Marcel Barbeau

Marcel Barbeau, né le à Montréal et mort le [1], est un peintre et sculpteur québécois[2] libertaire[3].

Pour les articles homonymes, voir Barbeau.

Biographie

Marcel Barbeau étudie le dessin d'ameublement à l'École du meuble de Montréal de 1942 à 1947. Avec son professeur de dessin, le peintre Paul-Émile Borduas, il s'initie à l'art, particulièrement à l'art moderne. Ce dernier l'aide à découvrir sa vocation artistique. Entre 1944 et 1953, il fréquente l'atelier de Borduas et rencontre les jeunes artistes et intellectuels qui formeront le noyau du mouvement des Automatistes. Au cours de l'automne 1945 et de l'hiver 1946, dans son Atelier de la ruelle, il réalise avec Jean-Paul Riopelle les premières expériences d’expressionnisme abstrait au Canada, en peinture comme en sculpture. Les peintures expérimentales qu'il produit alors associent plusieurs techniques : « dripping » à la marte ou la ficelle, traces au pinceau ou au couteau, gravures au couteau dans la peinture d'abord appliquée au couteau ou au pinceau, et parfois empâtements. Certains de ces tableaux présentent une composition « all-over » qui le situe à la fine pointe de l'avant-garde esthétique de l'époque. Il poursuivra cette production jusqu’à la fin des années cinquante. Il participe alors à toutes les activités du groupe Automatiste, un mouvement artistique pluridisciplinaire à résonances sociales inspiré du surréalisme, et il signe un manifeste, Refus global, publié le .

En 1952, à la suite de l'échec de son premier mariage avec la poétesse et plasticienne Suzanne Meloche, il entreprend une vie de nomade qui le conduira à Rouyn, en Abitibi (- ), à Québec (1953-1955), Vancouver (1957-1958), au Canada, à Paris (1962-1964), (1971-1974), (1991), (1992), (1993-1996) et en région parisienne (Fontenay-les-Roses (1962-1963), Chaville (1972) et Bagnolet (1996-2008) avec des séjours annuels prolongés au Canada, principalement à Montréal, ainsi qu'aux États-Unis, à New York (1964-1968) et en Californie, à Los Angeles, Carlsbad et Palm Springs (1970-1971). Il a également travaillé dans la région de Charlevoix, au Grand-Lac Ste-Agnès (1953), à Saint-Irénée (1976-1983), 1997, 1998 et 1999), Pointe-au Pic (1974, 1975 et 1976), (1984) (étés 1995-2003) et Baie Saint-Paul (1985), (1986) et (1990) dans les régions des Laurentides, à Ste-Adèle (1952-1955), Piémont (1988-1993), Val David (2007), Saint-Sauveur, 2008 et au Lac à la truite Saint Adolphe d'Howard (2009 Bas-Saint-Laurent), en Montérégie, à Saint-Jean-Baptiste de Rouville et à Mont-St-Hilaire (1950) et à St-Mathias (1951-1952), en Estrie, à Sherbrooke (1977-1980) et à Sutton (étés 1985 et 2001) et dans le Bas-Saint-Laurent, au Bic, à Pointe-au-Père et à Rimouski (1955-1964), au Québec, à Bâles, en Suisse (1972), à Saint Raphaël (1971) et Saint-Tropez, dans le Var (1973), à Caen, en Normandie (1972), en Bretagne à Dinan (1995) et Carantec (2006), dans les Yvelines, à Millemont (1995), à Bidart, au Pays basque (2001, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007), en France, ainsi qu'en Floride, à Coral Gables (2004), Sanibel Island (2012) et Deerfield Beach (2013). Récemment, il a produit quelques œuvres à Ottawa, (2000), Toronto (2002) et Vancouver (2006), à l'occasion de brefs séjours. Il retourne à Montréal en .

