Marcel Dalio

Marcel Benoit Blauschild (dit Marcel Dalio, parfois crédité sous le seul nom de Dalio), est un acteur français né le à Paris où il est mort le .

Marcel Dalio
Nom de naissance Marcel Benoit Blauschild
Surnom Dalio
Naissance
Paris 5e, France
Nationalité  Français
Décès
Paris 16e, France
Profession Acteur
Films notables Pépé le Moko
La Grande Illusion
La Règle du jeu
Cartouche
La Taverne de l'Irlandais
Les Aventures de Rabbi Jacob

Biographie

Débuts

Marcel Benoit Blauschild naît le au 33 rue de la Bûcherie dans le 5e arrondissement de Paris du mariage d'Isidore Blauschild, maroquinier, et de Sarah Cerf, femme de ménage[1], tous les deux d'origine roumaine et de confession juive. Trop jeune pour être appelé sous les drapeaux, il s'engage en août 1917 pour servir dans l'artillerie lourde. Il se distingue par son courage, notamment pendant la bataille de Villers-Cotterêts, en juillet 1918, et reçoit la croix de guerre 1914-1918[2]. Démobilisé en 1919, et après un passage au Conservatoire d'art dramatique, il fait ses débuts dans les années 1920 au cabaret et dans les revues de music-hall, très en vogue à l'époque. Au début des années 1930, son personnage commence à intéresser le cinéma. Son visage expressif devient célèbre après qu'il apparaît dans de grands films comme Pépé le Moko (1936) de Julien Duvivier, et dans des chefs-d’œuvre de Jean Renoir, La Grande Illusion (1937) et La Règle du jeu (1939).

À ses débuts, il vit dans un petit appartement avec son ami Pierre Brasseur avec lequel il partage le goût des prostituées, de l'alcool et de la drogue[3].

Il épouse en 1936 l'actrice d'origine roumaine Jany Holt dont il divorce en 1939 pour épouser l’actrice Madeleine Lebeau[1].

Hollywood

Sa carrière française prometteuse est cependant interrompue lorsque l’Allemagne envahit la Pologne le . D’origine juive, Marcel Dalio s’enfuit avec sa femme au Portugal. À Lisbonne, ils achètent deux visas pour le Chili à un fonctionnaire corrompu. Arrivés à Mexico, les visas se révèlent des faux grossiers qui ne font pas illusion. Marcel et Madeleine risquant la déportation, ils en appellent au droit d’asile politique. Le Canada leur délivre des visas temporaires et ils gagnent Montréal. Pendant ce temps, l’Allemagne a envahi la France où s'est installé le gouvernement de Vichy, et la propagande antisémite tire de quelques photos publicitaires de Dalio une série d’affiches où il fait figure de « Juif typique »[4]. Réalisé en 1938, le film Entrée des artistes ressort sur les écrans, en , après que l'on a pris soin de re-tourner avec un acteur non-juif, Alfred Pasquali, toutes les scènes où Dalio apparaissait, tout en gardant sa voix sur la bande-son[5].

Bientôt, Dalio et Madeleine sont invités par des amis à Hollywood. Ils entament alors une carrière dans le cinéma américain : ils apparaissent tous deux dans Casablanca (1942) de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. Marcel Dalio y joue Émile, un croupier  petit rôle qui lui permet cependant de se faire connaître aux États-Unis  et Madeleine Lebeau joue Yvonne, l’amoureuse abandonnée par Humphrey Bogart. Le couple divorce l’année suivante[1].

Retour en France

Dalio tourne encore dans Le Port de l'angoisse (1944) d'Howard Hawks, avant de rentrer en France à la Libération. Toute sa famille a disparu dans les camps nazis et on ne lui offre plus au cinéma, comme il le dira lui-même, que des rôles de « fou, de demi-fou, ou de quart de fou »[6]. On le voit notamment dans Dédée d'Anvers (1947) d'Yves Allégret où il joue le rôle du maquereau de Simone Signoret, ou bien dans Les Amants de Vérone (1948) d'André Cayatte, où il interprète un personnage de tueur fou.

Hollywood cependant le rappelle régulièrement pour lui confier des rôles secondaires de Français : on le voit dans La Veuve joyeuse de Curtis Bernhardt (1952), dans Les Neiges du Kilimandjaro d’Henry King (1952), ou Les hommes préfèrent les blondes d’Howard Hawks (1953). Il renoue avec la comédie dans Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury (1973), film dans lequel il interprète le rôle-titre ou dans L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi (1976). Il apparaît également à la même époque dans un certain nombre de films érotiques (voire pornographiques) : il compose ainsi un personnage décalé dans La Bête de Walerian Borowczyk (1975).

