Kirill Lemokh

Kirill Vikentievitch Lemokh (en russe : Лемох, Кирилл Викентьевич), né le à Moscou en Russie et mort le à Saint-Pétersbourg en Russie est un peintre russe.

Biographie

Le Karl Johann Lemoch, 3e enfant de Viktor Lemokh professeur de musique d'origine allemande et d'Elisabeth Karlovna Shildbakh voit le jour à Moscou où il passera son enfance Plus tard il adoptera le prénom orthodoxe Kirill plus harmonieux pour les oreilles russes [1].

De 1851 à 1856, il étudie à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou sous la direction d'Igor Vassiliev et d'A. E. Sorokine.

De 1858 (1856 selon deux autres sites) à 1863, il entre à l'Académie impériale des beaux-arts à Saint-Pétersbourg dans la classe de peinture historique de Piotr Bassine (ru) et d'Alekseï Markov (ru) et pendant un certain temps dans l'atelier d'Ivan Aïvazovski. Il y reçoit de nombreuses médailles : en 1859 une petite médaille d'argent pour une esquisse, en 1860 une petite et une grande médaille pour une esquisse et une peinture, en 1861 une grande médaille d'argent pour un dessin et en 1863 il remporte la petite médaille d'or de l'Académie et son diplôme pour Moïse puisant de l'eau d'un rocher [2]. Médaillé il est sélectionné pour participer au concours de la grande médaille d'or qui permet d'obtenir une bourse financée par le ministère de la cour impériale pour un voyage d'étude en Italie d'une durée de six ans. Pour le 100e anniversaire de la création de l'Académie le conseil académique modifie les règles de l'épreuve et soumet les peintres de peinture de genre aux règles réservées auparavant aux peintres de peinture d'histoire qui ne choisissent pas leur sujet. Cette initiative provoque du mécontentement et l'envoi d'une pétition que Karl Lemokh signe avec les treize autres élèves concernés. Leur réclamation est prise en considération mais les étudiants n'étant pas prévenus du succès de leur démarche écrivent au vice-président de l'Académie qui ne répond pas. Déterminés, lorsque les quatorze reçoivent leur sujet, le , Un banquet au Walhalla treize candidats dont Lemokh fait partie quittent l'Académie. Cet événement appelé Révolte des Quatorze a pour, entre autres conséquences la fondation de l'Artel des artistes. Cet aléa ne l'empêchera pas d'obtenir en 1865 un certificat lui donnant le droit d'enseigner la peinture dans les établissements d'enseignement supérieur et chose surprenante l'administration ne s'opposera pas, par la suite, à ce que huit des quatorze «protestants» obtiennent des responsabilités élevées.

En conséquence, comme ses camarades, ne pouvant bénéficier de la bourse qui pourrait lui permettre d'aller en Italie, il doit se débrouiller pour gagner sa vie. En revanche il n'a pas, comme d'autres, de problèmes pour se loger car il habite déjà à Saint-Pétersbourg, dans l'Île Vassilievski, au quatrième étage d'une maison où il a aménagé un atelier ce qui lui permet de peindre mais aussi de recevoir quotidiennement des amis peintres, universitaires, scientifiques. Ivan Kramskoï a l'idée de créer une coopérative qui s'appelle comme cité précédemment, l'Artel des artistes dont Kirill Lemokh devient l'un des membres en 1868. Les quatorze se retrouvent dans un local qui se trouve aussi dans l'Île Vassilievski où certains peuvent loger mais tous travailler, mettre en commun leurs talents, leurs idées et leurs moyens. Pour gagner les revenus du travail nécessaires à leur existence, ils placent des annonces dans la revue Bulletin de Saint-Pétersbourg afin d'informer les lecteurs qu'ils donnent des cours privés de peinture et des cours collectifs de dessin et invitent les amateurs à des séances de lecture d'écrits sur l'art. Dans ce contexte Lemokh vend des leçons dans des familles aristocratiques ce qui, sans doute, lui permet de voyager à travers l'Europe en 1864. L'été il le passe à Khovrino où il a construit un atelier [3].

