Louis Martin-Chauffier

Louis Martin-Chauffier, né Louis Martin[1], est un journaliste, écrivain et résistant français né le à Vannes et mort le à Puteaux[2].

Pour les articles homonymes, voir Louis Martin, Martin et Chauffier.

Biographie

Formation

Louis Martin-Chauffier commence des études de médecine puis, après la mort de son père[3], passe le concours de l’École nationale des chartes, où il est reçu en 1915. Pendant la Première Guerre mondiale, il est cependant mobilisé comme médecin auxiliaire. Il reprend sa scolarité en 1919 et devient archiviste paléographe en 1921, année de son mariage avec Simone Duval[4]. Il est alors nommé bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine, puis à Florence (1923-1927)[3].

L'entre-deux-guerres

Dès 1922, il fait paraître son premier roman, La Fissure. Durant les années 1920, Louis Martin-Chauffier écrit quatre romans avant d’abandonner ce genre auquel il ne reviendra qu’en 1950.

Il collabore aussi à la maison d’édition Au sans pareil, où il publie des auteurs d'avant-garde comme Blaise Cendrars, rédigeant une présentation de Philippe Soupault en annexe d’Histoire d'un Blanc, ou signant la préface d’Aspects de la biographie d’André Maurois. Il effectue également des traductions de classiques (Aristophane, Dante, etc.) pour des éditions illustrées de luxe ; dans les années 1930, il entreprend la première édition des œuvres complètes d'André Gide (1932-1939), et travaille pendant plus de quinze ans à une étude de Chateaubriand, publiée en 1943 sous le titre Chateaubriand ou l'obsession de la pureté. Il s'occupe de Luce Vigo, fille du cinéaste Jean Vigo et de sa femme morts prématurément.

Il a aussi une activité de journaliste : tout en étant bibliothécaire, il donne des articles à diverses revues, en particulier à la Revue critique des idées et des livres, proche de l'Action française, puis devient chroniqueur religieux au Figaro.

Par la suite, il est rédacteur en chef de divers hebdomadaires, orientés nettement à gauche, comme Lu, Vu, puis Vendredi. En 1938, il devient directeur littéraire de Match et éditorialiste à Paris-Soir.

La Seconde Guerre mondiale

En 1940, il part en zone libre avec l’équipe de son journal. Il entre dans la Résistance, devenant rédacteur en chef d’un des plus importants journaux clandestins, Libération en 1942. En , il est arrêté par la Gestapo et envoyé en camp de concentration, d’abord à Neuengamme puis à Bergen-Belsen[5]. À la Libération, il est délégué à l'Assemblée consultative provisoire (juillet-) au titre des prisonniers et déportés, puis il poursuit sa carrière de journaliste et continue à faire vivre le journal sorti de la clandestinité : il est directeur littéraire de Libération, le quotidien dirigé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie.

L'après-guerre

Il travaille ensuite pour divers quotidiens et hebdomadaires : chef du service étranger du Parisien libéré, chroniqueur littéraire à Paris-Presse et à Paris Match, directeur de la rédaction de Fémina-Illustration.

Son œuvre de romancier et son action en faveur de la littérature contemporaine ne lui font pas oublier les grands classiques : il est l'éditeur des œuvres complètes de La Rochefoucauld dans la bibliothèque de la Pléiade.

Il s'engage aussi en tant qu'ancien résistant et déporté et, dans les années 1950, est une des cibles des attaques (verbales) des négationnistes ou révisionnistes de l'époque (Paul Rassinier, Albert Paraz, Maurice Bardèche). En 1952, il intervient dans Le Figaro littéraire pour répondre au pamphlet de Jean Paulhan Lettre aux directeurs de la Résistance[6]. En 1967, il écrit dans sa préface à l'ouvrage collectif la déportation[7], qu'il faut lutter, sans haine ni violence, contre l’oubli du passé[4].

Durant la guerre d'Algérie, il participe activement à une « Commission internationale sur le système concentrationnaire », qui, en 1957 (époque de la bataille d'Alger), mène sur place une enquête sur le système répressif établi par l'armée française[8].

Il est le grand-père du journaliste Gilles Martin-Chauffier.[réf. souhaitée]

Distinctions

Il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1964.

Hommage

Une salle de réunion de l'Institut de France à Paris porte son nom.

Principales œuvres

  • L’Affaire des évêques simoniaques bretons et l’érection de Dol en métropole (848-850), thèse de l’École des chartes, 1921.
  • Correspondances apocryphes, Mme de Vandeul et Diderot, Choderlos de Laclos, Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Marcel Proust, Anatole France..., 1923 (préface de Pierre Benoit)
  • La Fissure, roman, 1923
  • Patrice, ou l’indifférent, roman, 1924
  • L’Épervier, roman, 1925
  • L’Amant des honnêtes femmes, roman, 1927
  • Jeux de l’âme, roman, 1927
  • La Paix d’Aristophane, traduction, 1930
  • L’Enfer de Dante, traduction, 1930
  • Œuvres complètes d’André Gide, édition, 1932-1939
  • Chateaubriand ou l’obsession de la pureté, essai, 1943
  • L’homme et la bête, essai, 1947
  • Mon père n’est pas mort, roman, 1950
  • L’Écrivain et la liberté, essai, 1958
  • Œuvres complètes de La Rochefoucauld, édition, 1964
  • Chroniques d’un homme libre, 1989

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Par décret en date du 27 novembre 1969, Louis Marie Jean Martin, né le à Vannes, est autorisé à s'appeler Martin-Chauffier. Encyclopédie des changements de noms, période 1963-1982, par Emmanuel Ratier, Faits & Documents,1995, page 222.
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. Jean Imbert, « Louis Martin-Chauffier (1894-1980) », Bibliothèque de l'école des chartes, , p. 353-354 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Nicole Racine, « MARTIN-CHAUFFIER Louis, Marie, Jean. dit MARTIN », sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr (consulté le ).
  5. T.Savatier, « La Shoah décrite par ses victimes », sur Les mauvaises fréquentations (consulté le )
  6. Cf. édition Jean-Jacques Pauvert, 1968, de Lettre aux directeurs... suivie de Répliques et contre-répliques.
  7. Ouvrage publié par la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, réalisé sous la direction d'André Leroy
  8. Cf. par ex. L'Humanité, 17 août 1957, p. 3 et 24 août, p. 3.
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