Léon Zitrone

Léon Zitrone, né le à Pétrograd (aujourd'hui Saint-Pétersbourg)[1] en Russie et mort le [1] à Paris 5e[1],[2],[3], est un journaliste français, animateur de télévision et de radio, par ailleurs commentateur télévisé dans plusieurs domaines.

Léon Zitrone

Léon Zitrone (à gauche) aux côtés de Claude Fayard (au centre) et de Jean Gabin (à droite).

Surnom Big Léon, Gros Léon[1]
Naissance
Pétrograd, Empire russe
Décès
Paris 5e, Île-de-France, France[2]
Nationalité Française
Profession Journaliste radio/télévision
Spécialité Présentateur de journal
Autres activités Animateur de télévision
Commentateur d’évènements télévisuels
Commentateur sportif
Médias
Pays France
Média Télévision
Radio RTL
Télévision Première chaîne de l'ORTF
TF1
Antenne 2

Surnommé Big Léon ou Gros Léon[1], il est, durant de longues années, l'un des interlocuteurs privilégiés des téléspectateurs français, tout d'abord en présentant le journal télévisé, de 1959 à 1975, mais aussi en commentant en direct de nombreux événements télévisés, mondains, populaires ou sportifs[1].

Jeunesse et formation

Né en Russie à Pétrograd (aujourd'hui redevenue Saint-Pétersbourg), Léon Zitrone arrive en France à l'âge de six ans avec ses parents, Rodolphe-Romain Zitrone, né en 1889, juif assimilé, et Catherine Hawkins, née en 1891[4]. Au moment où la révolution russe éclate, la famille Zitrone se trouve en Suède, ses parents décident de ne pas retourner en Russie et de venir en France[5].

Son père, qui a une formation d'ingénieur chimiste[4] devient tailleur et, à partir de 1923, ouvre une boutique à Paris 16e arrondissement appelée « La Clinique du vêtement », faisant des réparations, des nettoyages et des mises à la taille[6].

Après des études au lycée Janson-de-Sailly où il est le souffre-douleur de ses camarades qui le traitent de « métèque »[7], il effectue des études supérieures à la faculté de droit de Paris[1] et à l'Institut de chimie[8]. Il est, à sa demande, naturalisé français le [9].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé au 201e régiment d'artillerie lourde divisionnaire motorisé (issu du dédoublement du 1er régiment d'artillerie divisionnaire motorisé), équipé en canons de 155 court. Il sert dans la 15e division d'infanterie motorisée du général Juin au sein du 4e corps d'armée de la 1re armée entrant en Belgique en réaction à l'invasion allemande du . Il participe aux combats de Gembloux, du 14 au , pour lesquels il sera décoré de la médaille militaire pour « acte de bravoure exceptionnel[10] ». Il est touché par un obus à Charleroi, tue un soldat allemand à La Louvière et est fait prisonnier à Lot en Belgique. Il s'évade de Braine-l'Alleud en et se cache à Uccle[note 1],[11]. Pendant l'Occupation, son père est arrêté le pour « menée antinazie » et envoyé en janvier 1943 dans un camp de travail à Oranienburg (Allemagne), dont il s'évade grâce à l'aide d'un officier autrichien, Reinhold Boehm, tombé amoureux de sa fille Irène (sœur de Léon Zitrone). Conséquence de l'évasion de son mari, la mère de Léon Zitrone est arrêtée le et détenue à Drancy, où elle se retrouve dans la même cellule que les Dassault, et dont elle est libérée le , tandis que leur fille se cache[12].

En 1945, il entre au ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés puis, renonçant à devenir fonctionnaire, il aide son père dans ses « Cliniques du vêtement »[13].

Il est diplômé [Quand ?] de l'École supérieure de journalisme de Paris[14].

Carrière dans les médias

Journaliste et présentateur de journaux

En 1948, Léon Zitrone entre à la Radiodiffusion française au service des « émissions vers l'Amérique du Nord » où, grâce à sa maîtrise du russe, du français, de l'anglais, de l'allemand et de l'italien, il est engagé par Pierre Emmanuel[13].

