accident.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marie-Thérèse Fischer, Treize siècles d'histoire au mont Sainte-Odile, Strasbourg, Editions du Signe, , 527 p. (ISBN 978-2-7468-1742-5)
  • Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 663 p. (ISBN 2-7165-0250-1)
    Ottrott : Mur des païens sur la montagne sainte-Odile ; Monastère de Sainte Odile ; Abbaye de Sainte-Odile ; Monastère de Sainte-Odile, Chapelle Sainte-Odile, Chapelle de la Croix, Bibliothèque; Sculptures du cloître; Chapelle des Larmes; Chapelle des Anges… pp. 315 à 318
  • Aimé Reinhard, Le mont Sainte-Odile et ses environs : notices historiques et descriptives, avec les planches dessinées par Silbermann & gravées par Weiss et publiées pour la première fois en 1781, Strasbourg, impr. de G. Fischbach, 1888, 1 vol. (III-131 p.-pl.) ; in-4 oblong
  • Patrick Koehler, Saint-Odile : le mont et les grâces, Cerf, 2018.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. GEO, no 387, mai 2011, p. 94.
  3. Madeleine Châtelet et Juliette Baudoux, « Le « Mur païen » du Mont Sainte-Odile en Alsace : un ouvrage du haut Moyen Âge ? L’apport des fouilles archéologiques », Zeitschrift für Archäologie des Mittelalters, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Mont Sainte-Odile », notice no PA00084885, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. En allemand, Hohenburg : « le château d'en haut », Burg impliquant des fortifications et Hohen désignant la hauteur (les bâtiments sont perchés à l'extrémité d'un plateau rocheux d'environ 700 mètres d'altitude).
  6. Marie-Thérèse Fischer 2006, p. 6.
  7. « Mur païen », notice no PA00084884, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. J.M. Le Minor, A. Troestler et F. Billmann, Le Mont Sainte-Odile, I.D. L'Édition coll. Découvertes, 2010 (ISBN 978-2-915626-42-1)
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