Île de Man

L’île de Man /il də man/ (en anglais : Isle of Man /ˌaɪl əv ˈmæn/ ou IOM[1] ; en mannois : Ellan Vannin /ˈɛlʲan ˈvanɪnʲ/[2] ou Mannin /ˈmanɪnʲ/[2] ; en latin : Insula Mona) est un territoire formé d’une île principale et de quelques îlots situés en mer d’Irlande, au centre des îles Britanniques. L’île de Man est une dépendance directe de la Couronne britannique, étant une propriété du souverain britannique, actuellement la reine Élisabeth II, qui agit en qualité de « seigneur de Man » mais lui laisse une large autonomie politique et économique. De fait de ce statut et d’une politique fiscale très avantageuse, elle est considérée comme l’un des lieux privilégiés par l’évasion fiscale, acquérant une réputation de paradis fiscal, notamment depuis les révélations des « Paradise Papers »[3].

Pour les articles homonymes, voir Man et IOM.

Île de Man

Ellan Vannin (gv)
Isle of Man (en)


Armoiries

Drapeau

Localisation de l'île de Man par rapport aux îles Britanniques
Administration
Statut politique Dépendance de la Couronne britannique
Capitale Douglas
54° 09′ N, 4° 29′ O
Gouvernement
-
- Seigneur de Man

- Lieutenant
gouverneur

- Premier deemster
- Présidente du
Tynwald

- Ministre en chef

Autonomie interne
parlementaire
Élisabeth II

Richard Gozney

David Doyle
Clare Christian

Howard Quayle

Démographie
Population 83 314 hab. (2016)
Densité 146 hab./km2
Langue(s) Anglais, mannois
PIB (2007)
 · PIB/hab.
4 076 millions de $ US
49 817 $ US
Géographie
Coordonnées 54° 14′ 06″ nord, 4° 31′ 30″ ouest
Superficie 571 km2
Divers
Monnaie Livre mannoise
Fuseau horaire UTC + 0
Domaine internet .im
Indicatif téléphonique +44 1624
Hymne Arrane Ashoonagh dy Vannin (O Land of Our Birth)
Devise « Quocunque Jeceris Stabit »  Whithersoever you throw it, it will stand »)
Code ISO 3166-1 IMN, IM
Sources
1 (en) Isle of Man Government, 2016 Isle of Man Census Report, (ISBN 978-1-904869-67-2, lire en ligne [PDF]).

    L’île de Man a un peuplement celtique depuis la protohistoire ; elle devient un royaume viking au Moyen Âge, mais l’influence anglo-saxonne s’y fait sentir. Les scandinaves y ont fondé un système politique basé sur le principe des « citoyens libres » et s’organisant autour du Tynwald qui serait le plus ancien parlement en fonctionnement continu du monde. Elle fait aujourd’hui partie des six nations celtiques (avec l’Irlande, les Cornouailles, la Bretagne, l’Écosse et le pays de Galles) reconnues par le Congrès celtique et la Ligue celtique.

    Géographie

    Carte de l’île de Man.
    Vue aérienne du nord de l'île de Man avec Peel, Kirk Michael et Ramsey.
    Le mont Snaefell, point culminant de l'île de Man.

    L’île de Man est située dans la mer d’Irlande, à 29 km des côtes d’Écosse, 48 km de celles d’Angleterre, et 53 km de celles d’Irlande.

    L’île de Man est relativement grande (572 km2, 53 km de long sur 21 de large) mais peu élevée avec 621 m d’altitude maximale au Snaefell. Elle est entourée par quelques petites îles comme Calf of Man et Saint-Patrick. Sa végétation est principalement formée de landes et de prairies.

    Comme l’Écosse, elle repose sur un vieux socle hercynien constitué de schistes. Rehaussée par un mouvement tectonique puis rabotée par les glaces du quaternaire, l’île culmine au mont Snaefell à 621 m. Les moraines ont engendré une plaine triangulaire au nord qui contraste avec les montagnes de l’intérieur.

