Michael Shellenberger

Michael Shellenberger (né le ) est un auteur américain.

Fondateur de l'association Environmental Progress[1] et du think tank Breakthrough Institute (en), il est notamment connu pour ses prises de position en faveur de l'énergie nucléaire.

Biographie

Parcours initial

Origines et formation

Michael Shellenberger naît le de parents hippies et est élevé dans le mouvement mennonite. Il grandit à Greeley, Colorado, et fréquente l'université Earlham College, à Richmond, Indiana.

Adolescent, il devient militant politique et humanitaire et voyage et travaille en Amérique latine dans les années 1980 et 1990. Il y accompagne des délégations qui promeuvent la diplomatie et la paix et encourage le développement des coopératives agricoles au Guatemala et au Nicaragua[2].

Débuts professionnels

En 1993, il s'installe à San Francisco pour travailler pour l'ONG progressiste Global Exchange. Il y signe plusieurs articles sur Haïti, le Brésil, le syndrome de la guerre du Golfe ou encore la discrimination positive.

Puis il crée Communication Works, une organisation de relations publiques qui mène des campagnes de communication sur des sujets environnementaux et humanitaires[3]. Il contribue ainsi à la sauvegarde de la dernière forêt de séquoias non protégée en Californie et alerte l'opinion sur les conditions de travail dans les usines Nike en Asie.

Il décide, en 2002, de consacrer sa vie à la lutte contre le changement climatique[4].

Dans les années 2000, il crée des sociétés de conseil (Lumina Strategies et American Environics) et travaille pour des ONG, des fondations et des États.

Breakthrough Institute et écomodernisme

Création du Breakthrough Institute

En 2003, il crée avec Ted Nordhaus le Breakthrough Institute, un think tank qui produit des analyses sur le climat, les énergies et l'innovation, comme sur les limites de la planète, l'efficacité énergétique, les subventions aux énergies renouvelables, le prix du carbone, l'énergie nucléaire ou le gaz de schiste.

Le Breakthrough Institute prend notamment position en faveur d'une augmentation de la dépense publique dans l'innovation technologique, en raison de ses effets positifs sur la situation de l'environnement, la croissance économique et la qualité de la vie. Dans le domaine du climat, cette augmentation de la dépense permettrait de rendre les énergies propres moins chères (plutôt que de chercher à rendre les énergies fossiles plus chères). Il critique plusieurs politiques en place comme celles du prix du carbone, qui ont pour effet de faire augmenter le prix de l'énergie.

Leur prise de position de 2003 pour un « nouveau projet Apollo »[5] serait à l'origine de 150 millions d'investissements dans la cleantech entre 2009 et 2015[1].

Publications d'essais avec Ted Nordhaus

En octobre 2004, Shellenberger et Nordhaus publient un essai intitulé The Death of Environmentalism: Global Warming Politics in a Post-Environmental World ("La Mort de l'Ecologisme : les Politiques de lutte contre le Réchauffement Climatique dans un Monde Post-Environnemental")[6], dans lequel ils avancent l'idée que l'écologisme est incapable de lutter contre le réchauffement climatique, autant d'un point de vue conceptuel qu'organisationnel, et qu'il doit « mourir » pour faire place à de nouvelles politiques. Cet essai est très controversé et débattu aux États-Unis[7].

Puis en 2007, ils publient un nouvel essai, Break Through: From the Death of Environmentalism to the Politics of Possibility Break Through : de la mort de l'écologisme à la politique du possible »). Ils y défendent l'idée que la politique écologiste doit cesser de se focaliser sur la protection de la nature et avoir comme premier souci l'innovation technologique qui servira à fonder une nouvelle économie. Ce nouvel essai fait à nouveau débat[8],[9], et le magazine Wired le qualifie de « Meilleure chose qui soit arrivée à l'écologisme depuis Printemps Silencieux de Rachel Carlson »[10]. Break through reçoit en 2008 le Green Book Award du meilleur livre environnemental[11].

En septembre 2008, Michael Shellenberger fait partie de la liste des Heroes Of The Environment du magazine Time[12], qui met en avant des personnes ou groupes ayant contribué de manière significative à la sauvegarde de l'environnement[13].

En 2013, il figure dans Pandora's promise, un documentaire sur des écologistes ayant changé de position sur le nucléaire[14] et est interviewé dans The Colbert Report[15].

Manifeste écomoderniste

En avril 2015, à l'initiative du Breakthrough Institute[16], Shellenberger fait partie d'un collectif de 18 personnalités universitaires et scientifiques qui signent Un manifeste écomoderniste[17].

Ce manifeste propose de cesser de se donner des objectifs de développement durable et de réduire l'empreinte de l'homme en utilisant la nature de manière plus intense, le développement économique étant une condition préalable à la préservation de l'environnement. Le manifeste, qui pose les bases de l'écomodernisme[16], crée un important débat, entre enthousiasme et critiques, dans les médias et milieux environnementalistes[18],[19].