Il est au festival de Cannes 1977 avec La Communion solennelle, le deuxième film de René Féret. Il obtient son dernier grand rôle au cinéma dans l'unique film réalisé par le comédien Paul Barge Le Paradis des riches en 1977.

Parallèlement, Marcel Dalio a mené une riche carrière théâtrale dès les années 1920, et interprété notamment Les Tricheurs de Steve Passeur, Les Temps difficiles d'Édouard Bourdet, Tartuffe de Molière, La Cerisaie d'Anton Tchekhov et Par-dessus bord de Michel Vinaver. On le voit aussi à la télévision où il joue notamment Fagin dans Oliver Twist (1962) de Jean-Paul Carrère, Les Compagnons d'Eleusis (1974) de Claude Grinberg et La Famille Cigale (1977) de Jean Pignol.

Jean Rochefort lui consacre, en 1974, le court-métrage T'es fou Marcel.... Il publie lui-même un livre de souvenirs recueillis par Jean-Pierre de Lucovich, Mes années folles, en 1976, aux éditions Jean-Claude Lattès.

Vie privée

Marcel Dalio s'est marié trois fois :

  • le à Neuilly-sur-Seine avec Jany Holt (Ecaterina Vladesco pour l'état civil); divorce prononcé le à Paris ;
  • le à Antony avec Madeleine Lebeau ; divorce prononcé le à Los Angeles ;
  • le à Los Angeles avec Madeleine Prime.

Mort

Dalio est retrouvé mort dans son appartement au no 30 Avenue du Président-Kennedy dans le 16e arrondissement, le , son décès ayant sans doute eu lieu entre le 15 et le 18[7]. Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux, dans la 106e division.

Théâtre

Filmographie

Comme acteur

Moyen métrage
Courts-métrages

Comme scénariste

Téléfilms

  • 1964 : American in Paris : Michel
  • 1970 : La Pomme de son œil : le vieux monsieur
  • 1972 : La Canne
  • 1973 : Les Mécontents de Bernard Guillou : le comte des Tournelles
  • 1973 : La Regrettable Absence de Terry Monaghan : Spryridion
  • 1974 : Un bon patriote : la baronne von Epp
  • 1977 : La Mort amoureuse : M. Creator
  • 1982 : Les Sept Jours du marié : le marchand de stylos
  • 1982 : Ultimatum : le parrain de la maffia
  • 1982 : Les Longuelune : Lord Exeter

Séries télévisées

Publications

  • Marcel Dalio, Mes années folles, récit recueilli par Jean-Pierre de Lucovich, Paris, Jean-Claude Lattès, 1976 ; réédition Ramsay poche cinéma, 1986 (ISBN 2-85956-480-2)

Notes et références

  1. Archives de Paris 5e, acte de naissance no 386, année 1899 (page 14/31) (avec mentions marginales de mariages et de décès)
  2. Archives du Paris, registre matricule no 512, classe 1918, bureau de Paris (avec mention du parcours militaire)
  3. Jean-Claude Brialy, J'ai oublié de vous dire...XO éditions, 2004, p. 53 : "Il (Pierre Brasseur) avait un compère, Marcel Dalio. Ils avaient vécu ensemble, ayant beaucoup de choses en commun et notamment leur goût pour les prostituées et l'alcool, voire un peu la drogue. Ils partageaient un petit appartement où ils vivaient tous les deux, en tout bien tout honneur, et faisaient les quatre cent coups"
  4. Steve Krief, « Marcel Dalio, d'Odessa à la rue des Rosiers », L'Arche, no hors série « Ces grandes figures qui ont fait la France », (lire en ligne).
  5. (en) The Curtain Rises (1938) sur l’Internet Movie Database.
  6. Marcel Dalio, fiche biographique sur le site de la Bifi
  7. Archives de Paris 16e, acte de décès no 1871, année 1983 (page 5/31).
  8. Tourné en 1942.
  9. D'après la pièce homonyme de 1925 coécrite avec Pierre Brasseur.

Voir aussi

Bibliographie

  • Raymond Chirat, Olivier Barrot, Les Excentriques du cinéma français : 1929-1958, Henri Veyrier, Paris, 1983 (ISBN 9782851993045)
  • Yvan Foucart, Dictionnaire des comédiens français disparus, Éditions cinéma, Mormoiron, 2008, 1185 p. (ISBN 978-2-9531-1390-7)

Liens externes

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