Arkhangelsk

Arkhangelsk (en russe : Архангельск) est une ville portuaire de Russie et la capitale administrative de l'oblast d'Arkhangelsk. Sa population s'élève à 346 979 habitants en 2020.

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Arkhangelsk
(ru) Архангельск

Héraldique

Vue plongeante du centre d'Arkhangelsk dans l'obscurité, depuis un immeuble de grande hauteur.
Administration
Pays Russie
Région économique Nord
District fédéral Nord-Ouest
Sujet fédéral Oblast d'Arkhangelsk
Maire Viktor Pavlenko
Code postal 163000 — 163071
Code OKATO 11 401
Indicatif (+7) 818
Démographie
Population 346 979 hab. (2020)
Densité 1 179 hab./km2
Géographie
Coordonnées 64° 33′ nord, 40° 32′ est
Altitude 10 m
Superficie 29 442 ha = 294,42 km2
Fuseau horaire UTC+04:00
Cours d'eau Dvina septentrionale
Divers
Fondation 1584
Statut Ville depuis 1584
Ancien(s) nom(s) Novokholmogory
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Russie
Arkhangelsk
Géolocalisation sur la carte : Oblast d'Arkhangelsk
Arkhangelsk
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
Arkhangelsk
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
Arkhangelsk
Liens
Site web www.arhcity.ru
Sources

    Géographie

    La ville d'Arkhangelsk est située à l'embouchure de la Dvina septentrionale, à environ 25 km de la mer Blanche, à 591 km au sud-est de Mourmansk, à 735 km au nord-est de Saint-Pétersbourg et à 990 km au nord de Moscou[1].

    Histoire

    Le port sur la Dvina en 1894, par Constantin Korovine.
    En 1918 ou 1919, le navire-hôpital du Royaume-Uni SS Kalyan (en) à Arkhangelsk.

    Le territoire où se situe actuellement Arkhangelsk est connu des Vikings sous le nom de Bjarmeland. D'après les récits de voyage de Ottar de Hålogaland, des constructions existent déjà à l'emplacement supposé de la future Arkhangelsk, vers l'an 800. D'après l'historien islandais Snorri Sturluson, un raid viking mené par Thorir Hund (en) vise cette même zone en 1027.

    Au XIIe siècle, des moines de Novgorod fondent le monastère de l'Archange-Michel à l'estuaire de la Dvina septentrionale.

    L'origine de cette ville s'explique par le manque de façade maritime navigable pour la Russie. Effectivement les deux seuls autres débouchés sont la Baltique et la mer Noire. La première ne sera véritablement une interface avec le monde qu’avec la construction de Saint-Pétersbourg sous Pierre le Grand. Pour la seconde, les guerres quasi perpétuelles avec l'Empire ottoman, bloquent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l'accès à la mer Méditerranée et donc au commerce international. Les conflits qui l’opposent à ses puissants voisins ottomans et suédois ne permettent pas à la Russie de s’installer de façon durable sur ces deux rivages. Le problème de l'isolement de la Russie se pose aussi aux états européens.

    En effet, au moment où le futur Empire russe entame une phase d'expansion territoriale qui ne se terminera qu'après plusieurs siècles, les Turcs prennent Constantinople, fermant (pour un temps) aux États européens l'accès terrestre traditionnel à la route des Indes. Les voies maritimes nouvellement découvertes, qui conduisent vers la Chine et l’Inde, ne peuvent pas être pleinement utilisées car les Portugais et les Espagnols gardent la mainmise sur celles-ci. Ainsi, Anglais, Français, Hanséates, Hollandais, Génois et Vénitiens s'efforcent d'obtenir l'autorisation de traverser les États de l'Est de l’Europe. Cependant le roi du Danemark, qui est le maître des détroits grâce à sa suzeraineté sur la Norvège, n'autorise le passage dans ses eaux sans le paiement de fortes taxes. Il faut donc trouver une voie depuis la mer Blanche jusqu'au théâtre du commerce européen.