Œuvre

Fenêtre sur l'avenir, Université McGill

D'abord peintre et sculpteur, Marcel Barbeau s'est aussi intéressé à l'estampe, au dessin, au collage, à la photographie et à la performance. Il a produit des dessins, des peintures et des sculptures de très grands formats et il a réalisé plusieurs œuvres d'art public. Constamment à la recherche de formes nouvelles et de nouveaux modes d'expression, curieux des découvertes scientifiques comme de l’évolution de la création en poésie, en danse, en musique et en théâtre, il a exploré la transdisciplinarité en empruntant des problématiques ou des éléments propres à ces disciplines. Il fut ainsi conduit à s'associer à des musiciens, des danseurs et des acteurs à l'occasion d'événements de création interdisciplinaire, surtout entre 1972 et 1980 et plus récemment 1999-2006.

À la fois épurée et expressive, l'œuvre de Marcel Barbeau appartient à l'univers baroque. Au cours des années 1950, elle a évolué rapidement d'un art gestuel débridé à un art construit dépouillé, qui conservait pourtant dans son approche intuitive et dans les formes irrégulières habitant ses constructions asymétriques aux équilibres précaires, l'esprit libertaire de l'automatisme de sa jeunesse. Même les illusions cinétiques des peintures Op Art qu'il produisit dans les années 1960 à Paris (1962-1964), puis à New York (1964-1968) s'écartent de l'esprit scientiste qui animait ses confrères, tenant de l'art concret et du néoplasticisme, avec lesquels il exposait alors.

Son œuvre témoigne ainsi d'une double vision apollinienne et dionysiaque, selon les termes de Carolle Gagnon, coauteure avec Ninon Gauthier de la monographie qui lui est consacrée Marcel Barbeau : Le regard en fugue[4], CECA, Montréal, (1990), et Cercle d'Art, Paris (1994). C'est que, explique Charles Delloye dans la préface de ce livre d'art : « L'option fondamentale qui sous-tend et enveloppe toute l'activité créatrice de Marcel Barbeau est une impulsion réitérée de « passage à la limite ». Et le philosophe ajoute : « … ce qui compte pour lui… c'est d'attester, dans sa marginalité latérale englobante, le principe créateur initial absolu, le pouvoir instaurateur originaire pur de l'apparaître pictural, dans son irréductibilité à toute formulation, qu'il promeut ou est susceptible d'établir. »

Les œuvres de Marcel Barbeau ont été exposées au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Afrique du Nord. Elles ont été commentées dans des articles, des catalogues, des dictionnaires biographiques, des livres d'art et des travaux universitaires, dont la thèse de doctorat de Ninon Gauthier Marcel Barbeau échos et métamorphoses, soutenue à l'Université de Paris IV-Sorbonne en 2004. Elles ont également fait l'objet de vidéos et de films d'art, dont Barbeau libre comme l’art, portrait filmé de sa fille la cinéaste Manon Barbeau, produit par l’ONF (Office national du film du Canada) et InformAction en l’an 2000[5].

Honneurs

Expositions

  • au  : Marcel Barbeau au Musée national des beaux-arts du Québec
  • au  : Pérennité : Marcel Barbeau, Pierre Gauvreau et Fernand Leduc à la Galerie Michel-Ange[8].
  • au  : Marcel Barbeau à la Galerie Michel Guimont[9].
  • au 2018 au  : Marcel Barbeau. En mouvement au Musée national des beaux-arts du Québec[10]

