Le Mourillon

Le Mourillon est un des quartiers de l'Est de Toulon dont les hauteurs appartiennent à la Provence cristalline. C'est un véritable village provençal enclavé dans la ville toulonnaise, disposant de plusieurs monuments historiques (forts), églises, places, d'un musée (arts asiatiques), de son marché quotidien et de ses diverses rues commerçantes.

Le Mourillon

Fort Saint-Louis au Mourillon
Administration
Pays France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Ville Toulon
Canton Canton de Toulon-6
Géographie
Coordonnées 43° 06′ 25″ nord, 5° 55′ 55″ est
Altitude m
Site(s) touristique(s) les plages du Mourillon, Fort Saint-Louis
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Toulon
Le Mourillon
Liens
Site web www.mourillon.fr

    Histoire

    Initialement, le Mourillon désignait une zone plus vaste que l'actuel quartier et s'étendait depuis les zones marécageuses de l'embouchure de la rivière Eygoutier dans la petite rade (actuel Port Marchand) jusqu'à la corniche le long de la grande rade en passant par La Mitre. Avant le XVIIIe siècle, il n'y avait que très peu d'habitations. Un ancien cimetière turc (galériens) ainsi qu'une poudrière existaient alors. Les terrains étaient principalement utilisés comme jardins et vignobles, les pêcheurs s'adonnaient à leur activité sur la corniche. Il y avait également une houillère.

    Comme les alluvions transportés par la rivière Eygoutier avaient tendance à ensabler l'accès à la vielle darse du port de Toulon, la rivière fut détournée lors de l'agrandissement de l'arsenal par Colbert en 1680[1]. Le nouveau lit de la rivière faisait alors le tour des hauteurs du Mourillon pour aller se jeter dans le port-abri St-Louis, à l'ouest du fort Saint-Louis.

    Le Mourillon avec son ouverture sur la grande rade avait une position militaire stratégique. La Grosse Tour (Tour royale) qui gardait l'entrée de la petite rade a été bâtie au milieu du XVIe siècle sur le cap de la Manègue (ou Pipady) aujourd'hui appelé La Mitre. Le fort Saint-Louis, dont le rôle était de défendre le port contre les navires ennemis venus du large, a été bâti à la fin du XVIIe siècle. Il s'appelait alors fort des Vignettes. La grande rade se nomme, en effet, rade des Vignettes à cause des vignes qui étaient plantées le long du littoral depuis l'époque romaine. En partie détruit lors du siège de Toulon en 1707, le fort fut reconstruit à l'identique et prit le nom de fort Saint-Louis. Dès le XVIIe siècle, le terrain du Polygone situé à la Mitre sert de terrain d'exercice pour les marins qui s'entrainent au maniement de la bombarde et du canon, puis de l'artillerie de Marine au XIXe siècle. Un stand de tir sera construit au XXe siècle et détruit au milieu des années 1960. Le fort Lamalgue fut construit vers la fin du XVIIIe siècle. L'émir Abd El-Kader y fut emprisonné.

    Les terrains du Mourillon situés du côté de la petite rade étaient utilisés par la Marine royale dès le début du XVIIIe siècle pour le stockage des bois nécessaires à la construction des vaisseaux de guerre à l'arsenal de Toulon. Dès 1820, l'édification d'entrepôts à bois fut entreprise (sur les terrains situés sur l'actuel quartier du Port-Marchand). On comptera plus d'une trentaine d'entrepôts, deux bassins d'immersion pour le stockage des bois et une scierie. En 1845, un grand incendie détruisit les stocks de bois. Par la suite, les détenus et les gardiens du bagne de Toulon y installèrent leur potager, profitant de l'eau douce de l'Eygoutier.

    Ce n'est qu'avec l'extension du grand arsenal de Toulon au Mourillon[1], dès le milieu du XIXe siècle que le quartier commencera véritablement à prendre forme. La Marine reprit ses droits sur le potager du bagne, lorsque celui-ci fut transféré à Cayenne en Guyane. Une ligne de fortification qui partait du fort Lamalgue jusqu'à la porte d'Italie à Toulon protégeait le quartier. La porte Bazeilles fut percée dans la muraille en 1873 (actuel rond-point). Les casernes de l'infanterie et de l'artillerie de marine (qui seront rattachées en 1900 à l'Armée de Terre pour devenir infanterie et artillerie coloniale) seront construites au milieu du XIXe siècle ainsi que la fameuse tour Carrée située sur les hauteurs du quartier et qui servait de mess pour les officiers.

    L'artère principale du quartier, le boulevard de Bazeilles tient son nom d'une localité des Ardennes non loin de Sedan où les troupes de Marine, dont le régiment des casernes du Mourillon, se sont héroïquement battues lors de la guerre de 1870. Le boulevard de Bazeilles, précédemment appelé boulevard de l'Eygoutier a été construit sur l'ancien lit détourné de la rivière Eygoutier. La rue Lamalgue tient son nom de Margo (La Malgue), des terrains situés sur les hauteurs du Mourillon où on trouvait les fameuses vignes des vins de Margo qui firent leur entrée à la cour de Louis XIV.