En 1868, il présente à l'exposition de l'Académie des arts son tableau Le Chagrin familial pour lequel il reçoit le titre d'artiste de classe du 1er degré et deux ans après avec Grigori Miassoïedov il fonde l'association des Ambulants mais l'année suivante il en est exclu pour violation de la charte à savoir : absence de présentation d'une œuvre pour l'ouverture d'une exposition. En 1878 il en redevient membre puis en 1879 membre du conseil d'administration, en 1880 trésorier permanent pour son impeccable honnêteté et sa gestion scrupuleuse des finances. Il conserve les archives de l'association et rend compte de tous les revenus et dépenses liés à l'organisation des expositions et les vérifie tous les jours dans son atelier.

En 1875, il soumet au jury lors de l'exposition organisée par l'Académie sept tableaux dont Le Patron, Le Travailleur de demain, Le Matin, dans une loge de concierge en Suisse, Fille avec un chaton, Étude de vieille femme, Femme au berceau pour lesquels il reçoit le titre d'académicien de l'Académie impériale des beaux-arts. Il enseigne le dessin et la peinture aux enfants d'Alexandre III : à Nicolas Alexandrovitch qui deviendra le dernier tsar de toutes les Russies et à Olga Alexandrovna qui continuera à peindre toute sa vie. Quelquefois le grand père Alexandre II vient discuter avec Kirill Lemokh car son talent très apprécié par la famille impériale ce qui lui permet de vendre ses travaux à un bon prix, de se faire une clientèle dans les milieux aristocratiques et de bénéficier d'une pension viagère. Ainsi il peut vivre sans la crainte du lendemain. En 1893, il est élu membre du comité artistique de l'Académie et de la commission du bureau de la mosaïque fonctions pour lesquelles il reçoit une pension et deux ans plus tard il est élu au conseil d'administration pour un mandat de cinq ans. De 1897, 1901 selon une autre source, à 1909, c'est-à-dire jusqu'à sa retraite, il occupe le poste de directeur (ou conservateur) du département des beaux-arts du Musée russe de S.M.I. Alexandre III.

Cependant ces bonnes conditions matérielles ne le mettent pas à l'abri des épreuves : sa fille Varvara qui s'était mariée avec Vladimir Mendeleïev, le fils de son ami Dmitri Mendeleïev perd son fils alors qu'il n'a que trois ans et devient veuve très tôt car son mari meurt à trente trois ans en 1898. En mémoire de son seul petit fils disparu si vite il fait ouvrir à grand frais une école diocésaine près de l'église de son village. En 1904, c'est son épouse qui disparaît alors il quitte Khovrino pendant cinq ans qui n'est plus pour lui que le décor où manque ce qui lui donnait vie. Il y revient en 1909 après un voyage en Italie et envisage de réparer son atelier tombé en ruine pendant son absence. Il va recommencer comme il le faisait auparavant à peindre des scènes de la vie des paysans russes et de leurs enfants dont il a été très proche et qu'il connaissait tous. Il avait représenté les souffrances, les conditions de vie parfois terribles, les drames familiaux mais aussi les joies de ce peuple qu'il nous a rendu si sympathique. On doit dire aussi qu'il ne s'est pas contenté de les peindre mais il les a aussi aidés. Par exemple, il a payé la construction d'un puits pour éviter que les habitants du village boivent l'eau sale du ruisseau, il a fait reconstruire des maisons détruites par des incendies pour éviter que les victimes vivent dans des huttes, donné de l'argent aux gens les plus démunis, acheté une vache à une famille lorsqu'il a appris par un de ses enfants qui lui servait de modèle qu'elle ne buvait pas de lait parce qu'elle ne le pouvait pas.

Kirill Lemokh meurt le à Saint-Pétersbourg où ses funérailles se déroulent dans l'église de l'Académie impériale des arts avant d'être enterré dans le cimetière du monastère de Kazan Golovinski (ru).

Œuvres

Quelques œuvres pouvant être vues dans des musées publics [4].

