Marius Chapuis

Marius Chapuis est un opérateur français de cinéma né le à Lyon et mort le à Champfromier (Ain). Il fut l'un des premiers promoteurs du cinématographe Lumière à l'étranger (avec Alexandre Promio, Félix Mesguich et Francis Doublier).

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Un pionnier itinérant du cinéma

Recruté par Alexandre Promio, Marius Chapuis entre à 18 ans aux Usines Lumière pour devenir opérateur cinématographique[1].

De à , Chapuis fut envoyé par Louis Lumière en Russie (Saint-Pétersbourg, Odessa, Kiev, Rostoff, Tiflis, Simséropol, Migui Taguil, Tchernikoff, soit plus de 25 000 km en train, en bateau et en voiture à cheval) comme opérateur avec son collègue Paul Decorps dans une équipe dirigée par Arthur Grünewald, mais aussi comme photographe [2].

Contrairement à ses homologues Promio, Mesguich ou Doublier, Chapuis tourne peu. Son équipe est surtout chargée de faire connaître l'invention en donnant des séances (organisation de projections) pendant lesquelles ils présentent des films tout d'abord apportés avec eux, puis reçus par colis postal de Lyon. Ces séances leur donneront l'occasion de sillonner la Russie dans tous les sens pendant 18 mois, déplacements racontés en détail dans un carnet de voyage méticuleux.

Les voyages

Varsovie – Saint-Petersbourg – Helsinki (mai – août 1896)

Marius Chapuis, accompagné de son collègue Curtillet, s'embarque en train à Lyon le pour rejoindre leur première affectation à Saint-Petersbourg, via Cologne, Berlin et Varsovie. Ils arrivent à Saint-Petersbourg le , puis font des séjours pour présenter le cinématographe à Kronstadt, Pablosky et Helsinki en Finlande, alors partie de l'empire russe (aller en train, retour en bateau).

Odessa (août – décembre 1896)

Le , départ de Saint-Petersbourg en train pour Odessa, sur la mer Noire, en train avec Decorps, lequel avait remplacé Curtillet qui avait été rapatrié sanitaire en France le . 1 690 km vers le sud, via Vilnius. Nous n'avons pas pu passer par Moscou, nous passons par Vilna, nous étions en compagnie de la belle Marguerite, avons fait bon voyage.[3] Séjours à Mikolaiev, Kherson et Kitchinev (aujourd'hui Chisinau).

Kiev (décembre 1896 – janvier 1897)

Arrivée à Kiev le . Séjour à Chernikov.

Rostov (février – avril 1897)

Le , Chapuis arrive à Rostov après 1 060 km de train. Séjours à Novotcherkask, Kharkov, Ekaterinodar (aujourd'hui Krasnodar).

Vladicaucase – Tiflis – Batoum (avril – mai 1897)

Le , Chapuis et Decorps prennent le train pour Vladicaucase (Vladilavkaz), puis le 6 embarquent dans une « voiture à deux chevaux quand ça descendait, quatre sur le plat et six en montée, avec un téléphone avertisseur de vol de bagages ». Deux jours pour faire 200 km à travers les montagnes du Caucase, avec des sommets à 1 400 m. Douze relais et quarante-trois changements de chevaux. Séjours à Tiflis (Tbilissi) et Batoum (Batoumi).

Odessa – Sébastopol (mai – juin 1897)

Le , Chapuis quitte Batoum en bateau pour rentrer à Odessa. 1 220 km. Premiers séjours à Simseropol et Sébastopol.

Ekaterinbourg – Migui Taguil – Moscou – Karkov (juillet – août 1897)

Le , Chapuis, accompagné cette fois d'un nouveau collègue, Katarski qui ne parle pas un mot de français, entreprend son plus long voyage, qui les conduit à Ekaterinbourg (Yekaterinburg) en Sibérie occidentale : 2 960 km. Séjours à Migui Taguil (Nijni Taguil), Perm, Kazan, Nijni Novgorod, escale touristique à Moscou, puis Karkov.

Odessa – Sébastopol – Yalta (septembre – octobre 1897)

Le mois de septembre voit se rapprocher la fin du séjour pour Marius Chapuis. Le 10 il quitte Kiev pour retourner à Odessa, leur base opérationnelle, puis fait un saut de nouveau à Sébastopol, mais cette fois en bateau, c'est juste en face, puis à Simseropol, ville située à 80 km, jusqu'au 1er octobre. Trois allers-retours à Simseropol, puis un dernier séjour à Sébastopol et c'est le retour à Odessa, toujours en bateau, via Yalta, petite ville très chic, nous y restons deux jours. A Sébastopol, nous passions notre temps au bord de la mer. Nous prenions des bains et mangions des raisins en regardant passer les poissons (sic). Le soir, après la séance, nous soupions ensemble au buffet du jardin .

Après le voyage en Russie

Rentré en France, Chapuis quitte ensuite le monde du cinéma naissant, non sans regrets[4], et devient ébéniste.

Il fut élu maire de la commune de Champfromier (Ain) de 1935 à 1944[5] où il meurt, sans descendance, le et où il est inhumé.

Marius Chapuis avait un frère cadet, Pierre Chapuis (1879–1900), qui fut aussi opérateur des Frères Lumière en Italie.

Notes et références

  1. Jacques Rittaud-Hutinet, Le Cinéma des origines, Éditions Champ Vallon, 1985, p. 73.
  2. Le carnet de voyage de Marius Chapuis est intégralement reproduit dans l'ouvrage de Jacques Rittaud-Hutinet, op. cit., pp. 242 à 248.
  3. Jacques Rittaud-Hutinet, Le Cinéma des origines, Éditions Champ Vallon, 1985, p. 243.
  4. En 1935 il écrira à Louis Lumière : « J'ai été désigné pour faire la tournée en Russie. Ce fut un voyage de dix-huit mois, le grand événement heureux qui m'a laissé un précieux souvenir, mais qui a créé le grand regret de ma vie, car mon insouciante jeunesse d'alors (18 ans) a fait que je n'ai pas su profiter des avantages qui m'ouvraient une belle voie, j'ai pris un chemin à côté qui a conduit ma vieillesse au regret. »
  5. Voir http://champ.delette.free.fr/celebrites/_chapuis.php

Bibliographie

  • Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, Flammarion, Paris, 1949.
  • Georges Sadoul, Louis Lumière, Éd. Pierre Seghers, Paris, 1964.
  • Jacques Rittaud-Hutinet, Le cinéma des origines - Les Frères Lumière et leurs opérateurs, Champ Vallon, Lyon, 1985.
  • Bernard Chardère, Lumières sur Lumière, Institut Lumière/Presses universitaires de Lyon, 1987.
  • Jacques Rittaud-Hutinet, Auguste et Louis Lumière - Correspondances 1890/1953, Cahiers du cinéma, 1994, préface de Maurice Trarieux-Lumière.
  • Bernard Chardère, Au pays des Lumière, Institut Lumière/Actes Sud, Lyon, 1995.
  • Jacques Rittaud-Hutinet, Les Frères Lumière - l'invention du cinéma, Flammarion, Paris, 1995.
  • Bernard Chardère, Le roman des Lumière, Gallimard, Paris, 1995.

Liens externes

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