    Avec l'avènement de l'ère industrielle au milieu du XIXe siècle, ce sera la naissance de l'arsenal du Mourillon où seront édifiées 5 cales de construction bâties par les bagnards, puis 2 grandes cales à structure métallique au début du XXe siècle. Les premières frégates cuirassées seront construites au Mourillon (Napoléon en 1850, La Gloire en 1858) ainsi que les premiers sous-marins modernes du monde (Gymnote en 1887, Gustave Zédé en 1888).

    Durant toute l'extension de l'arsenal, le quartier du Mourillon se développera. Plusieurs entreprises sous-traitantes de l'arsenal seront créées. L'église Saint-Flavien sera édifiée en 1864. La population ouvrière s'installera autour des artères principales. La Mitre, au bord de mer, deviendra le quartier des officiers de marine avec ses maisons cossues, on l'appellera le quartier de la marine.

    Le Tramway de Toulon au Mourillon

    Le tramway fera son apparition dès 1890 pour emmener les Toulonnais jusqu'à la station Sainte-Hélène, puis vers l'actuel terminus en 1910 après l'élargissement du boulevard du Littoral. Côté grande rade, les bains de mer Almeras et Sainte-Hélène ainsi que les bains de mer de la Source accueilleront les premiers baigneurs. Côté petite rade, ce seront les bains de mer du Polygone. Au début du XXe siècle, sera construite la jetée du port Saint-Louis et l'activité de pêche côtière se développera.

    Le Mourillon devient une destination pour des visiteurs de passage comme Claude Farrère, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert ou Jules Michelet. On y goûte la douceur de vivre, le charme et la beauté du littoral. Le jardin d'acclimatation sera ouvert en 1887. Face à la mer et aux bains Sainte-Hélène, se sont érigées de magnifiques demeures bourgeoises entourées de parcs et jardins aux essences ramenées par les multiples expéditions lointaines. En 1936, Jacques-Yves Cousteau effectue sa première plongée expérimentale aux pieds du fort St-Louis, comme il le raconte dans son livre "Le monde du silence".

    Côté militaire, les activités sous-marines se développeront au Mourillon qui sera utilisé comme base de sous-marins pour la Marine française. C'est du quai des sous-mariniers que parviendra à s'échapper le sous-marin Casabianca lors du sabordage de la flotte en 1942. Avec le transfert de la 29e flottille allemande U-Boot du port de La Spezia en Italie au Mourillon en 1943, le quartier deviendra la cible de violents bombardements alliés. L'actuel quartier du Port Marchand qui abritait les anciens entrepôts de l'arsenal nord du Mourillon sera pratiquement rasé et le quartier du Mourillon aura à souffrir des bombes qui s'abattront sur de très nombreuses maisons du quartier et notamment sur le cinéma Comœdia, l'école et la poste de la rue Castel. Le premier bombardement de novembre 1943 fera plus de 200 morts au Mourillon. Le quartier sera vidé de sa population par les Allemands.

    Après la guerre, la Marine cèdera à la ville les terrains de l'arsenal nord qui deviendront l'actuel quartier du Port Marchand. Les bassins d'immersion et le chenal seront comblés durant la reconstruction. Les activités sous-marines reprendront après la guerre avec l'atelier des torpilles dans l'enceinte de l'arsenal du Mourillon.

    Vestiges : 2 derniers anciens entrepôts à bois de l'arsenal nord du Mourillon.

    Les HLM Bazeilles seront construits au début des années 1950. L'église Saint Jean Bosco sera édifiée en 1965. Dès le début des années 1970, on entame les travaux de construction des plages artificielles. L'urbanisation de la corniche modifiera définitivement l'aspect du Mourillon dans les années 1980, sans pour autant que le "mur de béton" soit continu comme ailleurs sur la côte.

    Concentrant le plus grand nombre d'antiquaires de la ville, le Mourillon abrite aussi de nombreux restaurants, bars et pubs du plus sobre au plus chic, mais qui engendrent - surtout pour les nombreux retraités installés dans le quartier - des désagréments dus essentiellement au bruit tardif estival.

    La presqu'île du Mourillon donne à la fois sur la petite rade et sur la grande rade. C'est dans cette dernière que se trouvent les plages du Mourillon. Ces plages artificielles de sable ont été gagnées sur la mer du milieu des années 1970 jusqu'en 1982. Ce sable a été entre autres transporté de l'est varois et mélangé à du sable artificiel. Auparavant, il y avait des criques de galets en contrebas du boulevard Frédéric-Mistral.

    Géomorphologie

    Les hauteurs du Mourillon, situées en Provence cristalline au sud de la dépression permienne, présentent un faible relief constitué de phyllades et de roches métamorphiques longuement érodées[2].

    Mourillon Rugby

    • Union sportive du Mourillon club de rugby à XV.
    • Cadets 2006/2007 Demi-Finalistes Teulière B
    • Cadets 2007/2008 Éliminé en 16e de finale Teulière B

    Annexes

    Notes et références

    1. Rémi Kerfridin / Bernard Cros, L'Arsenal de Toulon, Toulon, Extrême Eden Editions, , 144 p. (ISBN 978-2-952-94285-0), p.10 à 23 et 138 à 141
    2. « Plan local d'urbanisme de Toulon », topographie, p. 6, toulon.fr

    Articles connexes

    Lien externe

    • Portail de la métropole de Toulon
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