Mercedes Comaposada

Mercedes Comaposada Guillén (Barcelone, - Paris, ) est une pédagogue, avocate et militante féministe libertaire espagnole.

Elle est cofondatrice, avec Lucia Sánchez Saornil et Amparo Poch y Gascón, de l'organisation « féminine libertaire »[1] Mujeres Libres[2] et elle participe à la révolution sociale espagnole de 1936.

Biographie et parcours

Mercedes Comaposada Guillén, nait Mercè Comaposada i Guillén (son nom en catalan) le à Barcelone. Fille de Josep Comaposada, un cordonnier socialiste[3], elle grandit dans un milieu militant et cultivé et elle apprend la dactylographie à douze ans. On ne dispose pas d'informations sur sa mère.

Elle quitte l'école très jeune pour commencer à travailler comme éditrice dans une entreprise de production cinématographique. Plus tard, elle rejoint le Sindicato de Espectáculos Públicos de Barcelone affilié à la CNT[3].

Premiers pas

Peu de temps après, elle s'installe à Madrid pour suivre les cours de droit[4] de José Castillejo[4]. Elle y rencontre Antonio Machado.

Elle se forme également à la pédagogie pour pouvoir enseigner à d'autres femmes et, avec Lucía Sánchez Saornil, elle crée un groupe de femmes spécifique en rapport avec le mouvement libertaire. Elles avaient déjà donné des cours d'éducation élémentaire aux ouvriers et ouvrières, organisés par la CNT de Madrid, et elles avaient vu la nécessité de les donner particulièrement aux femmes, en raison de la misogynie et des préjugés existants.

Mujeres Libres

Le premier numéro de la revue daté du 1er mai 1936.
Couverture du numéro 9 de la revue (1938).

En , elle fonde l'organisation féministe Mujeres Libres avec Lucía Sánchez Saornil et Amparo Poch y Gascón[3], qui devient, avec la CNT, la Fédération ibérique des jeunesses libertaires et la Fédération anarchiste ibérique, l'une des principales organisations du mouvement libertaire espagnol[5]

L'organisation se développe rapidement, rassemblant plus de 20 000 ouvrières et paysannes de la zone républicaine en 1938. L'un des facteurs qui contribue à la croissance de l'organisation est le fait que Mercedes elle-même voyageait à Barcelone en portant les statuts de la Federación Nacional à la recherche d'un groupe de femmes, majoritairement des membres de la CNT et d'autres organismes tels que les ateneos et les Juventudes Libertarias qui avaient formé la Agrupación cultural femenina, afin de les informer qu'une organisation avec les mêmes objectifs s'était créée, en leur demandant de se joindre à elles. Un mois plus tard, en , paraît le premier numéro de la revue Mujeres Libres.

D'autres femmes contribuent aux 12 autres numéros publiés comme Federica Montseny, Emma Goldman, Lucia Sanchez Saornil, Mary Giménez, Carmen Conde, etc. Il faut aussi remarquer la participation du seul homme qui a pris part à cette publication, Baltasar Lobo, un sculpteur que Comaposada rencontre en 1933 et qui deviendra son compagnon, lequel travaillera comme illustrateur dans la revue[4]. Plus tard, entre 1964 et 1978, celle-ci sera rééditée dans d'autres villes et par d'autres personnes - majoritairement des femmes.

Lors du coup d'État du , Comaposada revient à Barcelone, où elle se joint à un autre groupe de femmes avec lesquelles elle collaborera à la création d'une nouvelle fédération nationale.

Dernières années

Malgré sa fragile santé, elle n'abandonne ni son travail d'éducatrice, ni sa collaboration à la presse libertaire. Pendant les premières années de la Seconde République espagnole, elle collabore à de nombreux titres libertaires. Elle écrit principalement pour Tierra y Libertad (édité par la Fédération anarchiste ibérique)[6],[4], Mujeres Libres (dont elle deviendra la chef de rédaction pendant la Révolution sociale espagnole de 1936) et Tiempos Nuevos, où elle a une section qui couvre des sujets allant de la médecine à la sexualité.

Après la défaite, elle est forcée de s'exiler à Paris avec son compagnon Baltasar Lobo[4], sous la protection de Pablo Picasso, pour qui elle travaillera comme secrétaire[5]. Elle effectue également de nombreuses traductions des œuvres d'auteurs espagnols[7], en particulier de Lope de Vega, et elle représente l'œuvre artistique de son partenaire. Pendant les années 1960 et 70 depuis Paris, elle continue à travailler pour Mujeres Libres[3], Tierra y Libertad et Tiempos Nuevos et elle rejoint également d'autres magazines tels que Ruta et Umbral. Dans les années 1970, elle commence à écrire un livre, pour lequel elle demande aux anciennes combattantes de lui envoyer des lettres en racontant leur propre expérience. Le manuscrit de cet ouvrage et la documentation qu'elle avait rassemblée n'ont pas été retrouvés après sa mort.

Elle meurt le à Paris.

Œuvres

  • Los artistas españoles de la Escuela de París (sous le nom de Mercedes Guillen)
  • La ciencia en la mochilla, Barcelone, 1938.
  • Esquemas, Barcelone, 1937.
  • Las mujeres en nuestra revolución, 1937.

Bibliographie et sources

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Mary Nash, Femmes Libres : Espagne, 1936-1939, La pensée sauvage, 1977, lire en ligne.
  2. Mary Nash, Femmes Libres : Espagne, 1936-1939, La pensée sauvage, 1977, page 7.
  3. Dictionnaire international des militants anarchistes : Mercedes Comaposada.
  4. Miguel Chueca, Une force féminine consciente et responsable qui agisse en tant qu’avant-garde de progrès. Le mouvement Mujeres Libres (1936-1939), Revue Agone, n°43, 2010, pp. 47-67, lire en ligne.
  5. (es) Miguel Iñiguez, Esbozo de una Enciclopedia histórica del anarquismo español, Fundación de Estudios Libertarios Anselmo Lorenzo, Madrid, 2001, page 158.
  6. Michelle Zancarini-Fournel, Métiers, corporations, syndicalismes, vol. 3, Presses Univ. du Mirail, , 292 p. (ISBN 978-2-85816-289-5, présentation en ligne)
  7. L'Éphéméride anarchiste : Mercedes Comaposada.
  8. (ca) « Mary Nash », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62..
  9. Smolny : Sara Berenguer.
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