L'année 1954 marque sa première apparition à la télévision dans l'émission Économie et Industrie. Sa première collaboration au journal télévisé date du , il y commente des images prises à l'hippodrome de Longchamp[13]. Tout au long de sa carrière, il continuera de commenter régulièrement des courses hippiques, notamment le tiercé dès 1959[15], succédant à Georges de Caunes qui l'a présenté à partir de 1956[16].

À partir de 1959[1], il devient présentateur du journal télévisé, fonction qu'il va exercer au total plus de 15 ans où il devient populaire en France. Tout d'abord jusqu'en 1975[1], sur la première chaîne de l'ORTF (devenue TF1), puis sur Antenne 2. Jean-Pierre Elkabbach le rappellera en 1979 à plus de 64 ans où il prend en charge les JT du week-end dès le . Il reviendra pour ces JT également lors du week-end de Pâques, comme il le dit lui-même dans son au revoir du , date de la fin de son contrat[1].

Ses qualités de diplomatie (il est l'interlocuteur principal d'Alain Peyrefitte lorsque celui-ci se présente au public comme ministre de l'Information) le fait parfois accuser de compromis excessifs, comme son style de commentateur, désigné par les critiques comme des « symphonies d'exclamations et fanfares d'adjectifs laudatifs, pompeux commentaires[1] ». Claude Darget lancera : « Léon Zitrone parle couramment trois langues : le français, le russe et le serve »[note 2]. Jean-Edern Hallier, dans sa volonté provocatrice, alla jusqu'à dire : « Zitrone, ce vieux larbin[17] ». À sa mort, le député RPR Michel Péricard[note 3] dit de lui : « Un journaliste comme Léon Zitrone, on ne pourrait plus en trouver aujourd'hui. Il était très institutionnel, et respectueux des pouvoirs établis[1] ».

Animateur de télévision et commentateur

Mais la popularité de Léon Zitrone est aussi due aux émissions qu'il anime ou co-anime. Entre 1962 à 1964, il co-anime en compagnie de Guy Lux le jeu télévisé Intervilles[1], puis Interneige entre 1964 et 1968 suivi des Jeux sans frontières en 1965 et 1966 dont il commente certaines émissions jusqu'en 1971.

Il a commenté à six reprises le Tour de France cycliste, dont les téléspectateurs ont retenu sa bonne mémoire des noms des coureurs. Il assure aussi la présentation des Jeux olympiques à huit reprises et présente seize défilés militaires du 14 juillet[18].

En 1969, il devient le premier représentant de la France au jeu-divertissement : Le Francophonissime.

Il est aussi connu pour être le commentateur-clé des grands évènements, notamment les mariages, décès et investitures des grands de ce monde, une trentaine dans sa carrière[1] mais pas le couronnement de la reine Élisabeth II d’Angleterre en 1953 (erreur fréquemment commise, ce commentaire ayant été assuré par Jacques Sallebert).[réf. souhaitée] Il commente notamment le mariage de Fabiola avec le roi Baudouin de Belgique[1] et celui d'Anne d'Angleterre[1], l'enterrement de Winston Churchill[1] ou d'Anouar el-Sadate[1], ainsi que la cérémonie d'hommage national au général de Gaulle à la cathédrale Notre-Dame de Paris[19] et converse même en russe avec Brejnev[1] et Khrouchtchev[1].

Passionné de chevaux, lors de ses commentaires de courses hippiques, comme le prix d'Amérique, il imprime sa marque[1], une passion qu'il garde toute sa vie, à tel point que, selon, Thierry Roland, « il avait une peur panique qu'on lui retire les courses[1] ».

Pour le concours Eurovision de la chanson, il assure la présentation en anglais ainsi que les commentaires de l'édition 1978 qui a lieu en direct du Palais des congrès de Paris aux côtés de Denise Fabre. Il commente à nouveau celui-ci lors des éditions de 1983, 1984 et 1991.