    Ce sont David Koch et Grégori Zitoma qui, les premiers, vont reconnaître la mer Blanche sous les ordres du tsar. Ils partent de la mer Blanche et atteignent Trondheim, le grand port de la Norvège septentrionale. Mais c'est seulement plus de cinquante ans plus tard, le 10 mai 1553, que trois petits navires anglais partent du port de Ratcliffe sur la Tamise. Le 24 août 1553, Richard Chancellor, à la tête de l'Edward-Bonaventure, arrive à l'embouchure de la Dvina septentrionale, près du monastère de Saint-Nicolas. Le Tsar le reçoit en audience solennelle et lui remet une lettre destinée au roi Édouard VI dans laquelle il promet de faire un bon accueil aux marchands anglais qui désireront se rendre dans ses États. De retour en Angleterre, les armateurs de l'expédition obtiennent de la reine Marie une charte qui leur assure le privilège de commercer avec la Russie, cette compagnie prend le nom de Merchant adventurers of England the discoveries of lands, territories, isles, dominions and seigneuries unknow and not before that late entreprise by sea or navigation commonly frequented, désignée plus ordinairement la Moscovy Compagny. Ainsi l'Angleterre obtient dès les premiers temps du commerce en mer Blanche, une place privilégiée voire hégémonique. L'Angleterre exporte des draps apprêtés et teints (le principal article de commerce), des cotonnades, des étoffes de soie, des eaux de vie, du sucre, des médicaments, de la vaisselle, des fruits secs, des instruments de musique et aussi des armes, des munitions, du plomb et du cuivre au grand désarroi des adversaires polonais et suédois du tsar qui ne manquent pas de s'en plaindre.

    Le commerce en mer Blanche est ainsi l’œuvre conjuguée d’une exploration préalable de la part des Russes, exploration qui bien des années plus tard arrive à l’oreille de marchands anglais audacieux, qui entreprennent la reconnaissance et l’ouverture d’une nouvelle voie maritime vers la Russie : la première de cette importance pour une Russie avide de contacts avec l’Occident.

    Petit à petit un lieu d'étape se développe en amont de Saint-Nicolas autour du monastère de Saint-Michel-l'Archange. Des magasins y sont établis pour recevoir les marchandises apportées par les étrangers et celles débarquées par les Russes, descendant la Dvina septentrionale. On note l'élevage d'une race spécifique de vaches nordiques à Arkhangelsk[2] dont la viande fait probablement l'objet d'une exportation, même limitée. Arkhangelsk fait partie d'une zone de forte densité démographique qui se situe le long de la Dvina septentrionale jusqu'à Moscou et est l'une des villes les plus importantes de l'empire russe[3].

    En 1584, Ivan le Terrible ordonne ainsi la fondation de Novokholmogory Nouvelle Kholmogory »), qui adopte plus tard un nom inspiré du monastère voisin : ville de l'archange ou Arkhangeslki Gorod, qui donne par la suite Arkhangelsk.

    En 1693, Pierre le Grand décide la création d'un chantier naval, si bien qu'au début du XVIIIe siècle, Arkhangelsk devient la capitale de la construction navale russe. Elle était la seule place maritime commerçante de la Russie avec l'Europe, avant la fondation de Saint-Pétersbourg en 1703. En 1708 la ville devient le chef-lieu d'un des huit nouveaux gouvernements de l'Empire russe, le gouvernement d'Arkhangelogorod qui deviendra en 1796 après plusieurs réformes le gouvernement d'Arkhangelsk.

    Durant la guerre de Crimée, la ville est la cible de plusieurs expéditions navales franco-anglaises. Celles-ci visent à mettre en place un blocus en mer Blanche afin d'empêcher toute opération commerciale de la Russie durant la guerre[4].

    Arkhangelsk est un point d'approvisionnement allié pendant la Première Guerre mondiale. C'est notamment là que débarque le corps expéditionnaire des Auto-canons envoyé par la Belgique pour se battre au côté de l'armée russe[5]. Le 15 octobre 1917, le premier transport de légionnaires tchèques et slovaques partit d’Archangelsko, à destination des champs de bataille français de la Première Guerre mondiale[6]. Pendant la guerre civile (1918-1920), les Blancs font de la ville la capitale d'un éphémère oblast du Nord antibolchévique, où ils reçoivent le soutien de puissances européennes et des États-Unis lors de l'intervention en Russie septentrionale[7]. En , après avoir vaincu les Blancs et contraint les forces de l'intervention étrangère à se retirer, le pouvoir soviétique s'établit à Arkhangelsk.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est l'une des destinations  avec Mourmansk et Severodvinsk  des convois de l'Arctique alliés destinés à approvisionner les Soviétiques.

