Liste des commanderies templières en Vénétie

Cette liste recense les anciennes commanderies et maisons de l'ordre du Temple en Vénétie, région d'Italie.

Histoire et faits marquants

Au sein de l'organisation administrative des templiers, les biens de cette région faisaient partie de la province templière d'Italie, appelée plus tardivement province de Lombardie[1].

Le patriarcat d'Aquilée possédait le nord de cette région, notamment Cortina d'Ampezzo avec le château de Botestagno (it), ainsi qu'une partie des territoires de l'est. En atteste la plus ancienne donation répertoriée pour les templiers de Vénétie en 1149, à savoir la « villa di Rai »[N 1] et les terres adjacentes où les templiers établiront la maison du Temple dite de « Santa Maria a Campanea » sur la commune d'Ormelle[2],[3]. Cette maison prit une telle importance qu'au milieu du XIIIe siècle, elle était le lieu de résidence du commandeur de la baillie de la Marche Trévisane[N 2].

L'implantation des templiers dans cette région date donc du milieu du XIIe siècle, dans ce qui était à l'époque la partie centrale de la Marche de Vérone, à laquelle il faut ajouter la République de Venise, alors en plein développement. Certaines grandes villes de la région (comme Padoue, Crémone, ou encore Vérone) se joignirent à la première Ligue lombarde, alliance militaire qui visait à contrecarrer les ambitions des empereurs germaniques dans la plaine du Pô. La ligue emporta la Bataille de Legnano face à l'Empereur Frédéric Ier du Saint-Empire en 1176. Celui-ci fut contraint de signer la Paix de Venise en 1177, et les villes lombardes obtinrent la reconnaissance de leur liberté. La seconde ligue formée en 1226 pour combattre l'Empereur Frédéric II du Saint-Empire, fut écrasée en 1237 lors de la bataille de Cortenuova. Parmi les personnages centraux de cette période figure Ezzelino III da Romano qui était à la tête des gibelins. À l'origine, « simple » seigneur de Romano, il unifia pour un temps les territoires de Trévise et de Vérone (marche Trévisane).

L'un des maîtres de l'ordre, Arnau de Torroja décède le à Vérone[4] alors qu'il s'était rendu en occident pour prêcher une nouvelle croisade auprès du pape Lucius III et des rois européens.

Procès de l'ordre

Au moment du procès, les templiers de Venise ne furent pas inquiétés et demeurèrent dans leurs maisons[5]. Ils y vivaient toujours lorsque le doge de Venise promit de les faire expulser le afin de permettre aux Hospitaliers de prendre possession des lieux[6]. L'enquête dans les diocèses de Padoue et de Vicence fut confiée à l'inquisiteur dominicain François de San Severino, qui interrogea notamment le frère Jacques, commandeur de Sainte-Marie de Bevadoro[N 3] afin de dresser un inventaire de leurs possessions[7].

Possessions templières

Il est difficile de définir les rôles et l'importance respectives de chaque établissement, même s'il semble que les maisons de Padoue et de Venise aient joué un rôle prépondérant. Cependant la maison du Temple de Campanea (Santa maria del Tempio (it), Ormelle) semble être le chef-lieu de la baillie de la Marche Trévisane à partir du milieu du XIIIe siècle. Le frère Ermanno est cité comme commandeur de cette maison du Temple et de toutes celles de la Marche Trévisane en 1247[8] tout comme Giovanni di Castell'Arquato en 1302/04[9].

* château ⇒ CH, baillie (Commanderie principale) ⇒ B, Commanderie ⇒ C, Fief ⇒ F, Hospice ⇒ H,
Maison du Temple aux ordres d'un précepteur ⇒ M, = Église (rang inconnu)[N 4]