À la radio

À la radio, sur RTL en 1975, Léon Zitrone présente L'heure Z, un rendez-vous quotidien d'information de 8 h à 9 h[20]. En 1976, il anime Appelez, on est là, aux côtés d'Évelyne Pagès[21]. Très cultivé, il sait aussi faire preuve d'un humour ravageur, talent qu'il montrera en étant l'un des invités de référence des Grosses Têtes de RTL[1].

Dans le monde des médias, Léon Zitrone restera par ailleurs longtemps réputé pour sa pingrerie[1],[note 4] et son mauvais caractère légendaire[1].

Autres activités

En 1960, Léon Zitrone tient comme acteur le rôle principal aux côtés de Jean Rochefort et Jean Gaven dans le film Vingt mille lieues sur la terre, le tournage lui donne l'occasion de retourner dans sa Russie natale.

Par ailleurs, il participe à une vingtaine de long métrages et plusieurs séries télévisées dans des petits rôles, souvent de journalistes ou de commentateurs.

Vie privée et décès

Tombe de Léon et Jacqueline (Laura) Zitrone au cimetière de Levallois-Perret.

Léon Zitrone se marie le [13] à Jacqueline Connan (1922-1999)[22], surnommée Laura[1], avec qui il a eu trois enfants : Marie-Laurence (née en 1950), Béatrice (née en 1951) et Philippe (né en 1954)[1].

Il meurt à l'âge de 81 ans (le jour de son anniversaire) le , à l'hôpital du Val-de-Grâce de Paris où il est hospitalisé depuis quelques jours, des suites d'une hémorragie cérébrale[1],[2],[23]. Il repose au cimetière de Levallois-Perret[1].

Personnalité et notoriété

Léon Zitrone parle un français cultivé, simple et littéraire[1], tel qu'il serait écrit. « Gros travailleur[1] », il est capable de prolonger ses commentaires plusieurs heures durant si la situation l’exige, sans monotonie ni répétition, aidé de ses fidèles fiches[1].

Il est aussi connu pour certaines citations :

« Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi[24] ! »

« La popularité, c'est d'éternuer à l'écran et de recevoir le lendemain des centaines de cartes postales avec écrit : à vos souhaits[25]. »

« Figure de marbre, voix de bronze », comme le définit un jour son camarade de télévision Pierre Tchernia[1], Léon Zitrone a été l'une des incarnations de la télévision pendant plusieurs décennies aux yeux du grand public français[1]. Le général de Gaulle a d'ailleurs dit à ce sujet : « Léon Zitrone est peut-être plus connu que moi[1] ».

Filmographie

Cinéma

Animateur

Intervenant

Séries télévisées

Publications

Distinctions

Récompenses

Hommages en bande dessinée

Dans l'album Au rendez-vous des cyclistes (1963) de la bande dessinée Signor Spaghetti, le dessinateur Dino Attanasio donne les traits de Léon Zitrone à un commentateur sportif, micro en main, pour l'arrivée d'une course cycliste[26].

La Martingale céleste (1989), 17e album du Vagabond des Limbes, met en scène le personnage de Ze-Trône, « le roi des présentateurs de télévid », dont le physique n'est pas sans rappeler celui de « Gros Léon »[27].

Notes et références

Notes

  1. Déclaration de Léon Zitrone aux Grosses Têtes de février 1985.
  2. Dans sa biographie Big Léon.
  3. Michel Péricard exerça à plusieurs reprises dans les directions des chaînes de télévision publiques pendant les années 1970. Source : article de Libération du .
  4. Parfois justifiée : dans sa biographie Big Léon, il s'indigne qu'on ne lui ait pas remboursé le plafond ordinaire d'un repas du soir au prétexte que celui-ci comprenait des mets fins.