    Étymologie

    L'île de Man est évoquée par plusieurs auteurs de l'Antiquité sous des noms différents : Manu[4], Monapia (Pline, 23), Eumonia (Annales de Wahes, vers 125), Monaœda (Ptolémée, 139), Mevania (Paul Orose, 416), Eubonia[5] (Nennius, 853), Manann ou Manand (Annales irlandaises, 1084-1496), Mön ou Maon (dans les sagas islandaises, vers 1240)[6]. La forme galloise est Manaw. Une croix du XIIe siècle se trouvant à Kirk Michael porte une inscription en runique dont l'un des termes se lit Mon (prononcé Maon)[7]. En langue mannoise, l'expression « île de Man » se traduit par Ellan Vannin ; ellan désigne une « île », Vannin est la forme lénifiée de Mannin Man » en français, « Man » ou « Mann » en anglais). Selon Hervé Abalain, le terme Mannin peut désigner tout simplement une île. Il propose ainsi de considérer l'exemple de Mainland dont la forme man- signifie « île »[6].

    Le nom moderne Man semble dérivé, par le latin, du gaélique écossais Mana ou du vieil anglais Monig[7]. Ce nom était donné autrefois tant à l'île de Man qu'à un district d'Écosse dont la racine subsiste encore dans les toponymes Slamannan et Clackmannan[7]. Selon John Rhys, le nom pourrait provenir d'une racine indo-européenne Manavio, génitif singulier de Manavionos[7].

    Histoire

    Préhistoire

    Des recherches récentes tendraient à démontrer qu'avant 8500 av. J.-C., Man était reliée à la Cumbria au moyen d'une bande de terre qui a progressivement été envahie par la mer[8]. Il n'existe pas de preuve pourtant qu'à cette époque Man était habitée.

    L'arrivée de groupes humains sur l'île de Man semble toutefois antérieure d'au moins mille années aux principaux vestiges du Néolithique que l'on trouve sur plusieurs sites.

    C'est le Néolithique qui a laissé le plus de vestiges sur l'île de Man[9]. Le site de Minorca, près de la petite ville de Laxey, abrite un cairn, dénommé la « tombe du roi Orry » et attribué à tort au héros mannois Godred Crovan (mort en 1095). Cette tombe de 12 mètres de long lui est très antérieure et date de -4000 environ[10]. On date de la même période le site de Mull Hill, au sud de l'île, cercle de pierres de 18 mètres de diamètre[11]. Le site de Cashtal yn Ard[9], dans la paroisse de Maughold, lui, est plus récent (-2000)[12].

    Cette époque marque aussi le début des structures militaires défensives, comme sur la colline de South Barrule. Deux remparts circulaires fortifiés laissent supposer que la communauté y ressentait la nécessité de s'unir pour faire face à l'adversité[13].

    Période celte

    Ruines de la cathédrale Saint-German, sur l'île de Saint-Patrick.

    L’installation des peuples celtes remonte vers 500 av. J.-C. La langue mannoise, appartenant à la branche gaélique des langues celtiques, ne se différenciera de l'erse qu'à partir du XVe siècle.

    Il est communément admis que le christianisme fut importé sur l’île de Man par le moine irlandais Patrick et que, par la suite, des moines venus de pays celtiques, et de l’Irlande en particulier, effectuèrent des voyages missionnaires à partir de l’an 500.

    Ces missionnaires contribuèrent à l’édification de petites chapelles dans lesquelles ils priaient. Mais l'exiguïté des lieux obligeait à pratiquer les baptêmes et la prédication à l’extérieur.

    On recense sur l’île 35 croix celtiques (nommées keeills) remontant probablement à cette époque, mais il en existait au moins 174 que des documents anciens citent. Ces croix étaient généralement érigées sur des monuments funéraires. De nombreuses églises et chapelles ont été édifiées sur l’emplacement de keeills.

    Période scandinave

    On peut dissocier deux époques durant la domination scandinave de l’île de Man : avant la conquête de l'île par Godfred IV Crovan, en 1079, et après cette conquête. La première période a été marquée par la guerre, alors que la seconde est plus pacifique.

    Entre 800 et 815, les Vikings sont venus à Man essentiellement pour le pillage. Entre 850 et 990, ils s’établissent sur l’île et cette dernière passe sous le contrôle des rois scandinaves de Dublin. Entre 990 et 1079 enfin, l’île est sujette des puissants jarls des Orcades.