    C'est aujourd'hui une importante région de pêche et de production de bois.

    Population

    Recensements (*) ou estimations de la population[8]

    Évolution démographique
    1811 1840 1856 1863 1897 1913 1914 1923
    11 0009 60015 20020 20020 88235 40036 90053 300
    1926 1939 1959 1970 1979 1989 2002 2010
    71 091251 000256 309342 590385 028415 921356 051348 783
    2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
    350 985350 368350 982351 226351 488349 742348 343346 979

    Transport

    Arkhangelsk possède deux aéroports :

    Climat

    Le climat d'Arkhangelsk est subarctique (Dfc dans la classification de Köppen). Les eaux de la mer Blanche qui baignent la ville exercent un effet modérateur sur les températures. L'hiver est froid sans être excessif avec des températures moyennes journalières de −10 °C à −13 °C et l'été est frais et bref avec des températures moyennes journalières de l'ordre de 15 °C. La neige recouvre le sol en moyenne 174 jours par an de la fin octobre à la fin avril. La hauteur de neige peut atteindre 102 cm à la fin de l'hiver (la valeur moyenne est de 45 cm en mars).

    • Température record la plus froide : −45,2 °C (janvier 1885)
    • Température record la plus chaude : 34,4 °C (juillet 1972)
    • Nombre moyen de jours avec de la neige dans l'année : 158
    • Nombre moyen de jours de pluie dans l'année : 125
    • Nombre moyen de jours avec de l'orage dans l'année : 15
    • Nombre moyen de jours avec tempête de neige dans l'année : 14
    • Nombre moyen de jours avec du brouillard dans l'année : 34
    Relevé météorologique d'Arkhangelsk
    Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
    Température minimale moyenne (°C) −17,8 −14,8 −7,6 −4,2 2,4 8,6 10,7 8,3 4,4 −0,7 −8,5 −13 −2,7
    Température moyenne (°C) −13,5 −11,5 −5,3 −0,1 6,5 13,1 15,8 12,9 7,7 1,5 −5,3 −9,8 1
    Température maximale moyenne (°C) −10,8 −7,4 1,2 4,6 11,5 18,5 20,5 16,9 10,8 3,9 −3,4 −6,5 5
    Précipitations (mm) 35 28 28 32 43 60 65 68 60 63 51 44 577
    Source : Le climat à Arkhangelsk (en °C et mm, moyennes mensuelles) Pogoda.ru.net

    Environnement

    En 2019, une décharge destinée à accueillir les déchets de Moscou est en construction. Un demi-million de tonnes de déchets par an y seraient acheminés par train. Un mouvement de protestation citoyen se constitue pour tenter de faire opposition au projet[9].

    Accident nucléaire russe du 8 août 2019 : en 2019, le 8 août vers midi, au large de Nyonoksa, une explosion tue au moins cinq ingénieurs de l'agence nucléaire russe Rosatom travaillant pour le centre de recherche nucléaire du Grand Nord (basé à Sarov, où l'Union soviétique avait mis au point ses premières bombes atomiques). L'explosion aurait aussi fait trois blessés et pourrait avoir été source d'une contamination radioactive de l'environnement (le 12 août, selon le ministre de la Défense russe l'accident n'a pas engendré de “contamination radioactive”, mais la ville de Severodvinsk, à 30 kilomètres de la base, a annoncé avoir « enregistré une brève hausse de la radioactivité » (publication ensuite rapidement retirée). Ce même jour, l’État russe fait savoir que ces personnes travaillaient à tester de « nouveaux armements », et selon Viacheslav Soloviev (directeur scientifique du centre militaire de Sarov) l'accident aurait aussi impliqué un petit réacteur nucléaire. L'agence russe de météorologie cite une augmentation de 4 à 16 fois le taux habituel de la radioactivité de l'air, sans danger pour la santé, selon elle[10][source insuffisante]. La Norvège a détecté des traces d'iode radioactif, à Svanhovd dans une station de mesure proche de sa frontière avec la Russie, du 9 au 12 août [11].[source insuffisante]

    Sport

    Le bandy est le sport le plus populaire de la ville. Vodnik, l'équipe d'Arkhangelsk, a été neuf fois championne de Russie.