Références

  1. Odile Benyahia-Kouider, « Un Z qui voulait dire Zitrone. Le plus royal des commentateurs télé est mort samedi, jour de ses 81 ans », Libération, (lire en ligne).
  2. « Léon Zitrone, l'homme qui fit battre le cœur de la télé », Le Figaro.fr, 17 octobre 2012.
  3. Insee, « Acte de décès de Léon Zitrone », sur MatchID
  4. Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
  5. « Almanach de la Télévision », Télé 7 Jours, année 1963 : « Le père de Léon, Romain Zitrone, était ingénieur des mines et, de ce fait, la famille voyageait beaucoup. En 1917, lors des journées historiques de la révolution d'Octobre, les Zitrone se trouvaient en Suède. Plutôt que de retourner en Russie, ils décidèrent de venir en France. »
  6. Télé 7 Jours no 71, semaine du 29 juillet au 4 août 1961 : « le père de Léon est propriétaire de "La Clinique du Vêtement" (réparations, mises à la mesure) à Auteuil. » et Télé 7 Jours no 104, semaine du 17 au 21 mars 1962 : « son père lui donne des conseils sur l'art de s'habiller : il est tailleur à Passy. »
  7. « Almanach de la Télévision », Télé 7 Jours, année 1963 : « À 9 ans, il était le souffre-douleur de ses camarades du lycée Janson-de-Sailly. Ceux-ci le traitaient de "métèque" parce que le 25 novembre 1914, il était né à Saint-Pétersbourg. »
  8. Doan Bui et Isabelle Monnin. Ils sont devenus français. Dans le secret des archives. Jean-Claude Lattès, 2010, p. 162 : « Comme le souligne l'Institut de chimie, il est bon élève, travailleur et sérieux. »
  9. Doan Bui et Isabelle Monnin. Ils sont devenus français. Dans le secret des archives. Jean-Claude Lattès, 2010, p. 162
  10. Dominique Lormier, Les victoires françaises de la Seconde Guerre mondiale, p. 61.
  11. « Les ultimes obsèques de big Léon Zitrone : fin d'une vie de télévision entre gotha, sports, jeux et actualité », sur Le Soir.be, .
  12. Doan Bui et Isabelle Monnin. Ils sont devenus français. Dans le secret des archives. Jean-Claude Lattès, 2010.
  13. « Almanach de la Télévision », Télé 7 Jours, 1963.
  14. « Histoire de l'ESJ Paris »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur esj-paris.com (consulté le )
  15. « Hippisme, tiercé à Vincennes », séquence du journal télévisé, , RTF, Inamediapro, no notice CAF95011369
  16. « Le tiercé, 60 ans de saga », sur leparisien.fr, (consulté le )
  17. « Zapping : phrases cultes de la télévision 19/03/2010 », sur www.ina.fr (consulté le )
  18. Claude Quétel, Le Mythe du 14 juillet, Paris, Jean-Claude Lattès, 2013, 430 p., (ISBN 9782709644983), p. 9.
  19. Évelyne Cohen et André Rauch, « Le corps souverain sous la Cinquième République : Les funérailles télévisées du général de Gaulle et de François Mitterrand », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 88, , p. 77-93 (lire en ligne).
  20. Télé 7 Jours no 806, semaine du 25 au 31 octobre 1975, p. 121
  21. Julien Lalande, « RTL : Evelyne Pagès est décédée », sur PureMédias,
  22. Stephen Taylor, Who’s who in France, Levallois-Perret, Jacques Lafitte, 1994, 1799 p., (ISBN 978-2-85784-031-2)
  23. « Ces célébrités mortes le jour de leur anniversaire », sur Le Dauphiné libéré,
  24. La citation sur le site L'Internaute.com (consulté le 16 août 2015).
  25. La citation sur le site L'Internaute.com (consulté le 16 août 2015).
  26. Dino Attanasio (d), René Goscinny (s), Signor Spaghetti, album Au rendez-vous des cyclistes, 1963, planche 28.
  27. Julio Ribera (d), Christian Godard (s), Le Vagabond des Limbes, album La Martingale céleste, 1989.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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