Environmental Progress et défense du nucléaire

Création d'Environmental Progress

En 2016, Michael Shellenberger renonce à son poste de président du Breakthrough Institute pour créer une nouvelle organisation, Environmental Progress, qui mène des campagnes d'opinion publiques.

Actions de défense des centrales nucléaires

En 2016 et 2017, Michael Shellenberger milite contre la fermeture de centrales nucléaires aux États-Unis et en Corée du Sud.

En janvier 2016, il co-signe une lettre ouverte, avec plusieurs signataires du manifeste de l'écomodernisme, demandant aux autorités de ne pas fermer la centrale nucléaire de Diablo Canyon[20].

En avril 2016, toujours aux côtés d'autres militants écomodernistes (Stewart Brand, Mark Lynas), mais aussi d'autres scientifiques et défenseurs de l'environnement, tels que James Hansen, Burton Richter et Kerry Emanuel, il signe une nouvelle lettre ouverte, demandant cette fois le maintien de l'activité de six centrales nucléaires menacées de fermeture dans l'Illinois (Braidwood , Byron, Clinton, Dresde, LaSalle et Quad Cities)[21].

En juillet 2016, lui et d'autres scientifiques, universitaires, militants environnementaux et citoyens, signent une lettre ouverte au gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, en faveur d'une législation qui protègerait les centrales nucléaires de l'État d'une fermeture. En août, la commission du service public de l'État adopte un Clean Energy Standard qui reconnaît la contribution zéro carbone des centrales nucléaires[22].

En juillet 2017, Environmental Progress écrit au président coréen Moon Jae-in, lui demandant de reconsidérer son programme de sortie du nucléaire, mettant en avant les impacts négatifs sur le climat de cette décision. En août, l'association publie un rapport intitulé The High Cost Of Fear Le coût élevé de la peur ») qui étudie les différents impacts qu'aurait la sortie du nucléaire[23]. En octobre, la Corée du Sud vote la reprise des travaux de construction de deux centrales[24].

Il milite aussi contre la sortie du nucléaire à Taïwan, qui ne sera finalement pas votée[25].

Prises de position récentes

En parallèle avec ses actions contre la fermeture de centrales nucléaires, Michael Shellenberger explique publiquement l'évolution de sa position sur le nucléaire à travers plusieurs conférences TED[2]. Il explique aux médias son évolution : « J'étais initialement, comme beaucoup de gens, assez hostile à l'énergie nucléaire. Mais j'ai changé d'avis en me rendant compte qu'une économie moderne ne peut pas reposer sur le solaire et l'éolien. Ils ne font que rendre chaotique la production d'électricité et facilitent le développement des énergies fossiles »[26]. Il alerte sur la diminution de la part des énergies propres parallèle à l'augmentation de celle des énergies fossiles[27].

Le , il annonce son intention de se présenter aux élections pour devenir gouverneur de Californie en 2018 sous la bannière démocrate[28].

Il est à l'origine des Nuclear Pride Fest qui ont vu le jour en Europe en 2018[29],[30] et qualifie le mouvement d'« humanisme atomique »[31].

En mars 2019, il publie dans le magazine australien Quillette et dans Le Point une tribune intitulée « Soyez écolo, prônez le nucléaire ! »[32]. Il y estime que le nucléaire a permis de sauver deux millions de vies humaines des conséquences de la pollution atmosphérique[33],[34].

En mai 2019, il signe une tribune dans le magazine Forbes dans laquelle il avance l'idée que les catastrophes de Tchernobyl, Fukushima et Three Mile Island montrent en réalité que le nucléaire est sûr. Il y avance aussi l'idée que le nombre de morts liés à la catastrophe de Tchernobyl est largement surestimé il qu'il serait au maximum de 200[35].

En juin 2019, il critique la série télévisée de HBO, Chernobyl, pour son sensationnalisme et l'inexactitude des effets du rayonnement autour de la centrale[36].

Il publie régulièrement des informations inexactes, désavouées par la communauté scientifique, en minimisant les conséquences du réchauffement climatique.[37]

À l'occasion du jour du dépassement, le , il remet en cause la valeur scientifique de ce concept[38].

Publications, conférences et tribunes

Essais et publications

  • The Death of Environmentalism: Global Warming Politics in a Post-Environmental World, avec Ted Nordhaus, 2004[6]
  • Break Through: From the Death of Environmentalism to the Politics of Possibility, avec Ted Nordhaus, 2007
  • Love your monsters, avec Ted Nordhaus, 2011[39]
  • Un manifeste écomoderniste, 2015
  • Apocalypse Never: Why Environmental Alarmism Hurts Us All, HarperCollins, New York City, 30 juin 2020

Tribunes (sélection)

Conférences (sélection)

Film et émissions TV

Vie personnelle

Michael Shellenberger a deux enfants et vit dans la région de la baie de San Francisco.