    Jumelages

    Personnalités liées à la ville

    Bibliographie

    • Barashkov Yuri : Архангельск. Архитектурная биография (Arkhangelsk, biographie architecturale) (en russe). - Сев-Зап. кн. Изд-во, Аrkhangelsk, 1981. - Réédition : 1984.
    • Barashkov Yuri : Ностальгия по деревянному городу (Nostalgie pour la ville en bois) (en russe ). - Крипто-Логос, Моscou, 1992.
    • Barashkov Yuri : Двинская хроника (La chronique de la Dvina) (en russe). – Оулу, Finlande, 1999.
    • Barashkov Yuri : Арктические конвои в «Настроении» Гленна Миллера. Опыт коллективной памяти (Les convois de l'Arctique dans l'"esprit" de Glenn Miller. Recueil de témoignages) (en russe). - РА «М’Арт», Аrkhangelsk, 2000.
    • Barashkov Yuri : Деревянный город (La ville en bois) (en russe). - Arkhangelsk, 2017. Réédition : Paris, 2018
    • Barashkov Yuri : Вы сказали Архангельск? - Vous avez dit Arkhangelsk? (édition en russe et en français). - Arkhangelsk, 2013.
    • Barashkov Yuri : Вы сказали Архангельск? - Did you say Arkhangelsk? (édition en russe et en anglais), 513 pages. - Lambert Academic Publishing, Berlin, 2019 (ISBN 978-620-0-10206-5).
    • Barashkov Yuri : Генетик код деревянных городов Северной России (Le code génétique des villes en bois de la Russie du nord). - (en russe), 295 pages. - Lambert Academic Publishing, Berlin, 2020 (ISBN 978-620-0-11628-4)

    Dans la fiction

    Le film et le jeu vidéo GoldenEye débutent dans un complexe d'armes chimiques situé au pied d'un barrage près d'Arkhangelsk.

    Au début du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley, c'est d'Arkhangelsk que part le bateau du Capitaine Walton, qui ne tardera pas à recueillir le Professeur Frankenstein, à la poursuite de sa créature monstrueuse qui cherche à lui échapper et à se réfugier dans les glaces éternelles.

    Voir aussi

    Notes et références

    1. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
    2. Nicolas V. Riasanovsky (trad. André Berelowitch), Histoire de la Russie, des origines à 1996, Paris, Robert Laffont, , p. 374
    3. Louis Delavaud, « Un projet d'établissement commercial français à Arkhangelsk (1664-1672) », Revue des Sciences Politiques, , p. 5-7
    4. Alexandre STUDENY, La marine française en mer Blanche durant la guerre de Crimée, Les opérations de 1854 et de 1855, Montpellier, Université Paul Valéry, , 206 p.
    5. Olivier Defrance, L'Odysée des autos-canons-mitrailleurs. Le tour du monde du Corps expéditionnaire belge de 1915-1918, Bruxelles, Fondation belge pour le Patrimoine Automobile et Moto, , 176 p. (ISBN 978-90-823772-6-2), p. 36-37
    6. (cs) PRECLÍK, Vratislav. Masaryk a legie (Masaryk et la Légion), váz. kniha (livre lié), 219 pages, vydalo nakladatelství Paris Karviná, Žižkova 2379 (734 01 Karviná-Mizerov) ve spolupráci s Masarykovým demokratickým hnutím (publié par Paris Karviná en coopération avec le Mouvement démocratique de Masaryk), 2019, (ISBN 978-80-87173-47-3), page 41 – 53, 53 - 137, 140 – 148
    7. Marie-Noëlle Snider-Giovannone, Les Forces alliées et associées en Extrême-Orient, 1918-1920. Les soldats austro-hongrois, Poitiers, Université de Poitiers (thèse), (lire en ligne), p. 195-202
    8. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(ru) « Office fédéral de statistiques, Recensement de la population russe de 2010 », sur www.ru(ru) « Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2012 » [rar], sur gks.ru(ru) « Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2013 » [rar], sur gks.ru.
    9. « En Russie, la population s’oppose farouchement à un projet de décharge », sur Reporterre (consulté le )
    10. Marine Benoit (2019) [SEAActu17h-20190815 Ce que l’on sait de la mystérieuse explosion survenue dans un centre nucléaire russe du Grand Nord], Science & Avenir, publié le 14.08.2019
    11. Après l'explosion sur une base russe, la Norvège détecte de l'iode radioactif ; brève de Yahoo/Paris Match, mise en ligne le 15 aout 2019

    Liens externes

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