    Durant toute la période scandinave, l’île a été nominalement sous la souveraineté des rois de Norvège, mais ces derniers n’ont eu que rarement l’occasion de faire valoir leurs droits, à l’exception de Harald Ier de Norvège en 885, de Magnus III de Norvège, à la fin du XIe siècle, et de Håkon IV de Norvège, à partir de 1217.

    Peu de choses sont connues sur Godfred IV, qui a conquis Man en 1079. Il aurait établi sa domination sur Dublin et la plus grande partie du Leinster. Il est resté dans les traditions de l’île de Man sous le nom de Roi Gorse, ou Orry. Les îles placées sous son contrôle sont appelées Sudr-eyjar, les îles du Sud (île de Man et toutes les petites îles à l’ouest de l’Écosse), par opposition aux Nordr-Eyjar, les îles du Nord (Orcades et Shetland).

    Le fils de Godfred IV, Olaf Ier de Man, exerce un pouvoir considérable et son alliance avec les rois d’Irlande et d’Écosse est si bien établie que l’île connaît la paix pendant l’ensemble de son règne (1137-1152). Durant les années 1130, l’Église envoie Wimund sur l’île de Man pour qu’il y fonde le premier évêché. Peu de temps après, il abandonne son épiscopat et se lance dans la piraterie à travers l’Écosse et les îles voisines.

    Le fils d’Olaf Ier, Godfred V de Man, règne momentanément sur Dublin, avant de perdre une partie des îles, à l'exception de celles situées sur la côte d’Argyll.

    Au début du XIIIe siècle, Ragnald IV de Man prête hommage au roi d’Angleterre Jean sans Terre. C’est la première fois que l’Angleterre s’immisce dans les affaires de l’île. Il y aura toutefois une longue période de domination écossaise avant que l’île ne devienne vraiment anglaise.

    Période britannique

    James Stanley, 7e comte de Derby, dit « le Grand Stanley », seigneur de Man de 1627 à 1651.

    Les décennies qui suivent sont le théâtre de rivalités entre Écosse et Angleterre pour la domination de l'île de Man. Mais la dynastie écossaise s'affaiblissant dès la fin du XIIIe siècle, c'est sans opposition que le roi d'Angleterre Édouard Ier revendique l'île et en prend possession en 1290.

    En 1333, le nouveau roi, Édouard III, remet l'île à William Montagu, premier comte de Salisbury. Plusieurs souverains à la solde de l'Angleterre vont dominer l'île de Man, mais il faudra attendre 1405 pour voir une dynastie s'y installer à long terme : les comtes de Derby. Leur représentant emblématique, James Stanley, dotera l'île d'infrastructures défensives et politiques de qualité. La dynastie des Derby se poursuivra jusqu'à James Stanley, 10e comte de Derby, qui mourra le 1er février 1736 sans héritier mâle. Si son titre de comte de Derby passe à son cousin Edward Stanley, celui de seigneur de Man et de baron Strange reviennent en revanche à la maison d'Atholl, représentée par James Murray.

    James Murray meurt en 1764 à Dunkeld (Écosse), sans avoir de descendant mâle survivant. Pour cette raison, c'est son neveu, John Murray[14], qui hérite du titre de duc d'Atholl et de la seigneurie de l'île de Man. L'Angleterre intervient dans la gestion de l'île alors que John Murray est à la tête d'un réseau de trafic illicite de marchandises. Pour cette raison, la Couronne le persuade de vendre l'île de Man pour 70 000 livres sterling[9] (1765). Alors que le quatrième duc d'Atholl mène campagne pour que la Couronne finance davantage la présence de la famille des Atholl sur l'île[15], celui-ci est subitement nommé gouverneur, ce qui l'apaisera définitivement (1793 à 1828).

    Période contemporaine

    En 1866, l’île de Man obtient un gouvernement local autonome ; cette autonomie n'est d'abord que formelle, mais a peu à peu été étendue. Pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique interne sur l’île de Man les civils ressortissants des puissances ennemies.

    Au début du XXe siècle, on a pu observer un renouveau de la musique et des danses traditionnelles — ainsi que, dans une moindre mesure, de la langue mannoise —, ce qui n'empêcha pas le dernier locuteur, Ned Maddrell, de s’éteindre dans les années 1970.

