Lambretta

Lambretta est un constructeur italien de cyclomoteurs, qui doit son nom à son usine de Lambrate près de Milan. Elle a été créée en 1947 et a cessé ses activités en 1972 avant de sortir de nouveaux modèles en 2018.

Lambretta

Un Lambretta.

Création 1947
Disparition 1972 reprise en 2017
Fondateurs Ferdinando Innocenti
Siège social Milan
 Italie
Activité Constructeur de cyclomoteurs
Société mère Innocenti
Site web lambretta.com

Historique

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise Innocenti, spécialisée dans le tube industriel en acier, voit, comme la majorité de l'industrie Italienne, son activité reprendre fortement.

À la recherche de nouveaux marchés pour étendre son champ d'action, Ferdinando Innocenti tourne ses pas vers un besoin particulier de la nouvelle vie civile : le transport populaire.

À l'instar de Piaggio et sa Vespa, le scooter va devenir le produit principal d'Innocenti.

La maison Innocenti dessine son premier scooter (dit modèle A) en 1947 dans son usine de Lambrate près de Milan.

L'endroit donne son nom au scooter et à la marque : Lambretta. Elle fait figure d'icône au sein du mouvement Mods.

Les modèles

Lambretta 125 B

Le Lambretta A est un scooter biplace à moteur central monocylindrique 2 temps, 123 cm3, avec transmission par arbre sous carter faisant bloc avec le moteur. Il possède trois vitesses au pied et atteint les 70 km/h sur ses roues de 8 pouces. Le châssis tubulaire comprend une partie centrale à section carrée surmontée de tubes ronds portant selle, réservoir et coffre. Il n'y a pas de suspension arrière.

Il est suivi, en 1948, par le modèle B, assez similaire, mais avec une suspension arrière, des roues plus larges, une commande des vitesses par poignée tournante et un compteur de vitesse.

En 1949 apparaît le premier triporteur sous la marque LAMBRO sur une base de modèle B. En France, mais avec un moteur différent, le triporteur sera diffusé sous le label P. Vallée.

Lambretta 125 LD

1950 voit l'arrivée du modèle C qui abandonne le cadre à section carrée pour un cadre monotube rond, mais conserve la même disposition de base sous un aspect simplifié, réduit à l'essentiel.

Une version luxe du C est produite avec des ailes pour couvrir le moteur et un tablier complet : le Lusso C ou LC.

Après quoi, sort, en 1951, le modèle D en 125 et 150 cm3, très proche du C, avec un refroidissement par air forcé pour le 150D et une vitesse maximum de 80 km/h. La version carénée suit également, c'est le fameux LD produit jusqu'en 1959 en 125 et 150 cm3 pour 5 et 6 ch, y compris en France près de Troyes. L'Industrielle de Troyes produit les LD françaises. Au début, la carrosserie est similaire à celle du LC, seule la couleur diffère (marron pour LC, gris bleu pour LD). Toutefois, la réglementation française impose un phare de plus grande dimension. Les premières LD ont dont une collerette agrandisseuse pour accueillir un phare aux normes françaises, avant que soit construit un élément central de tablier, comportant un logement de phare redessiné et agrandi, en 1953. Dans le même temps, la selle, qui était celle du LC (cuir, et ressorts) devient sur le LD une élégante selle en caoutchouc galbé de couleur bleue.

Lambretta new look

Le LD se fait au fil des années d'emploi une solide réputation de fiabilité auprès de ses utilisateurs, et son moteur centré lui donne également une prétendue meilleure tenue de route que son concurrent Vespa.

Des essais de scooters économiques sont aussi réalisés avec les modèles F et E, forcément moins prestigieux. Ils sont plus rares aujourd'hui .

1957 est un tournant pour les scooters Lambretta. Le Turismo Veloce 175 apparaît. C'est un design entièrement neuf, toujours sur châssis tubulaire avec deux particularités qui suivent maintenant Lambretta jusqu'à son extinction : le moteur horizontal refroidi par air forcé et le garde-boue avant fixe.

Le TV 175 série I se veut sportif, équipé de 4 vitesses, de roues de 10 pouces, son 175 cm3 de 8,6 ch lui permet de dépasser (de peu) le mur des 100 km/h. Il porte encore le feu avant dans le tablier et est équipé en série d'une grande selle biplace. Produit jusqu'en 1959, son moteur souffre de soucis de jeunesse et d'une étonnante fragilité.

Sur la même base, Innocenti sort les LI 125 et 150, plus populaires avec leurs deux selles individuelles et des performances de 75 et 85 km/h. Le LI série I bénéficie d'un moteur horizontal fiabilisé, à transmission par chaîne sous bain d'huile, qui demeure la base technique de tous les moteurs Lambretta à suivre.

