M270 Multiple Launch Rocket System

Le M270 Multiple Launch Rocket System ou M270 MLRS est un lance-roquettes multiple développé aux États-Unis et principalement en service au sein de l'US Army.

M270

M270 de l'US Army
Caractéristiques de service
Service 1983
Caractéristiques générales
Équipage 3 hommes (pilote, tireur, chef d'engin)
Longueur 6,85 m
Largeur 2,97 m
Hauteur 2,59 m
Masse au combat 24 950 kg
Armement
Armement principal M269 Launcher Loader Module
Mobilité
Moteur Cummins Diesel (500CV)
Vitesse sur route 64 km/h
Puissance massique
Autonomie 640 km
Missile balistique tactique MGM-140 ATACMS tiré depuis un M270 en 2006.

Histoire

Missile balistique tactique MGM-140 ATACMS et un panier de six roquettes. Les M270 embarquent deux de ces paniers ou deux ATACMS dans leur module de lancement M269 ou encore un de chaque type.

Les LRM sont largement ignorés après la fin de la Seconde Guerre mondiale par les forces occidentales, au contraire des armées du bloc de l'Est et d'Asie. C’est seulement à partir de 1972 que commença aux États-Unis le développement d’un nouveau système, le MLRS (Multiple Launcher Rocket System). Le projet de la société Vought remporte le contrat en 1980, il est vraiment révolutionnaire à l'époque par ses performances mais d'un coût largement plus élevé que ses équivalents soviétiques. Les premiers exemplaires du M270, utilisant un châssis dérivé du Bradley Fighting Vehicle, sont réceptionnés par l'US Army à l'usine Lockheed Martin de Marietta, en Géorgie, en , dans les divisions de l'armée de terre américaine où il remplace le canon automoteur M110 de 203 mm.

Le MLRS peut ainsi prendre à sa charge des missions traditionnellement dévolues à l’aviation dans une zone rendue particulièrement dangereuse par la densité des armes sol-air.

Une seule batterie de 9 lanceurs de 12 roquettes chacun peut en une minute tirer une salve de 108 roquettes portant 69 000 grenades capables de neutraliser 700 hectares de terrain. Puissance, précision, instantanéité, importance de la zone traitée : les effets sur un dispositif militaire peuvent être comparés à ceux d’une arme nucléaire tactique. Ce constat prend toute sa valeur au moment où les armements nucléaires du champ de bataille, que beaucoup jugent devenus inemployables, ont disparu des arsenaux de l'OTAN à la fin de la guerre froide. Le lance-roquettes multiple avec ses munitions sophistiquées peut avantageusement constituer une solution de remplacement.

Outre les roquettes standards de première génération d'une portée d'une trentaine de kilomètres, il peut emporter soit deux missiles sol-sol MGM-140 ATACMS dont les premières versions avaient une portée de 150 km, et les suivantes une portée limitée à 300 km pour ne pas enfreindre le régime de contrôle de la technologie des missiles et depuis les années 2000 des roquettes à portée améliorée portant à plus de 80 km.

Masse

  • Véhicule M993 (à vide): 14 t
  • Lanceur M269 (à vide): 5 t
  • Pods 6 roquettes (2x): 2,2 t chacun
  • Carburant: 0,6 t
  • Masse en charge: 24,5 t

Engagements

Tir d'une roquette depuis un M270 de l'armée sud-coréenne.

Au cours de la guerre du Golfe, les Américains ont déployé au Koweït environ 120 MLRS représentant à eux seuls une puissance de feu terrifiante dont l’utilisation massive aurait permis d’ouvrir des brèches à l’emporte-pièce dans n’importe quel dispositif défensif sérieux. L’effondrement de l’armée irakienne n’a pas rendu cet emploi nécessaire. Des tirs isolés ont cependant été effectués. Il semble d’après quelques témoignages de prisonniers, recueillis par la presse, que les effets aient été dans tous les cas dévastateurs.

Le programme MLRS est un programme mené en coopération par les États-Unis et trois pays européens : France, Allemagne de l'Ouest et Royaume-Uni. La France devait en acquérir 80 systèmes à l'origine (44 finalement acquis), la RFA 200 et la Grande-Bretagne 70. Ce programme comporte trois phases : le développement du lanceur et de la munition à grenades, le développement de la tête à mines et le développement de la tête munition à guidage terminal. Par ailleurs, les Américains ont développé pour leur propre compte le projectile ATACMS, de portée supérieure à 100 km et dont la précision est inférieure à 50 m. L’ATACMS peut recevoir toutes les têtes citées précédemment. Le MLRS peut recevoir deux ATACMS au lieu des douze roquettes de portée de 40 km.

L’ATACMS est conçu spécialement pour l’attaque des postes de commandement et des objectifs ponctuels dans la profondeur. C’est dire que le système MLRS ne peut trouver sa pleine efficacité que si l’on dispose simultanément de moyens performants de surveillance du champ de bataille, de transmission du renseignement en temps réel et de conduite automatisée des tirs[1].

Plus de 1 300 M270 ont été construits aux États-Unis et en Allemagne. La production a pris fin en 2003, quand les derniers exemplaires construits furent livrés à l'armée égyptienne. En 2008, seize États en possèdent.