    Dans les années 1960-1970, le tourisme en provenance des îles Britanniques commença à péricliter, en partie à cause de l’essor de l’aviation civile et de l’attrait nouveau exercé par l’Espagne. Le gouvernement mannois réagit à cette situation en faisant de l’île un paradis fiscal, ce qui stimula l’économie, en dépit de quelques affaires de corruption.

    Depuis les années 1990 et le début du XXIe siècle, la culture mannoise est l’objet d'une plus grande reconnaissance, ce que tend à montrer l’ouverture de la première école primaire dont les cours sont donnés en mannois ; la croissance économique reprend.

    Subdivisions

    Carte des subdivisions de l’île de Man.

    Historiquement, l’île de Man était divisé en 2 zones (nord et sud) modifiées plus tard en côtés (nord-ouest et sud-est) subdivisé en 17 paroisses dites « insulaires » (Insular Parish, encore utilisée de façon traditionnelle, principalement pour les besoins géographiques ou culturels), et qui comprennent 15 anciennes paroisses religieuses et les deux districts actuels. Les limites des paroisses et même de certains sheadings ont varié avec le temps (ainsi les 2 districts actuels étaient des paroisses auparavant).

    Sheadings

    La subdivision administrative principale actuelle se compose de 6 sheadings, présentés dans l’ordre traditionnel mannois dans le sens des aiguilles d’une montre :

    • du côté nord-ouest (essentiellement rural) :
      • le sheading de Glenfaba (où se situe la ville de Peel),
      • le sheading de Michael (à ne pas confondre avec le village ou district homonyme),
      • le sheading d’Ayre ;
    • du côté sud-est (le plus peuplé aujourd‘hui) :

    Deux des sheadings actuels, Garff et Middle, sont différents de leur définition historique depuis 1796, date à laquelle la paroisse de Onchan (devenue alors village) a été déplacée du premier vers le second.

    Paroisses administratives

    Les sheadings sont eux-mêmes subdivisés administrativement en 24 entités généralement désignées par le terme de « paroisses administratives » (pour les distinguer des 17 paroisses traditionnelles) ou très souvent simplement par « paroisses » (parish, au pluriel parishes) ; en fait ces paroisses administratives sont de 4 types différents (en fonction de leur densité de population, et non de leur superficie ou population totale) :

    • villes (towns) (dont la capitale Douglas) parfois appelées aussi « paroisses urbaines » (town parishes) dans certains documents officiels ;
    • villages (villages) (dont les districts, dénomination préférée dans les documents actuels pour les villages les moins peuplés, formés de bourgs ruraux) ;
    • et 15 autres paroisses (parishes) rurales (dont la définition actuelle est parfois différente, plus petite, de celle des anciennes paroisses insulaires, dont ont été exclues les villes actuelles).

    Circonscriptions électorales

    Pour les besoins électoraux, l’archipel est découpée en 23 circonscriptions électorales (qui peuvent comprendre des parties de plusieurs sheadings) regroupant les entités ci-dessus, sans franchir toutefois l’ancienne division traditionnelle entre les côtés nord-ouest et sud-est :

    • 4 circonscriptions subdivisent la ville capitale (le centre historique est dans la circonscription de Douglas Ouest),
    • 19 autres circonscriptions regroupent les 23 autres subdivisions administratives.

    Protection environnementale et biodiversité

    Un chat manx.

    En mars 2016, l'île de Man a été reconnue réserve de biosphère par l'Unesco[16].

    Il existe aujourd'hui deux races d'animaux spécifiques à l'île de Man. Une célèbre race de chat originaire de l’île de Man, le manx, a pour caractéristique d’avoir une queue très courte, voire absente. Il possède également des pattes arrière plus petites que la plupart des chats. Ces chats font office de symbole de l'île sur des pièces d'argent ainsi que des timbres alors que le gouvernement mannois opère un centre de reproduction afin d'assurer la continuité de l'espèce[17].

    Autre race typique de l’île, le mouton loaghtan. Sa laine est brune foncée et il possède entre quatre et six cornes. Sa viande est considérée comme un mets délicat[18]. Il existe plusieurs troupeaux sur l'île, et d'autres élevages se trouvent également en Angleterre et à Jersey.