La série II en 1959 transforme un peu les TV 175 et LI 125 et 150 en déplaçant le feu avant dans le guidon et apporte quelques menus modifications techniques et avancées dans les performances.

La série III sort en décembre 1961, pour une fois, le modèle populaire LI est le premier à être traité.

Le changement est assez drastique, la ligne ronde et curviligne des séries I et II est abandonnée au profit de ce qu'on appellera la " Slim line" (ligne étroite). La ligne générale du scoot est beaucoup plus tendue, et le voir de dos suffit pour comprendre le nom de la ligne.

Innocenti Lambretta Lui

Mais il y a plus qu'un changement de ligne unique, le TV 175 série III sort en 1962 avec une évolution supplémentaire de la slim line : guidon avec feu octogonal, nouvelle descente et grille de klaxon, garde-boue redessiné. Nouvelle avancée technique, le TV est un des premiers deux-roues équipé de série d'un frein avant à disque (mécanique, flottant dans le moyeu). Il sort tout d'abord avec les mêmes ailes que le LI, mais bénéficie bientôt d'un nouveau design d'ailes.

Le TV partage d'ailleurs son design (hormis le frein à disque) avec le LI 150 Special (1963) modèle intermédiaire entre le populaire LI et le sportif TV. Sur cette base sont déclinés les Special 125 et SX150 quasi identiques au Special, et le SX200 en 68 avec frein à disque, dont la nouvelle paire d'ailes cache un 200 cm3 de 11 ch, donné pour 107 km/h.

Innocenti fait aussi quelques tentatives de design type Vespa avec coques autoporteuses (Cento, J50...) pour des résultats et des succès très relatifs.

En 1968, la firme fait appel aux services du designer auto Bertone pour ses nouveaux modèles. Il va tout d'abord concevoir une nouvelle gamme de petites cylindrées avec les Vega, Lui, sortes de scooters minimalistes et futuristes, trop peut-être. La niche marketing que le Ciao de Piaggio prend plus tard échappe à Lambretta : il est trop tôt.

En 1969, Bertone pousse la Slim line à son paroxysme, en tirant encore plus les lignes et en adoptant l'esthétique et le feu rectangulaire à la mode pour les voitures de rallye de l'époque : ce sera le DL (De Luxe) 125, 150 et 200. Les performances des 3 motorisations sont également revues à la hausse, le DL 200 (appelé Grand Prix sur le marché britannique) atteignant la barre des 110 km/h.

Ce scooter est malheureusement le dernier des Lambretta avant la reprise de la marque fin des années 2010.

La fin et le renouveau

Dès la fin des années 1960, Innocenti produit déjà des minis. La firme est finalement rachetée par British Leyland, qui stoppe la production des scooters. L'entreprise rencontre déjà un certain nombre de problèmes, dus, selon les historiens officiels, à la situation du marché, l'action des syndicats, le manque de support des politiques et l'état de santé de Luigi Innocenti qui a succédé à son père Ferdinando, décédé en 1966. La complexité de production des scooters Lambretta n'est sans doute pas étrangère non plus à cette situation, le nombre de pièces et les processus de construction étant, par exemple, beaucoup plus nombreux que ceux d'une Vespa. Cependant, au milieu des années 2010, la firme Innocenti SA relance Lambretta. S'ensuit la sortie de nouveaux modèles comme: le V50 spécial, le V125 spécial et le V200 spécial. Lors du salon EICMA 2019 en Italie, Lambretta présente le nouveau G-spécial 325cc. En , la version électrique haute puissance du G-Special sera lancée au Delhi Auto Expo. Lambretta a pour objectif de devenir le numéro 1 mondial du segment des marques de scooters classiques italiens avant 2028. Avec 610 revendeurs répartis dans 37 pays, Lambretta a consolidé la reconnaissance mondiale de sa marque de style de vie née à Milan en 1947. La société KSR Group se charge de la distribution de la marque en Europe.

Les licences à l'étranger[1]

Lambretta en Allemagne

Le succès de la Lambretta incite NSU à acquérir en 1950 une licence de fabrication pour les modèles LC et LD 125 puis la version plus puissante 150 en 1954. NSU fabrique également à partir de 1956 la version Prima jusqu'en 1964 et en produit 160 645 exemplaires. NSU abandonne la production des deux roues très brutalement, espérant faire fortune avec l'automobile mais doit faire face à la crise de 1968 et, pour éviter une seconde faillite, est repris par Audi en 1969 avant d'arrêter toute activité à la suite de la faillite de 1977.