Rang Etablissement Ville actuelle (ou à proximité) Observations Début présence templière
MLa MasonMontebello Vicentinoà présent Résidence Hôtelière "La Mason" [10],[11]
45° 26′ 33″ N, 11° 21′ 29″ E .
MPagnanoAsolo, hameau de « Pagnano (it) »[12] ?
MSajanega[N 5]SossanoÀ l'est de la commune en direction de l'ermitage Saint-Théobald [13],[14]
MSan GiovaniVeniseconstructions templières disparues: une église, un couvent, un hospice pour les pèlerins, une tour et d'autres bâtiments.
ne subsiste que l'actuel prieuré de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[15]
45° 26′ 10″ N, 12° 20′ 46″ E
1169
HSan Giovani di LongaraVicence, hameau de « Longara »L'église et l'hospice, remaniés en maison de maître sont devenus une propriété privée appelée la « Villa Commenda »[16]
45° 26′ 32″ N, 11° 21′ 28″ E
1169
MSan Nicolò di Monticella[N 6]Conegliano, quartier de Monticella[17] ?
MSan Paolo di BredaBreda di PiaveMaison et église citées en 1310 dans les archives de l’archevêché de Ravenne. [18] ?
MSan TommasoTréviseÉglise disparue[N 7].Elle se trouvait à proximité de l'actuelle porte Saint-Thomas (it).[19],[20],[21]
45° 40′ 11″ N, 12° 15′ 03″ E
1200
MSan Vitale di VeronaVéroneÉglise Saint-Vital détruite au XIXe siècle. [22] ?
 ?Santa Lucia dei TemplariOrmelle, lieu-dit « Rai »Bâtiments détruits , 2 km au nord-ouest de Santa Maria del Tempio[22],[23]1149
BSanta Maria del TempioOrmelle, hameau de « Tempio (it) »Domus Templi de Campanea

À l'origine intitulée Santa Maria a Campanea et qui prendra le nom de San Giovanni del Tempio di Oderzo au XVIIe siècle
[19],[20],[24].
45° 47′ 25″ N, 12° 25′ 45″ E .
1190[N 8]
CSanta Maria di BevadoroCampodoro, hameau de « Bevadoro (it) »Devenu l'hospice Saint-Jean-Baptiste de Bevadoro à l'époque hospitalière[25],[26].
Il y avait un précepteur commun à cette maison et à celle de Padoue tout au moins en 1285
[27],[7]
 ?
MSanta Maria di capo BrolioVeniseDerrière l'actuel musée Correr[28]
45° 26′ 01″ N, 12° 20′ 14″ E
CSanta Maria Iconia[N 9]PadoueÀ l'emplacement de l'actuelle église de la Madone Immaculée (it)[29],[30]
45° 24′ 26″ N, 11° 53′ 22″ E .
1165
MValeggio[N 10]Valeggio sul Mincio, hameau de BorghettoFief de Borghetto dont l'église Saint-Marc l'évangéliste (anciennement Santa Maria del Tempio)[31]
45° 21′ 12″ N, 10° 43′ 29″ E
fin XIIe siècle
MVicenceVicence[25] ?
Localisation en Vénétie
(Liens vers les articles correspondants)
La Mason
Pagnano
Sajanega
S. Gio. di Longara
S. Maria
(Bevadoro)
S. Giovani
S. Paolo
di Breda
S. Nicolò di Monticella
S. Tommaso
S. Vitale
di Verona
S. Lucia
S. Maria
del Tempio
S. Maria Brolio
S. Maria Iconia
Valeggio
Vicence

Possessions douteuses ou à confirmer

Ci-dessous une liste de biens pour lesquels l'appartenance aux templiers n'est pas étayée par des preuves historiques[N 11]:

  • Église Saint-Gaëtan (it) de Trévise d'après l'ouvrage de Bianca Capone[32] mais ce n'est pas l'opinion de tous les historiens. Cette église semble avoir appartenu aux Hospitaliers dès le XIIIe siècle[33]. Elle était désignée avant le XVIIe siècle sous le vocable de Saint-Jean-du-Temple. 45° 39′ 57″ N, 12° 15′ 03″ E
  • Église Saint-Martin (it) de Trévise qui fut totalement détruite en 1944 et reconstruite dans un style moderne. Bianca Capone affirme que l'église et le couvent fortifié de l'époque leur appartenait[32] mais Giampaolo Cagnin parle d'une église appartenant aux bénédictins et qui passa aux Hospitaliers en 1320[34]. 45° 39′ 46″ N, 12° 14′ 41″ E
  • Une maison du Temple à « Porto », hameau de la commune de Legnago. Supposition liée à la confiscation des biens de l'ordre à Vérone, ceux-ci ayant été confiés temporairement aux franciscains[N 12].