  • 1873 : Garçon avec un chien. Huile sur toile.  Musée des beaux-arts de la République de Carélie (ru) à Petrozavodsk.
  • 1874 : Le Matin, dans une loge de concierge en Suisse. Huile sur toile. 52 × 40 cm. Galerie Tretiakov à Moscou.
  • 1874 : Cour paysanne. Huile sur toile. 42 × 52 cm. Musée des beaux-arts du Daghestan nommé P. S. Gamzatoï (ru) à Makhachkala.
  • 1878 : L'Orphelin. Galerie Tretiakov à Moscou [5].
  • 1880 : La Fille sur l'aire. Huile sur toile. 71,2 × 46,2 cm. Palais de Gatchina d'état et parc-musée réserve.
  • 1881 : Mendiant. Huile sur toile. 52 × 25 cm. Galerie d'art d'état Alexandre Deïneka (ru) à Koursk.
  • 1882 : Portrait d'Andrei Igelström (fi). 16 × 10,5 cm. Galerie nationale de Finlande à Helsinki
  • 1883 : Fille avec des fleurs. Huile sur toile. 55,8 × 30,4 cm. Musée d'Art Radichtchev à Saratov.
  • 1885 : Nouvelle Connaissance. Huile sur toile. Musée russe à Saint-Pétersbourg.
  • 1885 : Lycéen. Huile sur toile. 17,6 × 11,3 cm. Galerie Tretiakov à Moscou.
  • 1886 : Enfant au piano. Huile sur toile. 34 × 40 cm. Musée à Arkhangelsk.
  • 1886 : Portrait du Grand-Duc Serge Alexandrovitch de Russie en train de lire à Ilynskoe. Musée historique d'État de Moscou.
  • 1887 : La Mort du père dans une isba. Musée d'Orsay à Paris.
  • 1888 : Plus de pain. Huile sur toile. 41 × 62,5 cm. Musée des Beaux-Arts à Simferopol.
  • 1889 : Convalescence. Huile sur toile. 67,5 × 83 cm. Galerie d'art du Kraï du Primorié à Vladivostok
  • 1890 : Eté. Salutations. Huile sur toile. 84 × 67 cm. Musée national d'art d'Azerbaïdjan Roustam Moustafaïev à Bakou. (Musée russe selon une autre source).
  • 1890 : Le Nouveau Membre de la famille. Huile sur toile. Galerie de peinture d'État Pavel Dogadine (ru) à Astrakhan.
  • 1890 : Paysanne. Huile sur toile. 21,5 × 10 cm. Palais de Gatchina d'état et parc-musée réserve.
  • 1893 : Les Filles. Huile sur toile. 58 × 48 cm. Galerie régionale picturale Constantine Savitski à Penza.
  • 1893 : Varka. Huile sur toile. 67 × 53 cm.  Association des musées d'État "La culture artistique du nord de la Russie.
  • 1893-1894 : Sur le banc. Varka. Huile sur panneau de bois, sur toile selon une autre source. Galerie de peinture de l'oblast de Vologda à Vologda.
  • 1894 : Le Mari ivre. Huile sur toile. musée d'art de Taganrog à Taganrog.
  • 1897 : Où est-ce qu'ils trainaient ?. Huile sur toile. 37,5 × 46,3 cm. Musée national des Beaux-Arts de Biélorussie à Minsk.
  • 1898 : Sans soutien de famille. Huile sur toile. Musée russe à Saint-Pétersbourg.
  • 1900 ; Futur Serrurier. Huile sur carton. Musée national des Beaux-Arts de Biélorussie à Minsk.
  • 1901 : Fille. Aquarelle sur papier. 22 × 14 cm. Musée national tchouvache à Tcheboksary.
  • Début 1910 : La Joie des parents. Huile sur toile. 40 × 51 cm. Musée d'art régional à Kalouga.
  • Début 1910 : Jeunes Joueurs. Huile sur toile. Musée russe à Saint-Pétersbourg.
  • Début 1910 : Grand-mère et Petite Fille. Huile sur toile. Galerie Tretiakov à Moscou.

Galerie

Références

  1. « Lemoh Kirill (Karl) Vikentievich (Russie, 1841-1910) .. Discussion sur LiveInternet – Journaux en ligne des services russes », sur DE LA GRANDE VADROUILLE A LA LONGUE MARGE, (consulté le ).
  2. (en) « Artist Lemokh Kirill Vikentievich », sur artinvestment.ru (consulté le ).
  3. https://www.dartesro.sk/?act=autor&id=3504&lang=sk
  4. http://artpoisk.info/artist/lemoh_kirill_vikent_evich_1841/gallery/
  5. « Kirill Lemokh », sur TheFreeDictionary.com (consulté le ).

Liens externes

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