L'Aigle noir

L’Aigle noir est une chanson de Barbara parue en 1970 dans l’album auquel elle donne son nom.

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Pour le pseudonyme, voir Alain Guionnet.

L’Aigle noir

Chanson de Barbara
extrait de l'album L’Aigle noir
Sortie 1970
Durée min 57 s
Genre Chanson française
Auteur-compositeur Barbara
Label Philips

Pistes de L’Aigle noir

Genèse

Alors qu'elle finalise un nouvel album en 1970, Barbara se rend compte qu'il lui manque un titre. Elle raconte avoir retrouvé dans le tiroir d'une commode un texte écrit quelques années plus tôt, à la suite d'un rêve dans lequel elle aurait vu un aigle descendre sur elle. Elle se met au piano et compose une musique sur ce texte en s'inspirant d'une sonate[Laquelle ?] de Beethoven[1],[2].

En , selon un sondage BVA, elle est désignée troisième chanson préférée des Français derrière Mistral gagnant de Renaud et Ne me quitte pas de Jacques Brel[3].

Le texte de Barbara reprend quelques mots de la prophétie de l’aigle d’Ézéchiel, dans la Bible Segond[4].

Interprétations du sens du texte

Une interprétation psychanalytique de la chanson a été proposée par Philippe Grimbert[5],[6]. Selon lui, la chanson décrirait un rêve de Barbara, rêve dans lequel elle dort au bord d'un lac, jusqu'à ce qu'un aigle noir fasse irruption dans le ciel, troublant son sommeil. Barbara reconnaîtrait cet aigle comme un personnage émergeant de ses souvenirs d'enfance, sans dire à l'auditeur de la chanson quel est ce personnage.

Dans ses mémoires posthumes inachevés, Il était un piano noir... (1997), Barbara révèle qu'elle a eu à supporter le comportement incestueux de son père pendant son enfance mais, à aucun moment, elle n'établit de lien entre cette chanson et son père. Grimbert voit un lien entre cet événement et la chanson, en la rapprochant d'un ouvrage de Freud publié en 1910, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, dans lequel le psychanalyste relève l'unique épanchement de Vinci sur son enfance. Encore au berceau, « un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue et plusieurs fois me frappa avec cette queue entre les lèvres ». Freud associe la queue du vautour à un membre viril, un pénis, ce qui fait dire à Grimbert qu'il pourrait y avoir eu un traumatisme sexuel infantile chez Barbara[7].

Pour Patrick Bruel (qui a repris le titre en 2015 sur l'album Très souvent, je pense à vous…), « L'Aigle noir aurait pu faire référence à l'emblème du Troisième Reich. » Une interprétation considérée comme « possible puisque Barbara, issue d'une famille juive alsacienne, était âgée d'une dizaine d'années pendant l'Occupation. Ses parents ont fui sous le régime de Vichy, et la famille s'est réfugiée en Isère pendant les deux dernières années de la guerre »[8].

Musiciens

Arrangements, direction et orchestre de Michel Colombier

Reprises

Dans la culture populaire

En bande dessinée

La chanson est illustrée dans l'album Chansons de Barbara en bandes dessinées[9]. Quand la narration dit « C'est alors que je l'ai reconnu », l'oiseau se transforme en homme.

La chanson est parodiée par Marcel Gotlib dans un album de la bande dessinée Rubrique-à-brac[10], l'aigle noir devenant un éléphant rose, au cours d'un rêve sous l'influence de l'alcool : Barbara rend visite un après-midi (vers 16 heures) à un ami. Ce dernier, sorti de son lit, se réveille avec la gueule de bois et lui raconte l'étrange histoire qui lui est arrivée alors qu'il rentrait chez lui au petit matin après sa nuit de beuverie : marchant, il s'est retrouvé seul près d'un lac, où il s'est endormi. Peu après, il fut réveillé par un éléphant rose « venant de nulle part et semblant crever le ciel… » Il le reconnait alors ! L'éléphant n'est autre que Fanfan la peluche de son enfance. Il le supplie de l'emmener comme avant « cueillir des étoiles, sur un nuage blanc ». L'éléphant rose refuse car il empeste l'alcool et « dans un bruissement d'ailes prend son vol pour regagner le ciel », en maugréant que les enfants ne devraient jamais grandir. En rentrant chez elle, Barbara se remet au piano et, selon la parodie de Gotlib, cette histoire lui inspira la chanson L'Aigle noir.

Sur scène

Dans le sketch des Frères ennemis intitulé L'Aigle noir, l'un des protagonistes tente d'interpréter la chanson tandis que l'autre ne cesse de l'interrompre avec des remarques sur les bizarreries et les incohérences du texte. À la fin ils reçoivent un coup de téléphone de la S.P.A. qui les accuse de « massacrer » ce pauvre aigle.

En , Dieudonné est condamné par le tribunal de grande instance de Paris pour violation du droit moral, pour avoir modifié le titre et les paroles de L'Aigle noir en Le Rat noir ; le tribunal ayant estimé que sa chanson dénaturait l'originale et qu'elle ne pouvait être considérée comme une parodie notamment en raison de la violence des propos tenus[11].

Notes et références

  1. Fabien Lecœuvre, Le petit Lecœuvre illustré, Éditions du Rocher, , p. 83.
  2. Alain Wodrascka, Barbara. Parfums de femme en noir, Carpentier, , p. 141.
  3. Marine Poyer, « Mistral Gagnant de Renaud, chanson préférée des Français » », sur Elle, .
  4. « Un grand aigle, aux longues ailes, aux ailes déployées, couvert de plumes de toutes couleurs, vint sur le Liban, et enleva la cime d’un cèdre. » (La Bible, traduite par Louis Segond, livre d'Ézéchiel, 17,3.)
  5. Philippe Grimbert, Psychanalyse de la chanson, Paris, Hachette, coll. « Pluriel psychanalyse », , 338 p. (ISBN 2-01-279089-5), p. 61.
  6. Michel Cazenave, « L’aigle noir – dire avec les mots ce que les mots ne peuvent pas dire ».
  7. Joël July, Les mots de Barbara, Publications de l'Université de Provence, , p. 280.
  8. L'histoire secrète de L'Aigle noir, Le Figaro, 2015
  9. Présentation de l'album sur BDfugue.
  10. Rubrique à brac tome 5, Gotlib, titre Chanson d'aujourd'hui, page 38 et 39, 1974, Dargaud Éditeur.
  11. Pierre-Emmanuel Mesqui, « Dieudonné condamné pour avoir parodié L'Aigle noir de Barbara », Le Figaro, 22 janvier 2015, consulté le 16 mars 2015.
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