    Le genévrier Juniperus communis a disparu de l'île au XXe siècle. Il a subi un déclin majeur après son utilisation abusive pour en faire du bois de feu ou du gin. Un changement climatique est suspecté d'avoir rendu le reste de la population infertile.

    Gouvernement

    Structure

    La rivière Glass, qui a donné son nom à la capitale de l'île, Douglas.

    Les bailliages de Jersey, Guernesey et de l’île de Man sont considérés par le Conseil de l'Europe (par le bureau des traités et ses services juridiques) comme des territoires dont le Royaume-Uni assure les relations internationales. Ces territoires n’ont pas la personnalité juridique internationale qui leur permettrait d’être partie à des traités du Conseil de l’Europe. En revanche, lorsque le Royaume-Uni est partie à un traité du Conseil de l’Europe, il peut, en accord avec les territoires concernés, déclarer que ledit traité s’applique (ou pas) à ces territoires. Les citoyens de Man sont des citoyens britanniques mais n'ont pas la citoyenneté européenne.

    L’absence de personnalité juridique ne veut pas dire pour autant que ces territoires sont assimilés au Royaume-Uni, dont l’État a été formé par l’union des anciens royaumes d’Angleterre et du duché du pays de Galles (acte d'union de 1536), puis d’Écosse (acte d'union de 1707) et enfin d'Irlande (acte d'union de 1800). Ainsi, le duché de Normandie n’a jamais formellement cessé d’exister en tant qu’État alors même qu'il ne subsiste plus que sur ses dernières terres insulaires (Jersey et Guernesey). Il en est de même ici avec l’ancien royaume de Man, devenu duché de Man lorsqu’il est devenu vassal de la Couronne.

    Bien que regroupés sous l'appellation « îles britanniques » (British Islands), les bailliages ont acquis récemment une autonomie plus importante. La question se pose donc aujourd’hui quant à la reconnaissance des bailliages de la Couronne en tant qu’États, même dépourvus de personnalité juridique sur le plan international (ce qui semble ne plus être le cas depuis la création des « États de Jersey », « des États de Guernesey » et de « ceux de Man » — noter le pluriel), et la modernisation en cours de l'ancienne législation médiévale. Par exemple, sur l'île de Man, cette législation était fondée sur les titres honorifiques et le droit de sang des anciennes grandes familles mannoises, dont certaines n’ont plus aucun résident sur l’île depuis plusieurs générations et ne participent plus à l’administration territoriale de l’île.

    Politique

    L’archipel jouit d’un statut particulier : de jure, il ne fait pas partie du Royaume-Uni (et ne faisait pas partie de l'Union Européenne quand le Royaume-Uni en a été membre) mais dépend directement de la Couronne britannique, dont le monarque est « seigneur de Man ». Ce statut particulier n’en fait pas un État reconnu indépendant, mais l’île dispose d’une large autonomie politique et économique : ainsi depuis 2011, le lieutenant-gouverneur, fonction jusqu’alors attribuée par la reine, est désigné par un vote des représentants locaux mannois.

    Depuis 1999, l'Île de Man est membre du Conseil britannico-irlandais.

    Économie

    L’archipel dispose de sa propre monnaie, la livre mannoise. Le régime des prélèvements obligatoires mannois, favorable aux entreprises, a fait de l’île un paradis financier (en anglais, l'expression correspondante est « tax haven » (« refuge fiscal »)) pour celles qui veulent profiter d'une fiscalité avantageuse[19].

    Pour faire face aux abus et aux soupçons engendrés par cette situation, le gouvernement de l'île de Man a signé des accords d'échange de renseignements à des fins fiscales afin de gagner une notoriété internationale[20],[21].

    L'approvisionnement en électricité est en partie assuré par un câble sous-marin qui relie Douglas à Blackpool en Angleterre.

    L'île de Man est traitée comme faisant partie du Royaume-Uni pour la TVA. Les biens envoyés du Royaume-Uni à l'île de Man ou inversement ne sont pas considérés comme importés/exportés[22].

    Démographie

    La population de l'île est estimée à 76 913 en 2010[23], une population nettement en hausse depuis quelques années, grâce surtout à l’immigration en provenance d’Angleterre.