Lambretta en Espagne

En Espagne, la première licence Lambretta est concédée à la société Serveta qui en fait l'acquisition en 1951. Quasiment tous les modèles italiens sont fabriqués en Espagne avec des ajournements continus jusqu'en 1989, date à laquelle le marché n'étant plus suffisant, la société décide d'arrêter la fabrication.

Lambretta en France

En 1952, Fenwick obtient une licence pour la fabrication de scooters Lambretta en France. 200 000 scooters et 10 000 triporteurs sont construits au cours des 10 années suivantes dans une usine à Saint-Julien-les-Villas. La production des scooters est arrêtée en 1960 lorsque la demande diminue[2], puis celle des triporteurs l'année suivante. Le scooter est alors décoré sur le tablier avant, à l'extérieur, de l’écusson de la Champagne.

Lambretta en Inde

Une première licence de fabrication est cédée en 1960 à la société indienne A.P.I., une société semi publique implantée à Bombay. La licence impose que les modèles fabriqués ne soient commercialisés que sur le territoire indien. La première série est simplement assemblée en CKD localement avec contrôle qualitatif italien avant de céder une licence complète. La production avec tous les composants locaux débute l'année suivante.

En 1972, après avoir arrêté la production dans son usine de Lambrate, près de Milan, tout l'outillage de production est vendu en Inde ainsi que les licences de fabrication des scooters et triporteurs à la société S.I.L. sous la pression du gouvernement indien. Les productions sous licence de A.P.I. sont renommées pour éviter la confusion. La fabrication des fameux "tuk-tuk" connaît un succès sans précédent au point de la laisser en production jusque dans les années 2000. La production des scooters est arrêtée en 1997. Les modèles Lambretta auront été fabriqués pendant 25 ans sans changements.

Lambretta en Amérique latine

Les productions Lambretta trouvent dans quasiment tous les pays d'Amérique latine un succès enviable.

Lambretta dispose de la société "SIAM" en Argentine et au Chili qui assure la fabrication locale sous licence à partir de 1950 jusqu'en 1970.

Au Brésil, Lambretta crée une filiale "Lambretta SA" qui fabrique à partir de 1950, les modèles des séries D & Ld. Lambretta cède en 1960 la majorité de la société qui prend le nom de « Pasco ». Les modèles italiens sont fabriqués sous licence jusqu'en 1970.

En Colombie, la société "Auteca" dispose également des licences de fabrication.

Lambretta et le sport

Les records sur circuit ou autoroute

Motivé par la concurrence avec Vespa et le besoin de reconnaissance, Lambretta s'attache à battre des records de vitesse non seulement scooter, mais deux roues en général, entre 1949 et 1951 dans les catégories 125 et 175 cm3. Des versions diverses des modèles C et D, du légèrement caréné à la torpille battent plus d'une cinquantaine de records pendant cette période, jusqu'au km lancé à 201 km/h heure en 125 cm3, record après lequel Piaggio déclare finalement forfait. Ce record demeure encore à ce jour en seconde position dans la catégorie 125 cm3. À noter que beaucoup de ces records eurent lieu sur l'autodrome de Linas-Montlhéry.

Les courses sur routes

Particulièrement prisées des Britanniques, les courses amateurs sur différents types de voies dans la même épreuve connurent un certain succès.

L'Île de Man, Mecque du Deux-roues motorisé, fut, par exemple, dans les sixties et début seventies, le théâtre sur ses routes improbables et ses sentiers de multiples épreuves du genre. Les série III purent croiser le fer avec les SS180 et rally de chez Vespa, en profitant des légendaires conditions météo du coin. Clou de l'épreuve, le passage à pleine vitesse du Druidhale, sympathique mare barrant l'un des sentiers du prétendu circuit. Qui a déjà tenu un guidon sur les minuscules routes de cette île comprend aisément l'aspect totalement déraisonnable de ces épreuves, et donc leur attrait sans pareil… Beaucoup de lambrettistes accordent d'ailleurs aujourd'hui plus d'importances à ces épreuves amateurs qu'aux records d'usine, et les configurations racer qui leur sont attachées sont toujours très appréciées.

Références

Anecdote

Le terme de « lambretta » ou « lambreta » est encore couramment utilisé au Portugal pour désigner tout type de scooter, à l'image de la chanson « Lambreta » chantée par le fadiste António Zambujo figurant dans son album Quinto.

Voir aussi

Bibliographie

  • Lambretta, an illustrated history- Nigel Cox
  • lambretta catalogue- Lambretta club of Great Britain
  • Lambretta the definitive history- Vittorio Tessera, 2000 (ISBN 8879112147)

Article connexe

Liens externes

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