Munitions

Spécifications de la roquette

Nom Poids Portée (max) Guidage Ogive
M26 306 kg 32 km 644 sous-munitions M77 Dual-Purpose Improved Conventional Munition (en)
M26A1/A2 296 kg plus de 45 km M26A1: 518 M85 DPICM
M26A2: 518 M77 DPICM
M30/M31 plus de 70 km GPS/Navigation inertielle M30: 404 M85 DPICM
M31: charge unique de 80/90 kg d'explosif
M30A1 : 160 000 projectiles de tungstène
Allemagne AT2 SCATMIN 254 kg 39 km 28 mines antichars AT2

Roquettes M31

Les pays ayant signé la convention sur les armes à sous-munitions adoptent des roquettes M31 à charge unique de 89/90 kg d'explosif pouvant percer 70 cm de béton[2] en service à partir de 2005 et, depuis 2014, des roquettes M30A1 « Alternative Warhead Missile » antipersonnelles avec 160 000 projectiles de tungstène avec une erreur circulaire probable de moins de 15 m[3]. Il est prévu en 2011 qu'elles remplacent en 2019 la totalité des roquettes à sous-munitions dans l’arsenal américain[4].

La France, par exemple, dénommant ces engins dans les années 2010 des LRU, Lance-Roquettes Unitaire dont 13 exemplaires entrent en service en 2014[5],[6] et le Royaume-Uni Guided Multiple Launch Rocket System (GMLRS). Les roquettes en question ont une portée de plus 70 km pour une précision de 4 m; l'armée française annonce, concernant la roquette M31A1 qu'elle utilise[7], une portée efficace de 84 km pour une flèche (hauteur atteinte par le projectile) de 21 716 m, la flèche maximale étant de 22 250 m[8] pour une durée de vol d'environ 5 minutes.

L'armée de terre française les déploie pour la première fois entre février et fin au Mali lors de l'opération Barkhane avec trois exemplaires[9].

Tail Controlled Guided Multiple Launch Rocket System (TC-GMLRS)

A partir du , des essais sont effectués avec une nouvelle version nommée Tail Controlled Guided Multiple Launch Rocket System TC-GMLRS avec une portée accrue étudié à partir de 2012. Le moteur a été amélioré et les 4 ailerons conique fixe sont remplacés par 4 ailerons delta piloté nettement plus grands.

La portée validée au premier essai est de 112 km, celle au deuxième essai est de 139 km, la flèche est de 31 km, la vitesse maximale à de M 3,8 et la vitesse terminale du premier essai avec arrivée verticale est de M 1,3[10].

Precision Strike Missile (PrSM)

Le Precision Strike Missile (PrSM) est en cours de développement depuis 2016 par Lockheed Martin avec un premier tir d'essai en 2019 et une entrée en service prévue en 2023. Deux pouvant être lancé par un panier de roquette depuis un M270 et un HIMARS, il a une portée officielle minimum de 60 km et maximum de plus de 500 km[11]. Il doit remplacer le missile MGM-140 ATACMS[12].

Utilisateurs

M270 de l'armée néerlandaise
M270 israélien

Dans la culture populaire

  • Dans le jeu vidéo de stratégie en temps réel Wargame Red Dragon, il est possible d'utiliser le M270 ATACMS.

Notes et références

  1. (fr) IIème Partie, Les armements classiques des armées 2000
  2. Jean-Dominique Merchet, « Avec le LRU, l'artillerie va entrer dans une nouvelle dimension (actualisé) », sur https://www.marianne.net/ (consulté le ).
  3. (en) « Guided Multiple Launch Rocket System – Alternate Warhead (GMLRS-AW) XM30E1 », sur http://www.dote.osd.mil/, (consulté le ).
  4. (en) « M31 GMLRS Unitary », sur http://www.globalsecurity.org/, (consulté le ).
  5. « La DGA commande 13 lance-roquettes unitaires (LRU) », sur Direction générale de l'Armement, (consulté le )
  6. « La DGA qualifie le lance-roquettes unitaire (LRU) », sur Direction générale de l'Armement, (consulté le )
  7. Emmanuel Huberdeau, « Le LRU à l'épreuve du feu », Air et cosmos, no 2490, , p. 20.
  8. Fabrice Fayet, Détachement de Liaison, Observation et Coordination (DLOC), Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations, , 62 p., PDF (lire en ligne), p. 15.
  9. Laurent Lagneau, « Mali/Barkhane : Premier déploiement opérationnel du Lance-roquettes unitaire », sur http://www.opex360.com, (consulté le ).
  10. (en) « TC-GMLRS conducts successful test flight », sur Aviation and Missile Research, Development, and Engineering Center (en), (consulté le ).
  11. https://www.lockheedmartin.com/en-us/products/precision-strike-missile.html
  12. https://asc.army.mil/web/portfolio-item/ms-prsm/
  13. « Le LRU (lance-roquettes unitaire)) », sur www.defense.gouv.fr, .
  14. (en) Vehicle & Aircraft Holdings within the scope of the Conventional Armed Forces in Europe Treaty Annual : 2015 edition, Ministère de la Défense (Royaume-Uni), , 16 p. (lire en ligne), p. 4.

Voir aussi

Liens internes

  • Portail des forces armées des États-Unis
  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail des chars de combat
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.