Articles connexes

Bibliographie

  • (it) Giampaolo Cagnin, « Inventari e atti amministrativi di case templari nel Veneto : Bevadoro - 1309 (+ Documenti) », dans Franco Cardini (Dir.), Sacra Militia : rivista di storia degli ordini militari, vol. 1, Name, (présentation en ligne), p. 57-99
  • (it) Bianca Capone, Loredana Imperio et Enzo Valentini, Guida all'Italia dei Templari : gli insediamenti templari in Italia, Edizioni Mediterranee, , 327 p. (ISBN 978-88-272-1201-1, lire en ligne), p. 75-92, 295-303
  • (it) Bianca Capone, Loredana Imperio et Enzo Valentini, Italia Templare : guida agli insediamenti dell'ordine del tempio in Italia, Edizioni Mediterranee, , 244 p. (ISBN 978-88-272-2126-6)
  • (it) Giampaolo Cagnin, Templari e Giovanniti in Territorio trevigiano (secoli XII-XIV), Trévise, Tip. Tintoretto, , 101 p.
  • (it) Renzo Caravita, « Nuovi documenti sull'ordine del Tempio dall'Archivio Arcivescovile di Ravenna », dans Franco Cardini (Dir.), Sacra Militia : rivista di storia degli ordini militari, vol. 3, Name, (présentation en ligne), p. 225-278
  • Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (1re éd. 2005), 664 p., poche (ISBN 978-2-7578-1122-1)
  • (it) Maria Antonietta Moro et Luciano Mingotto, I Templari a Tempio di Ormelle, scavo e restauri nella Masòn templare e giovannita, Trévise, Celio Libri, , 117 p. (ISBN 978-88-89557-06-8, présentation en ligne)
  • (it) Lorenzo Tacchella, Gli insediamenti dei templari a Nice e Grasse, in Liguria, Lombardia e Veneto, SRI, , 240 p. (ISBN 978-88-8428-020-6)
  • (it) Nicola Pezzella et Maurizio Caruso, « Alcuni insediamenti monastico-militari nel territorio vicentino », dans I primi 10 convegni della L.A.R.T.I. : Atti di ricerche templari del IX - X, vol. IV, Edizioni Librarie Federico Capone, , 206 p. (ISBN 978-8-8897-7850-0, présentation en ligne)
  • (it) Nicola Pezzella, I templari a Padova e la loro chiesa di Santa Maria in Conio, Treviso arte, , 57 p. (OCLC 38473557)

Liens externes

Notes

  1. Santa lucia dei Templari.
  2. Une baillie constitue un ensemble de commanderies et maisons du Temple (domorum templi) placées sous la responsabilité d'un commandeur lui-même aux ordres du maître de la province d'Italie.
  3. Interrogatoire en date du 03 février 1309. Cette commanderie passa sous le vocable de Saint-Jean-baptiste à l'époque hospitalière, San Giovanni Battista di Bevadoro.
  4. La possession d'une église ne renseigne pas sur le rôle d'un établissement ou sur sa présence à proximité immédiate car les Templiers comme les autres ordres religieux pouvaient posséder une église, en percevoir les revenus, mettre à disposition un prêtre tout en ayant leur lieu de résidence à des kilomètres de là.
  5. La graphie latine diverge souvent, on trouve (la) Sajanice, parfois Sagianega ou encore Sajanica. cf. (it) Gaetano Maccà, Storia del territorio vicentino., vol. IX, (lire en ligne), p. 160-163.
  6. (la) Sancti Nicolai de Montesella
  7. Connue à l'époque comme dévolue à saint Thomas de Cantorbéry
  8. Incertain. cf. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 91
  9. Parfois orthographiée Santa Maria Inconia, Santa Maria Inconio comme dans l'ouvrage de Bianca Capone, cf. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 77-79.
  10. (la) Domus de Valexio.
  11. Absence de chartes mentionnant l'établissement comme tel. Pas de trace d'acte de donation, d'acte de vente ou de document attestant d'un précepteur templier. Il peut s'agir de légendes locales ou d'assertions non confirmées voir de travaux non publiés
  12. acte pontifical du 30 mars 1310 qui mentionne les actifs de San Vitale suivi d'un acte concernant le transfert des marchandises dont celles de Porto Legnago.