    Les habitants de l’île de Man sont les Mannois et Mannoises[24] ou les Manxois et Manxoises[25].

    Culture

    L’île de Man fait partie des six nations celtes reconnues par le Congrès celtique et la Ligue celtique.

    Emblèmes

    L'emblème végétal de l'île de Man est le Séneçon de Jacob.

    Langue

    Les langues officielles sont l’anglais et le mannois, une langue celtique du groupe gaélique, proche de l’irlandais et même plus proche du gaélique écossais. L’usage du mannois par le gouvernement est surtout symbolique, mais un nombre croissant de militants linguistiques font revivre la langue dont le dernier locuteur réputé l’avoir parlée comme langue maternelle, Ned Maddrell, est mort le 27 décembre 1974. Aujourd'hui, on estime qu'un peu plus de 2 % de la population de l'île peut s'exprimer en mannois. Cette situation fait du mannois une langue en péril.

    La Société du gaélique mannois informe aussi l’opinion publique sur la culture mannoise en général (livres, musique, chansons mannoises) et diffuse des messages destinés à encourager l’emploi du mannois ainsi que son enseignement. Actuellement il y a environ 2 000 mannophones, dont une soixantaine parle la langue comme langue maternelle (tous des enfants scolarisés dans une école maternelle). D’après un sondage récent, 50 % des enfants mannois ont exprimé le désir d’apprendre la langue.

    La population en général paraît d’accord avec cette promotion du bilinguisme symbolique, mais reste très réticente à toute forme de coercition à ce sujet, car plus de la moitié des insulaires ne sont pas nés dans l’île, ces derniers venant essentiellement d’Angleterre, d’Irlande, du pays de Galles ou d’Écosse.

    Religion

    Le diocèse de Sodor et Man est un diocèse de l'Église d'Angleterre.

    Sport

    Une course célèbre de motos se déroule sur l’île la dernière semaine de mai et la première de juin depuis 1907 : le Tourist Trophy de l'île de Man.

    Mark Cavendish, Peter Kennaugh et Jonathan Bellis, cyclistes professionnels, sont originaires de cette île. David Knight, multiple champion du monde d'enduro, également.

    Personnalités liées à l'île

    Mégalithisme

    La « tombe du roi Orry » (King Orry's Grave), à Laxey.

    L'île de Man abrite un certain nombre de mégalithes, notamment des menhirs (Magher ny Clogh Mooar, Giant's Quoiting Stone, etc.) et des tombes du Néolithique, comme celle de Cashtal yn Ard[26].

    Transports

    Transports ferroviaires

    L'île possède un vaste réseau de transports originaux. Des trams surnommés « toastracks » tirés par des chevaux font paisiblement la navette le long du bord de la mer à Douglas[27], des chemins de fer à voie étroite, avec machines à vapeur, desservent le Sud. Le plus remarquable de ces moyens de transport est le tramway électrique qui relie Douglas à Ramsey, station balnéaire du nord, par le chemin des falaises et grimpe même jusqu'au sommet du Snaefell.

    Transports routiers

    L'île de Man n'a pas d'autoroutes. Les routes nationales n'ont pas de limitations de vitesse. Les limitations de vitesse sont très strictes en agglomérations (30 mph, soit 48 km/h). Comme sur l'ensemble des îles Britanniques, le sens de circulation se fait à gauche de la chaussée.

    Transports aériens

    La seule infrastructure aéroportuaire de l'île, l'aéroport du Ronaldsway, se trouve au sud-est de Ronaldsway.

    L'île de Man a enregistré plus de 940 avions privés entre 2007 et 2017, et compte 325 jets enregistrés en avril 2017, ce qui la place en 2e position en Europe, juste derrière l'Allemagne[28] et devant la Grande-Bretagne qui n'en compte que 223[29]. Ces jets privés sont mis en cause dans le scandale des Paradise Papers[30].

    Transports maritimes

    Le terminal maritime de l'île de Man (Isle of Man Sea Terminal) situé à Douglas, accueille les ferries de la Isle of Man Steam Packet Company qui assure les liaisons quotidiennes entre l'île et les ports de : Heysham et Liverpool (Angleterre), Belfast (Irlande du Nord) ou Dublin (république d'Irlande).