Collections publiques

Œuvres

Peintures

  • Le Rivage, 1950, huile sur toile, 11,9 x 15,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[13]
  • Combustions originelles 56, vers 1951, encre sur papier, 18,5 x 14,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[14].
  • Fond marin, nº 10, 1953, huile sur carton collé sur panneau de fibre de bois, 51 x 75,8 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[15].
  • Abstraction, nº 2, 1954, gouache sur papier, 50,7 x 66 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[16].
  • Abstraction, nº 7, 1954-1955, gouache sur papier, 48,8 x 64,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[17].
  • Du clos à l'ouvert, 1957, gouache sur papier marouflé sur toile, 56 x 86,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[18].
  • Les Guirlandes dans les joues, 1960, encre de Chine et crayon feutre sur papier vélin collé sur carton plume, 99,3 x 132,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[19]
  • Paris-Marseille, 1962-1963, acrylique et feutre sur toile, 161,5 x 113 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[20].
  • Champs colorés, 1963-1964, peinture vinylique sur cartons peints collés sur panneau de bois, 101 x 122 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[21].
  • Pon-Pon-Pon-Pon-Pon-Pon, 1964, acrylique sur toile, 45,7 x 104,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[22].
  • Rétine optimiste ou Salute, 1964, acrylique sur toile, 242 x 203,5 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[23].
  • Rétine aplat, 1964, acrylique sur toile, 71,3 x 71,2 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[24].
  • La Messe du pape Marcel, 1964, acrylique sur toile, 46 x 71 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[25].
  • Kitchenombi, nº 4, 1972, acrylique sur toile, 260,7 x 389,3 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[26].
  • La Retraite sentimentale, 1982, acrylique sur toile, 81,3 x 66 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[27].
  • Le Passe-muraille, 1982, acrylique sur toile, 152,4 x 109 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[28].

Sculptures

  • La Puissance de l'espoir, 1985, acier peint, 114,3 x 121 x 63 cm, Musée national des beaux-arts du Québec, Québec[29].

Bibliographie

  • Pérennité : Marcel Barbeau, Pierre Gauvreau et Fernand Leduc, Catalogue d'exposition, Montréal, Éditions Galerie Michel-Ange, 2011.
  • Carolle Gagnon, Ninon Gauthier et Marcel Barbeau, Marcel Barbeau : le regard en fugue, Montréal, Éditions du Centre d'étude et de communication sur l'art, 1990. (OCLC 25093834)
  • Dans La femme qui fuit, biographie de Suzanne Meloche, qui fut l'épouse de Marcel Barbeau, Anaïs Barbeau-Lavalette décrit l'homme et la brève existence du couple.

Notes et références

  1. Zone Nouvelles - ICI.Radio-Canada.ca, « Le peintre et sculpteur Marcel Barbeau est mort | ICI.Radio-Canada.ca », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  2. L'Encyclopédie canadienne : Marcel Barbeau
  3. Ninon Gauthier, Échos et métamorphoses : catalogue raisonné des peintures (1944-1971) et des sculptures (1944-2000), thèse de doctorat, Université Paris IV – Sorbonne, Paris, mars 2004, page 28.
  4. Fiche (OCLC 25093834)
  5. Fiche (OCLC 49176687)
  6. Page sur le site des prix du Gouverneur général
  7. Remise du Prix Louis-Philippe-Hébert de la SSJB pour les beaux arts à Monsieur Marcel Barbeau, sur le site de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
  8. Page sur le site de la Galerie Michel-Ange
  9. Page sur le site de la Galerie Michel-Guimont
  10. « Marcel Barbeau. En mouvement | Exposition », sur mnbaq.org/expositions (consulté le )
  11. « Marcel Barbeau | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  12. « Marcel Barbeau | Museum London Collection », sur collection.museumlondon.ca (consulté le )
  13. « Le Rivage - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  14. « Combustions originelles 56 - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  15. « Fond marin, nº 10 - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  16. « Abstraction, nº 2 - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  17. « Abstraction, nº 7 - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  18. « Du clos à l'ouvert - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  19. « Les Guirlandes dans les joues - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  20. « Paris-Marseille - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  21. « Champs colorés - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  22. « Pon-Pon-Pon-Pon-Pon-Pon - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  23. « Rétine optimiste ou Salute - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  24. « Rétine aplat - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  25. « La Messe du pape Marcel - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  26. « Kitchenombi, nº 4 - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  27. « La Retraite sentimentale - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  28. « Le Passe-muraille - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  29. « La Puissance de l'espoir - Barbeau, Marcel », sur Collections | MNBAQ (consulté le )

Liens externes

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