Références

  1. (it) Barbara Frale, « Lo strano caso del processo ai Templari in Italia », dans Antonio Rigon, Francesco Veronese, L'età dei processi : inchieste e condanne tra politica e ideologia nel '300, Istituto storico italiano per il Medio Evo, , 401 p. (ISBN 978-8-8891-9059-3, lire en ligne), p. 37-57
  2. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 89-92
  3. (it) Loredana Imperio, « Una pagina inedita di storia caminese », dans Vittorio Veneto, Il Flaminio : Tratto dalla Rivista quadrimestrale di studi vittoriesi, vol. 13, Edita dalla Comunità Montana delle Prealpi Trevigiane, (lire en ligne), p. 56-72
  4. Demurger 2008, p. 222, 611
  5. Demurger 2008, p. 459
  6. Demurger 2008, p. 471
  7. Cagnin 2000, p. 57-58
  8. (en) Elena Bellomo, The Templar order in north-west Italy (1142-c.1330), Leiden /Boston, Brill, , 464 p. (ISBN 978-90-04-16364-5, lire en ligne), p. 98, 364 ; (it) Giampaolo Cagnin, Templari e Giovanniti in territorio trevigiano (secoli XII-XIV), , p. 82-84 (doc. 5)
    (la): Ermanno, « Preceptor domus milicie Templi de Campanea et aliarum domorum de marchia Tarvisana ». En février 1268 le frère Giacomo figure dans la liste des commandeurs présents pendant le chapitre provincial de l'ordre à Plaisance en tant que « fratre Iacobo preceptore domorum de Campanea » et non comme commandeur de la maison tel qu'indiqué par Bellomo, p. 115 (note 226)et en 1271, on trouve: « frater Gabriel de Gambelaria preceptor domorum Templi de marchia Trivixana » de nouveau lors d'un chapitre provincial de l'ordre à Plaisance et il n'y a pas de commandeur de Campanea mentionné.
  9. Bellomo 2008, p. 355, 374
  10. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 77, 299-301
  11. (it) J. Costa Restagno, Cavalieri di San Giovanni in Liguria e nell'Italia settentrionale : quadri regionali, uomini e documenti : atti del Convegno (Genova, Commenda di San Giovanni di Pré, 30 settembre-2 ottobre 2004), Genova/Albenga, Ist. Studi Liguri, , 794 p. (ISBN 978-88-86796-38-5, présentation en ligne), p. 697
  12. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 87-89
  13. Costa Restagno 2009, p. 697
  14. Pezzella et Caruso 2010
  15. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 80
  16. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 75
  17. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 86
  18. Caravita 2002, p. 253-254, (la) Lire en ligne.
  19. Demurger 2008, p. 157
  20. Cagnin 1992, p. 7-21
  21. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 84
  22. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 89
  23. (it) Maurizio Caruso, « Santa Lucia dei Templari di Rai », dans Relazione al convegno Templare di Roma,
  24. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 89-92 ; Moro et Mingotto 2000 ; (it) Diego Cuoghi, « Gli affreschi della chiesa templare a Tempio di Ormelle » Article sur l'interprétation controversée des fresques de l'église Tempio di Ormelle »] (consulté le )
  25. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 76
  26. (it) Alberto Broglio et Lellia Cracco Ruggini, Storia di Vicenza : L'età della repubblica Veneta, 1404-1797, Neri Pozza, (présentation en ligne), p. 151
  27. Cagnin 2000, p. 69
  28. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 82
  29. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 77
  30. Pezzella 1997
  31. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 295-299
  32. Capone, Imperio et Valentini 1997, p. 83-86
  33. (en) Anthony Lutrell, « The Hospitallers of Rhodes at Treviso: 1373 », dans The Hospitallers of Rhodes and Their Mediterranean World, Ashgate Publishing Company, , 324 p. (ISBN 978-0-8607-8307-7, présentation en ligne), p. 66
  34. Cagnin 1992, p. 35-36
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