    Codes

    Plaque d'immatriculation de l'île de Man.

    L'île de Man a pour codes :

    Bibliographie

    Roman historique

    Parmi ses thèmes, l'ouvrage s'intéresse avec humour aux Mannois, à leur langue, leur caractère, leur distance et méfiance envers les Anglais, à travers l'équipage et son capitaine, venus de Peel, qui traversent le globe en navire, au milieu du XIXe siècle.

    Document

    • Hervé Abalain, Les Mannois et l'île de Man, vol. V, Crozon, Brest, Éditions Armeline, coll. « Peuples en péril », , 192 p. (ISBN 978-2-910878-42-9).

    Notes et références

    1. Prononciation en anglais britannique (Received Pronunciation) retranscrite phonémiquement selon la norme API. Voir (en) « Meaning of Isle of Man in English », sur Cambridge dictionary (consulté le ).
    2. Prononciation en mannois retranscrite phonémiquement selon la norme API.
    3. « Portfolio : l’île de Man, le petit paradis fiscal des îles britanniques », sur lemonde.fr (consulté le ).
    4. On trouve aussi dans certains textes latins, notamment ceux de Jules César, la forme Mona, mais, celle-ci s'appliquant d'ordinaire à l'île d'Anglesey, on peut la considérer comme erronée lorsqu'il s'agit d'identifier l'île de Man.
    5. La forme Eubonia sera utilisée jusqu'en 1393 dans un acte décrivant le transfert de l'île entre le comte de Salisbury et celui de Wiltshire. Cf. John Quine, The Isle of Man, Cambridge University Press, Cambridge, 1911.
    6. Hervé Abalain, Destin des langues,éd. Ophrys, 1989, p. 109.
    7. (en) John Quine, The Isle of Man, Cambridge University Press, Cambridge, 1911.
    8. A New History of the Isle of Man Volume 1 - The Evolution of the Natural Landscape, Éd. Richard Hiverrell et Geoffrey Thomas, 1re édition, Liverpool University Press, 2006 (ISBN 0-85323-587-2), p. 295-296.
    9. (en) Vaughan Robinson, Danny McCarroll, The Isle Of Man. Celebrating A Sense Of Place, Liverpool University Press, 1990 (ISBN 0-85323-036-6).
    10. (en) IOM Guide : King Orry's Grave.
    11. (en) Description du cercle de Meayll.
    12. (en) IOM Guide : Cashtal yn Ard.
    13. Voir South Barrule Hill Fort, Archaeology in the Isle of Man, 1999.
    14. John Murray était le fils de Lord George Murray, un général jacobite écossais qui prit part à la Rébellion jacobite.
    15. Malgré l'apaisement de la situation et la nomination de Murray au poste de gouverneur, l'Angleterre investira de fortes sommes sur l'île pour le maintien des ducs d'Atholl (417 000 livres sterling en 1828 par exemple). Voir (en) The Isle Of Man. Celebrating A Sense Of Place, ibid.
    16. « 20 nouveaux sites ajoutés au Réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO », sur unesco.org (consulté le ).
    17. (en) Karen Commings, Manx Cats : Everything about Purchase, Care, Nutrition, Grooming, and Behavior. Barron's Educational Series, , 7–10 p. (ISBN 978-0-7641-0753-5).
    18. (en) Ellan Vannin, « Farming the Manx Loaghtan sheep », BBC Isle of Man, 16 novembre 2009.
    19. Philippe Rivière, « L’île de Man sur orbite : Fortunes spatiales », Le Monde diplomatique, (lire en ligne).
    20. (en) « Tax Information Exchange Agreements (TIEAS) », OCDE.
    21. « L'Île de Man signe avec les pays nordiques des accords d'échange de renseignements à des fins fiscales », OCDE, 30 octobre 2007.
    22. The VAT guide, HM Custom and excise, section 4.7.1 et 4.7.2, page 27.
    23. (en) « CIA - The World Factbook ».
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    31. Fabrice Bensimon, « Matthew Kneale, Les Passagers anglais », Revue d'histoire du XIXe siècle, no 24, 2002, consulté le 19 avril 2015.

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