Articles connexes

Références

  1. (en-US) « Founder & President », sur Environmental Progress (consulté le )
  2. (en-US) « Why I changed my mind about nuclear power: Transcript of Michael Shellenberger's TEDx Berlin 2017 », sur Environmental Progress (consulté le )
  3. David Armstrong et Examiner Media Writer, « Progressive PR », sur SFGate, (consulté le )
  4. Sébastien Arnaud, « Débat : les écolos pro nucléaires veulent être écoutés », sur RSE Magazine (consulté le )
  5. Michael Shellenberger et Adam Werbach, « It's the oil economy, stupid », sur SFGate, (consulté le )
  6. (en) « The death of environmentalism: Global warming politics in a post-environmental world », sur Grist, (consulté le )
  7. (en-US) Felicity Barringer, « Paper Sets Off a Debate on Environmentalism's Future », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-US) Matthew Yglesias, « Break Through: From the Death of Environmentalism to the Politics of Possibility - Ted Nordhaus and Michael She - Book Review », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. Mark Schmitt, « Breakthrough Journal: Has Liberalism Entered a Post-Obama Era? », The New Republic, (ISSN 0028-6583, lire en ligne, consulté le )
  10. Mark Horowitz, « Two Environmentalists Anger Their Brethren », Wired, (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le )
  11. « Environmental critique wins Green Book Award » (version du 2 juin 2008 sur l'Internet Archive), sur www.stevens.edu,
  12. (en-US) « Heroes of the Environment 2008 - TIME », sur TIME.com (consulté le )
  13. (en-US) BRYAN WALSH, « Heroes of the Environment 2008 - TIME », Time, (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le )
  14. Pandora's Promise (lire en ligne)
  15. « Michael Shellenberger - The Colbert Report (Video Clip) », sur Comedy Central (consulté le )
  16. « Le Manifeste Ecomoderniste : Transitions² », sur www.transitions2.net (consulté le )
  17. (en-US) Eduardo Porter, « A Call to Look Past Sustainable Development », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Eric Holthaus, « Manifesto Calls for an End to “People Are Bad” Environmentalism », sur Slate Magazine, (consulté le )
  19. (en-US) « Yes nukes! Conservationists rally to save state’s nuclear plant - SFChronicle.com », sur www.sfchronicle.com, (consulté le )
  20. (en) « Want to save the planet? Say bye-bye to nature: Column », sur USA TODAY (consulté le )
  21. « New York approves Clean Energy Standard - World Nuclear News », sur www.world-nuclear-news.org (consulté le )
  22. (en) Environmental Progress, The High Cost Of Fear, , 62 p. (lire en ligne)
  23. « Nucléaire : la Corée du Sud dans l'impasse », sur Les Echos, (consulté le )
  24. (en) Michael Shellenberger, « Pro-Nuclear Activists Win Landslide Electoral Victory In Taiwan », sur Forbes (consulté le )
  25. (en) « A radioactive wolf in green clothing: Dissecting the latest pro-nuclear spin », sur Independent Australia (consulté le )
  26. « Nous vivons une crise de l'énergie propre » selon Michael Shellenberger », sur L'EnerGeek, (consulté le )
  27. David R. Baker, « Pro-nuke activist from Berkeley to run for California governor », sur SFGate, (consulté le )
  28. (en) Michael Shellenberger, « Momentum Builds For Nuclear Power With Referendum Approved In Taiwan And "Pride Fest" in Germany », sur Forbes (consulté le )
  29. « Une première Nuclear Pride Fest a vanté les mérites du nucléaire pour l'environnement », sur Metro, (consulté le )
  30. (en-US) Jonathan Thompson Image credit: ©2018 Stephen Barnwell c/o theispot Dec. 10 et 2018 From the print edition, « Is nuclear energy the key to saving the planet? », sur www.hcn.org, (consulté le )
  31. Le Point magazine, « Soyez écolo, prônez le nucléaire ! », sur Le Point, (consulté le )
  32. Gabriel Bouchaud, Thomas Mahler, « Le nucléaire a sauvé deux millions de personnes ! », sur Le Point, (consulté le )
  33. « L’urgence des énergies décarbonées pour lutter contre le changement climatique », sur Enviro2B, (consulté le )
  34. (en) Michael Shellenberger, « It Sounds Crazy, But Fukushima, Chernobyl, And Three Mile Island Show Why Nuclear Is Inherently Safe », sur Forbes (consulté le )
  35. (en) Michael Shellenberger, « Why HBO's "Chernobyl" Gets Nuclear So Wrong », sur Forbes (consulté le )
  36. (en) « The environmentalist's apology: how Michael Shellenberger unsettled some of his prominent supporters », sur the Guardian, (consulté le )
  37. Le Point magazine, « Michael Shellenberger : « le jour du dépassement n'a aucune valeur scientifique » », sur Le Point, (consulté le )
  38. « The Breakthrough Institute », sur thebreakthrough.org (consulté le )

Liens externes

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